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• ■ Cinquième opération. r
Peindre. L ’ouvrage ainfî réparé efl prêt à têce-
vbir la couleur qu’on veut lui donner : choifîfîez
votre teinte.
Suppofdtts4â de-blanc argentin.
i° . Broyez du blanc de céfule & du blanc de
Bougival, éhacun féparémènt à Fèàti & par quantité
égale, mêlez-les enfemble. ■
'“z% Ajoutez-ry un peu de bleu.d-îndigO 5 & tres-
peu de noir de,.charbon de. vigne très-fin , auffî
broyé à l’eau féparémènt ; le plus, ou. le moins de
l ’un ‘Se de l’autre, vous donnera la teinte que vous
cherchez.
30. Détrempez, cette teinte avec de la bonnei
colle de parchemin.
4°. Pafiez-la à travers un tamis de foie très-fin.
.5?, Pofèz la, teinte- fur votre ouvrage en adou-
ciffant, ayant foin de l ’étendre bien uniment :
donnez-en dèùx bouches , & la couleur eft appliquée.
Sixième opération•
Encoller. Faites une colle ,très-foibfé, très-belle
& très-claire ; après l’avoir battue à froid & paffée
au tamis, vous en donnerez deux couches fur l ’ou-,
vrage , avec une brofte très-douce qui aura fervi à
peindre, & qui fera nettoyée* : une neuve rayerbit
& gâteroit la couleur.
Ayez foin de n’en pas engorger vos moulures ,
ni d’en donner plus épais dans un endroit que dans
un autre.
Etendez-la bien légèrement , de peur de dé-,
tremper, les couleurs en.pafiant, & de faire des
ondes qui tachent les panneaux; ce qui arrive quand
onpafle trop fouvent fur le même endroit.
De ce dernier encollage dépend la beauté de
l ’ouvrage, & peut le perdre s’il efl mal fait, parce
qu’alors, ce qu’on verra bien »mieux fi on vernit
fur des endroits où l’on aura oublié d’encoller ; le
vernis noircit les couleurs lorfqu’il pénètre dedans.
Septième opération.
Vernir. Ces deux encollages fées, donnez deux
à trois couches de vernis à Fefprit de vin ; ayez
foin en l’appliquant que l’endroit foit chaud : votre
détrempe vernie efl terminée.
Ces couches de vernis mettent la détrempe à
l ’abri de l’humidité.
Détrempe au blanc de roi.
Le blanc de roi , ainfî nommé parce que les I
appartemens du roi font afièz volontiers de cette I
couleur, efl fort commun quand on ne veut pas I
vernir.
Il efl très-beau dans fa fraîcheur; il fé prépare I
comme la détrempe vernie dont on vient de par- I
1er ; c’efl-à-dire , quand l’encollage, les blancs I
■ d’apprêts font appliqués , que l’ouvrage efl adouci I
& réparé dans les moulures, on broie à l’eau du I
blanc de cérufe, & une égale partie de blanc de I
plomb, en y mêlant très-peu de bleu d’indigo,
pour oter le jaune dü blanc , & lui donner un oeil I
vif.
Enfùite on détrempe ce blanc avec de la très-
belle colle de parchemin d’une bonne force ; on I
pafle le tout par un tamis de foie , & on en donne ■
deux couches d’une moyenne chaleur.
j Ce blanc de roi efl très-fin , très-beau pomy des I
appartemens qu’on occupe rarement ; mais il fe
gâte aifément dans les appartemens habités, & no-1
tamment dans ceux oit l’on couche, parce que n’c-
tant pas vernis i les exhalaifons & autres vapeurs I
qui émanent de tout corps animé, re jaillifient fur I
le blanc de plomb & le nçfircifient.
On l ’emploie fur-tout pour les fallons que l’on j
doré ; ce blanc ^ comme difen-t les ouvriers, efl |
ami de l’or; il le fai: briller & rèffortir davantageI
par fbn beau mat.
On vernit très-peu les fonds blancs, lorfqu’il y I
a de la dorure’ ou de beaux ornemens. ,
Emploi des couleurs a Phuile.
Peindre a l’huile , efl appliquer fur toutes fortes
de fùjets, comme murailles, bois , toiles, métaux,
des terres colorées,, ou autres fùbftances broyées &
detrèmpées a l’huile. Les anciens ignoroient .cette
manière ; ce fut un peintre flamand, nommé Jean
Van-Eick, plus connu fous le nom dé Jean de
Bruges, qui la trouva au commencement du quatorzième
fîècle.
Tout ce ‘fecret ne confifle néanmoins qu’à fe fer-
vir d’huile au lieu d’ëàu pour broyer', & détremper'
lfes couleurs.
Par j ’huile , les couleurs Ce çonférvent plus longtemps
'; & ne féchant pas fi promptement que: b
détrempe, elles donnent aux -peintres plus' de tems
pour les unir & pour finir ; ils peuvent retoucher
à plufîeurs reprifes ;, les couleurs,étant plus marquées
, & fe mêlant mieux , donnent des-teintes
plus fenfibles, des., nuances plus vives, plus-agréables
, & des coloris plus doux & plus délicats.
I II y a deux fortes de peintures à l ’huile ; f
. \ . voir,
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voir, celle à V huile [impie, Si celle à l’huile vernie-
polie.
L ’une ne demande aucun apprêt ni vernis. ^
L ’autre au contraire exige, pour fa perfeélion,
d’être préparée par des teintes dures , & d et re vernie
lorfqu’elle efl appliquée. ,
Toutes fortes de fujets peuvent être peints à •
l ’une ou à l’autre de ces deux manières ; mais ordinairement
on peint à 1 huile fîmple les portes >
lescroifées , les chambranles, les murailles ; & a
T’huile vernie - polie, les lambris d’appartemens ,
les panneaux d’équipages , &c. & tout ce qui mérite
des foins marqués.
Obfervations fur la peinture a l'huile.
I i° . Quand on veut broyer & détremper à l’huile
; des couleurs claires, telles que le blanc, le gris,
&c. il faut fe fer vir d’huile de noix ou d’oeillet ;
fi elles font plus (ombres, telles que lè marron ,
l ’olive, le brun, fervez-vou's de l’huile de lin pure ,
[ qui efl la meilleure des huiles. ;
z°. Toutes les couches broyées & détrempées à
| l ’huile doivent être données à froid : on ne les applique
bouillantes'que lorfqu’on veut préparer une
| muraille, un plâtre neuf ou humide.
[ 3°. Toute couleur détrempée à l’huile pure ou
[ à l ’huile coupée d’effence , ne doit jamais filer , au
r bout de la brofie, au contraire de la détrempe I
1 où la couleur quitte la broffe lorfqu’on la retire
I du pot.
4°. Ayez foin de remuer de tems à autre votre
[ couleur avant que d’en prendre avec la brofie ,
j pour qu’elle foit toujours. d?égale épaiffeur , & con-
r féquemment du même ton, autrement les matières
fe précipitent au fond du pot, le deflus s’é-
[ claircit , & le fond devient épais. Malgré la pré-
ï caution de remuer, fi le fond ne confervoit pas
j la mêipe. teinte que le deflus, pour l ’égaler , il
[ faut l’éclaircir, en y verfant peu à peu de la même
huile.
«f°. En général, tout fùjet qu’on veut peindre en
[ huile, doit recevoir d’abord unèotfd eux côüthës
[ d’impreffion.
Uimprejftoii efl ùri endùit de blanc de fcérufe ,
f broyé & détrempé à Fhuiie, qu’on etend fùr le fli-
i jet- qu’on veut pèihdre; . ;
6°. Quand on peint des dehors comme portes ,
croiféés d’efcalier, & autres ouvrages qu on ne veut
[ pas vernir, il faut fàire lèsimpreffions à, Fiïuilè de
| noix pure :, en y mélangeant- de l ’effencé dvec dif-
F cretion, environ une once, fur une livre dë .couleurs
; trpp r endroit’ les couleurs bifés ', &, leç fe-
Ârts d? Métiers. T om .V l.
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roxt tomber en pouffière : la dofè que nous indiquons
, empêche que le fbleil ne fafTe des cloches
à l’ouvrage.
On préféré l ’huile de noix , qui devient^ plus
belle à l’air que l’huile de lin , & laifie, en s évaporant,
les couleurs devenir blanches, comme fi
elles étoient employées en détrempe.
Ajnfi, tous les dehors doivent ' être à l’huile
pure,
7e?. Lorfque les fùjets font intérieurs', ou lorfqu’on
veut vernir la, peinture , la première couche
doit être b’royée 8c.détrempée à l’huile, & la dernière
.doit être détrempée avec de l’efiençe pure.
Je dis de l ’efTence pure, premièrement, parce
qu’elle emporte l’odeur de l’huile; en fécond lieu,
parce que le vernis qu’on applique par-defiùs une
' couche de couleur détrempée à l ’huile coupée d’ef-
fénçe, ou à l'efience pure, en devient plus brillant,
au lieu qu’il s’emboiroit dans la couche d’huile;
troifîémement, parce que l’efience, lorfqu’on en
; détrempe feule les couleurs, les durcit à fond : au
, lieu que , mêlée avec l ’huile, elle la fait péné*
; trer dans la couleur.
8°. Ainfî pour toute couleur qu’on veut vernir , la
- première couche doit être détrempée à l’huile, &
"les deux dernières à Ÿejfence pure.
Quand' on ne veut pas vernir , la première couche
doit être à l’huile pure , & les dernières à
l’huile coupée d’efîence.
9°. Si on peint fur du cuivre, du fe r , ou autres
matières dures , dont le poli empêche l’application
; de l’impreflion & de la peinture , en faifant glifier
les couleurs par-defiùs , il faut mettre un peu d’efé
fence dans les premières couches d’impreffion ; elle
i fait pénétrer l’huile.
! io°. Si Fon rencontre des noeuds au bois , ce qui
! fé trouve fùr-tout au lapin, & que Fimpreflion ou
' la couleur ne prenne pas aifément fùr ccs parties ,
il faut, fi Fon peint à l’huile fîmple , préparer à
part de l ’huile, la forcer de fîcatif, c’efl-à-dire, y
mettre beaucoup de litharge, en broyer un peu avec
Fimpreflion. ou, la couleur, & les réfèrver pour les
. parties nouees.
Si l’on peint à l’huile vernie - polie , il faut y
mettre plus de. teinte dure, comme nqus l ’enfei-
. gnerôns. ‘
La., teinte dure mafque le bois, & durcit les
parties réfineufes qui en exfudent.
Une feule couche bien appliquée fùffit ordinairement;
-, donne dji corps a.11- bjpis -, & les autres
couches? prennent très-aifément par-rdefîùs.
M | S $ ,.,par. açcident, çn a : jet&é dë la. couleur