
cence; il y fit bouillir ce mélange; il en obtint
une Seconde diflolution de la plus grande partie qui
avoit été précipitée ; il hume&a des morceaux de
verre pilés, mêlés d’un quart de borax calciné avec
la folution ; il fit fondre ce mélange à un feu modéré
, & obtint un beau verre pourpre ou couleur
de rubis. L ’opération devenoit irfoins coûteufe ; il
voulut l’eflayer encore fur d’autres métaux.
4°. Il fit diffcmdre du plomb dans de l ’efprit de
nitre; il précipita la folution avec une quantité fuf-
fifente d’efprit de fel ammoniac, fans qu’il fut befbin
d’une féconde folution dans le diflblvant, comme
à l ’argent; il prit l’eau claire d’où le plomb avoit
été précipité ; il en humeéta du verre blanc pilé,
mêlé avec un quart de borax calciné; il fit fondre
ce mélange, & en obtint un verre de couleur de
rubis.
5°. Surpris du feccès de cette opération, qu’il
attribuoit a l’ame ou teinture d’or cachée dans tous
les métaux, il prit une féconde fois du plomb ; il
le fit difîoudre dans de l’eau-forte ordinaire, mêlée
d’une bonne partie d’eau de pluie qui le fit entrer
plus vite en diffohition ; il précipita - la folution
avec de l’efprit de fel marin, la fit bouillir -pendant
un quart-d’heure au bain de fable ; ie plomb
tomba fer-le-champ en chaux blanche comme la
neige : il fe fervit de ce diflblvant fort clair, qui
étoit au-deflus , pour mouiller le verre blanc pilé ",
mêlé avec un quart de borax calciné ; il fit fondre
ce mélange , & en obtint un verre pourpre ou
couleur de rubis, aufli beau que les précédens.' Il
n’ofe pourtant pas garantir le même fuccès pour
cette expérience. Il en voulut auffi faire une fur
le- fer.
. 6°. Il fit diflbudre du fer dans de l’eau-forte , il
précipita la folution avec i’efprit de fel ammoniac;
le fer tomba au fond fous la forme d’tin très-beau
crocus, fans qu’il refiât de fa febftance dans le dif-
folvant ; il décanta l ’eau toute claire qui fùrnageoit
au crocus ; il s’en fervit pour humeéter du verre
blanc p ilé, mêlé d’uft quart de borax calciné ; il
fit fondre le tout ; & le fer, qui donne ordinairement
du jaune dans la vitrification, lui produisît
un beau verre rouge tranfparent, de couleur de
rubis. Cette expérience le conduifît à celle du
cuivre.
7 ° . 11 fit diffbudre du cuivre dans de l’eau-fdrte;
il .précipita la folution avec de l’huile de tartre ;
tout le métal tomba au fond : il fè fervit du dif-
foivant qui .étoit. demeuré tout clair ,.pour en htr-
me&er du verre blanc pilé & mêlé d’un quart de
borax calciné ; iî fit fondre le tout, & obtint pareillement
un verre pourpre & couleur de:rubis.’
:8°. II. obtint le même effet de l’étain diffbus.
dans l ’efprit de nitre affoibli par de. l’eau. Il hufneéla
fbn yerre pilé & mêlé d’un quart de borax
calciné avec le diflblvant clair qui furfiageoit ; de
àprès la fufîon , il en eut un verre pourpre.
A toutes ces expériences , par lefquelles Grum-
mer dit s’être convaincu que l’on peut tirer une
couleur pourpre , femblable à celle qui efl tirée de
l ’o r , même des métaux les moins précieux, il
ajoute qu’il eft encore d’autres métaux & minéraux
qui , traités avec le nitre, produifent le même effet
; mais, réfèrvant de s’en expliquer à un autre
temps , il s’efforce de prouver , par les deux expériences
qui feivent, que cette belle couleur St
teinture ne doit fbn origine ni à l ’o r , ni à l ’argent
, ni aux autres métaux ; qu’elle vient plutôt
aune autre fubffance riche en couleur.
Nous allons le voir dans le procédé fuivant, où
il enfeigne à préparer une belle couleur de pourpre
& de rubis , par le moyen du nitre.
5>°. Prenez , dît-il, des morceaux der verre blanc
ou de verre tendre de Venife, qui produit le même
effet, à volonté; réduifez-les en poudre ; mêlez-y
un quart, un huitième, ou encore moins, de nitre
purifié ; vous pourrez auffi y joindre un peu de
borax calciné , pour en rendre la fufîon plus aîfée.
Faites fondre ce mélange d’une manière convenable
; vous obtiendrez un verre pourpre de la couleur
des plus beaux rubis, qui ne le eédera-en rien
à tous ceux qu’on auroit faits r fuivant les procédés
ci-deffus.
Grummëï s’attache ici à répondre aux différentes
difficultés que peuvent lui propofer ceux qui fe
font imaginé jufqu’à préfent que c’eff de l’or que
procède la couleur pourpre.
Il garantit le fuccès de fes expériences contraires
à ceux qui paroîtroient en douter, en leur répliquant
que ees mêmes expériences, cent fois réitérées
en un jour, ne manqueroient jamais. ..
C’ëft , prétend-il, à la magnéfîe qui1 'eff contenue
& cachée dans le verre .blanc ou le verre tendre
de Venifè, reffefeitée & ranimée par un fel
magnétique qui contient une teinture analogue, que
cette pourpre eft donnée.
Après s’être étendu fur les propriétés* de la ma-4
gnçfîe dans la vitrification, il paffè à d’autres obsédions
fondées fur les expériences dans lefquelles
i l n’eft point entré de nitre.
i° . 11 démontre que la précipitation ou la fblu-
tion de l’or, quand on la joint à du. verre.dans
(lequel on n’aiiroit pas fait entrer originairement la r
mâgnéfie ne donne point de couleur- pourpre.
Faites, dit-il, du verre.fans magnéffe : on peut
fè. fefvir pour cela de pierres à fufil, pilées & mêlées
avec une partie égale de fel de tartre ou de
potaffe : on fait fondre feffifanmieni ce mélangé ■ »
on
on le tire enfeîte du pot, & on le verfe pour en
former des pains , tels que ceux de verre tendre
de Venife. On le pile dans un mortier de fer bien
net ; _on le tamife 'avec foin.
Ce verre préparé de la manière qu’on vient’ de
décrire , porte à l’extérieur la même apparence
que celui dans lequel.1 la mâgnéfie eft entrée : mais •
fi l ’on vient à l’employer de l’une des manières
qui ont été indiquées, foit avec or, fbit fans or,
jamais il ne fera poflible d’obtenir une couleur pourpre
ou de rubis.
Pour prouver aux curieux que , dans tes compo*
fîtions de cette couleur avec lo r , ce même or ne
fe vitrifie point , mais ne fait que fe mêler au
verre, il prétexte la diflipation qui fe fait peu à
peu de la couleur dans un mélange de cette êfe
pèce à un degré de feu trop aétif ou de trop, de
durée.
L ’or, dit-il, commencé d’abord à former une
pellicule à la ferface de la matière fondue , & enfin
tombe au fond du creufet.
11 ajoute que la même chofe arrivera à la com--
pofîtion du verre qu’il vient d’indiquer , avec cette
différence qu’étant dépouillé de la mâgnéfie, il ne
fe colorera point-du tout.
De ces procédés clairs .& cireonftanciés qu’il
vient de donner, il fe flatte que chacun pourra
'conclure que la couleur pourpre du verre ne doit
point fon origine à la réduâjon de l ’or qu’on y
auroit mêlé au commencement de l’opération ,
mais a la magnéffe qui étoit entrée dans la compo-
fîtion du verre.
i J’ajoute ic i , dit M. le 'V ié il, quelques ôbferva-
tions furie verre roügé, que je dois à l’expérience
que j’ai acquife par les réparations dans différentes
eglifes de plufîeurs vitraux de vitres peintes anciennes
& modernçs ; & après avoir remarqué avec
les plus habiles maîtres dans l ’art de la verrerie,
que j’ai confultés, que, pour donner au verre différentes
couleurs & les nuances que l’on defîre, il
faut fouvent effayer fa matière , augmenter ou diminuer
les dofes des ipgrédiens colorans, hâter ou
arrêter l’aâivité du feu ; après avoir fur-tout fait
obferver que la couleur rouge demande plus de
foins ,^d’intelligence & d’expérience qu’aucune autre,
pomme plus fujette à noircir & à prendre une
opacité qui lui ôte fa tranfparence , ou enfin à perdre
fa couleur qui s’efface totalement a un trop
grand feu, je conclus :
que fût ntie ferfàce, & dont nous traiterons dans
le chapitre fuivant.
2-0. Que, pour peu, qu’il s’en trouve, il eft plus
mince de plus de moitié que le verre des autrës
couleurs,'
3°. Que deux morceaux de ce verre rouge naturel
, appliqués l’un fur l ’autre, préfentent à la
vue une couleur plus noire que rouge.
J’en augure que la difficulté du fuccès dans la
teinture des mafles de verre en rouge porta les peintres
vitriers à faite , ou par eux-mêmes , ou par les
verriers, l ’elfai d’un émail rouge fondant, q ui,
réduit en poudre impalpable & détrempé à l’eau,
étoit étendu & couché avec art fur le verre defti--
tué de couleurs par le feedurs du pinceau ou de là
brofle, en autant de couches que la nuance defîi-éé
le demandoit ; que ces tables , ainfî enduites de ce
vernis rouge, étoient portées dans un fourneau pour
y faire cuire & parfondre la couleur qui y avoit été
couchée ; que de là ils obtinrent ces différentes
nuances de verre rouge plus clair ou plus fortcê
fuivant le befbin , fans lui rien ôter de fa transparence.
Ma conjedure. parbît d’autant mieux fondée ,
qu’entre tous les Verres de couleur employés dans
les plus anciennes vitres peintes, il n’y a guère
que le verre rouge qui fbit ainfî coloré., les autres
étant plus ordinairement fondus -tels dans toute leur
maffe.
J’ai entre les mains & fbüs lès yeux des morceaux
de verre rouge du treizième au quatorzième
fiècle, fur lefquels on diffinguë aifément la trace
de la brofle donf on fe fervoit pour étendre & coucher
fur un verre nu ce vernis roupe , ainfî que
Kunckel l’appelle.
Enfin , fbit a caufe du précieux de l ’or qui pou-
voit y entrer, foit à caufe de ce double apprêt,
le verre rouge, quoique cbloré fur une fuperficie
feulement, a toujours été plus cher que le verre
de toutes autres couleurs teint au fourneau des verriers
dans toute fe. maffe,
, J’ai Voulu faire faire du verre rouge dans les
verreries de Bohême, d’ou j’ai tiré une allez grande
quantité de verre en tables de toutes les autres couleurs
de parfaite beauté, fî l’on excepte le verd ;
& quoique j’éuffe confenti à une augmentation de
deux tiers en fus du prix dès autres couleurs , je n’ai
pu obtenir des verriers de ce royaume de m’en faire
un envoi.
t Qu’entre les verres rouges des plus anciens
vitraux, il s’en trouve peu de celui que les peintres,
fer verre nomment improprement verre naturel
\ ternie qu’ils ont adopté pour diftihguêr un verre
teint dans toute fa maffe , de celui qui n’eft coloré
Arts 6* Métiers. Tom, VI.
Manière de colorer au- fourneau* de recuijfon des
tables de verre blanc, avec toutes fortes de couleurs
fondantes aux. verreries.
Suivons toutes lés différentes opérations que