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On commence par les ouvrir. Les plombiers,
quand ils vont faire ces fortes d’ouvrages-, portent
toujours avec eux plufîeurs pinces de fer, dont l’une
eft ordinairement plus crochue que l’autre ; ils fou-
lèvent avec celle-ci la trape du regard ; enfuite
avec les pinces, c’eft-à-dire avec les deux enfem-
b le , on la fait glifïer fur le pavé pour l ’enlever
entièrement de deflus le regard.
Lorfque le regard fera tout-à-fait ouvert, on
mettra en décharge le robinet, c’eft-à-dire , on en
retirera la clef ; & fi le tuyau eft bon jufqu’à cet
endroit , l’eau fortlra avec force; alors on la remettra
, on fermera ce premier regard, & on paf-
fera à celui qui vient après, qu’on ouvrira comme
le premier , pour y faire la même opération.
Il eft très-facile de mettre un tuyau en décharge
lorfqu’il y a des robinets , pour favoir s’il eft bon
jufques-là; mais comme il n’y en a pas toujours,
i l arrive fouvent qu’on ne peut point y avoir recours
, & qu’on eft par conféquent forcé de fe fer-
Vir d’un autre expédient.
Lors donc qu’il ?i’y aura pas de robinet, il faudra
, pour y fuppléçr , faire une ouverture au
eonduit.
Ces ouvertures fe font en enlevant une plaque
de plomb de la largeur du diamètre du tuyau &
d’environ huit pouces de long, que l ’on trace d’abord
avec le tire-ligne qui, preffé contre le tuyau,
lui lait une première entaille ; on finit enfuite de
couper cette plaque de plomb avec le couteau & la
batte ; par ce moyen , l’on inet une partie de dedans
du tuyau à découvert.
Si le tHyau eft plein d’eau à cet endroit, &
qu’elle y ait un libre cours, ç’eft une preuve que
le tuyau eft bon jufques-là.
Il faudra palier au troîfîème regard ; mais il arrive
fouvent qu’il n’y en a pas, & que la perte
d'eau fe troùve dans cette partie de la conduitei
Il faudra encore recourir à un troîfième moyen,
qui eft le dernier de tous, & dont on ne doit ufer
que dans la dernière iiéceflïté.
Lorfqu’enfin il fera impoflîble, par les expédiens
que nous avons■ donnés plus haut, de découvrir les
endroits des pertes d’eau que les conduites éprouvent
, il faudra en venir aux fouilles.
Ce que les plombiers entendent par fouilles , ce
font des folles qu’ils font à l ’endroit à peu près où
il eft poflible de préfumer que l ’eau fuit.
On voit par-là qu’il doit arriver fouvent de leur
en voir faire beaucoup au hafard & de très-inutile
s, parce qu’il eft impoflîble que cela foit autrement,
fur-tout quand les conduites font fans regards,
comme il y en a plusieurs, ou qu’il y a
très-loin d’uij regard à l ’autre.
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Le,s fouilles ou les folles qu’on fait ordinaire-*
ment dans ces cas-là, font de quatre pieds de long
fur deux pieds de large.
On porte avec foi une bêche pareille à celle
dont on fe fert pour labourer le fable du moule ;
on porte en outre une pince , avec laquelle on enlève
les pavés des rues ou les pierres.
On creufe le folié avec la pioche & la bêche
jufqu’à l’endroit où l’on s’imagine qu’eft à-peu-
près le tuyau.
Il faut prendre garde de ne pas l’atteindre avec
la bêche ou la pioche crainte de le crever; il faut,
pour cet effet, fouiller aux environs pour tâcher
de découvrir pofîtivement où il eff.
Quand on l’a dégagé en entier, on l’ouvre comme
nous venons de le dire.
Quand on n’a pas, cette première fois, rencontré
le défaut de la conduite, on recommence d’autres
foITés de la" même manière, en auflï grande quantité
qu’il eff néceffaire, jufqu’à ce qu’on ait trouvé
l ’endroit defe&ueux.
Opérations nécejfaires pour mettre les tuyaux en
état.
Lorfqu’une fois on a , par les moyens que
nous avons indiqués ci-delîiis, trouvé l’endroit de
la fradure des tuyaux ou il fe fait des ^pertes
d’eau , U faudra faire les réparations qui font né-
ceffaires pour les mettre eh état de refervir & de
reconduire l’eau où il en eft befoin.
Ces réparations eonfîftent i®. à tirer l’eau des
foffés qu’on a ouverts.
z°. A dégorger les tuyaux.
3°. A les refouder dans l ’endroit de leurs fractures.
4Q. A réCombler les fofles qu’on a faits.
Les fradures qui fe font faites au tuyau que
l’on veut réparer, laiflent échapper beaucoup d’eau;
il eft ordinaire que les fofles que l ’on fait fe rem-
plifîènt d’eaü à une certaine profondeur : cela arrive
fur-tout lorfqu’on eft dans la néceflité d’ouvrir
le conduit, dont il fort prefque toujours une eau
allez confidérable.
1 Comme elle nuiroit à l’ouvrier, il faut qu’il com-
i mence par Fen retirer, afin qu’elle n’empêche,pas
l’opération qu’on y croit néceffaire : il eft une façon
de le faire.
On a ordinairement un feau, avec lequel on
puifera l’eau qui s’eft répandue dans le foffé qu’on
a fait, & on la retirera pour le jeter dans le ruif-
feau de la rue. Si alors le tuyau de conduite n’a
, befoin que d’êtve foudé en quelqu’endroît, n’ayant
qiFune petite fradure, il n’y aura qu’à la boucher
Amplement
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Amplement avec de la foudure; fi^ au contraire,
outre cette fradure, le conduit avoit befoin d’être
dégorgé, il faudra s’y prendre de la manière qui
fuit.
Comme ce qui caufe l’interruption de l’eau n’eft
pas toujours une fuite d’eau, & qu’elle provient
quelquefois d’un engorgement de tuyau , occafionné
ou par des queues de renards, qui eft une longue
traînaffe de racines, formée avec le temps dans la
Conduite, ou par le limon que l’eau y a dépofe,
il fera néceffaire d’employer, pour les dégorger,
plufieurs inftrumens dont les plombiers ont coutume
de fe fervir. Nous commencerons par le tampon,
puifque c’eft le premier dont ils faffent ufage.
Ce que les plombiers appellent tampon, eft un
bouchon de bois plus ou moins gros, qu’ils adapc
tent à l’orifice du tuyau qu’ils veulent dégorger,
& avec lequel ils le ferment hermétiquement.
Il reffemble à-peu-près à une clef de cuve un
peu confidérable : ils en ont un certain nombre ;
mais ils ne conviennent pas à tous les tuyaux : ils
prennent celui qui y va le mieux: enfuite ils l ’enveloppent
de chanvre , & par-là ils ont la facilité
d’augmenter ou de retrancher fa groffeur félon
que cela eft néceffaire ,. quelquefois même ils
l ’entourent d’un torchon, quand le tuyau eft
d’un fort diamètre.
Après qu’ils l ’ont ainfi dîfpofé, ils l’enfoncent
dans le tuyau avec la batte, pour qu’il le bouche
tout-à-fait.
L ’effet de cet infiniment eft de réunir une
grande quantité d’eau dans le tuyau que 1 oi) veut
dégorger, en lui formant tout paffage, afin qu’en
le retirant après un certain temps, les eaux accumulées
fortent avec force, & entraînent tout ce
qui fe rencontre fur leur paffage; mais ce moyen
ne leur réuflit pas toujours.
Quand le tuyau eft plein, & que l’eau n’a pas
la facilité de s’y introduire, parce que tous les
paffages lui font bouchés , elle n’acquiert jamais
affez de vivacité pour opérer cet effet : de là vient
qu’on eft obligé de recourir à un autre infiniment
qui pénètre dans le dedans du tuyau, & qu’on nomme
la fonde.
Nous avons déjà parlé de deux fondes pour le
dégorgement des tuyaux de maifons ; mais la fonde
des fontaines ne leur reffemble pas : elle eft tout-
à-fait différente.
Celle-ci eft faite de plufîeurs baguettes dé fer,
greffes environ comme le petit doigt, 8c unies
l ’une avec l ’autre- par deux anneaux qui entrent
l ’un dans l ’autre.
Au bout de Cette fonde eft un tire-bourre pour
arracher tout ce qui fe trouve à fon paffage. Elle
n’eft point embarraffante , parce qu’on peut la plier
Arts & Métiers. Tom, Kl»
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fort aifément: on la met, quand on veut, fous le
bras.
On volt par-là qu’il eft tres-facile de la portée
d’un lieu à un autre , par-tout où Fou peut en avoir
befoin.
Quand il y a des robinets au-deffus des regards
ou des foffés qu’on a faits, on commence par les
mettre en décharge, c’eft-à-dire , par détourner
Feau.qui pafïoit par le tuyau qu’on veut fonder,
en lui donnant un autre chemin ; ou s’il n’y a point
de robinet, il faudra boucher avec le tampon ou
autre chofe l ’entrée du tuyau, afin que 1 eau n y
paffe pas, & ne gêne pas l ’ouvrier.
Quand donc le foffé fera affez vuidé pour que
Fon puiffe y travailler, & qu’il n’y viendra plus
d’eau, on fera entrer la fonde dans le tuyau par
fon tire-bourre.
Cette opération demande de l ’adreffe : on doit
avoir l’attention de la tourner toujours du meme
côté quand on l ’enfonce, & du côté contraire quand
on la retire.
On doit faire cela avec un peu de force , mais
en même temps avôir grande attention de ne pas
crever le tuyau avec le tire-bourre de la fonde.
Il faut que le poignet fente quand la diredion
qu’on lui donne eft droite ou faufle ; lorfqu’on s ap-
percevra quelle eft prife à la queue du renard ou
au limon qui engorge le conduit, alors on la retirera
à fo i, pour entraîner avec elle ce qui bou-
choit le paffage de l’eau : on y reviendra à plufieurs
fois, après quoi Fon remettra la cle f ou la
poignée du robinet qu’on avoit enlevée pour le
mettre en déchafge, & l’on bouchera en outre par
le moyen du tampon le dedans du tuyau du côté
qu’il a été foudé : on laiffera remplir le tuyau; on
retirera enfuite le tampon ; le refte du limon, que
la fonde n’a pu emporter, étant chargé par Feau ,
fortira par l’ouverture qu on a faite au tuyau en
forme de longs boudins ; & le tuyau étant entièrement
dégorgé, Feau reprendra fon cours.
Si cela rie fiiffit pas, il faudra ufer d’un troîfième
infiniment qu’on nomme le fiphon,, que tout
le monde connoît, poür précipiter le cours de
Feau , & forcer tous les obftaeles qui fe rencontrent
en fon chemin.
Le fiphon s’emploie aufli pour le dégorgement
des tuyaux. Voici comment cela fe fait.
On fuppofe, par exemple, qu’on veut dégorger
le tuyau d’une cuvette de conceflion ;■ on plonge
dans Feau du réferyoir les deux branches renver-
I fées , c’eft-à-dire, de telle manière que l’eau puiffe
y entrer & eu remplir la concavité ; on les redreffe
enfuite en bouchant avec les deux pouces l ’orifice
de chacune de ces dèux branches : on pofe la plus
courté , c’eft-à-dire « la branche dans le refervoir s
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