
Je fuis côhvaiiicu que - l’on auroit encore du" beau 1
regain, la faifon étant peu avancée. Nous pouvons
compter qu’après une fi longue fécherefîè, nous aurons
de fréquentes pluies.
D’ailleurs, j’ai été dans le cas, depuis vingt ans,
de faire ufage de ce procédé dans differentes
provinces du royaume , & il m’a conftamment
réufïi.
Comme le manque de fourage fe fait fentir -dès-
à-pxéfent, on peut profiter de cette circonftance pour
introduire un ufage que je pratique depuis quinze
années dans mes vignobles.
Quelque temps avant que la vigne foit en 'fleur,
il faut cafler les farmens au noeud au-deflus de la
dernière grappe; ce fuperflu fert de nourriture âmes
beftiaux pendant un mois ou fîx femaines. Ce n’eft
pas le feul avantage de ce procédé, car il empêche
la vigne de couler ; la sève étant obligée" de fe répercuter,
elle renforce le ligament qui foutient la
fans la retourner, ni la toucher, Jufqu'à ce qu'elle
foit bien sèche ; on la charge enfuite le matin ou le
foir, & on la tranfporte dans le grenier à foin : en
agifiânt ainfî, on ne.perd ni la graine, ni les feuilles
des plantes.
Le mauvais temps ne peut nuire au foin ainfî
1 manipulé, l’eau n’y féjourne pas, & l ’air le sèche
plus promptement & plus également que fur terre.
La fpergule, qui eft une herbe fort grafîe, fe réduit
en- fourage fec de la même manière.
fleur. Cette expérience eft certaine ; l’on peut faijs.
crainte faire ufage de Ce moyen pour nourrir les bestiaux
dans une faifon où ordinairement l’herbe eft
rare.
N. B. Dans les- cantons où le fourage eft rare ,
& chez les vignerons & pauvres gens-qui n’en achètent
jamais, il eft d’ufage de faire manger des feuilles
de vignes encore vertes aux vaches, & d’en faire
fécher & ferrer pour 1 hiver. Ils ont foin auflï durant
l ’automne de broffer les feuilles -vertes des ormes &
de plufieurs autres arbres communs .qu’ils font fécher
, & les ferrent pour fervir F hiver de nourriture
à leurs vaches.
Méthode nouvelle de faire du foin ou fourage fec avec
le produit des prairies artificielles.%
Dans les provinces même où l’on sème beaucoup
de treffle, de luzerne & de fainfoin, peu de pèrfon-
nes connoiïïènt la vraie manière de réduire ces
plantes en fourage fec; prefque toutes en perdent
les feuilles & les fleurs, qui font ce qu’il y a de meilleur
, & il ne leur en refte que les tiges. Voici la façon
d’éviter ces inconvéniens.
Il faut fe procurer des piquets de 8 à 9 pfeds de
long, à-peu-près de la grofleur du bras ; la qualité
du bois eft indifférente : on perce dans ces montans
des trous dans tous les fens, à quinze pouces les uns
des autres; on paffe dans ces trous des gaules d’un
pouce &.demi de diamètre, & d’environ quatre pieds
de longueur. O11 fiche ces piquets en terre-, *de
diûance en diftançe ., dans; le pré que l’on va
faucher : ils reflemblent aïïèÿ aux bâtons que
l ’on deftine aux perroquets , & aux perchoirs des
dindons.
Il faut faucher l’herbe lorfqu’ elle eft jsn pleine
fleur, la.prendre par braflees, comme elle tombe
ious la faux, & la mettre fur ces arbres, On l’y laiffe
La récolte du foin faite, on retire les piquets :
confervés avec foin, ils peuvent-fervir plufieurs années
de fuite.
Obfervations , & faits interejfans fur la quefiion , fi
Von peut nourrir les chevaux d'une manière plus
économique & plus faine, qu'il n'efi ordinaire.
Je fuis appellé à vivre dans un canton où il
le n’y a point d’eau courante, & où , par Confé-
quent, les prés ne font arrofés que pa£ les eaux
de pluie; d’où ilréfulte que la récolte] des foins
y eft très - cafuelle. Nous avons fréquemment y
dans le mois de mai, des vents du nord, qui,
foufflant plufieurs jours de fuite, refferrent la terre ,
empêchent les plantes de taller , les defsèchent
& lgs éclàirciflent, au point que la récolte des
premiers foins eft réduite alors à la moitié, même
au tiers de ce qu’elle eut' été, fi l’on avoit eu
un tems convenable.
La fécondé coupe eft encore plus incertaine,
vu la féchereffe qui règne fouvent ‘pendant les
trois ou quatre mois les plus chauds de l’année ;
de Jorte que nous ne fommes que trop fujets à
une difette de fourage, qui oblige de recourir
â ceux qui ont le bonheur d’avoir des prairies
arrofées; & outre le défagrément de n’avoir pas
chez foi de quoi entretenir fes chevaux & fon
bétail, la dépenfe eft considérable, le prix du
foin, dans les années de fécherefle , étant de
huit, dix & même douze livres de,France le
quintal.
i J ’ai donc cherché un moyen de prévenir cette
, difette ; & je vais propofer une méthode qui
n’exige que la moitié des fourrages que l ’on emploie
ordinairement pour l’entretien des chevaux,
qui met en valeur une plus grande partie de
terre, & qui fournifîant une .nourriture très-abon-
, dante pour l ’entretien des bêtes à cornes , les
multiplie néceflàirement, & fournit, par confé-
quent, beaucoup plus d’engrais , fans lefquels ,
malgré tous les fyftêmes nouveaux, les récoltes ne
feront jamais que chétives.
L ’on dira que dans les pays où l ’on ne peut pas
arrofer les prairies , il n’y a qu’à en établir d’artificielles
, que le fainfoin, l’efparcette & le trefle
donnent des fourrages excellens & abondans, & que
ces plantes font employées par tous ceux qui s’adonnent
à l’agriculture. Je conviens de tout cela; mais
je réponds que le fainfoin exige un très-bon terrein
qui n’eft pas.commun, & beaucoup d’engrais, ce
qui le rend d’un entretien difpen dieux ,■ que Fef-
parcette ne réuflit pa£ dans les terres fortes , argil-
ïeufes & mouilleufes, & qu'il y a des cantons en- ;
tiers qui n’ont pas d’autres terres ; que le trefle cft-
effèâiveinent affèz en ufage, mais que l'on ne met
pas fuffifamment de méthode & de fuite dans fa culture,
quoique ce foit le meilleur fourrage connu
pour hiverner les vaches & leur faire rendre du lait
en abondance.
Jufques à préfent l’on n’a employé que deux manières
de diftribuér le foin aux chevaux; lune eft
de le faire réduire eh bottes depuis n à x y livres ,
fuivant la taille & l’emploi que Fort fait des chevaux
; l’autre de s’en rapporter aux cochers ou palfreniers
pour la quantité.
La première méthode eft certainement bonne;
cependant Fon conviendra que , dans une écurie de
plufieurs chévaux , IL s’en trouve qui ont plus d’appétit,
ou qui ont befoin de plus de_nourriture lés
uns que lès autres., & par-là on les met tous au
même "taux ;'car je n’ai pas vu que l’on • variât le
poids des bottes, fuivant le naturel de chaque cheval
; d’ailleurs l’on ne gagne ainfî que d’empêcher
lin abus dans la confommation du foin, & Fon fe
croit toujours’oblige de-donner de vingt à vingt-cinq
livres par jour à un cheval, ce qui eft à-peu-près le
double de ce que je propofè. -
La fécondé méthode qui confifte à s’en rapporter
aux cochers, eft la plupart du temps très-dïfpen-
dieufe pour le maître & pernicieufe pour le cheval.
Le fourrage manque de bonne heure, on ccnfomme
le nouveau avant qu’il- ait fué, les chevaux deviennent
pefans , poufljfs , put des iridigeftions, meurent
même quelquefois. On ne fait point affez d’u-
ïàge de la paille, qui donne au cheval de la vigueur,
de l’haleine, & de la légèreté. Si donc il y a un
moyen de faire un mélange plus fain 8c plus économique,
on ne peut qu’y gagner.
Avant que d’en venir à la defeription même de
ma méthode, j’entrerai dans^quelques détails qui en
font inféparables.
Je m’adreffe fur-tout aux Cultivateurs qui ont
prés & thamps , & qui font leurs terres avec des
chevaux. Je fuppolè un domaine de cent pofes ( 1 ) de
( 1 ) La pofe eft de 400 toifes quarrée eft de 6 quarrées. La toife 4 piés quarrés. La toife courante eft de
38< ■p> iétso. ifLeas cqouuapreré (e sc.o mLma ec omuepfeu r(ec odmu mteer -rmeine f)u reef t ddee agvraoiinnee ,) dpeè fe, en froment de no à iao livres.; en tient-‘is geûrob àe s8, 0 llaiv rgeesr.b eL ed qeu paratielrloe,n fdaen sp aleil leg rcaoinn,
ipbèmfem dees f3o0 nàt e3n3 alrivgreénst. dLea F lriavnrce ee.ft de 18 onces. Les
p r é , & d e d e u x c e n s c o u p e s d e f e n ia tu r e . C e s d e u x
c e n s c o u p e s in d iq u e n t q u e F o n e n s èm e c e n t p a r
a n n é e , c e q u i n é c e f l i t e d e u x c h a r r u e s d e q u a t r e
c h e v a u x . C h a c u n e la b o u r e d o n c c in q u a n t e c o u p e s
t ro is f o i s , c e q u i r e v i e n t à c e n t c in q u a n t e c o u p e s u n e
fo is .
L ’ on v e r r a p lu s b a s q u e je d o n n e à c h a q u e c h a r ru
e q u a t r e - v in g t c o u p e s p a r a n n é e , m a is q u a r a n t e
n e f e la b o u r a n t q u ’ u n e f o i s , n o u s p o fe ro n s q u a r a n t e
c o u p e s , & q u a r a n t e t r o is f o i s , q u i - d o n n e n t c e n t
v in g t ; c e l a p o r te l e t r a v a i l d ’u n e c h a r r u e à c e n t
f o i x a n t e c o u p e s u n e f o i s , c e q u i n e l a c h a r g e q u e d e
d i x c o u p e s ; & q u a t r e c h e v a u x p e u v e n t p a r fa i t em e n t
fu ffi re à c e t r a v a i l .
U n e p o fe d e p r é n a tu r e l b ie n e n t r e t e n u e d o n n e ,
d e p r em iè r e c o u p e , v in g t à v in g t - c in q q u in t a u x d e
f o in au p lu s ; d an s le s p ré s m é d i o c r e s , i l f a u t d e u x
& q u e lq u e fo is t r o is p o fe s p o u r a v o i r l a m êm e q u a n t
i t é : c om m e d an s u n d om a in e i l y a to u jo u r s d u b o n
& d u m é d i o c r e , je n e g a r d e q u e le s b o n s p r é s , je
rom p s le s a u t r e s & je le s s è m e ' e n f r o m e n t . P o u r
p r o u v e r q u e l e b é n é f i c e e ft c l a i r ; i l n ’ y a q u ’ à v o i r c e
q u e v o u s r e t i r e z d e v o s p ré s m é d io c r e s , & c e q u ’ i l s
p e u v e n t v o u s r e n d r e p ro d u ifa n t d u b l e d . J e fu p p o fe
q u e v o u s g a r d ie z c in q u a n t e p o fe s d e b o n s -p r é s p o u r
v o s c h e v a u x , le s c in q u a n t e a u t r e s v o u s d o n n e n t
fo i x a n t e c o u p e s d e fem a tu r fe , d e fq u e l le s v o u s n e f e -
m e z q u e t r e n t e c h a q u e a n n é e ; c e s t r e n t e p e u v e n t
V o u s r e n d r e , fi v o u s v o u s d o n n e z d e s fo in s ; c e n t
' q u a t r e - v in g t c o u p e s b u f îx p o u r u n : j e i f e n m e t s q u e
c e n t c in q u a n t e o u c in q p o u r u n ; d e c e s c e n t c i n q
u a n t e p r é l e v e z lé s t r e n t e d e f e m e n c e , r e f t e 'c e n t
; v in g t , q u i v e n d u e s à d i x - h u i t l iv r e s d e F r a n c e l a
-, c o u p e ', d o n n e n t d e u x m i l l e c e n t f o i x a n t e l iv r e s
p o u r l e g r a in & c e n t q u a t r e - v in g t q u in t a u x d e p a i l l e ,
q u i a u p lu s b as p r i x , q u i e ft d e d o u z e l iv r e s l e q u a r t
e r o n , f e r b i e n tu n e f o m m e d e d e u x c e n s q u a t r e - v in g t -
h u i t l iv r e s .
O u t r e c e l a , c h a q u e a n n é e v o u s je t t e r e z fu r l a
m o i t ié d e s t r e n t e c o u p é s q u e v o u s a u r e z f em é e s ,
e ’ e f t - à -d i r e , fu r q u in z e , f o i x a n t e - q u in z e l iv r e s d e
t r e f le , q u i v o u s c o û t e r o n t u n e fo is p o u r to u te s c in q
u a n t e -q u a t r e l iv r e s d e F r a n c e ; c a r l e s a n n é e s f u i -
v a n t e s v o u s r e c u e i l l e r e z c e t t e g r a in e fu r v o t r e f o n d s ;
. fi v o u s l a Ten ie z e n m êm e - t em p s q u e l l e f r om e n t e n
a u tom n e , p o u r q u ’ e l l e f o i t r e c o u v e r t e a v e c l a m êm e
h e r f e , v o u s c o u r r e z q u e lq u e r i fq u e e n h iv e r , m a is ,
v o u s f e r e z sûr d e p o u v o i r f a i r e u n e c o u p e d è s l a p r e m
iè r e a n n é e ; m a is fi v o u s n e l a f em e z q u e l e p r in tem
p s f u i v a n t , i l e ft à -p e u - p r è s sûr q u e v o u s fe r e z
o b l ig é d ’a t t e n d r e l a fé c o n d é a n n é e p o u r p o u v o i r
c o u p e r . L e s p lu s e x p é r im e n t é s n ’ é t a n t p a s d ’ a c c o r d
l à - d e f lu s , je n e d é c id e r a i p as l a q u e f t io n .
C e t t e f é c o n d é a n n é e , c e s f o i x a n t e - q u in z e l iv r e s ,
d e tre fle . v o u s d o n n e r o n t l e p lu s t r e n t e ch a r r io t s -,
. o u fîx'c e n s q u in t a u x d’ e x c e l l e n t f o u r r a g e , l e m o in s
• q u in z e ch a r r io t s o u t ro is c e n s q u in t a u x , q u i à t ro is
l iv r e s d e F r a n c e , p r i x m i t o y e n , fo n t d i x - h u i t c e n s