
Autres pâtes moulées.
On réduit des rognures ide papier blaric ou Brun
bouillies dans de Peau & 'battues dans un mortier ,
en une pâte qu’on mêle enfùite & qu’on fait bouillir
avec une folution de gomme arabique ou de colle,
pour lui donner de la ténacité.
On fait avec cette pâte différens bijoux, en la
preflant dans des moules huilés.
Quand cette pâte eft sèche , on l ’enduit d’un
mélange de colle & de noir de fumée ; après quoi
on la vernît.
Vernis noir pour'les ouvrages de pâtes.
L e vernis noir pour ces bijoux eft préparé de la
manière fùivânte.
On fond dans un vaifleau de terre vërnifle, un
peu de colophane ou de térébenthine bouillie, jufqu’à
ce qu’elle devienne noire & friable.
On y jette par degrés trois fois autant d’ambre
réduit en poudre fine, en y ajoutant de temps en
temps un peu d’efprit ou d’huile de térébenthine.,
Quand l’ambre ell fondu, on fàupoudre ce mélange
de la même quantité de farcocole, en continuant
de remuer le tout, & d’y ajouter de l’efprit
de vin, jufqu’à ce que la cômpofition devienne
fluide; après cela on la pafîé à travers une chauffe
de crin clair , en preflant la chaufle doucement
entre des planches chaudes/
Ce vernis' mêlé avec le noir d’ivoire en poudre
fine, s’applique, dans un lieu chaud, fur la pâte de
papier séché que l’on met enfùite dans un four fort
peu chauffé ; le lendemain , dans un four plus
chaud ; & le troifîème jour dans un four très-chaud.
On l’y laifle chaque fois jufqu’à ce que le four foit
refroidi.
La pâte ainfi vernie, eft dure , brillante,- durable,
& fùpporte dès Tiquèùrs froides ou chaudes.'
Ce vernis, très-brillant & très-folide , eft celui
qu’on a imaginé en Angleterre, pour imiter ces
vaifleaux également légers & forts que les japo-
nois ont coutume de fabriquer , tels que dés plats , i
jattes , baflSns, cabarets, & dont les uns paroifïènt
faits avec de la fciure de bois, & d’autres ayec du
papier broyé.
Voici la méthode détaillée qu’on fuit pour les"
contrefaire.
Pâte pour faire des yajes à la maniéré des
Japonojs. .
On fait bouillir dans l ’eau la quantité, qu’on veut ,
de rognures & de morceaux de papier gris ou blanc ;
on les remue avec un bâton tandis qu’ils bouillent,
jufqu’à ce qu’ils foient prefque réduits en pâte.
' Après . les’ avoir, retirés de l ’eau , on les broie
dans un' mortier jufqu’à ce qu’ils ne forment plus
qu’une bouillie fèmblable à celle des chiffons qui
ont pafle par les piles d’un moulin à papier.
L ’on prend enfùite de la gomme arabique, &
l’on en fait une eau de gomme bien forte dont on
couvre la gâte de l’épaifleur d’un pouce.
On met le tout enfemble dans un pot de terre
vernifle, & on le fait bien bouillir en ne cefiant de
remuer'jù {qu’à ce que la pâte foit fùffifàmment imprégnée
de colle ; après quoi on la met dans lé
moule qui doit être fait comme on va le dé-,
crire.
Si vous voulez, par exemple, faire un. plat, ayez
un morceau de bois bien dur que vous ferez travailler
par un tourneur, de manière qu’il puifle emboîter
le dos ou coté extérieur d’un plat. Vous y ferez pratiquer
, vers le milieu, un ou deux trous qui parferont
au travers du moule. Vous aurez outre cela
un autre morceau de bois dur auquel vous ferez
donner la forme d’un f’plat, & feulement une ou
deux lignes de diamètre moins que l’autre.
Frottez-bien d’huile ces moules du coté qui a
été tourné ; & continuez jufqu’à ce que l’huile en
découle : ils feront alors dans l’état qu’ils doivent
être.
Quand vous ferez prêt à pratiquer votre vafè de
pâte, prenez le moule percé de trous, & après l’avoir
huilé de nouveau, pofez-le à plat fur une table
folide. Etend@z-y votre pâte le plus également
que voùs pourrez, de manière qu’il y en ait environ
trois lignes d’épaifleur ; enfùite huilez bien votre
fécond moule, & le pofant bien exactement fur la
pâte, appuyez deflùs bien fort ; mettez-y un poids
bien lourd, & laiffez-le dans cet état pendant vingt-
quatre heures*
Quand cette pâte fera sèche, elle fera aùfïi dure
que du bois; alors on y àpliquerà le fond qui fera
fait avec de la colle & du noir de lampe.
On laiflera sécher à l ’air ce plat ; & quand il
fera "bien fèc/on appliquera le vérnis ci-déflùs, fi
l’on veut donner un fond noir à l’ouvrage.
C ’eft par cette méthode qu’on fabrique ces boîtes
de carton ,, ou tabatières; vernies qui ont eu tant de
;vogue ,:parce que le vernis que Martin, & autres
artift.es, donnoient à ces:,,boîtes., ctoit d’un très-
beau brillant & fans odeur.
Pâte de fciure 4e bois,
Pour mouler des vafèsjaveC. de la fçiure de-bois ,
on prend de la fciure fine, sèche'; on la réduit fur
le feu eu pâte, en y mêlant, de ^térébenthine,
de la féline & de la cire ; cette operation fe doit
faire en plein air, de peur que la matière ne s enflamme.
On met cette pâte dans les moules, comme
on l’a dit ci-deffiis, & on fuit les memes procédés
f pour les vernis.
Lorfqu’on veut donner aux vafes une couleur
rouge, on met du vermillon dans le vernis.
On trace fur les vafes les deftins que l’on délire ;
on applique un vernis par-deflùs ; & on y trace des
filets ‘d’or ou d’argenr, avec dès feuilles appliquées
& retenues par un mordant.