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Cemme on n’a point d’exemple que le feu ait
pris dans une falle de fpeâacîe , ailleurs que fur le
théâtre', M. Hartley a conclu qu’un double écran de
plaques de fer ( allez grand pour fermer entièrement
tout le devant du théâtre à l’endroit, ou on laiffe
tomber le rideau, & qui feroit fait de manière à fe
mouvoir en couliffe, & à fe joindre a • I inftant
comme font les 'décorations ) empêcherait abfolu-
ment le feu de fe communiquer du théâtre a la
partie occupée par les fpeâatems, & donnerait a
ceux-ci le temps de s’eu aller aufii tranquillement
& âufli à loifir s que fi tel accident n’étoît pas arrivé.
C’eft tout ce qu’on peut defîrer en pareilles cir-
eonftances.
L’onpeut, fans - dou te, plus ou :moins armerle
théâtremême contre le feu dans lesendroits qui y
font leplus expofés , queilque bien plus difficil
ment (a caufe de fa conftruftion8cde fes ufagesi)
qu’unemaifon ordinaire.
Rien au monde n’eft plus terrible que l’iiicendie
d'un navire en pleine mer, 8c rien n’intéreiTe plus
1 humanité que de trouver quelque moyen de prévenir
uu fi affreux malheur. Les principes expofés
dans ce mémoire indiquent deux moyens, qui pa-
roiflent très-convenables à cette fin. Le premier eft
d’armer avec des plaques de fer , fuivant la méthode
de M. Hartley, les planchers, les portes, les ef-
caliers, &c. où il y a quelque apparence que le
feu puifle prendre , foit par négligence, foit par
accident. Il faut le faire à bien plus forte raifon
dans les magafins de poudre & d’autres combufti-
bles, dans les cuifines, &c.
Le fécond moyen eft que toutes les portes,
toutes les écoutilles, &c. fôient faites avec tant de
jufteffe, qu’en fermant ( â Finftant qu’on s’apper-
çoit d’un incendie dans le navire ) toutes celles qui
entourent l’endroit où il éclate , on parvienne à
diminuer tellement la circulatio'n & le renouvellement
d’air néceffaire à l’entretien du feu, qu’il s’éteigne
de lui-même.
Dans ces terribles momens, il faut bien réprimer
la dangereufe curiofité d’ouvrir une porte, pour voir
ce qui fe pafle au-dedans: une flamme éteinte peut
fe reproduire en un inftant avec plus de fureur
qu auparavant, par une telle acceffion de nouvel air.
Dans tous les cas dont il eft ici queftion, la
méthode de M. Hartley eft unique, & elle aura
non-feulement la préférence, mais aufii le mérite
de pouvoir fèrvir dans toutes les conftruétions de
bâtimens.
Procédés ou précautions de construction inventée par
le lord Mahon , pour préferver les maifons d'être
incendiées quand le feu prend aux meubles.
Les principes particuliers fur lefquels Milord
Mahon confirait fes maifons, font les fuivans :
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i°. Que le bois nucl ne touche jamais le bois
nud, à moins que leur contact ne foit allez parfait
pour exclure tout partage 8c tranfmifiion a l’air entre
deux; car alors, cette jointure ne diffère point de
la continuité.
i°. Que tout le bois d’un édifice entier foit,
po'ur autant qu’il eft poflible, enduit d’une couche
de mortier, de forte qu’il foit dans une efpèce de
lit ou de moule de mortier.
C’eft dans l’exaéte & confiante obfervation de ces
deux principes que confîfte toute la méthode inventée
par Milord Mahon. On voit qu’elle eft entièrement
analogue à celle de M. Hartley , ne différant
guère qu'en ce que F un met une couche de
mortier , & l’autre pofe des plaques de fer.
Le mortier dont fe fert Milord Mahon pour cette
fin, eft compofé d’un boiffeau de gros labié , de
l’efpèce dont on fe fert pour le mortier ordinaire,
contre deux boiffeaux de chaux & trois boiffeaux de
foin haché en brins d’environ la longueur du doigt.
Ces matériaux, que l’on délaye dans une quantité
fuffifante d’eau de pluie pour leur donner une con-
fîfiance molle 8c tenace, ne finiraient être trop bien
mêlés & travaillés enfemble. L’on doit fe fervir de
ce mortier immédiatement après Favoir travaillé,
& pendant qu’il eft dans toute fon humidité.
Le crin ferviroit aufii bien ou mieux pour- cette
fin, que le foin-, 8c Milord ne fe fert du foin qu'uni*,
quement en vue de diminuer la dépenfe. Mais le
foin eft préférable, à tous égards , à la paille , que
fa fragilité & l’ouverture de fes tuyaux rendent peu
propre à cet uiage.
Voici le détail de là méthode dont il fe fert dans
la eonftrudion de fes bâtimens;
i°. On prend des lattes, ordinaires d’environ un
demi pouce d’épaiffeur, que Fon cloue fortement
contre les deux côtés déboutés les folives, enduits
d’une légère couche de mortier ; enfbrte que le
coté de defius de la latte foit d’un, pouce 8c demi
plus bas que le côté de defius la folive. Il eft ef-
fentiel qu'il y‘ ait une couche de mortier entre les
lattes & les folives, qui remplifie toutes les crevafies,
& empêche toute tranfmifiion à l’air., pour les rai-
fons données plus haut. Il F eft autant, 8c pour la
même raifon, qu’il y en ait une fur le côte de defius
de la latte , & contre le côté de la folive jufqu’en
haut.
2>. L’on prend d’autres lattes plus minces ,
favoir, de deuxKou trois lignes d’épaiffeur feulement
, 8c oh l,es coupe en morceaux de longueur a
traverfer l’efpace entre deux folives, moins deux
ou trois lignes : on pofe ces morceaux de lattes
tranfverfalement entre les folives, en enfonçant
leurs bouts dans la couche de mortier, qui couvre
le côté de defius des lattes clouées aux folives ;
1 faifant attention qu’il refte une couche de mortier
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entre les côtés 8c les bouts des lattes, 8c entre les
bouts des petites lattes 8c les côtés des folives, toujours
par la même raifon de^puper tout partage à
Tair.
3®. Sur cette efpèce de couche ou de petit plancher
de lattes pofées à un quart de pouce de diftance
les unes des autres, on met une couche de mortier.
Si c’eft un plancher pofe fur terre, ou qui ne
foit pas expofé au feu pap-deffous, - on fait cette
couche allez épaifîe pour être de. niveau avec le
defius des folives, 8c on la laiffe fécher. C’eft ce
que Milord Mahon appelle une fimple armure, dont
il ne fe fert guères que dans le cas que je viens
d'indiquer, ne la croyant pas allez forte ni „afiez
foljde pour réfifter à une grande a&ion du feu.
Pour conftruire ce qu’il nomme une double armure, il ne fait cette couche de mortier que d’un demi
pouce d’épaiffeur.
4°. On prend d’antres morceaux des -mêmes
petites lattes, de longueur comme auparavant , 8c
on les pofe tranfverfalement entre les folives^ 8c les1
enfonce , par un* petit mouvement latéral, dans la
couche de mortier tout humide, avec les mêmes
précautions ,^pour ôter toute crevaffe & pafiage à
l’air, qu’on a marquées à l’égard du premier rang,
obfervant fcrupuleufement qu’il y ait une couche -
complette de mortier entre les bouts des petites;
lattes & les côtés des folives.
5°. Sur ce rang de lattes pofées aînfî à côté,
mais un peu plus éloignées les unes des'autres, que
dans le premier rang, on>met une fécondé couche
de mortier , d’épaiffeur fuffifante pour la. rendre
exactement de niveau avec le defius des folives.
Cette double couche de lattes & de mortier, fait
ainfi une mafie folide, impénétrable à l’air, d’un
pouce & demi d’épaiffeur, & de niveau en. haut
avec le defius des folives. On la laiffe fécher entièrement
avant que de la toucher de nouveau ; ce qui
fe fait dans la belle faifon , en huit ou dix jours de
tems.
6°. Quand elle eft tout-à-fait sèche, on y jette
du fable à mortier ordinaire, & on prend une règle
faite exprès, afiez longue pour traverfer l’efpace de
deux folives, & dont le côté de defibms. eft un peu
courbe & concave. L’oil pafle cette règle tout au long
des folives, afin d’ôter tout le fuperfin du fable, 8c
de laiftèr le refte dans une couche régulière , qui eft
un peu plus élevée au milieu de l’efpace entre deux
folives, qu’à leurs côtés. Le defius des folives même
refte ainfi dégarni de fable.
. 7°. Immédiatement fur tout ceci, on pofe les
planches, en les travaillant tellement, par un mouvement
horifontal, que le fable foit forcé de s’enfoncer
dans toutes les crevafies ou interftices, tant
de la couche de mortier que des folives, 8c des
planches mêmes , de manière à boucher tous les
Arts& Métiers« Tomt VI*
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paflages, & d’empêcher entièrement toute tranfini
ifli on 8c circulation d'air par le plancher.
8°. Les plafonds dont on Couyre enfuite la foli-
vure des planchers des chambres hautes , cachent
„entièrement toute cette couche d’armure contre
le feu.
Les cloifons de bois qui font les réparations des
chambres d’un même étage , Sc les-maifons entières,
qui ne font conftruites que de bois , ont b e foi h
d’être armées de cette forte fur toütes leurs faces,
pour devenir incombuftibles. La feule différence
qu’il y ait, c’eft que les couches d’armure, qui
font horifontalement placées dans un plancher,
deviennent perpendiculaires dans un pan de réparation
; tout le refte eft fait de même , que l ’armure
foit fimple ou double : mais cette différence
de pofitio-n ne. fait aucune difficulté, fi le mortier
eft d’une confiftance propre & aufii tenace qu’il doit
l’être. Quand tout eft fec, oh plafonne tous les
pans à la manière ordinaire, & l’ouvrage eft fini.
Pour rendre un bâtiment de bois incombuftible
tant au-dehprs qu’au-dedans , il faudrait armer
toutes fes faces extérieures, & les toits même, de
la manière qu’on fait les pans intérieurs. Ceci pourrait
fervir pour le moment, mais il faut fe fouvenir
qu’aucun mortier de l’efpèce dont nous parlons ic i,
n’eft en «état de réfifter aux pluies'& aux gelées.
L ’armure d’un efcaîier, fuivant la méthode de
Milord Mahon , n’eft qu’un compofé de fon armure
horifontale des planchers, & de la perpendiculaire
des pans de réparation. Comme un efcaîier eft une
des parties de,toute la maifon, la plus expofée aux
ravages du feu, fon armure doit être toujours double,
& faite avec une attention toute particulière.
On peut ajouter a. l'art préfervatif contre les incendies
, la nouvelle conftruétion de cloifons
économiques 6* incombustibles , pour faire des
dijiri-butions 3 &c.
1°. Elles font conftruites de parpaings compofés’
de plâtres 8c platras, qui contiennent dix-huit pauces
de long fur douze pouces de haut, & de deux pouces à
deux pouces fîx lignes, & trois pouces à quatre d’épaiffeur.
Elles n’exigent, lors de la pofe, aucun
ravalement fur les paremens. Il ne faut que très-
peu de plâtre entre les joints. On peut établir avec
lefdits parpins des cloifons de telle longueur &
: hauteur que l’on defîre, fans y mettre de bois; ce
qui les rend incombuftibles 8c préférables à toutes
celles qu’il eft pofiible de faire, 8c d'un tiers meilleur
marché.
i° î La célérité avec laquelle elles font exécutées
8c mifes en place , évite à tous propriétaires 8c
locataires l’embarras des ouvriers.
3°. L ’on n’aura jamais à craindre la pouffée des
plâtres 6c leqr renflement, ce qui occafionne {ouvent
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