
odeur de bitume ; il le diflèut dans l’efprit de vin, I
dans l ’huile de layande , même dans l’huile de 1
lin , mais difficilement lorfqu’il n’a pas été torréfié.
L e fuccin fè recueille principalement dans la mer
Baltique fur les côtes de la Pruffè.
Ambrette ou graine de mufc.
Cette graine a effectivement l’odeur du mule.
Elle eft de la groflèur d’un grain de millet, de la
forme d’un rein , & fe trouve dans un fruit de
couleur brune , de forme pyramidale, qui croît fur’
une plante fort commune dans le pays de Galam,
dans les Antilles , & fur-tout en Arabie & en
Egypte.
Les parfumeurs font ufàge de cette graine à caufè
de fan odeur agréable.
Coftus odorant.
Le coftus odorant qu’on trouve dans le commerce
-eft une racine exotique , coupée en morceaux ob-
•longs, gros comme le pouce , légers, poreux &
cependant durs, mais friables, un peu réfîneux , !
d’un goût âcre de gingembre , mêlé de quelque '
amertume , aromatique, d’une odeur légère de vio- 1
lette , d’un jaune gris ou brun. Elle eft tirée d’un
arbriffeau qui reflemble beaucoup au fureau , &
qui croît abondamment dans l’Arabie heureufè, au
Malabar , au Brefil & à Surinam.
Le coftus qu’on trouve dans les cabinets des~èu-
xieux, eft ou blanc tirant fur le rouge , léger ,
d’une odeur très-fuave, d’un goût âcre , brûlant &
mordant, & fe nomme cofi.us arabique : ou il eft
léger, plein 8c noir , très-amer, d’une odeur forte
d’oeillet ; c’eft le coftus indien , le pucho des Ma-
'labares dont on fait un grand commerce dans la
Perfè, l’Arabie : ou enfin pelant, d’une couleur !
de buis, dont l’odeur porte à la tête ; c’eft le coftus
fÿriaque ou romain.
Les coftus des anciens étoient beaucoup plus odo-
rans què ceux de nos joUrs. Ils s’en fèrvoiént pour
faire des aromates & des parfums ; ils les brûloient
fur les autels comme l ’encens.
On voit par cette defeription que le coftus des
grecs, des latins & des arabes' eft un même nom
qu’ils ont donné à differentes racines. ( Dicl» d’kift.
nat. ).
Calamus aromaticus.
Le calamus ou rofeau aromatique eft la tige d’une
plante çreufè comme un chalumeau, groffe comme
une plume médiocre, genouillée , d’un jaune pâle
ou d’un gris rougeâtre en dehors , blanche en dedans
, remplie d’une fubftance fongueufè ou molle,
d’un goût acre, d’une amertume légère & d’une a f
fez. bonne odeur,
On apporte le calamus des Indes & d’Egypte
toujours fe c , en petites bottes hautes. de deux ou
trois pieds, faciles à cafter.
Il entre dans la compofition de la thériaque 8t
de certains parfums.
Huiles ejfeittielles des végétaux odorans.
Les huiles eflentielles font celles qui retiennent
dans un degré marqué l’odeur ou l’efTence des végétaux
dont elles font tirées.
Comme toutes ces huiles eflentielles font capables
de s’élever dans la diftillation au degré de chaleur
de l’eau bouillante fans leur eau fer aucune altération
fènfible , c’eft par le fècours d’une pareille
diftillation qu’on obtient prefque toutes les- huiles
eflentielles des végétaux odorans.
C ’eft la méthode la plus ùfîtée & en même-téms
la meilleure de retirer l’huile effentielle d’un végétal.
Il s’agit donc de prendre la plante dans l’âge de
fà plus grande vigueur, & dans lequel fon odeur
eft la plus forte , de choifïr même celles dés parties
des plantes dont l’odeur eft la plus marquée ,
de les mettre dans la cucurbite d’un alambic fans
bain-marie, d’ajouter affez d’eau pour que la plante
en foit bien baignée & ne touche point le fond de
la cucurbite, d’ajouter Un ferpentin. au bec de l ’alambic,
& de donner tout d’un coup le degré de
chaleur convenable pour faire entrer l’eau en ébu*
litioxl.
L ’eau monte dans cette diftillation très-chargée
de l ’odeur de là plante, & elle entraîne avec; elle
toute fon huile effentielle. Une partie de cette
huile, eft affez intimement mêlée avec l’eau-qui
monte dans cette diftillation pour la rendre trouble
& un peu laiteufè ; le refte. de l’huile nage à la fur-
face de l’eau , ou fe précipite au fond, fiiivant la
pefanteur fpécifique de l’huile.
On continue ainfî la diftillation jufqu’à ce qu’on-
s’appereoiVe que l’eau commence à devenir claire,
en obfervant d’en remettre de tems en tems dans
la cucurbite , pour que la plante en foit toujours
bien baignée.
Obfervations.
Ce procédé s’applique en général aux plantes &
aux fubftances aromatiques dont on veut retirer
l’huile effentielle ; cependant il y_ a des obfervations
particulières à faire, 8ç que l’expérience in dique,
Par exemple, il y .a des huiles fort pelantes
, comme des huiles de girofle, de canelle : ij.
y en a d’autres qui fe figent au moindre froid ,
comme l’huile d’anis. Ces huiles veulent être d if
tillées à grand feu & dans des alembics fort peu
élevé?.
D’autres
D’autres font vives & pénétrantes, & contiennent
un fel volatil, abondant &âcre comme l’huile
de romarin , de marjolaine : celles-ci demandent
à être diftillées à une chaleur fort temperée ,
crainte de leur faire perdre leur odeur fine & gru-
cieufè par un feu trop vif»
L ’alembic doit être rempli au moins aux deux
tiers ; car s’il l’étoit plus ou moins, ou l’huile e f fentielle
arriveroit chargée de particules étrangères
, ou elle ne pourroit s’élever jufqu’au haut du
chapiteau.
Il ne faut pas s’attendre à tirer la même quantité
d’huile effentielle de toutes les plantes, fleurs
ou fubftances aromatiques. '
Il y a des plantes qui en fourniflent une grande
quantité „comme le genièvre, le girofle, la lavande
, la fàbine , le térébinthe, & la plupart des arbres
bâlfàmiques & réfîneux.
D’autres , telles que les rofès, le poivre , le co-
' chléaria , tousles nafturtiums, le zédoaire en four-
niffent à peine une quantité fenfible.
Ainfî la fàbine fournit par la diftillation deux
onces & demie d’huile effentielle par livre, tandis
qu’une livre de noix mufcàdes n’en fournit qu’une
once.
Le jafmin, la tubéreufè , les ly s , la jonquille
ne fourniflent rien d’odorant parla diftillation.
Quelques parfumeurs croient pouvoir retirer une
plus grande quantité d’huile effentielle, en ajoutant
du fel marin dans l ’eau qui doit fèrvir à la diftillation.
Cependant d’habiles chymiftes, entr’autres
M. Baumé, dont le fèntiment eft ici d’un grand
poids, penfent au contraire que le fèl y eft fôuvent
nuifîble & toujours inutile. •
La plupart des huiles eflentielles ont une pe-
fànteur fpécifique moindre que celle de l’eau, & nagent
à fa fùrface telles que celles d’anis, de citron,
de cédrat* Il y en a cependant qui font plus pelantes
, & qui fe précipitent au fond ; c’eft une propriété
qu’ont celles qu’on retire des végétaux aromatiques
des pays chauds, tels1 que le girofle , la
canelle, le fàflafras.
A l’égard des premières, lorfque la diftillation
fera faite , il fera queftion de féparer l’huile d’avec
l ’eau laiteufe fur laquelle elle nagera : pour y parvenir
avec facilité, il faut être deux perfonnes ,
l ’une defquelles prendra un entonnoir de verre d’une
capacité affez grande, c’eft-à-dire , d’une pinte au
moins ; elle le tiendra ferme au-deflôus d’une grande
terrine, & de l’autre elle appliquera le doigt index
contre l’orifice inférieur de l’entonnoir pour le
boucher.
L ’autre perfonne verfèra lentement dans l’entonnoir
le produit de la diftillation; l’entonnoir étant
plein, l’huile effentielle furnagera, & en retirant
Arts & Métiers. Tom, V I%
le doigt qui le bouche, l ’eau ne manquera pas de
s’écouler. On aura par ce moyen l’huile effentielle
toute feule, en répétant cette manipulation jufqu’à
ce que l ’eau foit entièrement féparée de l’huile;
Quant aux fécondes qui fè précipitent au fond
de l’eau , la réparation en eft encore plus aifée ; i l
ne s’agit que de décanter l ’eau qui fumage. Lorfque
l’huile effentielle qui eft au fond, commence
à fuivre le courant de l’eau, on fe fèrt de l’entonnoir
ci-deflus , dont on ne débouche l’orifice inférieur
que pour donner paflàge à l’huile effentielle,
il fè faut bien garder de jetter cette eau qui eft
très-odorante & chargée abondamment d’efprit recteur
; elle peut fervir & doit même être préférée
pour une féconde diftillation de la même fiibG
tance.
Les huiles eflentielles n’ont pas , comme on
vient de le voir, la même pefanteur fpécifique z
| nous ajouterons qu’elles n’ont pas non plus la
même couleur. L ’huile effentielle de girofle &
celle de canelle , qui font très-blanches , prennent
une teinte jaune & enfiiite roufle , lorfqu’on les
laiffe dans un flacon qui n’eft pas tout-à-fait plein.
L ’huile de lavande fort limpide jaunit en vieil-
lifiant ; l’huile de rhue eft d’une couleur brune j
celle d’abfÿnthe d’un verd noir; celle de fleurs de
' camomille, ainfî que celle de fleurs de mille feuilles
, reflemble au plus bel azur ; mais cette couleur
dégénère enfûite en une vilaine couleur jaune
foncée. Il ne faut cependant pas croire qu’elles
féient mauvaifés ; mais c’eft que leur nature eft de
devenir telle au bout d’un certain temps.
Pour conférver les huiles eflentielles dans toute
leur pureté & le plus long-temps qu’il eft poflïble ,
il faut en remplir de petits flacons de cryftal exactement
bouches, non avec du liège , il féroît corrodé
, mais avec des bouchons de même matière ;
les placer dans un lieu frais , & ne les ouvrir qu’au
! befoin.
Les huiles eflentielles font toutes pénétrées d’un
acide abondant & affez développé. C ’eft à cet acide
qu’elles doivent, la plupart, leur diffolubilité dans,
l’efprit de vin.
Des effences de citrons , cédrats , bergamottes, &c.
Il y a aufli plufîeurs fubftances végétales, qui
contiennent de l’huile eflentielle fiirabondante, non
combinée, mais dépofée comme en référve dans des
cellules particulières : telle eft celle qui réfîde dans
l’écorce des citrons & de tous les fruits de cette
efpèce, laquelle eft fi abondante qu’on la peut tires
fans diftillation.
Pour cet effet, on fè fèrt d’une machine remplie
de petits d o u x , à-peu-près fémblable à celles quî
férvent à carder la laine. On râpe fur cette ma-v
I chine les écorces jaunes des citrons ou des cédrats *
* B