
cir & poncer J votre apprêt terminé, pour peindre
un fond poli, noir, détrempez, du noir d ivoire, ta-
mifé très-fin, dans un beau vernis au karabé.
Donnez-en deux ou trois couches unies & trcs-
égales , la dernière un peu moins chargée de noir ;
donnez en fuite huit ou dix couches d’un beau vernis
au karabé, que vous polirez & luftrerez.
On peut faire ainfi toutes fortes de fonds avec
le vernis gras au karabé, quand on a des fonds
fombres : on emploie les vernis au .copal, quand
ils font clairs.
. Roues d’équipages.
i ° . Donnez deux à trois couches de blanc de
cérufe , broyé à l ’huile de lin , & détrempé à la
même huile. z°. Donnez deux a trois couches de
la teinte adoptée ; & verniffez par-deffus deux
couches de vernis blanc., au çopal.
- Si vous choifi{Tez un gris, mettez deux couches
de blanc de cérufe , broyé à l’huile de noix &
détrempé à l’effence , coupée d’huile de noix, ou
d’oeillet ; enfuite l’on met la teinte grife qu’on juge
3 propos, avec du blanc & du noir broyés a l’huile,
& détrempés à l’effence.
Si vous préférez le vermillon, mettez deux couches
de rouge de Berry, broyé à l’huile de lin ,
avec un peu de litharge , & détrempé; faveur, k
première couche.'à l’huile, & la féconde a 1 huile
coupée d’effence ; donnez une troifîème couche du
même rouge, coupé de mine rouge ou de minium,
broyés à l ’huile, & détrempés à l’effencè.
3°. Quand le tout eft fe c , donnez une couche
de vernis à l’efprit-de-vin, dans lequel on détrempe
du vermillon. Si l’on veut qu’il foit beau 8c folide,
pn donne une ou deux couches de vernis gras.
Trains d'équipages.
de blanc de Bougival, infufé dans l ’eau, & détrempé
avec la colle de gants chaude.
. 5°. Paflez par-defliis une pierre-ponce, pour en
oter les, noeuds & les grandes inégalités.
4°. Redonnez une' féconde couche d’impreffion,
mais plus ferme & plus épaiffe de blanc de Bou-
gival & de colle; poncez encore un peu la toile,
& alors elle eft prête pour travailler.
On peint les train? d’équipages à l ’huile, de la
teinte qu’on juge à propos, en donnant d’abord,
comme aux roues ^ une ou deux eouches d imprel-
fîon de blanc de cérufe, broyé & detrempe a i huile
de lin , ou de noix, ou d’oeillet, félon la teinte
qu’on veut appliquer.
Quand les deux couches de la teinte font appliquées,
on y met un vernis gras , fait pour les trams
d’ équipages, qui conferye les cpuleurs, de maniéré
gu’on peut les lave?, fans les endommager.
Teinture des toiles en dêtrçmpe, pour décorations.
i<\ Choifîffez une toile,-étendez - la ferme fur
Si vous voulez y peindre des décorations , broyez
toutes vos couleurs a 1 eau, & detrempez-les a la
colle de gants.
Le ftil de grain , le bleu de Pruffe, & les cendres
bleues fervent à repréfenter des payfages.
les chaffis qui doivent la recevoir. Si elle eft claire,
collez par derrière du papier, avec la colled eknne ;
fî elle ne l’eft pas, ce préalable eft inutile*
La cendre bleue feule fuffit pour faire des ciels;
la laque plate ; .que l'on brunit avec de l’.eau de
cendres gravelées, s’emploie pour les fonds rouges, |
&c. Sec.
Maniéré de rekaujfer d’or en detrempe.
Rehaufler, c’eft donner plus de clair aux jours, !t
plus d'oblcurité aux ombres.
Hacher■;-c’eft donner de l’effet aux différens objet;
qu’on veut ombrer.
Rehauffer d'or, 'c’eft peindre en couleur d’or fur
une toile, folt en huile, foit en détrempe , des
morceaux de fculptute, de bas-.reliefs, de ronde
bqffe, par des hachures,
Pour rehauffer d’or en détrempé , examinez
d’abord fi votre fond eft bien encollé, & fi l’ouvrage
eft peint en bonne colle ; s’il ne l’etoit pas
affez, paffez-yune légère couche de _çolle datre
& nette ; ne repaffez pas avec la broffe, qui doit
être douce, pour ne pas ternir les fonds; car, quoi.
qu’on faire, U fe gâte toujours un peu en leur
çollant.
Lefondétant préparé, i° . peignez tous le|cldrs
que vous voulez rehauffer d’or avec de lochre de
rue de la terre d’ombre , dé la décOâion du jus
de graine d’Âvignon, & du jaune , broyés tousƒ
l’eau , & détrempés à la colle de gants ou de j
Flandres,
r^0. Préparez un mordant ou bature compose
d’environ une livre de cire , d’une demi-livre d’huile
de lin , & dune demi - livre de térébenthine de
Venife , qu’on fait bouillir enfemble.
oo, Rehauffez vos ornemens , en mettant par hachuré
de votre mordant, ou bature chaude , avec
la pointe dhm petit pinceau, fur tçms les clairs cie
l’ouvrage.
U papier çoljç §ç feç ; dqnnez .ype conçhe 4°«Appliquez lç cuivre réduit Çh fçüiiles , ap;
pellé
pelié vulgairement or d'Allemagne, du avec du
coton , ou avec des bilboquets garnis de draps.
Au bout d’une couple d’heures, quand il eft fec,
il faut l’épouffeter avec une broffe de foie de porc,
douce & bien nette.s
Il faut fur-tout prendre garde que la bature ne
s’emboive dans le fond aufli-tôt qu’elle eft couchée ;
ce que l’on connoît quand elle devient terne, &
qu’elle perd fon luifant ; car alors l’orne peut s’y
attacher. Il faut tout fimplement recommencer à
coucher de bature dans les endroits ombrés.
Peinture des toiles en huile pour tableaux, &c. »
ChoififTez une toile , étendez-la fur un chaflis ,
en rebordant la toile fur l’épaiffeur du chaffis, où
on l’attache avec l’efpèce de petits clous qu’on
nomme femence, à trois ou quatre doigts de dif-
tance les uns des autres.
On a inventé, de nos jours , une manière de
faire des chaffis, qu’on appelle chajjis a clefs| : on
tend les toiles plus fortement, toutes les fois que
la féchereffe les relâche : ces clefs fe mettent dans
tous les coins de l ’affemblage, & au bout de chaque
travers.
i°. La toile étant bien difpofée, étendez le
chaffis à plat, & préfentez le coté qu’on doit
! peindre.
[ i° . Ayez de la colle de gants de moyenne force j
qu’on puiffe battre eii confîfknce de bouillie , &
étendez-la également avec un grand couteau de
■ bois fait exprès pour cela, jufqu’a ce que la toile
foit imbibée par-tout.
3°. RamafTez avec ce couteau le fûrplus de la
colle , afin qu’il n’en refte que ce qui peut être eh-
tré dans la toile.
4°. La colle ramaffée , accrochez le chaffis à
Fàir; quand la couche eft sèche, poncez en tous
fèns légèrement la toile avec une pierre - ponce,
pour abattre & ufer les petits fils qui peuvent s’y
trouver.
5®. Broyez du brun - rouge à l’huile de noix,
dans laquelle vous mettrez de la litharge, 8c dé-
trempez-le à l’huile de noix ; quand là couleur eft
îaffifàmment épaiffe, remettez votre chaffis à p lat,
: étendez la couleur deffus avec un couteau deftiné
\ à eet effet.
6°. La couleur étendue & retirée, de façon qu’il
tven refte que ce qui eft empreint dans la toile ,'
laiffez fécher la toile de nouveau ; & qu.and elle'
eft sèche, on peut encore paffer la pierre - ponce
par-deffus pour la rendre plus unie.
Arts & Métiers. Tom. VJ
7°. Donnez deffiis une couche de petit - gris ,
fait avec du blanc de cérufe & du noir de charbon
broyé très-fin, & détrempé à l’huile de noix
& l’huile de lin , par moitié.
Cette couleur fe pofe à la broffe fort légèrement
: on en met le moins qu’on peut , afin que
la toile ne fe caffe pas fi-tôt, & que les couleurs
qu’on vient d’appliquer deffiis en peignant, fe con*\
fervent nyeux.
Des rehauts dé or a l’huile.
Pour rehauffer d’or à l’huile , on Ce Cert de
mafficot, de jaune de Naples , de jaune de Berry „
d’ochre de rue & de ftil de grain, broyé.s fépa-
rément à l ’huile de noix, qu’il faut placer fur la
palette.
Des uns & des autres on forme les teintes des
bruns & des clairs, ayant foin fur-tout que le mé*
lange de ces couleurs forme un bon ton doré.
On les détrempe fur la palette avec de l ’huiler
graffe, coupée moitié d’effer.ce , qu’on met dans?
un godet. - ;
i° . Il faut que les parties fur lefquelles on veut
peindre des ornenièns 8c des rehauts d’or , fbienfc
imprimées & peintes de deux couches broyées &
détrempées à l ’huile, & d’une troifîème à l’huile
coupée d’effence, que vous poncerez avec une
pierre-ponce.
z°,l Deffinez vos ornemens , & peignez - les ?
quand ils font fecs , prenez de la chaux éteinte
d’elle-même à l’a ir, paffee dans un linge , qu’on
met dans un nouet, appellée ponce de chaux ; pa£
fez-en fiir votre f ouvrage , en tapant pour défîgner
les parties qui doivent refter en couleur, & pour
empêcher que l’or ne prenne par-deffus , enfbrte
qu’il ne doit s’attacher que fur les hachures où il
y aura de l ’or couleur.
3°. Epoufietez cette ponce légèrement avec un
pinceau ; fôufflçz dçffus pour ôter le plus fort de k
pouffière.
4°. Prenez dç l’or couleur très-fin , très-net 8c
bien paffé par un linge , pour qu’il n’ÿ ait 'aucun
grain ; pofèz-le fur la palette, & empioyez-le avec
un pinceau très-fin, en redeffinant votre ouvrage
par hachure.
Appliquez - le affez épais .& affez ferme , pour
qu’il ne coule pas ; car plus il eft épais, plus l ’or
a de relief : c’eft pourquoi on fe fert dç pinceaux
; longs, aigus & affez fermes.
5°. N’appliquez l’or que lorfque l’or couleur eft
tout-à-fait fèc; pourvu qu’il puiffe un peu1 happer
l ’o r , e’eft affez ; car plus il eft fec, plus il eft vif.