• Ces exhalaifons défagréables & nurfîbîesl font,
fur-tout très-incommodes dans les cuifines baffes.
C ’eft en vain qu’on tâche d’y remédier en. fai-
fant curer ces puifards de tems à autre, ou en y
pratiquant des- évents ou chetninées, tout cela
n enipèchë pas qu’il n’en vienne dans les fouterraîns
une odeur infûpportable , attirée par le courant
d’air que forme le feu de la cuifîiïe, ou pouflee
par lé vent, comme il arrive :à l ’égard de la fumée
dans les cheminées .baffes. • ■
Il n y a qu’un moyen efficace d’éviter cette incommodité
& les dangers qu’elle entraîne: c’eft celui que
M. de Parcieux a imaginé, qu’il a fait exécuter
avec fucces, & dont il donne le détail dans un
memoire qu’il a lu à l’académie en 1768.
Laiffer un paffage libre, non-feulement à l’eau,
mais encore aux moyennes. & menues ordures
qu elle entraîne , & intercepter en même-tems
toute communication de l’air du puifàrd avec le
lieu où i l eft placé ; voilà le problème, que M. de
Parcieux s’é'toit propofc de réfoudre. La. phyfique
dç l'on genie lui en ont fourni un moyen, d’autant
plus .précieux , qu’il eft fimple & facile dans fon
exécution. C’eft une ^cuvette, ou un petit baflin
quarré de pierre , mais qui dans fon fond à la
courbure d’un bac de rivière. Ce baflin eft placé
dans, l ’épaiffeur du mur du puifàrd de niveau au
ruifîèau par lequel les eaux arrivent, de manière
qu’il faut qu’elles paflent par la cuvette pour tombe r
dans le puifard.
_ Cette cuvette eft engagée dans le puifard d’environ
le tiers de fa longueur, & le bord par lequel
elle doit s y décharger eft de deux pouces plus
bas Ique lçs trois .autres côtés; mais en-cét endroit
Je mur du puifard , ou pour mieux dire une dalle
de pierre qui y eft maçbiinée traverfe la cuvette,
&-y defcend un pouce plus :bas que le bord de
décharge;. Par deflous cette dalle il refte un efpace
par lequel Peau &. cp quelle entraîne ne peuvent
paffer librement.
Qu’arrive-t-il lorfque la cuvette eft remplie ?
Peau ayant un libre paflage par-deffous la dalle
de pierre, s eft mife de niveau dans les deux parties
de la cuvette, & lorfqu’il y en aborde de
nouvelle, elle tombe dans le puifard par le bord
de décharge : mais comme la dalle. d.e pierre eft
d un pouce plus baffe que le bord de décharge,
& qu,e^ par çonfçquent elle eft. toujours plongée
dans l’eau , il s’enfuit que cette eau même ou la
dalle eft plongée, intercepte toute communication
entre Pair du puifard & la partie de la cuvette
qui fe trouve dehors.
„L'eau qui refte dans la cuvette fe corromproit
comme celle du pu.ifard , fî on lui en donnoit le
tems; mais elle n’y refte jamais un jour entier ,
elle- eft continuellement chàffee & remplacée ,
foit pgr celle qü’on rép.and toutes les fois qu’on
lave quelque chofe , foit en. y jèttant quelques
féaux d eaü propre , au moyen de quoi on n’eftpas
plus incommode de l ’odeur du puifard que s’il n’y
en avoit point.
R é v e r b è r e s .
Linduftrie, qui tous les jours perfectionne les
premières inventions , vient de fubftituer depuis
quelques années dans Paris , les réverbères aux
lanternes, & les rues mal éclairées auparavant
par une multitude prodigieufe de lanternes, le
font infiniment mieux aujourd’hui par un bien
plus petit nombre de réverbères.
La mechanîque en eft fimple ; c’eft une mèche
de lampe placée devant un miroir concave de
fer-blanc étamé : mais comme l’avantage: qu’a le
reverbere d’augmenter la clarté eft aujourd’hui
d’un ufàge très-utile & très-répandu, nous ne pouvons
nous difpenfer de-dire un mot de fes effets,
& de la manière d’en tirer le meilleur parti pof-
fîble.
Xorfque la mèche de la lampe eft au foyer du
miroir concave, c’eft-à-dire' éloignée de la fùrface
du miroir du quart du diamètre- de fa fphéricïté ,
tous les rayons réfléchis par le miroir, font parai-*
leles : alors on peut éclairer de fort loin uu efpace
de même grandeur que.le mirojr.
S i'la mèche eft placée au-delà du foyer, les
rayons font convergents , & l ’efpacé éclairé par
la réflexion eft alors plus petit ; fi , au contraire ,'
elle eft plus proche du miroir , & en-deçà du
foyer , les rayons font divergents, & par confé-
quent la réflexion fe fait fur un plus''grand efpace
: tels font les principes auxquels on doit
avoir egard dans la conftruâion des réverbères ,
fuivant l’effet qu’on veut leur faire produire &
l ’efpace qu’on veut éclairer : mais il faut fur-
tout avoir une attention particulière de' placer le
miroir concave de forte qu’une ligne droite qui
partiront de fon centre , & païïe.roit par celui de là
fphericite , vienne fe rendre vers le milieu de
l ’objet-..qu’on veut éclairer ; ce .qui fait voir que
' le miroir doit être plus ou moins incliné, eu égard
;a la .hauteur à. laquelle eft placé le réverbère,
& à l ’éloignement des objets qui en font éclairés :
; par exemple ? s’il eft élevé au haut d’une falle pour
; en éclairer le plancher, fon miroir doit être alors
pofé hori7 ontalement ; fî , ati contraire , il eft pofé
à la meme hauteur que. f objet éclairé-, il doit être
pofé Verticalement.
T a n ,'
Les peaux de boeuf, de vache , de cheval, de
mouton , de bélier, - de -brebis , de fanglier , de
cochon , de truie , &e. peuvent être tannées,
c’eft-a-dire, qu’on peut les rendre propres à diffefens
ufages félon leur force, & les différentes manières
de les apprêter par le moyen du tan, dont
on les couvre dans une fofle deftinée à cet effet.,
apres qu’on en a fait préalablement tomber lé poil,
foit avec, la chaux détrempée dans de l’eau, & cela
s’appelle plumer à la chaux, foit avec de la farine
d orge , & cela s’appelle plumer a l'orge, foit enfin
par la feule aérion du feu & de la fumée.
O11 donne particuliérement le nom de tan , à
l ’ecorce du chêne hachée & moulue en poudre par
les roues d’un moulin à tans. Son effet eft de con-
denfer & boucher les pores du cuir. Le tan nouveau
eft le plus eftimé ; car lorfqu’il eft vieux &
furanné, il perd une partie de fa qualité.
L ’écorce du chêne n’eft pas la feule fubftance
que l’on puiffè employer pour tanner les cuirs ;
on vient de découvrir en Allemagne plufieurs
efpèces d’herbes ou de plantes qui peuvent être
employées à cet ufage. On en compte environ
fbixante, avec lefquelles on prépare huit nouvelles
efpèces de cuir, & qui font aufli-bien tannes
que fî on y avoit .employé des écorces d’arbres..^
Cette découverte a l ’avantage de pouvoir fup-
pleer aux écorces de chêne dans bien des cir-
conftances, & épargne même encore l ’ufage de
plufièurs drogues étrangères ; quoiqu’on ne nous
donne point la defcription des plantes que l’on
emploie, il nous leroit facile d’après quelques
expériences, de trouver dans notre pays des plantes
qui puffent : nous ' procurer le même avantagé.
On a effàyé avec fîiccès de fubftituer la fciure
de bois de chêne verd. & qui n9a pas encore été
mouillée , au tan qui provient dè l’écorce .du
même-bois ; mais on a reconnu en Angleterre ,
qu’une des meilleures fubftances qu’on put employer
pour' tanner les cuirs, étoit la bruyère;
il faut la faire bouillir pendant environ trois heures
dàns de l ’eau, qui en extrait toute la fubftance;
011 met' les peaux dans les cuves à tanner où l’on
a mis cette eau-,, qui doit avoir à-peu-près
1“ dégr-i de; chaleur qu’avôit la bête vivante ; la
liqueur 'pénètre alors' mieux lés peaux, & accélère
bien plus vite l ’opération que dans la mé- :
thode ordinaire où" la liqueur eft employée à ■
froid. Il faut répéter plufieurs fois fur le cuir -
î’effüfiôn' de ceite décoéHon tiède : aucune écorce'
n’égàl-e. la bruyère employée de cétte manière. .
Une obfervatîon des plus ifnportantès ,! eft d’évi- .;
ter faign.eufement Je faire ùfage' d?aucun vaiffeau £
de fer, il rendrq t le cuir noir , dur & caffànt. -
0.n prétend .çepeu dant que l’emploi de la bruyère,
ne fautort avoir, lieu que dans la .fabrication des
menues peaux.
iLa/.mé thode de l’orge pour la préparation des
cuirs;,e f t des. plus, défavantâgeufes. Les cuirs, il,, eft vrai j font bien plutôt, préparés;-ils n’ont, be- ,
! foin que d’être fix mois dans les foffes, au lieu /
de trois ans dans le tan.
Les cuirs ainfi préparés font de la plus mau~
vaife qualité ; ils font fpongieux & d’un très mauvais
ufage. L ’orge, cette plante fecondaire du
bled , dans les années de difette, mérite d’être
. réfervé' pour des objets plus importans., la nourriture
des animaux , la préparation de la bierre , &c*
T e m p e r E.
Moyen de calmer, les vagues de Veau avec de
' ■ : & l’huile.
Plus on étudie la nature , plus on apprend k
fufpendre fon jugement fur ce qui eft faux ou
vrai, pofkble ou impofllble.
La philofophie a détruit bien des erreurs accréditées
par le long témoignage des nations 81 des'
fiècles ; mais elle.a auffi quelquefois rejetté trop
légèrement des opinions qui lui paroiffoient abfur-
des , & dont le tems ou le hafard ont prouvé la
. vérité. Pline dit que l’huile calme les flots- de la
mer , & que les plongeurs de . fon tems s’en 1er-
voient afin de voir -plus clair au fond de l ’eau r
ces faits ont été mis au rang des fables de l ’antiquité
; rien cependant ne paroît plus vrai.
M. Gilfref Lavolbn , qui a lervi long-t.ems dans
les troupes de Gibraltar, afliire que les pêcheurs
de cet établiflefnent font dans l’ufage de verfer un
peu d’huile fur la mer, afin qu’en calmant fon
agitation, ils puiflent voir les huîtres qui font au
.fond : M. Lavofon a été louvent témoin de ce fait,
& il dit que cettf pratique s-obferve de même fur
les autres parties de la côte d’Efpagne.
Les marins 'ont auffi remarqué de nos' fours,
que lé tillage d’un vaiffeau nouvellement Ipalm.e
: agité beaucoup moins l’eau que celui d’un vaiffeau
auquel on .n’a pu donner le-fuif depuis long-^tems.
M. Fennànt rapporte une' autre obfervation faite
; par ceux qui pêchent aux Veaux marins en Ecoffè.
Lorfque ces animaux dévbreilt un, poiflon très-
huileux , :ce qu’ils font toujours au- fond de. l’eau ,
,on remarque que la mer à fa furface eft d’une
tranquillité fingullère, ce qui apprend aux pêcheurs
que c’eft dans ces endroits qu’ils doivent chercher
'les v.eaux marins. ‘
Les vaifTeaux pécheurs de Saint-Malo fur le
grand banc & fur l’iflè de Terre-Neuve' font dans "
l ’ufage de retirer des ; foies ' de morue une-aflèz
grande quantité sd’huile : a leur. retour-“ pour
l ’Europe , lorfqu’ils font battus par de violentes
.tempêtes , il eft arrivé fouvent qu’ils ont jette à la
mer quelques tonneaux de cette huile, à, laquelle
;on reconnoît depuis longrtems la propriété de calmer
les flots,, 8c de les empêcher de fe brifer trop
'violemment contre fes vaiffeaux.