
P A T E N O T R I E R - (. Art du )
P a t e n ô t r e , terme dont on fe fert pour expri-
mer un chapelet, parce qu’outre les grains~dont il
eft compofé*, il y en a , de diftance en diftance, de
plus gros les uns que les autres, fur le (quels on
récite le Pater no fier ou l’oraifon dominicale ; au
lieu que (ùr les petits grains on ne dit que Y ave
Maria ou la (alutation angélique.
L ’ouvrier qui fait, qui enjolive & vend toutes
fortes de chapelets fe nomme Patenôtrier.
Les grains de ces chapelets qui Ce nomment
aufli patenôtres, fefaifoient de différentes matières
comme d’or , d’argent, d’acier, de cuivre , d’yvoire,
cPécaille, de corne,de bois, d’os d’animaux , d’émail
, de verre, d’ambre ^ de jay , de corail, &c.
Les grains d’yvoire, d’écaille, de corne, d’os , de
bois , ou de corail, fe travaillent (ùr le tour,
comme on peut le voir dans les planches de l ’art
du patenôtrier ( tom. IV. des gravures ) dont nous
donnons ci-après la defeription.
L e négoce ou la fabrique de la patenôtrerie
étoit autrefois très-confidérable en France, même,
fous le règne de Louis'XIV. Ce prince, comme |
l ’on fait , ne fe fervoit point de livre pour fes
prières, il difeit fort dévotement fon chapelet. A
fon exemple, les feigneurs & les dames de (a cour,
& la plupartt des perfonnes dévotes de la v ille ,
avoient des chapelets ; ce qui entretenoit la communauté
de patenôtriers à Paris.
Mais l’inftruâion plus généralement répandue ,
ayant fait (ùccédçr la le&ure à l’ufage du chapelet,
il a fallupourvoir au peu de travail des patenôtriers ;
ils ont été réunis (ùivant les objets particuliers de .
leur fabrique, les uns avec les émailleurs , les autres
avec les maîtres, verriers fayanciers , & plu-
fieurs qui ne faifoient que le commerce de chapelets
, (ans être fabricans, avec les marchands
merciers.
Au refie , par l ’édit du n août 1776 , les patenôtriers
(ont au rang des communautés qui ne
font aflùjéties qu’aux réglemens ordinaires de police.
Voye£ ce qui en eft dit à l ’art de l’Email-
leur, tom. II. pag. 424, de ce dictionnaire.
Les patenôtriers (ont aufli en poffeflion de tourner
en bois, corne ou autre matière, des boutons ,
ou des moules de boutons.
Le travail de la patenôtrerie confîftoît encore
à faire des colliers pour les femmes d’une condition
à les porter ; car dans les tems reculés, le
collier étoit en quelque (orte. une marque diftinc-^
tive des conditions.
Pâtes compofées pour les'chapelets & colliers.
Des pâtes compofées de diverfes poudres • & mélangées
de parfums plus ou moins précieux, felon
leur deftination , fervoient également à la fabrique
des chapelets & des coliérs. Les patenôtriers après
en avoir formé des globules, les perfedionnoient
dans des moules ; fouvent ils les argentaient extérieurement,
croyant imiter l’orient de la perle naturelle
; quelquefois ils teignoient les pâtes en jaune
, en rouge , en noir , en brun , &c. (ùivant
qu’ils vouloient repréfenter des grains d’ambre,
de corail, de jayet & de coco, matières qui étaient
aufli du relfort de la profeflion, & qu’ils façon-
noient (ùr le tour.‘ils tournoient pareillement l’albâtre
& la nacre de perle.
i Procédés pour faire des' pâtes de diverfes couleurs &
de diveêfes odeurs.
On met fondre de la gomme arabique dans
des eaux odorantes , comme de jafmin , de
rofes , d’orangés ; on y \ ajoute de la poudre de
' ciment ou d’ardoife paffée au tamis , & diverfes
(ùbftances odorantes telles que du ftorax, du benjoin,
de l’encens, de la poudre d’iris , de Chypre, de
l’ambre gris ou du mule.
On fait avec chacune de ces (ùbftances, ou plu-
fîeurs -combinées enfemble, des pâtes que l’on pétrit
en grains, & auxquels on donne telle forme que
l’on délire avec un moule : on peut faire aufli ces
pâtes avec des fleurs , comme les rofës féchées &
réduites en poudre, ou des poudres de bois odorants
omcolorés,, & mêlés avec de l’eau dégommé
adragante.
*
On perce ces grains nouvellement faits avec une
aiguille de fer. Lorlqu’ils (ont fecs, on les polit
en les frottant & roulant l’un après l’autre (ùr un
linge trempé dans de l’huile d’alpic où l’on a fait
fondre un peu de colophane, ou avec un morceau
de drap enduit de cire jaune.
Les grains noirs Ce font avec de la poudre d’ar-
doife tuméfiée, ou de la fciure de bois d’ébène '.très*
. fine.
Les grains roux fe font avec de la poudre de ciment
ou de la fciure de bois d’Inde ou autre approchant
du rouge.
Les
P A T
Les grains jaunes avec de la (chire de buis bien
Les chapelets grisâtres avec de la fciure de poirier
ou de chene.
Les chapelets marbrés avec ces différentes poudres
mêlées enfemble..
Les grains blancs mec de la poudre d’iris, un peu
Ue craie blanche, ou de la fciure de bois de fapin
ou bois blanc.
Defcription des deux planches de Fart du Patenôtrier,
Tome IV d e s Gravures.
P L A N C H E P R E M I È R E .
Ouvrages & Outils.
Le haut de cette planche repréfente un attelier,
où plusieurs ouvriers font occupés à la fabrique des
patenôtres. -
L ’un en <z, à fendre un os (ùr un billot avec
un coin.
Un autre en b , à drefler à la ferpe un fragment
d’os.
Un autre en c , à arranger ces fragmens en pièces
parallèles pour, en faire des grains^»
Un autre en<(, à percer ces parallèles aurouêt.
un autre en e , à les tourner.
Bas de la planche.
Fig. 1 , os entier.
Fig. 2 .& 3 , os dont on a coupé la tête,
Fig. 4 , os feié.
Fig. I , os fendu.
Fig. 6 8c 7 , petits os fendus.
Fig. 8 , feie ; A , la tige ; BB , les branches ; C ,
le fer de la feie ; D , le manche.
Fig. p , ferpe ; A , le taillant ; B , le manche.
Fig. 10, maillet ; A , le maillet; B., le manche.
Fig. . 11 , coin à pointe; A , la pointe; B , la
tête.
Fig. 12 , coin à cifeau ; A , le cifeau; B , la
| tête. .
Fig. T3 , une noix de coco.
Fig. 14 , une larme de job.
Fig. 15 , 16 & 17, grofles patenôtres.
Fig. 18, IJ , 20 , 21 , 22, 23 , 24 & 2f , différentes
petites patenôtres.
Arts & Métiers. Tom. VI.
P A T 8 9
P L A N C H E I L
Fig., 1, rouet Apercer les patenôtres.
A-, la roue; B B , les (ùpports; C , la mani-
velle;D , l’établi;E,le pié; F F , les poupées; G ,la
broche.
Fig. '2 & 3,’poupées de l’établi du rouet à percer.
A A , les (ùpports ; B B, les trous de la broche ;
C C , les clés.
Fig. 4 , broche’ à tourner les grains ; A , la broche;
B , la poulie ;:C G, les grains.
Fig. 5 , gouge à grain d’orge à tourner ; A , le
taillant, B, lé manche. 1
Fig. 6 , grain d’orge d’une autre forme a tourner,
A , le taillant ; B , le manche.
Fig. 7 , grain prêt à tourner. A, la’broche ; B , la
poulie ; C , le grain.
Fig. 8 ^ o u et à tourner. A , la roue, B B, les
(ùpports ; C , la manivelle ; D , l’établi ; E , le pié ;
F F , les bordures ; G G , les poupées ; H , le grain, v
monté.
Fig. p , portion de l’établi dilpofé à polir les
patenôtres ; A, l’établi ; BB, les bordures ; CC , les
poupées ; D D , les tafîeaux ; E , la poulie.
■ Fig. -1 p-,- portion de l’établi dilpofé à percer les
patenôtres ; A , l’établi; BB, les bordures; C , la
poupée ; D ,' la poupéé de la broche ; F, la poulie ;
G , le (ùpport.
Fig. 11 , portion de l’établi dilpofé à tourner les
patenôtres ; A , l’établi ; BB, les bordures ; C C , les
poupées; D D , les taffeaux ; D , E , la poulie ; F , les
patenôtres montées; G , la barre du (ùpport; HH ;
les Vis de la barre du (ùpport.
Fig. 12 > (ùpport à feier les os; A ; le (ùpport,
B , la clé.
Fig. 13 , patenôtres montées ; A , les patenôtres ;
, B , la poulie ; C , la broche.
! Fig. 14 , broche à percer ; A , la broche ; B , l’embafe
; C , la poulie.
Fig. 1 $ , l’une des poupées ; A le corps de la
poupée; B, la queue; G , la clé; D , le trou de
la vis.
Fig. 16 , poupée à broche; A , la poupée; B , les
trous de la broche ; C , la clé.
Fig. 17 , pinces ; AA , les mords ; BB , les
branches.
Fig. 18, (ùpport coudé.; A , la pointe ; B , le
coude.
Fig. 1 p , barre du (ùpport; A , l’entaille; BB ,
les trous de vis.
Fig. 20 & 21 ; vis à tête ronde - de la barre du
(ùpport ; AA, les vis ; BB, les têtes.