
les cendres des vapeurs enflammées, couleur d’arc-
en-ciel. 4
Lorfque ces vapeurs cefleront de paroître, on
. pourra retirer le paquet & le laiiïer refroidir pendant
une demi-heure.
On ouvrira enfuite le paquet, on en ôtera les
plaques qu’on battra l’une 'après l ’autre avec le
maillet fur le morceau de marbre.
On mettra dans une afliette ou un.e petite terrine
crèufe un poiflon de vinaigre rôüge avec un
peu d’eau ; on y couchera vingt-quatre plaques ap-
platies, & prenant garde fur-tout qu’aucune plaque
ne forte du vinaigre.
Puis on prendra hors de la terrine une plaque
qu’on mettra fur une planche; on frottera cette plaque
avec un morceau de linge ou de peau imbibé
de fablon fin. Lorfqu’elle aura été ainfî nettoyée ,
on la jettera dans une terrine pleine d’eau. ■
Cela fait fur tous les modèles, on les 'étendra
fur une ferviette , on les couvrira d’une autre 1er-
viette ouvrée ; & avec les deux mains, on les tapera
doucement pour en retirer toute l’humidité.
Si l’on veut avoir des lettres jettées à la main
comme les maîtres à écrire en font, en voici le
moyen.
Il faut d’abord fe procurer un livre d’exemples
des fleurs Roffignol & Rolland, ou d’autres maîtres
écrivains. , .
On aura du papier fin à la lerpentîne vemifle,
afin de pouvoir deffmer la lettre ou les traits qu’on
veut imiter.
On pointera la lettre ou les traits avec le piquoir
fur plufîeurs feuilles de papier. Pour lors il
faudra poncer la lettre ou les traits, en fe fervant
de la pouffière du charbon pilé & pafie dans un
tamis très-fin, qu’on a mis dans un linge. -
On tape avec la boule de ce pouffier de charbon
la lettre pointée de papier à la ferpentine fur
une autre feuille de papier blanc mife en deflôus :
on aura ainfî le modèle.
On prendra le papier ou eft le trait marqué de
petits points noirs, on aura une plume bien fine
pour le tracer en fon entier ; on rougira par derrière
avec de la poudre de crayon rouge le dos du
papier qu’on pofera fur la plaque de cuivre du côté
qu’elle n’eft pas luifante, en la traçant avec fon
piquoir.
Pour lors la forme de la lettre fera marquée :
on reprendra-la plume fine, dont on marquera les
traits qu’on veut imiter : on peut copier tout ce
qu’on veut.
Pour tracer des fleurs & des fruits , on a deux
plaques mifes à jour ; l ’une repréfentanj la feuille
de la fleur , & l’autre le fruit, en fuivant les
procédés qu’on vient de décrire.
La fleur étant mife à jour, on l’imprimera avec
le pinceau fur du papier blanc ; on examinera fl
elle eft bien conforme au modèle.
Si l’on veut faire cette fleur de deux couleurs,
il faut noircir la plaque de cuivre , puis la mettre
deflôus celle de la fleur, & en tracer les parties
qui font les feuilles du fruit de ladite fleur.
On aura une autre plaque noircie, o.ù l ’on tracera
-avec un piquoir toutes les parties du fruit.
On peut imprimer la première plaque qui reprc-
fente les feuilles vertes, en fe fervant d’un peu
de poudre verte, détrempée dans de l’eau de gomme
arabique»
Puis on prendra l ’autre plaque où efl repréfenté
le fruit qui eft rouge , & l’on fera la même chofe
que ci-deflus.
Il faut avoir foin de voir fl le pe'tît trou que
l ’on aura fait à la plaque des feuilles, eft bien' visa
vis de celui que l’on a fait à la plaque du fruit,
afin que ces plaques foient dans un accord parfait»
Maniéré de procéder.
Il faut d’abord s’afîeoir devant une table, & mettre
devant foi la planche où eft cloué l’étau.
On prendra la plaque de cuivre où Fon a collé
une lettre I de vingt-quatre lignes de hauteur pour
la mettre à jour. On la pofe fur la planche, &
avec le piquoir on fait un trou au milieu du plein,
de cet I ; ejifuite avec la grofle lime en queue de
rat,- on agrandit le trou fait avec le piquoir.
On retourne la plaque pour en .ôter avec la grofle-
lime plate ce qui a rebroufle : on prend les cîfeaux
dont on pafle la pointe par le trou fait à cet I \
on le découpe par le milieu, & , autant qu’il eft
poflible, en fon entier;
On prend une des grofîès limes plates pour limer
des deux cotés le plein de l ’I , tant du haut-
que du bas, pour voir s’il eft conforme au modèle
plein de l’I»
On prend enfuite une lime plate des deux
côtés, un peu moyenne en épaifleurpour fendjre les
deux côtés de l’I , tant en bas. que du haut-*
Comme il refte quelque petite chofè à côté du
plein, tant du haut que du bas , on le coupera
avec les cifeaux , & on arrondira le refte avec une
lime demi-plate. - j
Si Fôn veut faire une S , cette lettre, comme
on le voit, n’eft point d’à-plomb. : ce font deux C
renverfés l ’un fur l’autre avec un plein au milieu
entre ces deux C',’ ce qui forme le plein entier de
la lettre S. I l faut pourtant remarquer que le C
d’en bas eft plus fort que celui d’en haut»
Pour mettre à jour cette lettre S, on fera un trou
dans le milieu de la lettre avec le gros piquoir,
comme on l’a fait ci-devant à l’I. On en agrandira
le trou avec la grofle lime en queue de rat, de
forte que la pointe des cifeaux puifle y entrer : on
découpera tout ce qu’on croira néceflaire ; on ôtera
toutes les parties qui font noires de ladite lettre
collée, fur la plaque de cuivre.
Après avoir évuîdé le plein du milieu, on fera
un trou au petit plein, tant du haut que du bas ,
de cette S ; puis on prendra la lime en queue de
rat pour en agrandir le trou : on fe fervira enfuite
d’une lime plate des deux côtés pour fendre, tant
du haut que du bas de ladite S , les parties les
plus fines , & on laiflèra un petit tenon , tant à la
partie du milieu du C qui eft à la tête ; qu’à celle
d’en bas.
- Enfuite on viendra avec la lime demî-plate à la
forme du C qui eft en tête de la lettre S , pour
limer ce qui eft au petit tour du cercle : on en
fera autant en bas du C renverfés
Après quoi on prendra une lime de la troifîème
grandeur, demi-plate, pour réduire le milieu de
cette S jufqu’à la parfaite mefure du plein.
Lorfqu’on aura fait ces deux lettres I S , on fera
les fuivantes jufqu’à la dernière , en fuivant les
mêmes procédés qui viennent d’être décrits.
Enfuite on aflôrtira les plaques de cuivre, en
coupant de moins en moins jufqu’à la dernière des
vingt-quatre alphabets.
Il faut obferver que les caractères qu’on voudra
. faire depuis la hauteur de deux lignes jufqu’à une ,
ne peuvent pas fe découper avec des cifeaux, mais
feulement avec des petites limes.
Lors donc qu’on voudra faire de ces fortes de
petits caradères , on prendra le petit piquoir, on
fera un trou à la lettre , & on la finira avec les petites
limes.
. Mais il faut bien prendre garde, dans ces petits
ouvrages, qu’en fe fervant de, la lime en queue
• de rat ou dé toute autre , cette lime ne forte pas,
& que l’allée & larevenue en foient toujours égales.
On répète que le modèle de la hauteur du ca-
radère doit être auparavant tracé fur la plaque noircie
, qu’il faut enfuite prendre la lettre mife à jour,
& la pofer bien fur la ligne qui a été tracée pour
la hauteur du caradère.
Après qu’on aura fait & mis a jour les vingt-
quatre alphabets, on imprimera un alphabet en fon
entier pour voir s’il eft bien conforme dans toutes
fes parties au modèle, & ainfî des autres.
Cela fera déjà un bon aflôrtiment de vingt-quatre
alphabets. Ce n’eft pas tout, il en faut autant
en caractères romains.
Il faut encore vingt-quatre alphabets de lettres
penchées.
Il lui faudra pareillement en chiffres depuis une
ligne de haut jufqu’à 1 f , dont le zéro o eft de la
même hauteur que le 1 & le z. Les 3. 4. 5. 6. 7»
8. & 9 font, de moitié plus haut, tant en bas que
du haut, par rapport au 3 qui eft en bas & au 4
de même, au $ dont la partie eft en haut, au é
de même , au 7 dont la partie eft en bas, au 8 dont
la moitié eft en haut, & au 9 dont la moitié eft
en bas.
Ce qu’on vient de dire pour les autres lettres ,•
peut fervir également pour les majufcules & pour
les lettres jettées, ayant attention de bien diflri-
buer les tenons dans les endroits où ils embarraf-.
fent le moins*
Lorfque l’on a ployé une flaque pour la limer
d’un côté & d’autre avec les limes demi-plates, il
faut la redreflèr avec les doigts dans fon état, &
l’applatir fur le morceau de marbre avec le maillet.
On peut faire pareillement des notes pour la
mufique. Si l ’on veut former des mots entiers fur
une même plaque, comme doit & avoir, on prend
une plaque de cuivre un peu forte de la grandeur
nêcéflaire, pour qu’on puifle mettre fur cette plaque
noircie le mot de doit 3 dont le premier caractère
fera droit, & l ’autre en romain.
On choifîra le D de la hauteur de dix lignes pour
la première lettre du mot de doit, enfuite on prendra
l’o l’i & le t de fon alphabet romain de cinq
lignes de haut.
On mettra ces trois lettres o i t près celle duD
. qui eft la majufcule du mot doit, qu’on aura bien
tracé fur la plaque de cuivre.
On en fera autant pour le mot avoir de pour
tout autre mot.
Ce font les mêmes procédés pour faire des accolades
, des vignettes , des encadrement & toutes
fortes de deflins, & nous croyons inutile de nous
y arrêter davantage.
E e e a.