
On peut également faire fondre de la poîx-tc-
fine graffe, & avec un pinceau en frotter cette
même toile ; cela reviendroit au même.
Tente que doivent avoir qes efpèces de moules.
Comme on ne fe fert de ces moules que quand
on veut faire des tables extrêmement minces, ainfi
qu’on l’a déjà dit, il faut qué le plomb qu’on veut
y employer n’ait pas le temps d’y Téjou'rner autant
que fur les autres moules, c’eft-à-dire les moules
à fable, où il ne coule pas extrêmement vite ,
n’ayant environ que deux pouces de pente dans le
trajet qu’il parcourt depuis la poêle d’où on le
verfe, jufqu’aux folfés que l ’on ouvre au bout de
chaque moulé.
Pour cet effet, il faudra donner à ces fortes de
moules une pente d’environ douze ou quatorze pouces
, au lieu de deux.
Le rable le conduira plus aîfément ; le plomb
même fe précipitera plus promptement au .fond
du moule, & par-là les tables en feront moins
épaiffes.
Il eft queftion maintenant de donner l’explication
de la manière dont il faut s’y prendre pour
couler le plomb fur ces efpèces de moules.
La façon de çonnoître le degré de ckaleur que le
plomb doit avoir pour être coulé.
" Il eff iiéceffaire de çonnoître le degré de chaleur
que le plomb doit avoir pour qu’il puiffe être
coulé, pour deux raifons : la première, afin què
le plomb, s’étende aifément ; la fécondé , pour
qu’il ne brûle pas la toile ou l’étoffe fur laquelle
on le coule*
On peut fe fervir, pour cet effet, des moyens
que nous avons donnés plus haut ; mais il y a une
autre façon de le faire , qui, quoique differente de
la première , n’eft pas moins aifée.
Il faut prendre un morceau de papier & le jetter
dans le plomb qui efls deffiné pour être coulé ; s’il
brûle & s’enflamme, c’éft une preuve que le plomb
eft encore trop chaud , & qu’il enflammerait également
la toile ou le drap fur lequel On le coule-
roit; il faut, en ce c a s ,‘ lui dorifier le temps de fe„
refroidir.
Si au contraire le papier ne rouflifloit qu’un peu,
e eft une marque qu’il n’aurait pas :afîèz de chaleur ;
alors il faudroit le réchauffer au point où -le pa^
pier tienne le milieu entre s’enflammer & ne jaunir
qu’un peu.
Manière ie verfer le plomb, far le moule a deux bords.
Il faut d’abord ayoir le-foin de prendre un râble
? tel que celui dont pn fç fert pour les moules
a fable ; on le pofe de même fur les bords dti
moule, à quelque diftance de l’endroit où doit fe
faire le coulage du plomb , d’où on l’atteint.
Enfuite on prend une cuiller un peu grande ,
qui contient environ trente à trente-cinq livres;
on l ’emplit de plomb qu’on verfe fur la toile le
plus promptement qu’on peut, afin qu’elle ne s’enflamme
pas ; ce qui arriverait fi oh ne précipitoit
le coulage.
Quand le plomb aura paffé au-delà du rable Sc
fera environ au milieu du moule, on relevera le
rable en fe jeùtant en arrière ; on le repofera furie
champ à deux pieds plus haut pour reprendre
toute la table , & l’on repouffera le plomb par fou
moyen dans la lingotière fufpendue au bout du
moule, pour le recevoir de la même manière que
npus l’avons dit dans le chapitre précédent.
Comme la façon de couler le plomb lur le fécond
moule eft differente en quelque chofe, il eft
néceffaire d’en parler.
Manière de verfer le plomb fur le moule h un feul
bord.
Comme ce mbule n’a qu’un bord, il lui faut u»
râblé different ; on en fait un de trois morceaux de
bois affemblés quarrément & d’égale hauteur ; ceux
des deux côtés ont environ douze ou quatorze pouces
de long ils vont en diminuant fur le devant
en. forme de deux angles aigus, & ne confervent
leur hauteur qu’à l ’endroit où ils font affemblés avec
la pièce du milieu, quija fept ou huit pouces de
haut fur une longueur égale à la largeur que l ’on
veut donner à la table de plomb qu’on veut- couler ;
il a de plus un double manche pour le prendre £
& une traverfe pour foutenir fes côtés.
Après que la toile eft graiffée, on pofe ce rable
au haut du moule ; avant d’y verfer le plomb, on
y met une carte pour lui fervir de fond, & empêcher
que la toile ne brûle pendant qu’on y verfe
le plomb pour faire la table, &-qu’il y iféjourne.
Le plomb eft arrêté d’un côté' par le chaffis du
moule, de l’autre côté-par les rebords du rable ;
oh eft le moins de temps qu’il eft pofîible à le
couler.'
Auffi-tôt que cettè opération eft faite , deux ouvriers
qui doivent tenir déjà les manches de ce rable
, le font gliffer dans" un iiiftant d’un bout du
moule à l’autre, jufqu’à la lingotiere qui eft au
bout du moule, dans laquelle ils font tomber le
fiirplus du plomb néceffaire à faire ces fortes de
tables.
Ils doivent avoir l’attention de le conduire fur
une même ligne -, pour que la table nç foit pas plus
l^rge d’un côté que d’up autre ; çela eft atfë. à
faire
faire en tenant le rable toujours contre le rebord
du moule.
Il faut aufli faire enforte que la carte ou carton
qui eft au fond du rable, ne fuivepas', parce qu’elle
feroît manquer la table ; dans ces rifques , il vaut
mieux l ’attacher : moins on eft de temps à faire
gliffer le rable, moins épaiffe eft la table.
- Les ouvriers doivent donc avoir foin de ralentir ;
ou de précipiter cette opération à proportion dé
répaiffeur qu’ils veulent donner à leurs tables.
Manière de relever ces tables de dejfus le moule.
Il faut avoir un couteau ; on paffe fa lame entre
la table & la toile, afin de la détacher & de
pouvoir la prendre ; enfuite on la roule toute entière
: comme elle eft pour l ’ordinaire extrêmement
mince, on prend garde de ne pas la caffer ;
©11 l’enlève enfuite de defliis le moule , afin qu’il
foit tout prêt à en recevoir d’autres ; 011 la met a
un coin de l’attelier, on détache enfuite la lingotière
qui eft au bout du moule , & qui n’eft fufpendue
qu’avec des crochets pour en ôter les remets
, ou les excédens de. la table qui vient d’être
coulée, les rapporter dans la chaudière & les faire
fondre de nouveau.
Ufage de ces tables « ,
Ces tables fervent à toutes fortes de petits ouvrages.
On les emploie fur les toits à couvrir des
chevrons de bois, de petites lucarnes, & àplufieurs
amortiffemens î on les emploie fur-tout dans les
bâtimens ; on les met entre les joints des pierres
fondamentales pour les affèoir plus folidement : il
en eft entré une grande quantité dans les bâtimens
du Louvre.
On s’en fert àuffi pour les clochers , en leur donnant
toutes fortes de formes , en les coupant, tantôt
en quarré, en coeur, &c. Mais cette manière de
couler le plomb eft devenue peu en ufage depuis
qu’on a 'inventé le laminage.
. Les tables de la manufadure ont fait tomber
les anciennes , parce qu’il eft plus aifé de les faire
de l’épaiffeur qu’on veut.
On ne trouve plus de moule à toile ; & s’ il en
exifte quelques-uns , ce n’eft plus que dans les provinces
qui ne peuvent fe procurer que très-difficilement
des tables de la manufadure.
Pour les plombiers qui ont un laminoir , ou qui
font à portée d’en faire.venir des tables , ils 11e
fondent plus de ces tables fi minces : cela nous
donne occafion de parler du laminage.
Du laminage.
Nous-avons rapporté dans le tome IV de ce dldion-
Arts & Métiers. Tom, VJ,
naïre, pages %oi & fuivantes les procédés de l’art
du laminage, avec l’explication des planches inférées
dans le tome III des gravures , qui expofent
le plan de conftrudions du laminoir, le mécanifme
de fes opérations , & le développement de toutes,
les parties de cette utile & curieufe machine.
Nous ne répéterons point ce que nous avons dît
à cet égard, mais dans la vue de contpletter de
fuite les procédés de l ’art du plombier, nous croyons
devoir rapporter le mémoire même des entrepreneurs
du laminage du plomb.
L ’art de laminer le plomb eft connu depuis plu-
fleurs années en Angleterre. Mais l’établifTement de
cet art en France peut être nais au nombre des
nouveautés utiles.
Peu de perfbnnes ignorent, que laminer un
métal, c’eft le réduire d’une certaine épaifleur à»
une moindre, par le fecours d’une forte compreffion.
Quoique plufîeurs moyens foient propres à produire
cet effet fur les métaux, le choix entre ces
moyens n’étoit pas indifférent à l’égard du métal
dont il s’agit.
Le plomb par fa pefanteur eft difficile à manier.
Il falloit chercher un remède à cet inconvénient#
Ce métal eft d’un ufage commun.
Les acheteurs avoient intérêt qu’on diminuât leut
dépenfe autant qu’il ferait poffiblç.
I l eft de peu de confîftance, On ne pouvoit -
éviter avec trop de foin tout ce qui eft capable
de lui caufer quelque altération.
La machine dont on fe fert pour le laminer, 8é
qui eft la même que celle dont ôn fe fert à Hambourg
pour laminer le cuivre, fatisfait à. ces trois
conditions effentielles.
Voici de quelle manière elle eft çonftruite.
Laminoir. ■
Ün arbre vertical, mobile fur fon axe , porte
une roue de champ horifontale. Deux autres arbres,
mobiles comme le premier, fur leurs axes , font
fitués horifontalement & parallèlement l’un fur
l ’autre.
Le plus élevé porte trois roues verticales, qui
lui font aflujetties d’une manière fixe. Celle du
milieu eft un hériflon. Celles des extrémités font
deux lanternes, & la roue , dite roue de champ
: ou rouet, engrene dans celle dont elle eft voifmç.
L ’arbre inférieur ne porte que deux lanternes, ■
Toutes deux font verticales.
, Elles ne lui font point àffujetties, & elles peif-
• vent faire leurs révolutions indépendamment de
leur axe commun«
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