
qu’ils retirent du mélange du labié , en lui fiibiîi- J
tuant une bonne argille cuite, pilée un peu groffiè- J
renient» C ’eft de cette manière qu’on fait les pots ou 1
grands creufets dans lefquels on fond la matière du
Terre dans les verreries.
Il y a de ces creufets qui renflent au feu continuel
de verrerie, & toujours pleins de verre fondu, '
pendant trois femaines & même lin mois entier.
La quantité d’argille brûlée qu’on fait entrer dans
la compofîtion. de ces creufets , varie fuivant la nature
de Fargille, crue : elle peut aller depuis parties
égales jjufqu’à deux, deux & demie , & même trois
parties d’argille cuite contre une d’argiile crue.
En général, plus d’argille crue efl forte. ,. liante
& difpofée à fe cuire ferrée, plus elle peut fiippor-
ter d’argille cuite.
Les creufets que nos fournalifles fabriquent ic i ,
font faits fur ces principes; ils font compofés avec
l ’argille qu’on tire des glaifîères d’Ifly, de Vaugi-
rard & d’A rcueil, qu’on mêle avec du ciment de'
pots à beurre, qui font des terres, de Normandie &
dé Picardie cuites en grès.
Ces creufets rélîflent à merveille à la chaleur fu-
bite & à l’air tirant, fans fe cafièr s & ils feraient
excellens, fi l’argille crue qui entre dans leur com-
pofition , étoit capable de réfîfler à. la grande violence
du feu ; mais , lorfqu’elle y efl expofée, elle,
fe bourfouffle & commence à fè fondre, à caufè de&
matières martiales & pyriteufès qu’elle contient :
d’ailleurs ces creufets , doivent principalement leur
b.bnne qualité de ne point fe caffer , en ce qu’ils
n’ont qu’aflèz peu de denfité ; ce qui efl caufe qu’ils
font -aifément pénétrés -par toutes les matières qui \
entrent dans une fufion très-liquide.
I On voit par ces détails combien il efl difficile
d’avoir des creufets parfaits; il y a lieu de croire,
même que cela efl impoffible. M. Pott a fait un fi
grand nombre d’expériences fur cette matière, qu’il
femble l’avoir .épuifée. Il a fait un nombre infini de
compofîtions, dont la bafè étoit toujours l’argille ;
mais il l’a mêlée en differentes proportions avec les
chaux métalliques, les os calcinés, les pierres calcaires,
les talcs , amianthès , asbefles, pierres-pon- <
çe«, tripoli, & beaucoup d’autres, fans cependant
qu’il ait réfulté dé toûtes ces expériences une eom-
pofîtion irréprochable à tous égards , comme on
peut le voir dans fa diflèrtatibn.
II faut conclure declà que flous en fommes réduits
à avoir dans nos laboratoires des creufets de differente
hature , appropriés aux opérations qu’ôn y
veut faire ; des creufets de Paris, pour-le cas où; il
ne s’agit point de contenir des matières d’une fufion
très-liquide, ni d’opérer au très - grand feu; des-1
creufets de Hefiè pour les mêmes matières , quand 1
elles doivent éprouver un degré de feu ^rès-violent ;
des creufets ou pots de terré cuite en grès pour les
matière» Ytfrefcentes & d’un flux pénétrant. ' -
Il paraît cependant poffible de faire des creufets
encore- meilleurs que tous ceux que nous connbif-
fons , & d’un ufage plus étendu. Le point effentiel
pour y -réuffir., c’eli d'avoir une'bonne argille très-
réfradaire, exempte fur- tout de matières pyriteufes,:
& même de terre ferrugineufe ; il faudrait enfuite
fè donner la peine de la laver pour en féparer le
fable, la mêler exactement avec deux ou trois parties
de la même argille cuite & pilée un peu grof-
fièrement, & en faire une pâte dont on formerait
des creufets dans des moules , & qu’on ferait cuire
enfuite a-un très-grand feu.
A l’égard, des cornues & cucurbkes , comme ces
vaifièaux font deftinés à la dillitiation des liqueurs
ordinairement très-corrofives & très-pénétrantes, on
ne peut guère en avoir d’autres que. de bon & pur
grès.
Manipulation.
La roue & le tour font prefque les feules machines
& les feuls inftrumens dont les potiers de terre fe
fervent pour donner la forme à leur poterie.
On fe fert de la roue pour les grands ouvrages ,
& du tour pour les petits ; mais dans le fond ils ne
diffèrent l ’un de l’autre que par la manière de s’en
! fervir.
La roue des potiers confille principalement dans
la noix, qui efl un arbre ou pivot pofé perpendiculairement
dans une crapaudine de grès qui efl dans
le fond de ce qu’on appelle' temboîturè.
Des quatre coins de cet arbre, qui n’a guere
moins de deux pieds de hauteur, fortent par en bas
; quatre barres de fer qu’on nomme les raies de la
\ roue., qui formant chacune avec l ’arbre des lignes
: diagonales, tombent & font attachées par en t>as
fur les bords d’un cercle de bois très-fort, de quatre
pieds de diamètre, fèmblable en tout aux jantes
d’une roue de carrofie, à la réferve qu’il n’a ni
aiffieu, ni rayons, & qu’il ne tient à l’arbre qui lui
’ fert coiîime d’aiffieu , que par les quatre barres de
fer.
Le haut de la noix efl plat, de figure circulaire,
& d’un pied de. diamètre : c’efl la ou fé pofe le
morceau dè terre glaife qu’on veut tourner. Cette
partie de la noix fe nomme girelle ou tête de la
; roue.
La roue ainfi difpofée efl entourée des quatre
1 côtés de quatre diverfes pièces de bois foutenue»
par un chaffis.auffi de bois-. La pièce de derrière,
! qui n’efl qu’une fimple planche , s’appelle le fiege,
& c’efl en effet où l’ouvrier efl affis en travaillant :
ejjle efl pofée en penchant vers la roue.
La pièce .de devant fur laquelle fè mettent, les
morceaux de terre préparés pour être mis fur la gi-
relie , fe iuwnme le vaucourt : on y met auffi Pou-
Vrage quand il a été -tourné ; ceft une efpèce de
table moins haute que le fiege.
Enfin les deux pièces de bois des côtés, qu’en
termes de l ’art ou appelle les payais , font très-fortes,
& °nt des coches de diflanee en diftance. Comme
elles font difpofées en pente, & appuyées par le
haut contre le fiège de l’ouvrier, il s’en fert pour
y arrêter fes pieds a telle hauteur qu’il efl néceflàire
pour la grandeur du vafe ou du pot qu’il veut tourr
ner.
Au côté droit de l’ouvrier efl le terrât ou terat,
c’efl-à-dire, un auget plein d’eau , dont il mouille
de temps en temps fes mains pour empêcher que la
terre glaife rte s’y attache.
Pour fe fervir de cette roue, le potier ayant préparé
fa terre , & en ayant mis fur la girelle un
morceau convenable à fon ouvrage , fe met fur
fon fiège : il tient les cuiffes & les jambes fort écartées
, & les pieds appuyés fur telles coches des
payens qu’il trouve à propos.
En cette fituation il prend à la main le tournoir;
c’eft ainfi qu’on nomme uii bâton de groflèur & de
longueur convenable & propre à tourner la roue,
en l’appuyant & le pouffant avec force fur les raies
de fer qui la foutiennçnt.
Lorfqu’il trouve le mouvement de fà roue a fiez
v i f , il quitte le tournoir , & ayant mouillé fes mains
dans l ’eau du terrât, il creufe-le-vafe en l’élargif-
fan't avec lès doigts par le milieu , ou bien il lui
donne en aehots la figure qu’il veut, & il à foin de
reprendre' le toürnbir chaque fois que le mouvement
s’affoiblit, & de mouiller fes mains pour acheVer ,
adoucir & polir l ’ouvrage.
Lorfque le vafe fe trouve trop épais, ori fè fert
de Patelle pour en diminuer Fêpaifieur. Cette atelle
efl un morceau de fer plat , d’une ligne ou deux
d’epaiffeur, & de quatre ou cinq pouces en quarré,.
avec un trou au milieu pour le tenir. C’efl par le
moyen de cet outil , qui efl un peu coupant d’un
côté, que les potiers enlèvent ce qu’il y a de trop
de terre au vafe. Il faut mouiller Patelle quand on
s’en fert.
Enfin , lorfque le-safe efl fini, on le détache de
deffus la girelle avec nu fil-de-fer qui a comme deux
mains de parchemin ou de vieille toile, pour qu’il
ne puific- peint bleflèr Vouvrier lorfqu’il le paffe &
le tire par'rdefTpus ie vafe : on l’appelle4a foie,.
Le tour des potiers, dè terre, efl au fil une efpèce
de roue , mais moins forte & moins compdfé.e que
celle que nous venons de “décrire.
Les trojs >rièces principales du tour.font un arbre,
de fer dë-"aü;âtre pieds de hauteur environ,. & de
deux fioutes de diamètre ; une petite' roué de bois
toute d’-'nie pièce :, d’un pouce d’épaifieur & dè.fépt
ou huit de diarnètre, pofée horizontalement au haut
de Parbrertk ;qui fert de girelle ; & une .autre plus
grande roue aufîi de bois & toute d'une pièce, de
trois pouces d épaiffeur & de deux à trais pieds de
large, attachée au même arbre par en bas, & pareillement
parallèle à l ’horizon.
L ’arbre porte, par le pivot qu’il a par en bas,
dans une crapaudine de fer, & eft enfermé par en
haut à un demi-pied, au-deflbus de la girelle, dans
un trou virelé de fer, percé dans la table que l’ouvrier
a devant lui.
Ce font les pieds de l ’ouvrier affis devant la
table, qui donnent le mouvement au tour, en pouffant
la grande roue de deffôus alternativement avec
Pun & l’autre pied, & lui donnant plus ou moins
de vivacité , fuivant qu’il convient à l’ouvrage.
On travaille au tour à-peu-près de la même manière
& avec les mêmes inftrumens qu’à la roue,
avec cette différence néanmoins qu’on a déjà remarquée,
que les grands ouvrages fe font à la roue,
& les petits au tour.
La roue & le tour ne fervent qu’à former & tourner
le corps des vafes & leurs mouàures : les pieds,
les anfès, les queues, les ornemens , s’il y en a , fe
font & s’appliquent enfuite à la mairi. Quand il ÿ a
de la fculpture à l ’ouvrage , elle fe fait ordinairement
dans des moules de terre ou de bois préparés
fcparle fculpteur, à moins que l ’ouvrier ne foit affez
habile pour la faire à la main ; ce qui efl afîèz
rare.
Les potiers de terre fe fervent, pour vernir ou
plomber leurs ouvrages, de mine de plomb calcinée,
de litharge ou de minium; ils prennent indifféremment
celle de ces fiibflances qu’ils ont le
plus à leur proximité & à meilleur marché. Ils,la
broient dans des moulins avec de Peau , pour en
faire une bouillie claire qui s'applique & fe traite
de la même manière que l ’émail de la faïance.
Ces différentes préparations de plomb fe fondent
pendant la cuite dès pièces de terre, & y forment
un enduit vitrifié que Fo'n nomme le vernis.
Le four àè^potiers de terre eft une chambre ronde
plus ou moins grande , qui n’a que deux ouvertu-
tures : favoir, une cheminée dans la partie fupé-
rietire, & une petite porte à un des côtés du four par
où l’on enfôurne la marchandife à cuire.
Lorfque le four eft chargé, on ferme une grande
partie de; cette porte ave.c des briques & de la terre
à four^, êc on conferve.feulement par le bas une ouverture
fuffifante par où l ’on chauffe le four avec
du bois. „
On peut diftinguer trois principales efpèces de
poterie dé terre ; favoir, i° ; la poterie de terre ver-
niflfée, dont nous venons de parler, & dont il y a un
grand nombre de fabriques à Paris, fur-tout au faux-
bourg'Saint-Antoine. Mais les plus belles manufactures
en ce genre font en Languedoc ; on y faii