
L ’ayant rempli pour la dernière fois, vous le
toucherez exactement & le porterez à la cave ,
ou ayant refté pendant quelque mois, il pourra
être percé & mis en bouteilles.
Pour le rendre plus agréable , on peut mêler
cinq ou fîx gouttes d’efTence de canelle dans l ’ef-
prit d e v in , qui fert à difïôudre le fel de tartre.
On peut encore y faire infufer des zeftes de citrons
, des framboifes , des fleurs ou des aromates,
qui peuvent'convenir félon les différens goûts.
On peut ufer de cette liqueur au lieu de vin..
On dit que pour conferver l’hydromel plusieurs
années, il faut mettre fur chaque barique un demi-
fetier d’efprit de fel.
Sardo.
Les éthiopiens. & abyffins font une efpèce d’hydromel
ou de liqueur fermentée avec le miel,
qu’ils nomment fardo. Pour la compofer , on met
cinq ou fix parties d’eau contre une de miel; on
y joint une ou deux poignées de farine d’orge germé,
ce qui occafîonne une fermentation ; après quoi
on y ajoute quelques morceaux d’un bois qui a
la propriété de faire difparoître le goût doucereux
& fade du miel. Par-là çette liqueur devient,
dit-on, affez agréable^
Voici une autre manière de faire l'hydromel,
que nous rapporterons, quoiqu’elle foit prefqu’en-
tièrement conforme aux principes- & aux procédés
qui viennent d’être expofés ci-deffus.
H y d r o m e l v i n e u x d e M e t z ,-
Il eft quelquefois facile à un homme qui vît à la
campagne de fe procurer à peu de frais des chofes
que l ’on fait payer très-cher à la ville. L ’hydromel
vineux de Metz, qui efl en fi grande réputation,
& dont on fait de lî grands envois jufqu’au-delà des
mers, eft dans ce cas là; rien de plus facile que
d’en faire.
Cette excellente liqueur fe fait Amplement avec
du miel & de l ’eau. On clarifie d’abord le miel, en
y jettant des blancs d’oeufs avec leurs coquilles,
puis en le mettant fur le feu, & le faifant bouillir
jufqu’à ce qu’il foit parfaitement écumé : orf a en-
fuite une grande chaudière, & fur une mefure de
miel on met quatre mefures d’eau ; on fait bouillir
le tout à un feu clair & à grand bouillon, jufqu’à
ce que la liqueur foit diminuée d’un cinquième.
On met enfuite cet hydromel dans un tonneau
pour le faire venir à la fermentation vîneufe ; c’eft
pourquoi on place le tonneau au foleil fans être
bondoné ,'mais recouvert feulement, à la place
du bondon, d’un tuile plate.
.Comme la chaleur eft nécefîàire pour faire
fermenter P hydromel 31a faifon pour le faire eft le
commencement de Juin, parce que la chaleur eft
alors très - grande. Un point effentiel pour bien
réuflir, eft d’arrêter la fermentation à propos, avant
que la liqueur paiïè à la fermëntation acide.
Cette liqueur devient d’autant meilleure qu’elle
eft gardée plus long-tems j confervée pendant
dix ans, elle eft des plus exquifês que l’on, piaffe
boire.
Dans la Pologne; la Lithuanie, la Rufîie, la
boifïon ordinaire eft Yhydromel : voici la manière
de le faire. Prenez trente pots d’eau de fontaine
ou de rivière , délayez-y vingt livres de bon miel
blanc , mettez le tout fur le feu & l’écumez ; on l’y
laiffe jufqu’à ce qu’un oeuf puifie lurnager la liqueur ;
après quoi verfez-la dans un tonneau , dont vous
n’emplirez que les deux tiers, que vous lié boucherez
qu’avec du papier & du liège. Mettez ce
tonneau au foleil pendant quarante ou cinquante
jours, afin que" la liqueur fermente & fe fortifie ;
defcendez. - le enfuite à la cave , &; bouchez - le
bien.
Pour faire un hydromel vineux , il n’y a qu’à
ajouter quelques pots de bon vin d’Efpagne ou
autre fur la fin de la cuilfon, ou avaft qu’il ait
bouilli.
O X Y M E L.
L ’oxymel eft le produit d’un mélange de miel
Jfc de vinaigre.
Il y a deux fortes d’oxymel, l ’un fimple 58
l’autre compofé.
Uoxymel fimple fe fait avec deux parties de bon
miel & une de vinaigre blanc, qu’il faut faire
bouillir jufqu’à confiftance de fyrop. On s’en fert
en Médecine contre les maux de gorge & de
poitrine.
L ’oxymel compofé ne diffère du fimple qu’en
ce qu’au miel & au vinaigre, on'ajoute la décoction
des cinq grandes racines apéritives , avec de
la graine d’ache, de perfjl & de fenouil. Il eft
employé contre les maladies- du foie & de la rate.
On fait encore en Pharmacie d’autres elpèces
'd’oxymel, qui ont des propriétés analogues aux
mélanges que l’on fait avec le vinaigre.
L ’oxymel a une faveur acide plus forte que celle
du vinaigre pur ; mais elle paroît plus douce,
dit M. Baumé, parce que la laveur du miel la
mafque en grande partie. Cette augmentation d’acidité
vient i° . de ce que le vinaigre fè concentrant
pendant la cuiflon la partie extraétive qui relie
eft plqs acide que ce qui s’évapore.
z°. De ce que le vinaigré eft un acide huileux
qui fe combine difficilement avec les principes
fucrés du miel. |
Il eft bien effentiel de ne point préparer les
wtymels dans des vaiffeaux de cuivre, d’autant
que ces médicamens deviennent émétiques, a
raifon de la portion de cuivre que le vinaigre
dilfout.
Il faut employer des vaiffeaux de grès ou de
verre, lorfqu’on n’en a point d’argent. Les vaiffeaux
_ de terre vernîlfés peuvent fervir, mais le
vinaigre attaque leverd de plomb qui couvre leur
fujface lorlqu’il y féjourne,
Z au-de-vie de miel.
Il n’y a pas, dit M. Cfireft, de fûbftaîice végétale
qtiï contienne ou rende plus d’eau-de-vie
que l’eau dans laquelle on fait fondre la cire des
gâteaux des ruches, après qu’on en a yerfé & exprimé
le miel; cette eau fe met encore chaude
dans des tonneaux prefque pleins & bien bouchés ,
qu’on tient dans un lieu chaud, &fans y rien ajou-.
ter; elle entre en fermentation par degré, & en
einq ou fîx jours elle eft terminée* Dès qu’elle eft
ceffée , & qu’on reconnoît à la liqueur une faveur
& une odeur vineufe , &_ qu’elle eft un peu éclaircie,
quoique plus colorée, on la foumet à la dif-
tillation à un feu doux, comme on fait pour obtenir
l’eau-de-vie-de grain ou autre.
On retire par ce procédé une excellente eau-
de-vie, d’une faveur douce, plus forte & moins
pefante que f eau-de-vie de grain ; on s’en fert dans
quelques pays pour donner de la force & de la
durée au cidre, en y mêlant une pinte de cette
eau-de-vie fur quatre-vingt pintes de cidre.
L a m p e s .
Détails fur' le perfeHionnement des lampes dites ■
d'argent y - par M. l'abbé de Vitry .
I l y a quélques années , dit M. l’abbé de Vitry,
que je publiai un mémoire fur une lampe d’étude
propre à procurer une lumière plus égale, plus
pure, moins difpendieufe , & requérant moins de
fu jétion que toutes les lampes 'connues jufqu’à cette
époque; comme il en a été parlé avec éloge, dans
lé tems , dans .les journaux , il eft fuperflu ' d'en
donner ici la,defcription ; tout ce que je puis en
dire, c’eft que fi cette lampe a eu fes parti fans,
elle a trouvé des dépréciateurs, par rapport à fa
forme peu gracieufe, fur-tout darre un fiècleoùtout
porte l’empreinte de l’élégance la plus recherchée ;
bien de jeunes yeux d’ailleurs fe font révoltés
contre l’ufage de ces petits réverbères qui y font
adaptés, quoiqu’ils n’y fuffent que des accefloîres
que l’on pouvoit modifier à volonté, afin de procurer
cette égalité de lumière fi inutilement defirée
jufqu’alors.
Pepuis peu il paroît une forte de lampe que
Arts Métiers* Tome V ly
quelques académies ont nommé la lampe d’argent >
à caufe de l’extrême blancheur, l’abondance & la
tranquillité de fa lumière ; je ne diffimule pas
qu’enchanté defon effet, je fus fur le point de lui
donner la préférence fur la lampe de mon invention
; deux raifons m’empêchèrent quelque tems
de l’adopter ; la première fut que le magafîn d’huile
ne pouvant être que fort petit, la met dans le cas
d’être fou vent remplie , & d’être, par conféquent,
dans un commerce trop fréquent avec cette matière
tachante la fécondé raifon fut que le fuintement
de cette'dernière, qui oblige à la recueillir fur
une platine à rebords, exige de continuels net.
toyages , fans parler de la déperdition néceffaire de
cette huile adultérée par les mouchures de la mèche ;
tous ces inconyéniens, je l’ayoue , me firent perdre
l’idée favorable que j’avois conçue de cette nouvelle
lampe fi accueillie au premier abord ; auftï ne tardai
je pas à voir que fes plus chauds partifans fe refroidirent],
& ceffèrent au moins d e la regarder comme
économique, qualité fi convenable à la majeure partie
des citoyens.
Je crois être parvenu au point defiré, en combinant
les avantages de mon invention avec ceux de
la lampe dite d'argent ; q’a été en adaptant le triple
tuyau cylindrique de celle-ci à ma lampe, dans le
..pied de laquelle fe trouve un magafin confîdérable
d’huile , que l’on fait monter, à l’aide d’une pompe
àferingue ,, dans un réfervoir qui tient lieu du magafîn
de la lampe d’argent.
Selon le volume que je fais donner à cette lampe
ainfî combinée, elle n’a béfoin d’être remplie qu’au
bout de quelques mois, ou de quelques femaines ;
au lieu que les lampes que l ’on tire de Paris ou de
Londres, doivent être remplies au bout de fept à -
huit heures ; le magafin de la première que j’ai fait
exécuter félon mes nouvelles idées , peut durer,
fans.renouvellement d’huile, quinze jours, & le réfervoir
en contenir fuffifamment pour 11e devoir
pomper qu’au bout de quatre heures.
Quoique cette lampe , ainfî corrigée , plût infiniment
au premier amateur à qui je la montrai, il
la jugea fufceptible d’une correéfion qui rendît fa
forme plus agréable, fans'rien perdre de-fes avantages
; un artifte, très-ingénieux, crut être parvenu
à ce but, en adaptant ce changement aux lampes
dont les pompes font à reffort, de forte que la lumière
, fe trouvant au fommet, elle figure une
très-greffe bougie pofée fur fon chandelier.
Le premier coup-d’ceil fut en fa faveur; on f admira
l’ouverture orbiculaire & tranfverfale pratiquée
au bas, de cette apparence de bougie, pour rétablir,
le courant d’air,, qui fàit tout le fecret de cette non-*
velle invention.
Il faut avouer qu’elle répand une très-belle lumière
dans toute la capacité d’un appartement ; mais l’on
conçoit aifément que le diamètre de ce cylindre qui
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