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repafle (bus la mollette-; enfin, on en forme des
trochifques pour s’en' fervir au befoin.
Il y a un moyen expéditif pour faire ces tro-
chifques ; on prend un entonnoir, qui eft fixé par
fon collet fur une planchette affez' longue, ayant j
un petit pied en-deffous.
On met dans l’entonnoir les yeux! d’écreviiïès, !
broyés mène en pâte légèrement liquide ; alors on profur
des feuilles de papier ou fur des dalles
de craie cet entonnoir, en frappant la planchette
par petit» coups par fon pied. Cette fecouffe fait
tomber des gouttes arrondies & en pointe de la pâte
des. yeux d’écrçviffes, & les trochifques font aufli- :
tôt formés,
On imite les yeukd’écreviffes, foit pàr d’autres
tefta.cées, foit par de \la craie qu’on met en pâte
a^ec de la colle de quelque fubftance animale ;
on en fait de petites boules ou pierres, furlefquelles
on fait aufli un petit enfoncement comme une empreinte
de petit cachet mais ces prétendus yeux
d’éçreviflès ne. font pas chagrinés à leur furface,
ils ne font pas difpofés par couches, leur cachet
eft trop uniforme ; ils font d’un blanc poudreux ,
& ils ne font ni fi pefans , ni fi fonores que le s ,
■ véritables yeux d’écreyifles, tous caradères qui les
font diftinguer.
Les yeux d’éerevifles font employés en Médecine
comme abforbans.
Corne de cerf,\
On remplit d’eau la cucurblte d’un alambic,
& on y met en quantité les -extrémités des cornes
ou bois de cerf, qu’on nomme cornichons. On fait
bouillir cette eau pendant trois à quatre heures,
en ajoutant au befoin de nouvelle eau.
Lorfque les cornichons font fùffifamment amollis,
on en ôte avec un inftrument tranchant, la première
écorce , qui eft brune, & la fubftance médullaire
, qui peut fe-trouver au centre. On les jette
à mefure dans de l’eau fiede, puis on les retire
pour les laver à plufîeurs eaux* On les fait fécher
enfuite à une chaleur douce, afin de leur confer-
ver la blancheur qu’ils doivent avoir. Enfin, en
les broyé fur le porphyre de la même manière
que les yeux d’éçreviffes.
C’eft là ce qu’on appelle ta corne de cerf préparée
philofophzquemcnt ou par ébullition.
Pour préparer la corne de cerf par la calcination
, on prend les morceaux de corne de cerf reftans
dans la cornue fous une forme charbonneufe après
la diftillation de cette fubftance ; alors on détruit,
par l’adion immédiate du feu, leur couleur noire.
Pour cet effet, on met dans un fourneau ordi-
pairç^ 4opt on a .Pté la grille , du ch^bon & de
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la corné de cerf, qu’on difpofe alternativement
lit par lit ; oh laifle le fourneau ouvert de toutes
parts, afin de modérer; la violence du feu. Quant
le tout eft confumé , -éteint & refroidi, on retrouve
la corne de cerf calcinée & blanche.
Il faut féparer les morceaux qui ne feroîent
pas abfolument.blancs ; ou lave les autres & on
lès broyé fur le porphyre.
Lorfque la corne de cerf eft en poudre blanche,
elle eft employée comme un abforbânt., ainfî que
i la magnéfie blanche & les yeux d’écrevifle.
On fait en ce genre une falsification conrre
laquelle il faut fe mettre en garde. Quelques-uns
diftillent les gros os de boeuf, ils calcinent le charbon
qui en réfulte , & avec ce charbon ils préparent
tous les ab forban s pofliblçs, en leur donnant les
noms qu’ils veulent,
M o i s s o n n e u r ,
C’eft celui qui coupe les bleds dé toutes efpèces,
les met en javelles, & les dépouille de leurs grains,
Lorfque les bleds font parvenus à leur maturité,
ce qui eft aifé à connoître par la couleur jaune ou
blanche de la paille qui porte l’épi , & par le grain
dont la dureté approche de celle où il doit être
lorfqu’U eft parfaitement fec & en état de fe-con-
ferver, Je moiflonneur-, entre dans le champ qu’on
veut récolter; & étant armé d’une faucille, qui eft
un inftrument dentélé , tranchant par fà partie
concave, recourbé & emmanché d’un petit rouleau
de bois, M fàifît de la main gauche une poignée
de tuyaux qui portent les épis, l’embrafTe dans la
courbure de là faucille, l’abat, en coupant la poignée
par un mouvement circulaire' de c,et inftrument,
& 'couche derrière lui à plate terre chaque
pçignée de bled coupé dont il fait enfuite des
gerbes.
Cette manière de récolter les bleds dans tous les
pays où les terres ne font pas enfemencées en
planches, eft beaucoup plus longue & exige un
plus grand nombre de moiflonneurs que dans ceux
où on les coupe avec une faux. Là différence pour le
nombre des moiflonneurs qu’il faut employer dans
la première méthode çft à la fécondé comme de
; cinq à deux.
Quoique les famç qui fervent à coupera les grains
foient des inftrumens un peu recourbés , tranchans,
& femblables à celles dont on fe fert pour faucher les
prés, & qu’elles foient emmanchées comme ces dernières
à un bâton d’environ cinq pieds de long,
avec une main au milieu , qui eft une petite tra-
verfe de bois, placée horizontalement , & dont le
faucheur fe fert pour donner du mouvement à fa
faux, elles en diffèrent cependant en ce qu’ elles
1 ont une armure de bois, c’eftTftrdire qu’on leur a
pratiqué.
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pratiqué quatre grandes dents de bois de la Ion- j
gueur du fer de la faux, pour recevoir le - bled
fauché & empêcher qu’il.ne s’égrène.
Quelques grands avantages qu’ait la méthode de
faucher les( bleds, quelque moins difpendieufe
qu’elle foit, elle eft cependant fujette à beaucoup
d’inconvéniens, comme de ne pouvoir être
employée que dans les terres labourees a plat, &
lorfque les bleds ne font point verfés ; en- ce que
les dents de bois qui font attachées à la faux pour
foutenir la paille, la brifeht St en féparent quantité
d’épis ; en ce que le poids des grains que le
faucheur fbutient fur fa faux eft confîdérable & le
fatigue beaucoup.
Pour remédier à ces inconvéniens , M. de Lille
a imaginé & éprouvé avec fuccès de faire faire des-
faux plus courtes de fîx pouces que les faux ordinaires.;
de fubftituer aux dents de bois une
autre machine qu’on appelle le pleyon , & qui con-
fifte en deux branches de coudrier, ou autre bois
verd , qu’on place en demi-cercle fur le manche
de la faux. Ces demi-cercles ont l’avantage de fou--’
tenir les’ pailles des épis fans les rompre.
Lorsqu’il veut commencer à faucher une pièce
de bled , le moiflonneur fe place de manière qu’il
a: toujours à fa gauche le bled qui eft à couper ;
ce qui fait que le bled coupé, réuni pariepleyon^
eft porté fur le bled qui eft à faucher. Ce faucheur
eft fuivi par. derrière de quelqu’un qui, avec
un bâton , renverfe par terre le bled coupé & en
forme des javelles.
Dans, les pays où il y a des granges, dès que
les bleds font réunis en gerbes, on les y voiture
pour les battre dans le tems," Dans -ceux où l’on
n’eft point en ufage d’engranger les bleds , on
prépare le plus près que faire fe peut de la ferme , 6t dans un lieu bien expofé à tous les vents, fine
airey deft-rà-dire qu’après avoir ôté le gazon de la
fifperficie'du terrein qu’on veut mettre en ^ire, on
y porte de la terre glaife qu’on y répand jufqu’à
un - demi-pied- d’épaifleur, qu’on frappe avec une
batte, ou quarré de bois emmanché d’un bâton ,
pour la rendre- plus folide, & qu’on recouvre en-
fuite de l’épaiffeur de trois ou quatre ^lignes de
boufe de vache délayée avec de l’eau,
Lorfque cette boufe e'ft feche, & qu’elle a formé
une croûte adhérente à la terre glaife 7 on'y étend
les gerbes 'de bled de manière qu’il n’y a que les
épis qui paroiffent. •
Après les avoir .ainfî laifle expofées au- fbleil
pendant l’efpâcè d’une heure, afin que la chaleur
dii foleil facilite la fortie des grains qui font
renfermés dans l’ppi, les moiffohneurs. fe rangent
fur deux haies oppoféès. rune; à l’autre à une dif-
tancê proportionnée à leurs fléaux.
Polir 'avoir les gerbes plus à portée de Taire, ,
lorfque le temps eft beauonles' voiture à mefüre
Arts & Métiers..' Tom, K l.
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I qu’on les b a t, & on les porte fur le bord de l’aire °
Lorfqu’on eft obligé de môiflonner dans un tems
dont la beauté n’eft pas fixe , on fait des meules
au pied de l’aire.-Ces meules auxquelles on donne
une forme de dôme , font compofées de gerbes
dont tous, lés épis font en dedans, de forte qu’lis
peuvent s’y coriferver long-tems. Lorfque la meule
eft finie on la couvre de paille fuffifante pour que
l ’eau de la pluie ne la pénètre point. '
Si la faifon eft affez belle pour permettre qu’on
dépouille tout de fuite les épis de leurs grains, dès
qu’une airée de paille a été battue par deux fois,
parce qu’on la retourne du côté qu’elle n’a pas fup-
porté le fléau pour être battue de nouveau, onleve
la paille avec des fourches de bois, en tire les
épis coupés avec des rateaux , on remet fur le
grain, qui eft éparpillé fur l’aire, plufîeurs autres
airées , jufqu’à ce que le grain foit allez épais
pour être ramaffé en meule au milieu de l’aire.
Pendant la nuit le moiflonneur couche auprès de
cette meule de grains , qu’il recouvre de paille , de
peur que la fraîcheur de la nuit , la rofée du
matin ; ou quelque pluie inattendue ne mouille le
grain & n’empêche le moiflonneur de le vanner
facilement.
A mefure qu’on fort la paille de deflùs l’aire , le
moiflonneur la porte eu un endroit marqué & en
fait des pailliers, c’eft-à-dire qu’il la met en
meules longues , larges, terminées en faîte comme
le toît d’une charpente à deux égouts , & retenues
à certaine diflance par de longs farmens de vigne
fauvage , ou de mauvaifes cordes auxquelles on a
attaché des pierres pour que la violence du vent
ne découvre pas le chapeau de ces meules.
Après que tout le grain eft féparé de la paille
& mis en un feul tas au milieu ou dans une
partie de l’aire qui n’embarrafle pas pour vanner,
le moiflonneur prend une pelle de bois , jette en
l’air le grain mêlé avec la paille du côté oppofé
au vent, afin que la force de celui-ci fépare l’un
d’avec l’autre. Cette opération finie , il mefure
le-bled , & lè porte dans le grenier.
O r CANETTE.
Nous ajouterons à l’article de V or canette (pag. 4^5'
du tom. V ) , que c’eft une plante de la Provence ou
du Languedoc , dont la racine donne une belle
teinture rouge. Il faut préférer celle qui eft nouvelle
& encore un peu fouple. Voici la manière
d’en tirer la couleur.
Il n’y a que l’ecorce‘ de la racine qui four-
nifle de la couleur, & il faut choifîr la plu»
menue. Si elle teint les doigts lorfqu’on l’a maniée
avec un peu de frottement , c’eft une bonne marque.
Vous pourrez teindre avec la racine d’or-
canette toute matière grafle ou fpiritueufe.
Ainfî vous la laiiïerez infufer dans l’huile de-,
noix, dans l’efprit de térébenthine, dans l’ek
prît - dé - vin , &c. ; &• fi vous voulez teindre?