
mains, après quoi on la placera--ai» bain de fable
ci-deffus. On adaptera à la cornue un moyen ballon,
percé d’un trou fur.le côté: on pouffera le
feu jufqu’à faire bouillir légèrement la matière. Il
fortira d’abord un efprit de vin très-aromatique,
après quoi l ’éther commencera à paroître.
On retirera d’abord environ quatorze onCes dé
liqueur ; fî-tôt qu’on fentira que ce qui diftille commence
à être imprégné d’une odeur de foufre bien
fenfîble, on féparera le premier produit.
Si l’on veut retirer l’huile douce de vitriol, on
continuera la diflillation à un feu un peu plus modéré,
jufqu’à ce qu’on fente que ce qu’on diftille
n’eft plus qu’un acide f lphureux très-vif : enfuite,
i l faudra procéder à la redification des quatorze
onces de liqueur du premier produit.
Pour cet effet, on les verfe dans une petite cu-
eurbite de verre ; on y ajoute deux onces d’huile
de tartre par défaillance : on adapte un chapiteau à
la cucurbite, & un récipient au chapiteau : on lutte
très exadement les jointures : on place l’alambic,
ainfî di'pofé, au bain de cendre, & l’on commence
cette diflillation par un feu extrêmement
doux, & qui n’excede pas le feu de la lampe: on
retirera huit onces d’un éther admirable, d’un
parfum exquis , & qui ne fentira pas la moindre
odeur de foufre.
Cette liqueur eft d’un foulagement très-efficace
dans le fpafme , dans les foiblefles , dans l’apolexie,
&c. La dofe en eft depuis quinze gouttes jufquà
loixante fur un petit morceau de fucrê.
Epreuve de téther.
Pour connoître les bonnes qualités d’un éther ,
al faut verfer de l ’eau commune dans une petite
fiole fort longue & étroite , 8c verfer par deffusde l'é ther
j celui-ci furnagera , & après avoir bien mêlé
les deux liqueurs par de fortes fecouffes , l ’éther
fe raflemblera par petits globules & viendra fe
replacer à la furface de l’eau.
Si l’on verfe de l’éther dans une cuillère d'argent,
& qu’on l’approche d’une bougie allumée,
l ’éther prendra feu à plus d’un pouce de diftancë ,
& brûlera d’une flamme très vive, très blanche ,
très brillante, jufqu’à ficcité parfaite, ne laiffaut
pour réfîdu qu’un peu de fuliginofîté. Une pincée
de poudre à canon mife dans la cueillere ne doit
pas prendre feu.
JNouveau procédé pour obtenir. Véther vitriolique 3
par M. de La Planche 3 Maître . en Pharmacie
du Collège de Paris. .
On place fur un bain de cendre convenable ,
une cornue de verre tubulée , fermée par un bou-
>chon de cryftal, à laquelle on adapte un ballon
de cryftal à deux becs. Celui qui reçoit la cornue
eft percé d’un trou, fermé par un bouchon de
cryftal ufé à l’émeril; l’autre plus étroit, plus long
& recourbé à-fon extrémité, reçoit un tube qui
plonge dans un flacon à moitié plein d’une liqueur
alkaline :
Ces pièces étant difpofées de file, & convenablement
luttées, on chauffe légèrement là cornue :
on y verfe , au moyen d’un entonnoir introduit par
la tubulure, fix livres d’efprît-dè-vin redifié; puis
on verfe par-deffus, peu à peu, lé même poids
d’acide vitriolique très pur.
Le mélange fait, on pouffe le feu de maniéré
à exciter ,1e plutôt poffible ,l'ébullition qu’il eft à
propos d’entretenir enfuite jufqu’à la fin ; le ballon
doit être continuellement dans un état de fraîcheur
, au moyen de linges froids dont on l’enveloppe
, & que l’on renouvelle félon- le befoin. Cette
précaution exempte de donner de l’air aux vaif-
feaux, en prévenant l’effet de la raréfadion.
On n’ouvre la tubulure que quand on voit diminuer
le nombre des ftries éthérées, pour juger
s’il paffe de l’acide fulfureux. Dès que l’odeur de
cet acide fe fait fentir, on laiffe un peu tomber
la chaleur.
Çeft-là le moment de tirer un parti très-avantageux
de l’expédient propofépar M. Cadet. Quand
il n’y a plus du tout d’ébullition, on verfe fur le
réfîdu deux livres d’efprit-de-vin redifié; on augmente
auffi-tôt le feu pour ramener promptement
la chaleut à fon premier point, on continue encore
de diftiller jufqu’à ce que les ftries paroif-
fent en moins grand nombre, & que l’odeur
d’acide fulfureux commence de nouveau à fe faire
fentir.
Il faut alors ôtèr le feu fur le champ; & laif-
fer les vaiffèaux fe refroidir. En délutant on trouve
dans la cornue un réfîdu trouble , noirâtre , acide ,
fur l’analyfe duquel M. Beaumé n’a laiffe rien à
délirer dans fa dinèrtation fur l’éther.
Le ballon contient une liqueur éthérée; la li-
queüe alkaline du flacon. communiquant, a auffi
l’odeur de l’éther, & en confient beaucoup : on
mêle cette liqueur alkaline & le. produit éthéré ; on
agite le tout, on le met dans un flacon : tout ce qui
eft éthéré fe fépare de la portion purement alka’ine;
on le décante avec foin pour le foumettre à la ra-
rêfadion , que l’on peut opérer fur le champ de la
manière fuivante.
On place fur le bain de cendre un alembic d’une
feule pièce , ou .même une cornue de verre tubu-
léo , & fermée d’un'bouchon de cryftal ufé à l’éme-
ril 5 on adapte pour récipient un matras à long col ,
dont le globe plonge dans l’eau froide, & qui eft
recouvert avec des linges mouillés & froids ; on
verfe, au moyen d’un entonnoir introduit par la tubulure
> le produit éthéré, & on procède à la dik
t-ilîation à la fîmple chaleur d’une lampe : on obtient
, par ce moyen, avec toute l’économie pof-
mouches qui lui formoient un mafque , après avoir
pris toute fois la précaution d’appliquer fur fa vue
de petites1 vitres , attachées a'vec lin cordon : en
faifant un faut à terre , il fecouoit fa tête , toutes
les mouches lomboient fur la table ; celles qui ref-
toient adhérentes à fa peau , il les racloit avec une
cuiller d’argent.
Il préfentoit enfuite la ruche-aux abeilles, elles
'n’y entraient point ; mais à l’inftant où il frappoît
fur la table , on les voyoit toutes courir'pour y entrer
fîble & fans déchet, un éther limpide, très-frais,
très-vif, le plusfuave à l’odorat.
On n’a pas la prétention de donner cet appareil
comme un modèle de perfedion : on pourra peut-
être renchérir fur lui autant qu’il l’emporte , à mon
avis, fur les autres ; feulement je le propofe comme I
celui que j’ai employé le plus utilement. En me
fervant du flacon rempli dé liqueur alkaline, j ai
l’avantage de neutralifer les vapeurs acides qui altéraient
mon éther eh même temps qu’il fe produi-
foit. Je ne laiffe pas cette liqueur alkaline dans mon
appareil redificateur, pour que i’efpèj;e defàvonque
l’alkali a pu former avec l’huile du vin ne four-
niffe pas une forte d’empyreume que l’on retrouve
pour l’ordinaire très - diftindement dans les éthers
obtenus en redifiant fur l’alkali..
Je porte la chaleur, foit dans ma première, foit
dans ma deuxième diflillation, tout de fuite au
degré d’ébullition , parce que l’éther ne fe forme
que dans, ce moment. C’eft cette connoiflance de
fait qui a fiiggéré à M. Rouelle 3 & à mon père , le
moyen d’obtenir à la pinte, fuivant l’expreffion de
ces chimiftes, un produit très-précieux pour lors,
puifqu’on fe trouvoit fort heureux d’en* avoir quelques
onces pour plufîeurs livres de matière première.
Si je mêle de nouvel efprit-de-vin avec mon
réfîdu, fuivant la méthode de M. Cadet, en le fai-
fant dans la circonftance & de la manière que j’indique
, j’évite l’empyrèume que l’éther eonferve
lorfque l’on fait ce mélange en deux opérations
féparées.
Il n’eft pas indifférent d’arrêter le feu au point
©ù je l’ai marqué; car fî on laiffe paffer de l’huile ■
& de l’efprit fulfureux, le goût de feu fe communique
en même-tems, & ne fe perd pas auffi aifé-
ment que la qualité acide. C’eft encore pour éviter,
ce mauvais goût, que je redifie au feu de lampe, &
que j’ai foin d’entretenir le récipient dans un état de
fraîcheur continuelle, ce qui, comme perfonne ne
l’ignore, eft un avantage précieux dans toutes les
diftillations.
‘Abeilles. ( Art d’appfivoifer les )
Il eft poffible de parvenir à apprivoifer ces infedes,
& à les manier fans en recevoir la plus légère piqûre.
M. Wildman, Ahglois , a fait voir à Meilleurs
de l’académie des fciences & au public, qu’il avoit
l’art de les apprivoifer, de les faire fortir à volonté
d’un lieu fixe, pour les faire paffer dans un autre,
fans craindre d’être piqué.
. Dans' l’efpace de deux minutes, il faifoit venir
les abeilles .d’une ruche fur fon bras nud, où elles
lui formoient un braflard ; le moment d’après ; il
reparoiffoit la tête nueS razée, & toute couverte de
avec une précipitation que rien ne pouvoir at-
rêfcer ; avec une cuiller il les entraînoit en fens
contraire pour les empêcher d’entrer dans la ruche
: fobftacle étoit-il levé, elles s’y précipitoient
avec plus de rapidité.
Lorfqu’on le vouloît, il mettoit dans vos mains
une poignée de fes mouches, fans que vous reçuffiez
la plus légère piqûre. 11 difoit qu’il ferait les mêmes
expériences avec tel effaim qu’on lui prélehteroit,
même avec des guêpes, & qu’il ne lui falloit que
cinq minutes pour les apprivoifer au point de pouvoir
les manier fans être piqué.
De telles expériences, qui femblent tenir .de
la magie, font bien propres à exciter la curiofîtédes
naturaliftes, des phyfîciens & des économiftes ; car
fî l’on pouvoit parvenir à manier ainfî les abeilles,
on pourrait parvenir à découvrir plufîeurs faits très-
intéreffànts encore ignorés, & à tirer un plus grand
avantage des mouches.
Lorfqu’on voyoit le fîeur Wildman faire fes expériences,
on ne fentoit point fur fes mains aucune
odeur fenfîble à laquelle on pût artribuer l’effet
d’amortir l’adivité des mouches , à moins qu’il ne
les eût engourdies auparavant à l’aide de quelques
vapeurs ; car on fait que la fumée de linge brûlé
amortit leur adivité.
La feule découverte que nous ayons pu faire,
malgré toutes nos.recherches, c’eft un ouvrage An-
glois, fous le titre de Traité de l'Education des
Abeilles par Thomas Wildman , où l’auteur dît:
« Plufîeurs particuliers âyant été étonnés de voir
» des abeilles s’attacher aux différentes parties de
» mon corps, ont paru defirer avec empreffèment
» de pofféder le fecret qui me procurait les bonnes
« grâces de ces infedes : j’ai promis imprudemment
» de le révéler ; je fuis donc obligé de tenir ma pa-
» rôle. Je déclare que la crainte & la reine de.s
» abeilles font les principaux agents de cette opéra-
; | » tion.
. » Je dois avertir ici mes ledeurs qu’il faut un art
» ou plutôt une pratique pour le bien exécuter,
» & que l’on ne peut la leur communiquer: il ne
» .leur fera pas facile de l’acquérir promptement ; la
» perte de plufîeurs ruches fera nébeffairement la
» fuite de ces tentatives-, avant que dé réuffir : ceux
» qui voudront i’êffayer s’en convaincront par eux-
» mêmes.