
élaftîque, fton à la fois, mais par pincces, à mefure
que vous appercevrei qu’elle fe diflout.
Lorfqu’elle fera fondue , verfez dans le matras
une livre d’huile de noix, ou de lin , ou de pavot
rendue defficcative à la manière accoutumée, c’eft-
; à-dire, avec de la ütarge : vous laifferez bouillir le
tout pehdant un quart-d’heure, & la préparation fera
faite.
Hamacs. ( fabrique des ) Le hamac eft un lit
de coton à la manière des Indiens. Il eft plus commode
& plus agréablement fabriqué que les branles
dont les matelots fc fervent dans les vailfeaux. Aux
Indes on lufpend les hamacs entre deux arbres, deux
poteaux ou deux crochets, & l’on s’y couche pour
palier la nuit à couvert des bêtes fauvages, & des
infe&es qui ne manqueraient pas de nuire fi on cou-
choit par terre.
La manière de les fabriquer, quoique très-fîmple,
exige en même temps tant de patience de la part
de ceux qui y travaillent, qu’elle nous donne une
idée de l’état où étoient les manufadures dans le
premier âge, & quelles étoient pour lors les étoffes
dont on fe fervoit.
L e métier fur lequel les indiens les travaillent
eon/îfte en quatre pièces de bois ; lavoir, deux rouleaux
& deux traverfes. Les rouleaux ont neuf à dix
pieds de longueur fur trois à quatre pouces de diamètre.
Les deux bouts de l’un de ces rouleaux
£©rtent fur les deux traverfes à huit ou dix pieds
de terre, félon la longueur que l’ouvrier veut donner
au lit ; l’autre rouleau qui eft au-deiïbus perte contre
terre. On pofe enfuite la chaîne fer ces rouleaux, de
façon qu’elle foit perpendiculaire à l ’horifon.
Le métier étant ainfi préparé, on fait la trame
de l’ouvrage en paflant fil à fil un outil chargé d’un
fil du coton qu’on emploie pour ourdir les hamacs ,
& non en lançant la navette entre les fils entrouverts
, comme on le fait dans les métiers qui font
montés horifontalement.
Si l’ouvrage eft façonné , Ce qui arrive fouvent,
il faut beaucoup plus de patience & de tems pour le
faire, ce qui en augmente confîdérablement le prix.
Ce font les indiennes qui travaillent ordinairement
ces étoffes ; elles les font avec tant de ' goût & de
variété , que de cent lits qui fbrtent de leurs mains,
à peine en trouve-t-on deux qui aient les mêmes
defieins & les mêmes façons.
Les hommes fe chargent de les peindre pendant
que l’ouvrage eft encore fur le métier ; ce qu’ils font
pour le conferver & empêcher la vermine de s’y
attacher.
L e racau, qui donne un jaune rougeâtre, eft
oe qu’ils emploient ordinairement pour cela ; ils les
teignent aufîi en verd & en bleu ; quelquefois ils y
saéiangent les trois couleurs, mais pouf lors ils n’y
emploient que du fil de coton qu’ils ont déjà teint
en chacune de ces couleurs.
Il y a de ces hamacs qui ne pèfent que quatre
livres, ce qui les rend très-commodes pour les
voyageurs qui n’ont qu’à les attacher à quelque
branche d’arbre pour avoir tout de fuite des lits
tout faits.
Les bréfiliens fabriquent leurs hamacs à jour en
forme de réfeau, avec des franges au bord,. qui
font des bouts de fil qui excèdent la lifière d environ
huit pouces, & qu’ils difpofent par écheveaux dont
ils forment des boucles dans lesquelles ils paffent
des petites cordes de quatorze ou dix-huit pouces
de longueur, qui leur fervent à faciliter i’exteufîon
& le développement du hamac.
Les habitans de la Guyane ferrent plus leurs
hamacs que les bréfiliens, & les font de façon qu’ils
reffemblent allez à une étoffe de laine qui ferait
lâchement frappée. Les hamacs de ces derniers font
plus eftimés que les autres parce qu’ils durent davantage
, & qu’ils font moins fujets. à fe rompre & à fe
percer.
Quoiqu’on faffe ordinairement ces lits fufpendus
avec du coton filé & retors j il y a des nations,
comme celles qui habitent le long du fleuve des
Amazones, qui les font de fil de pite, efpèce de
chanvre ou de lin qu’on recueille en plufieurs endroits
de l’Amérique équinoxiale, & fur-tout fur les
terres qui font fur les bords, de la rivière d’Ore-
noque. Quoique ces hamacs foient moins ornés &
moins enjolivés que ceux des bréfiliens, ils ont
cependant la préférence fur eux.
Hydromel. ( art de I’ )
"L ’hydromel eft une liqueur tirée du miel qu’osa
a étendu dans une certaine quantité d’eau.
On diftingue l 'hydromel fimple, Vhydromel vineux
y & Fhydromel compofe.
Hydromel fimple.
L ’hydromel fimple eft lorfque cette liqueur n’a
point fermenté. Pour la. compofer, on prend une
demi-once de miel de Narbonne, & deux livres d’ean
pure.
On fait tiédir l’eau , & on y diftout le miel ;
cette liqueur tient lieu de tifanne. On peut augmenter
la dofe du miel, fùivant le goût du malade,
«u félon que l’exige la maladie.
Hydromel vineux.
Le miel, de même que toutes les fubftances
fùcrées, végétales ou animales, eft fufceptble de
la fermentation en général, & particulièrement
de la fpiritueufe. U ne faut, dit M. Macquer*
pour lui faire fubir cette, fermentation, que l’é-
teifdre dans une fuftifante quantité d’eau, & laifTer
cette liqueur expofée à un degré de chaleur convenable.
Pour faire de bon hydromel vineux, on doit
choifîr le miel le plus blanc, le plus pur & le
plus agréable au goût, le mettre dans une chaudière
avec un peu plus que fon poids d’ eau, le
faire bien difloudre dans cette eau , dont on fera
évaporer une partie par une'ébullition légère,
en enlevant les premières écumes.
On reconnoît qu*il y a affez d’eau d’évaporée
îorfqu’un oeuf frais avec fa coquille, qu’on inet
dans !a liqueur ne s’y fubmerge point & fe foutient
à fa furface , en s’y enfonçant à-peu-près à moitié
de fon épaiffeur ; alors on pa.ffe la liqueur a travers
un tamis ou un linge: enfuite on en verfe
environ la moitié dans un baril neuf, lave plusieurs
fois avec l ’eau bouillante , puis avec une
où deux pintes de vin blanc, en forte qu’i l n’y
refte aucune odeur défagréable.
Quand, le baril eft prefque plein, on n’y met
point le bondon , mais on en bouche feulement,
l ’ouverture avec tin morceau de linge, pour empêcher
qu’il' n’y tombe quelque ordure. On doit :
placer ce baril dans une étuve ou dans un lieu
où la chaleur foit le plus également qu’il eft pof-
fible, depuis vingt jufqu’à vingt-fept ou vingt-huit
degrés du thermomètre de M. de Réaumur.
On met l ’autre partie réfervée de l'hydromel r
dans des bouteilles ou dans dés cruches de .terre
à col étroit, bien nettes, obfervant de ne les ;
pas boucher, mais de les couvrir feulement d’un ■
linge comme le baril , & les attacher en différons
endroits au coin de la cheminée.
Cet hydromel des bouteilles fert à remplacer
celui qui fort du baril en écume par la fermentation
j laquelle dure environ deux à trois mois.
Après ce temps-là, on bouche le baril avec fon
bondon, enveloppé d’un peu de linge. Il ne faut
pas le ferrer ni l’enfoncer trop avant, parce qu’on
eft obligé de le retirer de temps en temps pour
remplir le baril que l ’on doit porter à la cuve , & l’y
laifTer paffer un hiver.
Quand on remarque que l’hydromel ne fe çon-
denfe plus à la cuve, & qu’il eft toujours à fleur
de bondon , on enfonce alors le bondon,. & il ne
faut plus toucher an baril que pour le percer & le
mettre e n bouteilles.
On préfère la chaleur de l’étuve à celle du fo-
le il, parce que cette dernière n’eft ni continue ,
ni allez égale, ni auffi prompte. D’ailleurs, pn
rifquerpit .dans le tranfport fréquent du baril de
brouiller la lie qui s’apnafTe au fond.
Cette lie eft de couleur brune Sc beaucoup plus
‘liquide que celle du vin.
Si l’hydromel vineux eft bien fait, c’eft une
efpèce de liqueur aflez agréable ; il conferve neanmoins
, pendant quelque temps, une faveur de miel
qui ne plaît point à tout le monde; mais on affure
qu’il la perd entièrement à la longue. Alors là
confiftance approche plus ou "moins d’un fyrop léger,
& fon goût de celui du vin d’Efpagne ou de la Mal-
voifîe ; il eft cordial & ftomachique.
La fermentation fpiritueufe du miel, de même
què celle du fucre & du moût très-fucré des vins
de liqueurs, fe fait en général un peu plus difficilement,
demande plus de chaleur, duré plus
long-temps que celle des vins ordinaires, & ces
vins confervent toujours une faveur fucrée aflez
confîdérable, ce qui prouve qu’il n’y a qu’une partie-
de ces liqueurs qui devient réellement fpiritueufe.
Cela vient vraifemblàblement, félon M Macquer,
de ce qu’elles contiennent une moindre quantité
d’âcide , ou qu’elles contiennent un acide mieux
développé que le moût des vins ordinaires; mais
on peut accélérer & même perfectionner ces fermentations,
en mêlant dans la liqueur , aufïi-tot
qù elle eft préparée, une certaine quantité de levure
de bière.
Ce moyen eft fur-tout très-bon quand l’hydromel
ou les autres liqueurs analogues ne font pas
deftinées à être bus comme des vins, mais à être
diftillès, pour en obtenir la partie fpiritueufe en
eau-de-vie ou en tfprit ardent. ,
Hydromel compofe.
Pendant que vous ferez bouillir la quantité d’eau
& de miel néceflaire pour la préparation de Uhy-
dromel fimple, vous ferez bouillir des raifins de
damas coupés en deux. On en met demi-livre
fur fix livres de miel, & il faut quatre pintes
d’eau pour les faire cuire.
La liqueur étant diminuée de moitié , vous
la paflerez par un linge avec légère exprefïion des
raifins, puis vous la mettrez avec Phydromel , &
1 aillerez bouillir le tout enfemble pendant ‘ quelque
temps;
Enfuite vous y enfoncerez une rôtie de pain
trempée dans de la biere ; & ayant ote 1 ecume
qui fe formera de nouveau, vous retirerez la liqueur
du feu, & la laifferez repofer ; & la yerfant
par inclination, afin de la féparer du fédiment ,
vous la mettrez dans un baril bien préparé & fans
odeur, dans lequel vous mettrez auparavant une
once du plus beau fel de tartre , diflbus dans un
verre d’efprii de vin, & il faut faire en forte que
le baril foit tout plein.
Après cela , vous l’expoferez débouché fur des
tuiles ou fer des briques au grand foleil, ou fur le
four dun boulanger, ou dans une étuve bien
chaude, ayant foin de le remplir jufqu’à ce qu’il
ne jette plus d’écümç.