
lO ,P A K
> bergamottes * oranges, limons, jufqu’à ce qu’elles
loient ufees entièrement.
Une grande partie de l’huile eflentielle coule
naturellement; elle fe rafl'emble dans une rigole
qu’on, a pratiquée à ce defiein,. & on la reçoit dans
une bouteille.
Lorfqu’on a râpé une certaine quantité de citrons
, on ramafie l’écorce divifée qui reflemble a
une pulpe : on l ’exprime entre deux glaces pour
-faire fortir l’huile eflentielle : on la laifle éclaircir,
enfuite on la décante.
Les huiles eflentielles , préparées par cette méthode
, font moins fluides que celles qui ont été
diftillées ; mais elles ont une odeur plus agréable.
C’eft la pratique ufitée en Provence & en Portugal
, où ces fruits font très-communs & dans une
bonne maturité.
Dans ce pays -ci, on prépare l ’huile eflentielle
des citrons & autres fruits de cette efpèce en dil-
rillant leurs écorces récentes avec de l’eau.
Rétification des huiles ejfentielles.
Toutes les huiles efîentielles font fujèttes à perdre
, par l’évaporation , leur partie la plus volatile
dans laquelle réfîde l’odeur fpécifique du végétal
dont elles font tirées ; elles s’épaiflifîent par cette
déperdition, & prennent une confîftance &une odeur
de térébenthine & même de réfine.
Lorfqu’elles font en cet état, elles ne font plus ,
à proprement parler , des huiles efîentielles ; elles
n’en ont plus k volatilité, & ne peuvent plus s’élever
au degré de chaleur de l’eau bouillante.
Si l ’on fbumet encore à l’eau bouillante ces huiles
lorfqu elles font altérées par la vétufté , mais
avant qu’elles aient perdu tout le principe de leur
odeur , il en monte une partie dans la diftillation,
& ce qui î monte ainfi a toutes les propriétés de
l ’huile efîéntielle nouvellement diftillée. Il eft bon
d’ajouter beaucoup de la même plante récente dont
l ’huile nouvelle fe concentre avec l’ancienne. Cette
fécondé diftillation fe nomme rectification des huiles
ejfentielles.
On trouve dans la cucurbite, après la rectification
, la portion réfineufè de l ’huile qui ne peut
plus s’élever au degré de chaleur de l’eaii bouillante.
On peut néanmoins atténuer ce réfidu huileux,
eh le diftillant à une .chaleur plus forte , & même
lui donner toute la validité des huiles efîentielle
s , comme à toutes les autres matières huileufès,
à l’aide des diflUlations réitérées un affez grand
nombre de fois ; mais ces fortes d’huilés ii’ont jamais
rôdeur aromatique propre de l’huile efîèn-
tielle dont elles proviennent.
Pour que les huiles efîentielles fe confêrvent le
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plus long-temps qu’il eft poflible en bon état, on
doit les renfermer dans des flacons de cryflal avec
un bouchon aufîi de cryflal ; il faut, autant qu’il
fe peut, tenir les flacons entièrement pleins , les
déboucher rarement, & les tenir dans un endroit
frais.
Lorfque les parfums ont prefqu’entiérement perdu
leur odeur naturelle , on la leur reftitue en grande
partie , en y ajoutant avec beaucoup de ménagement
un peu de fèl volatil animal comme celui
de corne de cerf.
Falfification des huiles ejfentielles.
Plufieurs. parfumeurs vendent pour huiles eflèn-
tielles de lavande, de thym , de marjolaine, &c.
l’infufion de ces fleurs & plantes dans les huiles
grafîès.
On peut reeonnoître la fraude en mêlant ces e£
fènces avec de l’èfprit de vin ; fi elles font mélangées
, elles fe troublent, elles fe précipitent au
lieu de fe diffoudre.
Les huiles efîentielles qu’on ne retire qu’en petite
quantité des fîibflances rares & chères , ne peu-
; vent manquer d’être elles-mêmes fort chères ; elles
font aufïi, par cette raifon, qtrès-fujettes à être
altérées & falfifiées. '
Il eft bon de faire connoître ces falfifi carions ,
afin qu’on pùifîe les diftinguer & s’en préferver.
i Les huiles efîentielles peuvent être altérées par
1 le mélange de quelque huile grafle fans odeur, de
Fefprit de vin, ou de quelqu’autre huile efien-
tielle, commune & de peu de valeur. Ceux qui
connoiflent les propriétés .de ces différentes fùbf-
tances , peuvent aifément difcerner toutes ces
: fraudes.
Les huiles grafles n’étant ni volatiles ni ficcati-
vès , fi l’on met fur du papier une goutte de l’huile
eflentielle qu’on veut efîàyer, elle doit s’évaporer à
une douce chaleur, & ne laifler au papier ni
graifîe ni tranfparence , lorfque l’huile eflentielle
n’eft pas mêlée, d’huile grafle. On peut aufïi découvrir
ce même mélange par Fefprit de vin.
Une goutte d’huile eflentielle non mêlée d’huile
grafle, mife dans de l ’efprit de v in , doit fe diffoudre
en entier ; & au contraire il en refte toujours
une partie non difloute, fi elle efl mêlée d’huile
grafle , parce que cette dernière efl indiflolubie
dans Fefprit de vin.
Le mélange de Fefprit de vin avec une huile
eflentielle fe reconnoît par l ’addition de l ’eau :
cette eau devient alors laiteufe, parce que Fefprit
de vin quitte l’huile eflentielle pour s’unir à cette
même eau, & laifle l ’hüile très-divifée fufpendue ,
mais non difloute. Cela n’arrive point lorfque l’huile
eflentielle ne contient point d’efprit de vin. Elle
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Ce divife , à la vérité , en globules fort petits lorf-
qu’on l ’agite avec l ’eau, & la rend blanchâtre ;
mais ces globules fe réunifient promptement, &
forment des mafles d’huile qui viennent nager a
la furface, ou fe précipitent au fond, fuivantfa
nature.
L a falfification, par le mélange d’une autre huile
eflentielle, eft la plus difficile à reeonnoître, parce .
que ces huiles ont leurs principales propriétés fem-
blabl.es.
Cependant, comme les huiles eflentielles communes
viennent prefque toutes des fiibflances de la
nature & de l’odeur de térébenthine beaucoup plus
tenace que ne l’eft celle des autres huiles efien-
tiçlles , on peut aufïi les reeonnoître en imbibant
un papier ou un linge de l’huile qu’on veut éprouver;
& en la faifant évaporer promptement, on
reconnoît cette fraude par .l’odeur marquée de té- !
rébenthine qui refte à ce linge.
Oh peut encore verfèr dans un. tube de verre
un poids donné de l’huile eflèntielk qu on f>up-
çonne être allongée par Fefprit de vin : on ajoute
de l ’eau, on agite le mélange , on^ le laifle s’éclaircir,
on décante l’huile,. on la pese ; Ce dont
elle fe trouve diminuée, eft la quantité d’efprit de
vin qu’elle contenoit, qui s’eft mêlé a l ’eau.
Eaux odorantes diftillées.
Il ne faut pas confondre les eaux odorantes avec ;
les huiles efîentielles. »
On dîftingue deux efpèces d’eaux odorantes que
l ’on obtient par la voie de la diftillation. Les unes
font fimples, les autres font fpiritueufès.
I l y a du choix pour les fleurs ou fùbftances
aromatiques, dont on veut tirer Fefprit reâeur ou
le principe odorant.
Par exemple, dans les plantes labiées, telles
que le romarin, la fauge, &c. Fefprit refteur réfide
<Jans le calice, & non dans les pétales*
Les fleurs qui ne font odorantes qu’au moyçn
d’un efprit refteur très-exalté ,. telles que le jaf-
min, la jonquille , la jacinthe, la tubéreufe , le
narcifle, ne fourniflent rien par la diftillation, &
ne confervent point leur odéur après la déification.
Il en eft de même des rofès pâles ou des rofes
mufeates , qui mit beaucoup d’odeur étant fraîches
, & peu ou point du tout après avoir été défi-
féchées.
Les rofès rouges , appellées rofes de Provins 3
ont au contraire peu d’odeur étant fraîches, & en
acquièrent confîdérablement en les faifant fécher ,
fur-tout lorfqu’elles ont été cueillies avant leur entier
épanouifîèment.
P A R i i
Les violettes de jardin font infiniment plus odo*
rantes que celles des bois.
Pour diftiller les eaux odorantes fimples, il faut
préférer l’eau de rivière à toute autre ; on y jettera
même quelques poignées de fe l , tant pour la rendre
plus p e fan te que pour lui donner plus d activ
ité , & lui faciliter fon paflage jufqiïes dans le
parenchyme des fleurs ou plantes. On ne feroit pas
mal non plus dè laifler les fleurs ou fùbftances odorantes
en macération dans F eau faleë , mais vingt-
quatre heures feulement & pas davantage. Puis on
en remplit la moitié d’une cucurbite au bain-marie
, & on diftille à une chaleur très-douce, c’eft-
à-dire, d’environ 30 à 3 ? degrés du thermomètre
de Réaumur, jufqu’à ce qu’on s’appèrçoive que ce
qui monte dans la diftillation, n’a plus une odeur
aufïi marquée : car il ne faut pas tirer à la quantité ,
lorfqu’on veut avoir l’eflence des fleurs.
L e moyen d’avoir des „eaux bien imprégnées de
cette eflence eft d’avoir recours aux rectifications ,
c’eft-à-dire , qu’après une diftillation faite , comme
on vient de le dire, il faudra verfèr l’eau odorante
que l ’on vient d’obtenir fur une nouvelle quantité
de fleurs ou fùbftances aromatiques, & procéder à
une nouvelle diftillation.
Voilà ce qui regarde lès eaux odorantes fimples ,
qui s’obtiennent par l’intermède de l’eau commune
dans une proportion fuffifante pour enchaîner F e fprit
volatil & trop fugace des fleurs odorantes, fans
le trop divifèr & le noyer.
L ’eau dont on fe fert, dit M. Macquer , pour
la diftillation de toutes les huiles eflentielles, fe
trouve très-chargée du principe de l’odeur des plantes
aromatiques, & par conféquent eft une très-
bonne eau diftillée. de ces plantes.
A l’égard des plantes qu’on nomme inodores, H
paroît-, ajoute ce célèbre chymifte, que , quoiqu’elles
n’aient point d’odeur marquée, on étoit
perfïiadé autrefois qu’elles pouvoient fournir quelques
principes dans leur diftillation avec Feau ,
puifqu’on trouve leurs eaux diftillées préferites dans
tous les dïfpenfaires de pharmacie ; mais , dans
ces derniers temps, on a beaucoup blâmé ces fortes
d’eaux diftillées ; on les a même comparées à de
Feau de rivière toute fîmple.
Il eft bien vrai que ces dernières eaux diftillées
font fènfîblement moins chargées de principes que
les premières ; mais eft-il également certain qu’elles
ne contiennent rien du tout î
Il eft très-vrai aufïi que la manière dont on fait
communément les eaux distillées. de ces plantes ,
eft on ne peut pas plus propre à les priver de
toute odeur & de toute vertu particulière. On les
met dans un alembic ; on les inonde d’une grande
quantité d’eau commune ; on les diftille à feu nud,