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tillons qui ont promis plus de fixité, pour leur
faire fiibir, fous les yeux de l’afîemblée, la meme
épreuve qui lui a démontré le vice des blancs de
plomb. v ...
Pour cela, Je vais placer dans le même appareil
, des morceaux de toile qui ont reçu la peinture
d’impreffion du blanc de. tartre calcaire a la
détrempe, des diverfes préparations de blanc d etain
& de blanc de qinc , à l’huile & à la détrempe :
je laifîerai ces morceaux expofés à la vapeur phlo-
giftique jufqu’à la fin de la féance ; -s’ils ne reçoivent
aucune altération, leur fiipériorité fur les (
blancs e;i ufâge fera fans doute allez bien établie.
L a féance à laquelle préfîdoit S. A . S* Mon-
feigneur le prince de Condé , proteâeur, dura
encore près d’une heure ; & le bocal ayant été ouvert,
tous les échantillons furent reconnus de la
même nuance qu’ils avoient auparavant.
Je puis donc offrir à la peinture ces trois blancs
-nouveaux , & particuliérement celui de zinc, dont
la préparation eft fujette à moins de variations,
dont la nuance eft plus vive & plus uniforme, J
qui fera propre à tous les ufâges, & qui fera pro- I
bablement aufli le plus économique.
Je voudrais pouvoir annoncer encore qu’il le fera
affez pour remplacer la cérufe dans tous les arts,
& jufques dans la peinture des appartemens : je le
voudrais, moins pour ajouter un nouveau luxe à
ce genre d’ornement, que pour le falut des ouvriers
que l’on y emploie , & peut-être de ceux
qui habitent trop tôt des maiftms ainfi ornées.
Mais on ne doit pas s’en flatter ; & quoique les
procédés de fabrication fe Amplifient communément
a meftire que la confommation augmente, il y a
tout lièu de croire que le bas prix de la cérufe la
fera toujours préférer dans ces fortes d’ouvrages.
Pour ceux qui font un pies noble ufâge des couleurs
, ils n’hefîteront pas d’adopter le blanc de
zinc : on m’a affiné qu’ils payoient actuellement
quatre francs la livre de blanc de Crems ; je crois
que l’on peut leur donner à fix francs la livre de
blanc de zinc, fuivant la préparation que j’ai indiquée
comme la plus avantageufe : comme le premier
eft beaucoup plus pefant, l’augmentation fera
à-peu-près compensée par le volume.
Le fîeur Courtois attaché au laboratoire de l’aca-
émie & qui en a entrepris la fabrication, a déjà
fait annoncer qu?il le donnoit au prix de quatre
livrer, dix fols, & même de quatre livres pourra
fécondé qualité; aufli commence-t-on à.en. faire
ufâge , même pour les appartemens, moins encore
par rapport à fon inaltérabilité qu’à fa falûbrité.
Pour juger combien cette confiance eft fondée j
il iufflt de rappeller que les pharmacopées donnent
des formules de remèdes intérieurs, dans lefquels
il epjrç jiifqifà un demirgros fie fleurs de zinc*
f .
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Le fieur Courtois eft parvenu depuis peu, non I
feulement à donner plus de corps a ce blanc, ce I
que les peintres avoient paru defirer, mais encore I
à porter l’intenfïté de fa nuance , au point de fou- I
tenir la comparaifon du blanc de plomb à 1 huile I
& à la détrempe.
Le feul défaut qu’on lui ait trouvé, eft de fécher fl
un peu lentement lorfquon l’emploie à l’huile; ■
ce qui n’a pas empêché nombre d’artiftes & d’ama-
teurs de lui donner jufqu’à ce jour la préférence. I
Quelques effâis m’ont fait juger que ce defaut fl
ferait corrigé, ou du moins considérablement dimi- H
nué par la préparation qui lui donnera plus de fl
corps.
Au refte , j’avois précédemment indique un I
moyen de le rendre fîcatif à volonté , en y ajoutant I
un peu de vitriol de zinc ( ou couperofe ) légère- I
ment calciné.
Les peintres conndifloîent déjà la propriété de I
-ce fel ; mais ce qu’ils ne favoient pas, c’eft qu’il I
femêle avec le blanc de zinc mieux qu’avec toute I
autre couleur : la raifon en eft fènfible, puifquil I
a chymiquement la même bafe ; il importe, feule- I
ment de purger la couperofe blanche d’une petite ■
portion de fer qui la jaunit toujours ; & on y par- I
vient facilement en faifant digérer, même à froid, I
fâ diffolution fur de la limaille de zinc.
Le mélange de ce fel ainfi préparé , fe fait alors I
fur la palette , fâns aucune altération ; il n’en faut ■
qu’une très-petite quantité pour produire un grand I
effet.
Au fiirplus, qu’eft-ce qu’une demi-piftole ou une I
piftole de plus dans le prix de la matière pre-* I
mière d’un tableau ?
Les peintres qui lavent eftimer leur art,; ne re- I
grçttent que de ne pouvoir tirer de l’or même des I
couleurs aufli fixes que ce métal • PP marchande I
pas l'immortalité.
PçintreJJe en éventail
C’eft une artifte qui ayant appris le deflln, |
peint des payfâges & des figures fur le papier à I
éventail.
Dès qu’elle commence à defllner paffablement, I
■ on la fait exercer- für du papier commun , & ce I
n’eft que lorsqu’elle eft parvenue à un certain degré
d’habileté, qu’on lui permet de peindre fur
une peau extrêmement fine qui eft collée fur le
papier.
La même ouvrière ne peint pas un papier- en
éventail en entier.
Il y en a aufli qui ne font aiifre chofè que de
peindre les m bois des éventails:. ■ ! T. a«
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Les couleurs dont elles fe fervent font le carmin,
la gomme gutte , le verd de veflie, le bleu de
Prufîe^:la'cendre bleue , le blanc de plomb , &
la mine rouge. -
Lorfque ces couleurs font porphyrifées on les
met à l’eau , on les mêle enfemble , relativement ^
aux nuances dont on a befoin , enfin les ouvrières
les emploient avec des pinceaux extrêmement
I déliés. _
Les peintreflès en éventails font reçues à l’académie
; de S. Luc.
• Communauté des peintres,
f Quoique ce ne fbit que depuis i ? 47 , c’eft-a-
i dire , fous le règne de François J. le reftaura-
f teur des fciences & des beaux arts en France, que
I la peinture ait commencé à s’y perfe&ionner, &
I à s’élever au point de goût & de génie où on l’a
[ vu parvenir depuis le milieu du dix - fèptième
[ fiècle, il paraît cependant que cet art, toutinforme
[ qu’il étoit alors, y a toujours été en quelqu’eftime
j & réputation, puifque la communauté des peintres
( eft une des plus anciennes, & depuis plufîeurs fîècles
| une des plus confidérables de celles qui fe font
[ établies à Paris.
i Les ftatuts de cette communauté ne font, à la
I vérité, que de 13^1 ; mais les huit articles qui com-
I pofoient les premiers & qui y font rapportes, font
( d’un ftyle fi Ample & fi naïf, qu’on eft porté à
I croire qu’ils font au moins du temps de la féconde
K race des rois de France.
j Charles V II, en 1430, ajouta aux privilèges
K qui y étoient contenus , ceux d’exemption de tou-
I tes tailles, fubfïdes , guet, gardes , &c.
Henri II les confirma par lettres-patentes du 4
I mai 1548 : Henri III, par celles du zz novembre
15S i1: Louis XIII, en avril i 6zz : Louis X IV , en
j mai 16 9 6 Louis X V , en feptembre 17x3.
En 1613 , les peintres & les fculpteurs qui com-
I pofôient autrefois une communauté, furent réunis
en une. ’
Les ftatuts dont ils fe fervent actuellement, contiennent
jz articles, & ont été enregiftrés le 30
janvier 1738.
Suivant l’article premier de ces ftatuts , il eft dit
que les maîtres de cette communauté ne faifant
qu’un même corps avec l’académie de. Saint-Lüc,
en font réputés membres , & jouiflent des mêmes
privilèges & prérogatives y attachés.
Par l’article z , on ne peut fe dire & être cenfé
maître de cette communauté , & membre de cette
académie , qu’on n’ait été reçu & reconnu pour
tel par les directeurs , gardes , anciens & autres
maîtres, en la manière ordinaire , qu’on n’ait prêté
Arts & Métiers. Tom. VI%
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ferment entre les mains du procureur du roi du
Châtelet, & pris de lui des lettres de maitrife.
Par l’article 3, les maîtres ainfi reçus peuvent
& ont la faculté d’exercer dans toute l’étendue de
la ville , fauxbourgs & banlieue de P ans, les arts
de peinture , fculpture, dorure & marbrerie ; faire
& fabriquer à la plume , avec encre ou crayon ,
au pinceau , à l’huile , à frefque, détrempé & en
paftel, tous deflïns lavés ou non lavés , tableaux ,
portraits, ornemens , mignatures, grifailles, ca-
mayeux, mofaïque , & généralement tous ouvrages
de peinture fur papier, carton, velin, toile ,
canevas * étoffes, métaux, pierre, marbre, cailloux,
agathes, lapis, ivoire, émaux, cryftaux &
autres matières ; tous ouvrages de fculpture , "figures,
buftes , ornemens en marbre, pierre, bois,
ivoire, &c. taillés au cifeau, modelés , jettes en
: fonte , cuivre , plomb , étain , &c. cizeler fur lef-
dites matières, mouler en cire, plâtre ou carton,
comme il a été ci-devant d’ufâge ; faire, tailler
tous ouvrages appartenans à la marbrerie, comme
tables, chambranles, cheminées, foyers, cuvettes,
&c. en marbre, pierre de lierre, & autres.
Défenfès de vendre aucune qualité de marbre
l’une pour l’autre, ni de travailler aucunes traver-
fes de chambranle tables, tablettes en délit, à
peine d’amende arbitraire, moitié au profit de 1 hôpital
, & l’autre à celui des gardes.
Par l’article 4 , ils ont le droit de vendre & débiter
tous les fùfüits ouvrages , tant dans la ville
de Paris que dans tout le royaume, & même pays
• étrangers; peuvent aufli faire commerce, dans tous
lefdits lieux, de tous autres ouvrages de pareille
efpèce, faits & fabriqués par des maîtres de toutes
nations, anciens & modernes, fbit en les achetant
dans ladite ville, fbit en les faifant venir de dehors
& en les y envoyant.
Par l’article y , ils ont pareillement droit, eux
& leurs veuves, d’apprêter, fabriquer, vendre &
débiter les toiles, couleurs à l’huile & en détrempe
, crayons , encre de la Chine , pinceaux & autres
matières, & inftrumens à l’ufâge des peintres
& fculpteurs ; excepté de faire & vendre aucuns
inftrumens de mathématique, comme règles , compas
& autres chofès femblables, fuivant les arrêts
des 10 juin 1736, & 30 janvier 1738.
Les articles 6 , 7 ,8 ,9 - , 10 , n , 12. , 13 ,
1 4 , 15 8c 16 concernent ce qui doit être obfèrvé
par différons corps & autres , au fujet des ouvrages
qui regardent leur a rt, fbit pour les vendre, fbit
pour les faire faire.
Article 17. Ladite communauté & académie s’étant
mife de toute ancienneté fous la proteâion
de la fainte Vierge, de faint Luc, de faint Jean