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P I L E R ( Art de ).
M A N I E RE de piler toutes les fubjlances po(jibles , avec beaucoup plus dé fa c ilité qu’ en
fuivant la méthode ordinaire, tirée d’Héfiode, poète g r e c , né à Céfarée , qui a com-
p o fé un poème fu r ïagriculture , intitulé les Ouvrages & les Jours. Extrait de
M . Pingeron.
O n trouve dans la belle édition- d’Héfîode ,
donnée a Oxford, une planche repréfèntant dif-
ferens inftrumens d’agriculture, avec les noms grecs
gué le poète leur a donnés.
J’ai été frappé de la fîmplicité du moyen dont
on le lervoit pour piler des matières quelconques ;
je crois rendre un fèrvice à la fociété, en la fai-
fànt connoître d’une manière plus particulière.
On doit imaginer un mortier de bronze ou de
fer , d’un calibre ordinaire, placé fur la terre &
folidement établi ; une planche horifontale va aboutir
d’un bout au bord du mortier , & porte dans
Ion milieu fur une pièce de bois debout, de la
même hauteur que le mortier.
L ’extrémité qui eft de ce ..côté, a une grande
entaille ; les bouts entre lefqueb elle .fè trouve,
font traverfés par un boulon*, fur lequel le meut
une piece de bois à laquelle eft. fulpendif le pi-
lon , qui n’a pour longueur qiie la profondeur du
inortier.
Cette pièce de bois eft prolongée au - delà du
boulon , de manière qu'un homme pêut y mettre
facilement un pied ; il fè balance fur cet
appui.
Il eft évident qu’il fait lever & baifler alternativement
le pilon par fon propre poids, & qu’il
remplit l ’objet qu’il s’étoit propofé.
On doit avoir grand loin de ne pas donner trop
de longueur à la pièce mobile du côté du pilon
, parce que le levier deviendroit trop défà-
vantageux à la puiflànce, lorlqu’elle voudroit le
foulever.
Quoique la manière ordinaire de piler {bit très-
fîmple , on remarquera que la pièce de bois qui
fait reflirt, ou l ’archet auquel on fufpend le pilon,
foutient toujours un peu le pilon dans fa chute;
& que- celui qui pile, emporte le plus grand poids
en le foulevant.
Il n’en eft pas de même dans la machine que je
propofe ; un feul mouvement à droite ou à gauche
détermine la bafcule au'moùvement, & l ’ouvrier
ne fait ufage que de fin propre poids : au lieu
d’employer la force des mufcles, des bras ou du
dos:, i-1 doit fè tenir à une corde que l ’on laiflera
pendre du plancher fous lequel fera établi le mortier
: cette corde empêche qu’il ne puiflfe fe laifler
tomber.
P I N ( Art de tirer de cet arbre fçn fuc réfineux ).
P our tirer le flic réfineux de cet arbre, on choi-
fît le pin le jilus commun dans les forêts du pays
fàblonnéux, connu fous le nom des landes de Bor- ;
de aux ; c’eft le petit pin maritime de Gafpard
Baubin , ou celui que M. DtihameL défîgne par le
ji°. 3 à 1?article du pin , de fon Traité des arbres &
arbufies.
Pour tirer du fuc réfîneüx de ce pin, on attend
qu’il ait acquis quatre pieds de circonférence.
Il eft parvenu à cette grofîèur. environ trente-
cinq’ ans après fa naiflànce dans les bons terreins,
c’eft-à-dire, dans des fables profonds de trois ou
quatre pieds.
En général la grandeur de l’arbre, la rapidité
de fon accroiflèment, l’abondance du me réfineux,
& la bonne qualité du bois augmentent toujours en
raifonj d’une plus grande épaifleur de la couche du
fable.
L ’ouvrier commence par emporter la groffeécorce
de l’arbre , depuis fa racine jufqu’à là hauteur de
deux pieds fur fîx pouces de largeur.
Cette première opération fe fait au mois de jan- i
Vier, & c’eft avec une hache ordinaire qu’elle
s’exécute.
En fuite, dès que les froids fèmblent avoir celle,
il enlève avec une hache, d’une ftrufture particulière
, lé liber ou la féconde écorce ; il pénètre
àufli dans le corps ligneux , & il en emporte un
copeau très-mince.
Cette première entaille, faite au pied de l’arbre
, n’a guères plus de trois pouces de hauteur ,
& elle ne doit point excéder quatre pouces en largeu£'
’
L ’ouvrier la rafraîchit chaque femaine, quelquefois
plus fouvent, lui confervant fà même largeur ;
mais s’élevant toujours de manière qu’après fîx ou
lèpt mois, qui font le temps de ce travail-, elle
fe trouve haute d’environ quinze pouces. ■
L ’année fùivante, après avoir enlevé encore deux
pieds de grofïè écorce, il élève de nouveau fon entaille
de quinze pouces , & il continue de même
le tour de l’arbre, même plufîeurs fois ; car on
pratique aufïi des entailles fur les cicatrices qui ont
couvert les premières plaies.
Après trois ou quatre ans, l ’ouvrier ne fàuroit
pourfûivrefch ouvragé fans le fecours. d’une échelle.
Celle qu’il emploie , *& qu’il eft quelquefois obligé
d’appliquer à plus de deux mille pins éloignés au
moins de quinze pieds les uns des autres, doit êtré
légère, & faite de manière à ne point l’emb'arraflTer
dans fa marche , qui eft allez prompte.
pendant huit années consécutives , après lefquelles j
elle a acquis environ onze pieds de hauteur.
L a neuvième année on entame l’àrbre à la racine
auprès de l’endroit où s’eft faite la première
opération ; on fuit celle-ci pendant huit ans, &
procédant toujours de la même manière, on fait (
Sa conftruâîofi remplit ces deux objets. C ’eft
une grofle perche qu’on a rendue fort mince par le
haut, & qu’on a diminuée par le bas jufqu’à ne lux
laifler que deux pouces de diamètre.
On ménage un empâtement au bout inférieur,
& enfuite des faillies peu éloignées les unes des
autres, & taillées en cul-de-lampe. L ’extrémité
fupérieure eft applatie & un peu courbée.
L ’ouvrier l ’engage dans quelqu’un des intervalles
que laiflëiit entr’elles les rugofîtés dea l’écorce.
Il s’élève à la hauteur qui lui convient ; & l’un
de tes pieds demeurant fur une des faillies, il em-
braiïè L’arbre de l’autre jambe.
Dans cette attitude , il fè fèrt de fa hache, &
il continue fon ouvrage de. la manière qui a été
décrite.
Une hache dont le tranchant fè trouveroit dans
le plan du manche , entameroit difficilement lé
pin de la manière qù’on. conçoit allez qu’il doit
l’être, c’eft-à-dire , en formant une efpèce de voûte
à l ’origine de l’entaille.
Aufïi la hache eft-elle montée obliquement fur
fon manche, & de plus courbée en dehors à l’extrémité
du tranchant la plus éloignée de la main
de l’ouvrier.
Depuis le printems jufqu’au mois de fèptembre ,
le fuc réfineux coule fous une forme liquide ; &
dans cet état il fè nomme galipot.
Il va fe rendre dans de petites auges taillées
dans l ’arbre même , à la naiflànce des racines.
Celui qui fort depuis le mois de fèptembre «
fè fige le long de l ’entaille, à laquelle il fe
colle quelquefois. SoUs cette forme, on le nomme
barras•
On le détache, lorfque cela eft nécefTaire» avec
une petite ratifioire emmanchée»
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