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P E P I N D E R A I S I N -
( Arc d’en faire de l’huile ).
C ’ e s t ' une méthode ufîtée dans plufieurs cantons
de l’Italie, d’extraire de l’huile des pépins de rai-:
fin. Pourquoi n’adopteroit-on pas cette pratique en
France, où l’on poürroit tirer parti des pépins qui
y font en plus grande abondance qü’en aucun autre
pays du monde , & que l’on eft pourtant dans
l ’habitude de jetter & d’abandonner ?
C ’eft donc un art nouveau, utile , & fîngulié-
xement convenable à la France que de lui propo-
ler , dans ce Didionnaire , le procédé que l ’on
fuit en Italie pour tirer l’Huile des pépins de
raifîn.
Méthode ufitée en Italie pour faire ! huile de pépins
-de raijinm
On doit préférer, fi on a le choix , le pépin de
raifîn rouge ou noir , à celui de raifîn blanc*.
Il faut féparer avec foin les pépins de toutes autres
parties du marc de vendange ce qui fe fait
par le moyen de l’eau.
On jette le marc dans des baquets fuffifamment
remplis d’eau ; on remue le tout pendant quelque
temps avec les mains & les bras.
On réitère, & l’on jette lefmarç qui fumage ; les
pépins relient au fond, & on peut les changer d’eau
pour les laver.
C ’eft ainfî à peu près que l’on opère en petit,
pour feparer le grain du mûrier de la pulpe de la
füùre*
_ Le marc qu’cn a enlevé , ne perd pas la propriété
qu’il a de feryir aux pigeons pendant
ï ’hivçr.
Il faut fécher. enfuite les pépins à l ’ctnbre ou au
foleil, le plus promptement qu’il eft poffible :
lorfqu’ils font parfaitement fècs, on les pafTe par
un crible, on les fait bien broyer fous la meule
à froment,. & l ’on répète une féconde fois l’opération
avec la meule en pied, comme pour le chanr
v re , le collât, &c. '
Les pépins étant bien triturés , on les met dans
une ou plufieurs chaudières avec un peu d’eau ,
dans la proportion de deux pintes dans, un derni-
bojfïèau.
On mêle le tout avec foin ; on place les chaudières
fur le feu ; on continue de remuer la matière
avec une grande fpatule de bois , jufqu’à ce
qu’elle foit fufSfàmment cuite, ce qui fe connoît
lorfque la furface devient brillante comme de l ’argent.
On s’én aflure encore en prenant une poignée
de la matière : on ouvre & on ferme la main ;
fi la pâte n’eft' plus lié e , & qu’elle fe divifè
d’elle - même en petites parties, la codion eft à fou
point.
On retire alors les chaudières du feu , on verfè
ce qu’elles contiennent fur le prefloir, & on exprime
l’huile qui bientôt fumage l ’eau.
La qualité de cette huile n’eft pas comparable
à celle que fournifTent les plives & les noix 5 cependant
les payfàns du Parmefàn en mangent quel»
quefois ; à l’ordinaire , ils s’en fèrvent pour la
lampe, & , en brûlant, elle ne répand aucune
odeur.
On l’emploie encore utilement dans le mêing
pays pour l’apprêt des peaux de veau#.
PEP-uqyEyRS-AUÉOMETO,
PE SE -L IQUEURS -ARÉOMÈ TRE -
( Art du ).
L e pefe-liqueurs ou l’aréomètre eft un infiniment
par le moyen duquel on connoît la différence de
la pefànteur fpécifique des liqueurs.
On a imaginé différentes manières de conflruire
des pefe liqueurs.
Le plus fimple & le plus en ufàge confiée en
une petite bouteille de verre mince fbuf&ée à la
lampe , dont le col long & étroit efl: divifé dans
toute fa longueur, en parties égales.
Pour que cette bouteille puifïè fe tenir au mi-
liéu des liqueurs dans une fîtuation verticale, on
fait enforte que le centre de gravité fe trouve vers
la partie inférieure.
A cet effet, l ’on adapte en - deflous de la bou-
teillé une autre petite boule fôufflée, dans laquelle
on met du mercure ou des dragées de plomb.
L e pefe-liqueur ainfî conflruit, on le plonge dans
les liqueurs qu’on veut comparer ; & au moyen du
plomb ou du mercure, il s’y enfonce non pas en entier,
parce qu’on a dû avoir foin de le tenir plus
léger qu’un volume de la liqueur égal au fîen.
O r , on fait qu’un corps foüde, plongé dans une
liqueur , ceffe de s’y enfoncer lorfqu’il a déplacé
la quantité de liqueur, dont le poids égale fa pefànteur.
. - ' ,
Il s’enfuit que le pefe-liqueuf s’enfonce d’autant
plus profondément que la liqueur efl plus légère,
ou , ce qui eft la même chofè , qu’elle a moins
de denfîté.
Au contraire, il' s’enfonce d’autant moins profondément
que la liqueur efl plus pelante, ou qu’elle
a moins de denfîté. ,
En partant de ce principe, il efl aifé de con-
noitre la différence de la pefànteur fpécifique de
deux liqueurs que l ’on compare, en obfèrvant de
combien de degrés l’aréomètre s’enfonce de plus
ou de moins dans une liqueur que dans l ’autre.
Mais fî l’ on veut opérer avec ç&aditude, & con-
Witre au jufte le rapport des pefanteurs que les liqueurs
ont entr'elles, il faut t°. que les liquider
dans lefquels on plonge l’aréomètre foient exactement
au même degré de chaleur ou de froid ,
afin qu’on puifle être sûr que leur différence de
Arts & Métiers. Xom,
denfîté ne vient point de l ’une de ces deux carafes
, & que le volume de l’aréomètre même n’en a
reçu aucun changement.
; Que le col de l ’inflrument fur lequel font
marquées les graduations, foit par-tout d’une grof-
fèur égale ; car, s’il eft d’une forme irrégulière,
les degrés marqués à égales difiances ne mefure-
ront pas des volumes de liqueurs femblâbles, en
fè plongeant : il fera plus sur & plus facile de
graduer cette échelle , relativement à la forme du
col , en chargeant fueceffivement l’inftrument de
plufieurs petits poids bien égaux, dont chacun produira
l’enfoncement d’un degré.
30. On doit avoir foin que Pimmerfîon fè fafle
perpendiculairement à la furface de la liqueur ,
fàns quoi l ’obliquité empêcheroit de compter aveo
jufteftè le degré d’enfoncement.
4°. Comme l’ufàge de cet inflrument eft borné
à des liqueurs qui diffèrent peu de pefànteur en-
tr’elles , on doit bien prendre garde que la partie
qui fumage, ne fe charge de quelque vapeur ou
fàleté, qui occafîonneroit un mécompte dans une
eftimation où il s’agit de différences peu confîdé-
rables.
Lorfque l’aréomètre pafTe d’une liqueur à l’autre,
il faut avoir foin que fà furface ne porte aucun enduit
qui empêche que le liquide où il entre , ne
s’applique exadement à cette même furface.
Malgré toutes ces précautions, il refie encore
la- difficulté de bien juger du degré d’enfoncement,
parce que certaines liqueurs s’appliquent mieux que
d’autres au verre, & parce qu’il y en a beaucoup'-
qui, lorfqu’elles le touchent , s’élèvent plus ou
moins au-deffus de leur niveau.
5°\ Enfin, quand on veut fè fèrvir de cet aréomètre
, il faut commencer par connoître exactement
fon poids, en le pelant avec une balance
très-jufte ; après quoi il faut le plonger d’abord dans
la liqueur la moins pefante , & regarder jufqu’à
quelle graduation l’inftriimervt s’y plonge ; enfuite
il faut le rapporter dans la plus denfe, & charger
le haut de la tige ou du col de poids connus
, jufqu’à ce que le degré d’enfoncement foit
égal au premier.