
fait d'une planche bien unie : les bords de cette
caifle font un peu élevés pour contenir de groflès
pierres.
Le blanchifleur tire à foi & repouffe quatre
ou cinq fois cette caifle qui, en iftênie temps ,
fait aller les rouleaux : après ce procédé il pouffe
la caifle plus avant, & la fait pencher d’un côté
tandis qu’un bois quarré la retient de l’autre ; la-
©aiffe fe foutenant de ce côté , il tire un rouleau,
retourne la chemife , & recommence la même
opération de l’autre côté pour le fécond rouleau.
Après cette opération le linge fort de cette efpece
de calandre, beau, ferme & brillant ; on y pafle
indifféremment le gros comme le plus fin. Pour
que ce travail’ fe fafle bien, il faut que la caifle
foit placée entre deux piliers, de façon qu’elle
puiflè fe mouvoir fans fortir de la place qu’elle
doit parcourir , & que la planche du fond, ainfî
que les rouleaux, foient bien polis.
B l a n c h i s s e u s e d e B a s d e S o i e . C eft celle
qui, après avoir nettoyé des bas de foie qui ont
été portés, leur donne un nouveau luftre , & les
fait paroître comme neufs.
Les bas étant attachés paire par paire pour .les
empêcher de fe mêler, on fait fondre du favon
noir dans de l’eau tiede, dont on verfe dans un
vafe quelconque pour le premier lavage-, ce qu’on
appelle décrafler. Après cette première opération,
on fait une fécondé eau avec du favon blanc ,
dans'laquelle on favonne & laifle rremper les bas
jufqu’à ce qu’ils foient totalement blancs. Dès que
les bas font fortis de cette fécondé eau de favon,
on les tourne à l’envers & pour bien les évider
on les lave dans une eau bien claire jufqu’à ce qu’il
n’en forte plus de favon.
Toutes ces opérations étant finies, on les pafle
dans une eau bleue j faite avec de l'indigo ; &
onobferve, lorfqu’on les étreint, de ne pas trop
les tordre, parcequ’il fe formerait des raies bleues
dans les plis intérieurs. On les met enfuite fé-
cher fur une corde , & lorfqu’ils font à demi
fecs, on les attache par les deux bouts à des baguettes
pofées horizontalement fur un tonneau défoncé
par les deux bouts.
Pour blanchir une trentaine de paires de bas ,
or metau fond du tonneau un réchaud de braife
qui fupporte une petite écuelle de terre dans laquelle
il y a du foufre en canon , ou en bâton ,•
de la grofleur d’une noix. Lorfque le foufre eft
fondu & qu’il eft enflammé, on ôte l’écuelle de
defliis le réchaud ., & on couvre T extrémité Supérieure
du tonneau avec une couverture de laine
pour empêcher la fumée de s’extravafer. On laifle
les bas ainfi couverts jufqu’à ce que le foufre foit
confomme, & que la fumée foit entièrement absorbée
, ce qui eft l ’affaire tout au plus d’un quart
d'heure.
Ces bas étant ai nu foufrés, on met chaque paire
fur une forme, de maniéré que l’envers du premier
bas enformé porte fur le bois j & que l’envers
du fécond foit en dehors » c’eft-à-dire qu’il
faut que les deux endroits fe touchent.
On prend enfuite un moine 3 ou verre qui à
une poignée & qui eft plat par deffous ; & avant
que les bas foient finis de fécher fur la forme ,
on les moire en faîfant monter le moine de bas
en haut.,N& en obfértant de ne pas appuyer en.
defcendant fur l ’endroit déjà pafle j parceque les
bas ne pourraient pas moirer.
Observations fur le blanchijfage du linge.
Il n’eft perfonne qui ne fâche par expérience
combien le linge dépérit entre les mains des
blanchifleufles.. Le procédé qu’elles emploient
pour le blanchir eft .bien propre à ufer & mal-
tra ter le linge : les brofîes rudes , les battoirs
dont elles fe fervent pour le gros linge, & pour
le linge au-defliis du commun, les hois fur lef-
quels on le bat d’ordinaire ( car fouvent le fait-on
encore fur des pierres qui font raboteufes ) perdent
bientôt le peu de poli qu’ils peuvent avoir t
leur furface caflee ne peut’ que percer & déchirer
le linge dont les fils font déjà attendris* par l’eau ,
& encore^ plus par les feis lexiviels dans lef-
quels le linge a trempé pendant très long-temps.
La çonfervation du linge eft cependant un objet
important deconomiè. Auffi les hollandois f fl
inftruits dans fout ce qui regardent ces objets „
font ufage d’une méthode avec laquelle on con-
fervê le linge, & on lui fait prendre le plus beau
blanc : il ferait facile , fur-tout à la campagne, dans
■ les endroits où il y a beaucoup d’eau, de faire
ufage de cette méthod?.
Les blanchifleufles hollandoifes , après -avoir
ramafle le linge, l’empâtent piece à pièce en divers
endroits avec du favon noir : elles le mettent
enfuite dans un cuvier qui n’a point d’égoût
comme les nôtres, & le couvrent d’un gros drap
qu’eiles appellent cendrier. Pendant ce temps, elles
font bouillir une chaudière pleine d’éaü dans laquelle
elles mettent des cendres: l ’éau en bouillant
fe charge de tous les fels lexiviels : ils verfent
enfuite cette eau dans le cuvier par-deffus le
cendrier dont l’office eft d’arrêter les cendres qui
peuvent s être écoulées avec l’eau. On propor-
tione l’eau de leflîve à la quantité de linge que
contient le cuvier. L ’eau bouillante étant ver-
fée, on couvre le cuvier , on le laifle ainfi
repofer l’efpace au moins de cinq ou fîx heures.: au
bout de ce tems , elles retirent le linge , le .favon
lient à la:main comme on fait ici le linge fin;
elles le rincent enfuite-, & l’envoient au bleeke.
Le bleeke eft un pré fermé communément de
fofîés, & quelquefois de haies , & traverfé félon
fa grandeur d’un ou de pliifieurs canaux a (fez pro- -
fonds, pour qu’en plongeant.une peie dans l ’eau,
on ne puifle toucher le vafe ni troubler l ’eâu.
On étend le linge fur l’herbe le long des canaux,
& on Tarrofe ' pendant deux ou trois jours aufli fou-
V.ent qu’i l sèche. Cette opération fe fait avec une
pele à eau qui jette L’eau à une a (fez grande distance
pour mouiller beaucoup de linge à la fois.
Lorfque ce linge eft fuffifamment blanc , on.le
met au bleu ; puis on le renvoie à la blançhifîeufe
qui a foin de le faire fécher à rnefure qu’elle veut
le repafler.
Moyen de procurer a toutes les blanehifleufes qui
lavent le linge -dans les rivières cic l'eau ejl
fouvent trouble 3 autant d'eau claire qu’il leur en
faut pour faire leur opération, quelque longue
qu’elle puirjfe être 3 & quelque quantité d’eau qu'elle
demande.
Rien, de fi fimple-& de fi'aifé que ce moyen ; une
barique leur fuffit : on la perce en vingt endroits
par le fond : on y met un pied de fable: on l’enfonce
dans l’eau fous la main de chaque blanckif-
feufe , de .manière qu’elle déborde de deux à quatre
doigts au-defîlis de l ’eau.
L ’eau qui montera par les trous faits au fond de
la barique, & qui fe filtrera au travers du fable ,
s’élèvera jufqu'au niveau de la rivière : il en montera
rtéceflairemënt plus de quatre-vingts féaux depuis'
le matin jufqu’au foir : la barique aura Ton couvercle
, afin que l’eau fale qui jaillira fous les’coups
du battoir n’y entre point ; voilà un moyen fans
contredit le plus fimple & le plus sur qu’on puifle
employer.
B l a n c h i s s a g e d e s b l o n d e s .
Faites fucceflivement deux eaux de favon au feu,
dans iefquelles vous ferez bouillir les blondes une
heure chaque fois; enfuite vous les ferez bouillir
dans une feule eau fans bleu & fans les rincer : puis
mèttez-les à la gomme arabique avec de l’eau-de-
vie & de i’alun : enfin foufreZ-les légèrement , &
-le* repaflez à demi mouillées.
Bo i s .
Maniéré de les colorer.
La couleur des boiîblancs & du lapin eft fi défa-
gréable, qu’on ne les emploie qu’à regret dans la
menuiferie ; & lorfqu’on en a boifé une chambre ou
un cabinet, on fe trouve communément engagé à
leur fai e donner une couleur qui flatte la vue ; mais
d’un autre côté cette peinture étant d’üne certaine
dépehfe, plufieurs perfonnes craignent de la faire
de peur de s’incommoder. Nous nous propolons ici
d’enfeignev un moyen de teindre ces bois en di-
verfe- couleurs, qui ne font, ni difpendieufes, ni
embarraifantes.
Cpuleur rouge.
Ayez un grand panier ou baquet percé dans fou
fond de plufi eurs petits trous, remplirez-le de crétin
de cheval, & mettez un fécond baquet ou autre
vailfeau non percé fous ce premier, afin d’y recevoir
l’eau qui tombera du crotin à rnefure qu’il fe
pourrira. S’il eft lent à fe pourrir ('car il eft fort fec
de là nature ) aidez-le en l ’arrofant -d’urine de cheval,
mais légèrement, 8c de temps en temps.
C’eft avec cette eau fimple que vous donnerez à
vos bois la couleur rouge, en.les frottant avec une
brofle.
Deux couches fuffiront, non - feulement pour les
peindre au-dehors , mais encore peur les pénétrer
de quatre à cinq ligues ; de forte que fi l’on donne
ces deux couches lorfque l’ouvrage , n’eft encore que
dégrofli, l’ouvrier pourra l’achever & le polir fans
craindre de découvrir la coiileur naturelle du bois.
Au refte, on né doit pas s’attendre qu’en raflem-
blant indifféremment des bois blancs ,ils reçoivent
la même teinte de couleur. Il eft plus naturel de
penfer que là même teinture variera les nuances de
fa couleur, félon la nature & l’âge des bois.
C’eft ainfi que le fapin qui eft veiné préfentêra
un rouge marbré & onde : d’autres l’auront de couleur
de rofe, de pourpre ou de coquelicot.
La planche vieille prendra pareillement un'autre
rouge que la planche neuve , & c’eft une attention
qui ne doit point échapper à ceux qui mettront cette
recette en pratique,.de 11e point employer le beis
fans difeernement, afin d’éviter, fur-tout daiis les
boiferiës, des variétés choquantes qui. fe trouveraient
dans les panneaux, 8c dépoteraient contre le
goût du maître.
Quoique les fubftances ci-deflus indiquées paroiA
fent peu propres à.donner une belle couleur , cependant
on obfèrve quelquefois cette couleur rouge
dans le fumier pourri.
On peut suffi prendre de la chaux vive : verfez
de l’eau de pluie par-deflus, & 1 aillez repofer le tout
pendant une nuit ; paflez enfuite cette eau par un
linge, ajoutez-y une pinte d’eau claire , une demi-
once de raclures de bois de Brefii; mettez-y enfuite
le bois ou la corne ; faites bouillir le tout, 8c votre
bois prendra un beau rou^e ; mais i f faut qu’il ait
trempé auparavant dans de l’eau d’alun.
Couleur brune.
Eteignez de la chaux vive dans de l’urine ; en-
duifez votre bois avec ce mélange, lavez-le bien
avec d’e l ’eau rouge des tanneurs , il deviendra
d’abord verd ; frottez-le enfuite de nouveau avec la
chaux- éteinte dans l ’urine ; puis lavez-le encore
avec l’eau rouge, des tanneurs,. ou laifiez-l’y tremper
pendant quelque temps , il deviendra d’un beau
brun.