
n’y a qu’une feule claiïe de vernis,.clairs, & une
de vernis gras, qui font ceux dont l’efprit de vin
ou l’huile font la bafe, cependant on auroit tort,
de croire que c’eft l’envie de les multiplier qui
a fait imaginer les variétés ; que ■ c’eft un char-
latanifme de marchand , qui a pu engager de
donner différentes recettes q u i, les mêmes au
fond, ne différent que par la fortune des do fes ,
d’flù naît leur différence, ou de beauté, ou de'fo-
îidité , ou de co}ic/ïon, différence, au réfte, dont
on rendra compte en expliquant les motifs qui font
varier ces dofès.
Cette variation en entraîne nécefiairement une
dans les prix. Plus ôu moins de peines, dé foins ,
de préparations , de favôlr dans l’ouvrier, établïf-
l£nt cette différence.
; I l feroit miuûe, ajouteM. Wattin, dedéterminer
un prix par un autre , & dé vouloir rédùire toutes les
nmrehandifes &mains-d’oeuvres à mi même tarif: cette
iiîjultice ne fe commet que par ceux’ qui n’ont 'que
des connoiflances médiocres, & qui croient que tout
doit fe mefurerfuivant les. limites d’un favoir très-
circonfcrit, :
'ï Nombre 4e perfbnnes font encore dans l’opinion
qu’il y a des vernis qui réfîftent à, l ’adion du feu ;
& qu’enduifânt de vernis des vafes de porcelaine,
de métal, ils pourront les expofer aux flammes,
fans que lè vernis en foit altéré.
Cette prévention de rincombuftibilité. du vernis
a fa fource'dans une confiance peu réfléchie, accor- j
dée à quelques ouvriers qui fe font vantés d’en avoir
le ’fecret : prévention qùi ne fe feroit jamais accréditée
, fi on eut penfé qu’on ne peut fairé du
vernis fans ÿ employer des refînés ou des bitumes',
n’importe avec quel liquide : or , comme jamais
on ne peut ôter à ces fubftances leur diflolubilité,
qui confîfte toujours dans des parties inflammables, ;
i l . n’eft pas peflibje -de les . rendre indéftrudibles
au feu.
Compofition des- vernis,
• t°. Tous les vernis doivent contenir des matières
félidés &’brillantes; ces .deux qualités constituent
le beau & bon vernis : ils doivent être très-fî-
catifs, çonféquemmentil.faut que les liquides qu’on
emploie pour fondre les matières , foien.t parfaitement
déflegmés & fîcatifs. - .
. %°. Tous les bitumes, & -r^fines propres, à faire lé
vernis, s’ils font, trop chauffés , fe brûlent, deviennent.
tendres & Sujets à fe réduire en pspflièré ,
& perdent leurs qualités , lorsqu’on veut les
polir.
. 2°. Il faut monder, - nettoyer, & cafïer en ,petits
morceaux toutes, les matières quî.; fervent à . faire*les
vernis, mais non les réduire en poudre j pour les
euire j parce qu’en Rattachant au. parois des vaifr
fêaüx, elles fe brûlent plus àîfément, 5 qu'il cfî
;bien plus aifé de les faire fondre lorfqu’elles font,
en petites mafïès. .
4°. Il eft défendu, par plüfîeurs règlemens, dé’
faire des vernis dans l’intérieur des villes ; cette po-'
‘ lice eft prudente ; les matières font fl combuftiblès ,
qu’elles pourraient caufer les plus grands incendiés;:
d’ailleurs leur odeur eft fl pénétrante, qu’elle fe porte'
! très-au loin, & incommoderait un yoifinage ; aufli
: lés verhiflëurs font-ils obligés de lés faire hors des*
: barrières & dans les. campagnes»
Ori eft moins fcfupuJeux pour les. vernis à ,1’eP
; prit de vin; cependant ils. n’en font pas moins dan-
geréux : il eft important de ne jamais pérdre fon
opération de vue , & de prendre toutes fes précautions
en cas d’accident. .
Il faut faire fes diffolutîons au jour, &_ écarter
toute lumière.
. . Si l’on travaillent dans un endroit obfcur , &
qu’on voulût approcher une bougie, ou une chan-.
delle allumée, près des matièrés, 'la -vapeur- des
■ réfines, de l’efprit de vin ou des huiles, peut pren-
dre feu, & câufer un incendie.
Il faut, en cas d’accident, avoir plufleurs peaux
de mouton ou de veau, ou des toiles doubles toujours
humides , pour jetter fur les vaiffeaux qui
contiennent les matières & étouffer la flamme.
5°. On fe fert de l’a&ion du feu pour mélanger
les liquidés , les fubftances dont la réunion-
donne le vernis .: mais il n’eft pas poflîble de dé-
términer le temps nécefiaire pour les cuire ; cela
dépend de la force du feu; qu’on doit tâcher de
fôutenir également-, fans le forcer ni l-affciblir. ;
6°. Si on fe brûle, pour empêcher les cloches«,
prenez de l’efprit de v in, imbibez-en fur le champ
la brûlure, ou metlez-y une compréflfe d’efprit' de
vin , qu’il faudra bien arrofer ; à défaut d’efprit
de vin, enveloppez la brûlure d’un emplâtre d’huile
d’olive & de litharge d’or pulvérifée , quVn-bat
enfemble, & dont on fait une bouillie, claire. ' l
, ' 7°. Autrefois on faifoit dés vernis dé différentes
couleurs : le dictionnaire économique en cite beaü^
coup de recettes; mais on a reconnu que les vernis
en font moins beaux ; les divérfes matières qu’on ÿ
fait entrer, peur le. colorer, T'altèrent, & ne pouvant
pas y fondre facilement , y laiffent toujours
des feces qui né font que le maigrir,
Ainfi, on a reconnu qu’il valoit beaucoup mieux
■ donner telle., teint© de •couleur que d’on jugeôit à
propos à fon fujet y;&' y appliquer en fuite le vernis,
qui, quand.- i f eft. bien fait, ne doit'rien changer àu
ton des couleurs.
go. Une règle générale, à laquelle il ne faut ja-
'inais'-iuanquer , eft de tenir toujours très-propres
& bien bouchés, les vafes qui contiennent lés matières
néceiTaires à la compofition des vernis, ainfi
que ceux qui dpivent les conferver; car rien ne s’évente
fi alternent, ’& un vernis évente s’épaiflit,
brunit &. ternit les couleurs. ,
-po. Quand le vernis eft fait, il faut avoir foin
de le purifier, le plus qu’il eft poffible, de .toute
ordure & poulfière , en le payant par un tamis de.
foie ou linge fin ; & lorfqu’il eft purifié, ayez, la
précaution -de couvrir le vâfo qui le contient, de
crainte qu’il n’y tombe quelques grains de pouf-
fière.
io°. C’eft le fujet qu’on veut vernir, qui doit
'déterminer lequel* des trois'vernis on eft dans le.cas
; d’employer.
S’ il doit être expo fé à l’aie extérieur & aux injures
du temps , il faut y employer un vernis, gras ;
fi, au contraire, il doit être renfermé, foigné &
confervé dans l’intérieur des appartenons, alors on
, emploie des vernis à l’efprit de vin, qui, tout aufli
brillans,. ne portent point d’bdeur , sèchent plus
vite, & font aufli folides, dès qu’ils ne reçoivent
pas l’impreflion continuelle de l’air & du fpleil.
Quant au vernis à l’effence , excepté celui dont
on fe fert pour les tableaux , on lui a donné, aflez
mal-à-propos , le nom de vernis.
Celui qu’on appelle ainfi dans la pratique, eft
un compofé de matières aflez communes qu’on fait
fondre enfemble, & dont l’efTence eft la bafe.
i i °. Le vernis gras fupportè aifement l’ardeur
du fffleil parce que le karabe ou le copal qiii
le conftituent, font trop durs pour en être altérés..
L e fandaraque, au contraire, qui eft la bafe
du vernis à l’efprit de vin, fe fondant au fbleii ,
fouvent. ne refîfte pas à fon ardeur , lorfqu’iL eft
employé au vernis : c’efi ce qu’on voit plus fenfi-
blement dans les grandes chaleurs de l’été, où les
vernis à l’efprit de vin dés âppartemens fe tour-
mentenf, & donnent de l’odeur, quand ils ont été
mal faits. ' '
j i° . On fait les vernis dans des pots de terre ver-
nifles & neufs, qu’on change ordinairement à chaque
opération. .
lÿbieji elaire , compofée d’une livre de potafle jettes
dans quatre pintes d’eau dépofée ou filtree, & répéter
Compofition des vernis à l’efprit de vin^
ï 0/ Le fandaraque eft la bafe de la plupart des
Vernis à l’efprit de vin : il faut le tirer, c’eft-àt
dire, ôter les matières étrangères qui peuvent s’y
trouver , ôter même les morceaux qui ne font pas
tranfparens, laver ceux de. choix ayçc une leflive
cètte leflive plufieurs fois dans ■ differentes
eaux ; quand il eft f e c , on peut le retirer , & on
le lave alors à l’efprit de vin.
On le prépare ainfi pour les vernis clairs & pour
lés vernis gras.
La dofe, dans les vernis clairs, eft d’une livre
fur une pinte; une plus grande quantité le feroit
blanchir.
Quand on en met moins pour épargner, on le fup-
plée par des gommes, pour donner le même corps
au vernis. :■
2,®. Les vernis à l’efprit de vin fe font tous au
bain-marie.
On fait que l’appareil du bain-marie confifte à
mettre un vaifleau dans un autre vafè plein d’eau-,
lequel , en bouillant fur le feu, communique fa
chaleur au vaifleau qui contient les matières &
les fonds.
Le feul foin qu’on doit avoir-lorfqu’on. fait des
vernis clairs ou à l’efprit de vin, eft dé veiller à ce
que . la chaleur, foit toujours égale , & ait aflez
d’aétion pour procurer la diflolution des matières.
3°. Ne rempliflez qu’aux trois quarts le vaif-
feau qui doit contenir l’efprit de vin & les gommes;;
l ’autre quart eft réfervé , pour laifler au liquide
la liberté de fe gonfler, de fubir quelques
bouillons , & pour recevoir là térébenthine ; fans
cela l’efprit de vin s’échapperoit en bouillonnant.
4°. Le fandaraque, & autres matières, donnent
la fblidité aux vernis à l ’efprit de vin , &
ils reçoivent ‘ leur brillant de la térébenthine.
<9, Mettez tout de fuite la quantité donnée de
liquide & de matières néceffaires pour faire votre
vernis & lui donner du corps.
6°. Laiflez çliauftèr le vafe jufqu’à ce que vous
' apperceviez que le fandaraque eft fondu; ce que
: vous connoîtrez, lorfque rëmuant la fpatule, vous
n’éprouverez plus de réfifîance, & lorfqu’en la-retirant
elle vous préfentera un liquide chargé en
liqueur.
7°. Incorporez-y alors la quantité donnée de
térébenthine, que vous aurez pareillement fait
' fondre féparément au bain-marie , dans l’éfprit
de vin.
1 8°. Laiflez aux matières réunies^ éprouver encore
huit à dix bouillons pour les cuirè enfemble ,
vous vous affinerez que l ’incorporation eft faite 1