
Alors on trempera un tuyau de verre dans la di£
folution d’étain, & on le remuera dans l ’eau où l ’on
a mis de l’or dilïous.
On réitérera plufieurs fois cette opération juf-
qu’à ce qu’on voye des nuages pourpres fe former
dans cette eau. Ce fera un ligne que la couleur
fera faite.
Il faut alors couvrir le matras pour le garantir
des ordures, & l’on donnera le temps à la couleur
de fe précipiter ; ce qui fe fera quelquefois tres-
lentement.
Lorfque la précipitation fe ferji faite , on trouvera
au fond du matras une fecule ou un depot
d’un très-beau rouge pourpre, qui fera plus ou moins
v if fuïvant la nature du diflolvant dans leqüel oni
aura fait difloudre l’étain, & félon que l’opération
aura été faite avec foin : il faut fur-tout que le
dilfolvant de l’étain foit bien affoibli, & que la
diflolution d’or foit étendue dans beaucoup d’eau.
On édulcorera la fécule rouge qui fe fera précipitée,
avec de l’eau chaude que l’on y verfera à
plufieurs reprifes , on la fera fécher, & o.n la
confèrvera pour en faire ufage.
Cette couleur eft très^.belle ; on peut l’employer
fur les émaux & la porcelaine, en la mêlant avec
des fondans convenables.
Elle s’étend avec beaucoup de facilité , 8c l’ac-i
tion du feu ne lui fait fouffrir aucune altération.
P O U Z Z O L A N E .
( Arc 8c
emploi de la ).
O n nomme pouzzolane, une fubftance femblable a
du fable, qui èft rougeâtre, mêlée de foufre & d’alun
qui fe trouve dans le voifinage de Pouzzole , dans le
royaume de Naples & aux environs du mont Ve-
fuve. On s’en fert pour faire un ciment très-propre
à bâtir, fur-tout pour les ouvrages qui doivent ref-
ter fous l’eau.
Cette matière paroît être produite par les em-
brâfemens fouterreins & par les volcans qui ont ravagé
le terrein de Pouzzole.
On eft dans l’idée que la pouzzolane fe durcit
dans l ’eau de la mer, & qu’elle y prend la con-
fiftance d’une pierre.
Les anciens l ’employoient dans leurs bâtimens.
M. Hill croit que c’eft cette matière qu’ils denom-
jnoient gypfam tympaicum.
Lorfqu’on mêle la pouftolane avec la chaux >
'elle joint fi fortement les pierres enfemble , fait
corps, & s’endurcit tellement au fond même des
eaux, qu’il eft impoffible de les défunir.
Ceux qui ont cherché la raifon de cette ténacité,
dit Vitruve, ont remarqué que dans les montagnes
& dans tous les environs du pays napolitain,
il fe trouve une quantité de fontaines bouillantes ,
qu’on a cru ne pouvoir venir que d’un feu fouterrein
de fouffre, de bitume & d’alun , & que la vapeur de
ce feu traverfaht les veines de la terre, la rend
non feulement plus légère, mais encore lui donne
une aridité capable d’attirer l’humidité.
C’eft pourquoi lorfqu’on joint, par le moyen de
l’eau, ces trois chofes qui font engendrées par le feu,
elles s’endurcilfent fi promptement, & font un corps
fi ferme, que rien ne peut le rompre ni dilfoudre#