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fition qu’il y a fobflituée, & de laquelle il a obtenu,
dit-il, un rouge qui imite le rubis. Celle de Né ri
opéré, foivant fâ remarque, une couleur rouge fi
foncée,, qu’à moins qu’on foufflât le verre très-
mince, on ne pourroit en difiinguer la couleur.
Voici néanmoins l’indication de la compofition
de cette couleur fur la recette qu’en donne Néri.
Prenez vingt livres de fritte de cryflal, une livre
de groifils ou morceaux de verre blanc , deux livres
d’étain calciné. Mêlez lé tout enfomble: faites-le
fondre & purifier.
Lorfque tout ce mélange fera fondu, prenez parties
égales de limaille d’acier pulvérifée & calcinée
& d’ecailles de fer bien broyé.es.
Mêlez ces deux fobflances, & réuniflez-les en-
femble en poudre impalpable. Mettez-en deux onces
fur le verre fondu & purifié. Ce mélange le fera
gonfler confidérablement.
! Lailfoz le tout en fufion pendant cinq ou fix heures
de temps, afin qu’il s’incorpore parfaitement.
\ Prenez garde de ne pas mettre une trop grande
quantité de la poudre indiquée ; elle rendrait le
Verre noir, au lieu de lui donner cette couleur d’un
rouge, foncé qui doit néanmoins être très-tranfpa-
rente.
Lorfque vous ferez parvenu à lui donner la couleur
defîfée, prenez environ fix dragmes d’ces ufium
préparé & calciné à trois fois.
Mêlez cette poudre dans le verre en fufion, 8c
la> remuez plufieurs fois.
Dès la troifième ou quatrième fois votre matière
paroîtra avoir pris un rouge de fàng.
Enfin , après de fréquentes épreuves de votre
Couleur, fi-tot que vous la trouverez telle que vous
la .demandez, mettez-vous promptement à la travailler;
autrement le rouge difparoîtroit', & le verre
deviendrait noir.
Pour obvier à cet inconvénient, U faut que le
pot fbit toujours découvert.
Quand le verre aura pris une couleur de jaune
pbfcur, c’efl le moment qu’il faut faifir pour y ajouter
la dofo preforite d’oej ufium. Pour fors votre verre
deviendra d’une belle couleur.
Il faut encore que la matière ne chauffé pas trop
dans le pot, & qu’elle ne demeure pas plus de dix
heures dans le fourneau.
Si dans cet ir.térvalle la couleur venoit à dif-
paroitre ; on la rétablirait en y ajoutant de nouveau
de la poudre <Éécailles de fer.
Rouge plus clair & plus tranfparent.
Ffçngç de la magnéfîe de Fiémont réduite en
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poudre .impalpable : mêlez-la à une quantité égale
de nitre purifié.
Mettez calciner ce mélange au feu de réverbère
pendant vingt-quatre heures; dtez-le enfuite.; édul-
corez-le dans l ’eau chaude ; faites-le fécher; réparez-
en le fél par des lotions répétées : la matière qui
reliera, fera de couleur rouge.
Ajoutez - y un poids égal de fél ammoniac î hu-
meétez le tout avec un peu de vinaigre diflijilc ;
broyez-le fur le porphyre, & laifléz-le feçher.
Mettez enfuite ce mélangé dans une cornue à long
col & à gros ventre.
Donnez pendant douze heures un feu de fable
& de fublimation : rompez alors la cornue ; mêlez
ce qui féra fublimé avec ce qui fera refié au fond
de la cornue: peféz la matière; ajoutez-ÿ en fél
ammoniac, ce qui en efl parti par la fublimation.
Broyez le tout, comme auparavant, après l’avoir
imbibé de vinaigre diftillé ; remettez-le à fiiblimer
dans une cornue de même efpèce; répétez la même
chofo jufqifà ce que la magnéfie refie fondue au
fond de la cornue.
Gette compofition plus propre aux pâtes 8c aux
émaux qu’au grand verre, donne au cryflal & aux pâtes
un rouge tranfparent'fémblable à celui du rubis.
On en met vingt onces fur une once de cryflal
ou de verre..
On peut augmenter au diminuer la dofo félon
que la couleur fomblera l’exiger. Il faut fur-tout
que la magnéfîe foit de Piémont, & bien choifiei
Kunckel. trouve ici une faute confidérable dans
la traduction latine de l ’italien de Néri , en ce
qu’elle prefcrit vingt onces de magnéfie préparée,
fur une once de cryflal ou de verre.
Après avoir confronté avec cette traduction latine
deux autres traductions allemandes de fon art de la,
verrerie, dont une prefcrit une once de magnéfie
préparée fur une once de cryflal ou de verre, &
l ’autre une once de magnéfie fur vingt livres 3e
cryflal ou de verre, il donne la préférence à cette
dernière recette, comme au vrai fentiment de Néri,
Il trouve même cette dernière dofe trop forte.
Il croit qu’une demi-once de manganéfîe foffit;* qu’en
fuppofànt le fuççès de l'opération , on aura, une
couleur très-agréable.
Il ne s’agit que de la bonne préparation de la
magnéfîe, conformément à l’enfoignement de Néri.$
pour en obtenir une belle couleur dé grenat.
Il allure même qu’il efl en état d’en montrer qu id
a obtenue de cette manière.
Haudicquer de Blancourt prefcrit vingt onces dç
cette magnefîe fufîble fîir une livre de matière eq
bonnç foptS j ajoutant plus çu-moins de magnétf^.
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jufqu’à ce que la matière foit au degré de perfection
de la couleur du rubis.
Rouge tranfparent plus beau.
On diffout de l’or dans de l’eau régale que l ’on
fait-évaporer enfuite.
ôn réitère,, cette opération cinq ou fix fois , en
remettant toujours de nouvelle eau régale après
chaque opération ,. ce qui donne une poudre que
l’oii fait calciner aucreufèt, jufqu’à ce qu’elle devienne
rouge. Cela arrive au bout de quelques jours.
Cette poudre mêlée peu à peu dans un cryflal
©u verre en fufion , & purifiée par de fréquentes
extin&ions dans l’eau, donne une fort belle couleur
de rubis tranfparente au verre.
Libavius penfê qu’on pourroit bien imiter la couleur
du rubis, en mêlant avec le cryflal une teinture
rouge d’or rédpit en liqueur ou en . huile par
la dilfolution.
La raifon qu’il en donne, c’efl que lés rubis fo
trouvent le plus fou vent dans les endroits, où jil y a
de l’or ; ce qui rend probable, félon lu i, que l ’or
s’y change en pierres précieufos.
. Rouge couleur de rubis ou pourpre de Cajfius.
Faites difloudre de l’or dans de l’eau régale, étendez
la dilfolution jaune qui e»proviendra dans une grande
quantité d’eau claire & pure : ajoutez enfoite à ce
mélange une quantité foffifante d’une diffolutien
d’étain, faite auffi par Nl’eau régale & faturée par
plufieurs fois.
Il tombera quelque temps après au fond du vaifi-
feauune très-belle poudre rouge & • colorée en pourpre.
Décantez alors la liqueur , faites fécher cette
poudre.
- Lorfqu’elle;fora sèche, faites-en fondre quelques
grains avec du verre blanc, & elle lui cemmuni-
quera une couleur de pourpre extrêmement b elle,
ou une couleur de rubis.
Par le moyen de cette expérience, l ’art des anciens
pour aolorer le verre en rouge, qu’on a regardé
long-temps comme perdu, paroît entièrement
retrouvée
On font bien que la manière de produire du verre
d’un beau rougé de rubis, par la dilfolution de l’or,
convient beaucoup mieux pour de petites malfos de
verre;, dont on voudrait faire des rubis fa&ices ,
que pour ces tables de verre que les peintre vitriers
découpoient pour leurs panneaux. Mais les
chymifles, auteurs des différens traités dont M. le
Baron d’Holback a donné‘la tradudion à la fin de
f©n Art de la verrerie, paroiffent oppofés çntr’eux
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for la nécelïîté d’employer l’or parla dilfolqtion*
pour donner au verre cette belle couleur rouge j
approchant de' celle du rubis;
Orfohall, inlpèéleur -des mines du prince de
HelTè, après avoir annoncé avec la plus ferme confiance
dans fon traité intitulé , Sol fine vefie , qu’il
pofsède le fecret de la dilfolution .radicale de Cor,
par le moyen de laquelle (il fait des rubis qu’on ne
pourrais lui difputer , foutient que fans l’or il eff
impolîible de les faire ou de donner au verre la
vraie couleur de pourpre ; que ceux qui font dans
le cas de peindre le verre, ou de forcer les couleurs
dans les émaux, n’ont point d’autre pourpre
que celui qu’ils tirent de l’or; enfin, qu’on ne réuflit
dans ces couleurs d’or qu’en fâchant bien la manière de
travailler ce métal. Il héfîte à croire Kunckel for la
découverte du verre rouge couleur de’ rubis fans or,
& prétend qu'il y , entre au moins un foufre doré«
Grummer dans fon traité, Sol non fine vefie y
s’efforce, pour réfuter le fentiment d’Orfohall, à
prouver par dès expériences que la couleur pourpre
ne vient pas de l’or foui ; qu’on peut la tirer de
tous les autres métaux, & que c’eft à la magnéfie
revivifiée par ' l’acide nitreux qu’on en efl redevable.
Nous allons extraire de cet ouvrage ce qui
me parait faire le plus à mon fojet, fàufà l’expérience
qui efl le plus sur guide en matière de cbymie,
à s’aiïurer de la vérité des faits que Grummer rapporte
, & a lui appliquer a lui-même îà règle qu’il
pr’opofo en tête de fes opérations : Ride ; fed cui^
vide.
Il convient d’abord que la grande beauté des émaux,
que les orfèvres & les émailleurs tirentde leur poudre
d’or brune, avoit excite fa curiofîté, & que , ■ foulant
fo mettre au fait de la préparation de cette
couleur, il y avoit procédé de la manière foivante.
i° . Il avoit fait difloudre de l ’or dans de l’eau
régale, il en avoit précipité la folution avec l ’huile
de tartre ; "il avoit mêlé la matière précipitée dans
une grande quantité de verre blanc de Venifo;ü
avoit mis le tout en fufion ; & en foivant ce procédé,
il àflure qu’il eut un fort beau verd pourpre
ou couleur de rubis. Le foccès le détermina à une
féconde expérience.
z°. Il prit de petits morceaux de verre blanc ou
cryflallin , exactement pilés, auxquels il joignit un
peu dé borax; il mit le tout dans un creufot ; il
y ajouta un peu de folution d’or dans l’eau régale ;
il fit fondre doucement cette compofition , & obtint
par ce procédé un verre pourpre ou couleur
de rubis.
3®. Encouragé par ce nouveau fiiccès, il entreprit
la vitrification de l’argent, qu’il fit difloudre
dans l ’eau-forte jufqu’à faturation ; il y verfa- de
J’efprit d’urine jufqu’à la ceffatiop de l ’efferveG