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figure cette énorme bougie, abforbant une multitude
de rayons lumineux, répand une ombre eonfidérable
fur la table où cette lampe eft pofée ; à quoi l’on doit
ajouter que ces pompes à reflbrts font fujettes à de
frequentes réparations , inconvéniens dont font
exemptes les pompes a feringue, & que dans la
nouvelle conftru&ion de l’artiftfe en queftion, le
refervoir ne pouvant contenir que peu d’huile ,
il faut pomper au bout de trois quarts d’heure au
plus ? au lieu qu’en adaptant le triple cylindre au
bras communiquant avec le réfervoir, le peu de
diamètre de ce cylindre n’empêche pas la table
de recevoir toute la lumière de la mèche, & le
réfervoir ayant beaucoup plus.de capacité, fournit,
ainfi qu’il a été d it , pendant plufîeurs heures de
fuite, fans devoir faire jouer la pompe ; d’où il
refulte que ce que cette lampe perd du côté de
la forme, eft avantageufement compenfé du côté
d une utilité très-marquée , vérité, qui fe trouvera
manifefte en les comparant quant à leurs effets.
- D ’ailleurs, celle-ci eft préférable à la lampe totalement
de mon invention , en ce que l ’on peut y
brûler l’huile la plus commune, fans qu’elle donne
de mauvaife odeur ; au lieu que ma lampe à miroirs
requiert l’huile la plus fine, & demande en
outre plus de foin pour la taille des mèches que la
lampe d’argent.
J’ajouterai que cette dernière acquerra l’avantage
de l’autre en plaçant derrière la lanterne de verre
un miroir concave de métal amatti au lieu des miroirs
polis que j’employois ; mais dont je modifiois
l ’éclat par un dôme dont la concavité étoit amattie
par du mercure.
Au refte, la lampe d'argent, combinée avec la
mienne, a , ainfi que ce lle -c i, l’avantage que le
furplus de l’huile qui inonde la mèche lorfque l’on a :
donné quelques coups de pompe de trop , retourne
au magafîn fitué dans le pied à l’aide d’un petit entonnoir
placé à un pouce de la partie inférieure du
cylindre, lequel j’ai converti dans une forme ovale.
Lorfque' je n’emploie que le tiers de ,1a mèche ordinaire,
il y a moins à craindre par ce moyen , que la
flamme ne faflV éclater le verre ; la pointe de la
mèche fe rapprochant pour lors du centre de cette
lanterne.
Je dirai , en faveur de ceux qui aiment à con-...
noître la caüfe produdrice des merveilleux effets
de la lampe d’argent, que la dodrine moderne des
différer.s airs me paroît affez bièn expliquer ce mé-
chanifme , en ce que le courant d'air atmofphérique
qui traverfe le tuyau qu’entoure la mèche allumée
en fe déphlogiftiquant, c’eft-à-dire ’, en .acquérant
par-là plus d aéUvité, & en convertîfiant en flammes
les vapeurs fuligineufes qui s’exhalent des lampes
ordinaires, il produit une lumière pure, & la prive
de fes mauvaifès odeurs.
Uu autre avantage eonfidérable de la lanterne de
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verre qui entoure cette mèche, c’eft d’emplcher ïa
vacillation de la lumière, de l ’adoucir, de la modifier
par les réfradions qu’elle efluye dans les parois
du verre : le garde-vue de taffetas vert achevé
de la rendre favorable aux vues tendres. Il n’y a
donc pas d’exagération à dire, qu’une lampe, dont
la pompe à feringue eft construite félon les principes
que j’ai indiqués, produit plus d’effet que deux
bougies, ou que deux chandelles, ces vrais opprobres
des cabinets d'étude.
Quant à ceux qui défirent moins de lumière St de
depenfe en huile, ils peuvent fe contenter du tiers
de la mèche, n’étant pas, comme on lé croit, né-
ceflaire qu’elle entoure l’anneau auquel on l’afïu-
jettit ; rédudion qui, à la vérité , rte conviendroit
pas-dans les lampes d’argent qui font cardaniques, où
il eft à craindre qu’elles n’afpirent pas affez d’huile
-fèrvant d’aliment à la mèche.
Mais j’apprends que l’enchantement qu’oecafion-
noit la lampe d’argent à gros cylindr^ , figurant un
meuble affez élégant, commence à s’évanouir, vu
fa dépenfe eonfidérable en huile.
Cette lampe éclaire mieux le plafond de
la chambre que la table à laquelle cette lumière eft
principalement deftinée.
Ce n’eft pas que je ne convienne aufli que cette
lampe à gros cylindre n’éclaire affez bien un appartement,
mais, elle éclaire moins bien une table à
écrire, & c’eft cellé-ci que j’ai eu principalement en
vue dans cette notice.
L’on doit s’attendre à une grande confommationt
d’huile, eu égard à la circonférence que doit avoir
la mèche, pour que fa lumière ne reffemble pas à
celle des lampes fépufcraies j il n’en eft pas de
même de la lampe a bras , dont le cylindre d’un
petit diamètre .requiert peu de mèche.
Comme cependant ces lampes font encore trop
dépenfières pour le commun des particuliers, j’ai
dit plus haut qu’au lieu d’une mèche qui entoure
l’anneau auquel ' elle eft affujettie, il fufSt qu’elle
fo'it réduite à un tiers de fa largeur ; en ce cas elle
donne encore une lumière fuffifante , très-amie de
l ’oeil , & qui exempte d’impureté d’odeurs , ne
confume pas. plus d’aliment que les lampes ordinaires.
Voici la méthode bien fimple que Remploie à cet
effet ; je trempe le ruban de coton dans un mélange
de quatre'parties d'huilé, 6* une partie de cire
fondue.
L ’on peut y ajouter tant foît peu de térébenthine.
Lorfque le ruban eft refroidi., j’en C o u p e une
languette de fix lignes à-peu-près de largeur, que
j’anujettis autour de l’anneau de la même maniéré
que l ’on fait ce ruban non préparé.
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Outre que par la rédudion de cette mèche, fa
préparation en eft facile, l’on, évite que la quantité
de mouchures auxquelles font lujettes ces fortes de
lampes, n’dbftruent les intervalles des petits cylindres,
& n’en arrêtent à la fin la fondion.
L a languette étant allumée, fe confume tranquillement,
& donne la plus belle lumière, fans
être aufli éblouiffante que celle de ces lampes
d’abord fi vantées ; mais cette méthode ne m’a pas
réufli avec les lampes cardaniques , & encore moins
avec celles à gros cylindres droits-, quoique celles-
ci foient à pompe.
Cette rédudion des' mèches préparées ne convient
qu’aux lampes à bras, où l’on fait monter
l ’huile, par le moyen d’une pompe d feringue ; j’ef-
tkne donc que, moyennant la corredion que j’indique
, d’après, des expériences duement confta-
tées, cette lampe, dite d’argent 3 doit être juf-
qu’ici réputée ce qu’il y a de mieux pour éclairer
dans les ténèbres , fur-tout dès que l’on ne veut
pas adopter la lampe à miroir dont j’ai déjà donné
la defeription.
Un peu de mèche de coton très-fin &> élargi,
afïùjettr à l’anneau en queftion, réuflit affez bien;
mais a c.aufe de la mollefie de la matière , l’on
ne peut l ’élever aufli facilement à l ’aide du fil de
laiton que la languette de mèche enduite de cire
& d’huile^
Il eft important, pour que la lumière foit pure,
que fa points monte feulement jufqùes vers le milieu
de la lanterne de verre, au moins de trois pouces I
de diamètre, & que l’on nettoie de tems en tems
cette dernière avec du petit blanc d* Anvers, ou quelque
matière crayeufe.
P. S. Pour ne rien ïaiffer à defirer fur cet objet,
j’ajoute que l’on peut obtenir à l ’aide de cette nouvelle
lampe d'étude , une plus grande lumière , en
plaçant derrière la lanterne de verre , un petit miroir.
concave de métal poli argenté , en le dirigeant
de manière qu’il la répande fur la table.
S’il eft vrai que dans le cas des lampes ordinaires
, où la lumière eft vacillante, ce vice eft augr
menté étant réfléchie par ce miroir , il n’en eft plus
de même dans la lampe dite d! argent, où la lumière
infiniment plus tranquille s’accroît fans fatiguer la
vue; ce qui arrive d’autant moins, qu’elle eft adoucie
par le cylindre de verre, & le taffetas du garde-
vue ; j’eftime donc que moyennant cette dernière
correéfon, cette lampe donne la lumière la plus
approchante de celle du jour.
L im o n a d e en p o u d r e .
Les marins & ceux qui font des voyages de long
cours fur mer font, comme l’on fait, expofés à
être attaqués du feorbut. Les acides font les prefeiÿatifs
les plus puiffans contre cette maladie ;
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le règne végétal fourniroit plufiéurs acides falu-
taires ; mais réduits en confîftancede firop , ils font
fujets à fermenter.
On a imaginé de préparer une limonade en
poudre, qui, enfermée dans des bouteilles , peut
fe tranfporter fans fouffrir la moindre altération. Les
navigateurs qui ont fa:t le tour du monde ont dû
le falut de leur équipage à l ’ufage de cette poudre
précieiife.
Les perfonnes qui habitent les campagnes, &
qui pendant les chaleurs de l’été ne font point
à portée de fe procurer des citrons, peuvent préparer
eux-mêmes cette limonade en poudre , dont
voici le procédé.
IL confifte à prendre trois gros de f l ejfentiel
d'ofeil, ( feï étranger qui nous vient par la voie
du commerce ) puis une livre de fucre.
On réduit le fel effentiel d’ofeil en poudre fine ,
que l’on mêle evec le fucre royal en poudre fine ; on
ajoute à ce mélange huit gouttes d’huile effentielle
de citron , dont l ’effet eft de donner à ce mélange
l’odejir & le goût de la limonade; on la
met dans des bouteilles, où elle fe conferve très-
bien.
Pour, en faire ufage, on délaie une once de
cette poudre dans une chopine d’eau ; on agite
le mélange, les fel s fe diflolvent, l ’eau devient
’ louche, a le coup-d’oeil de la limonade , & s’en
rapprocheunpeu. Mais nous avons'trouvé que l’huile
effentielle qui y domine, lui communique une
âcreté défagréable , en forte que cette boiiïon nous
paroît devoir être plutôt regardée, comme la diffo-
lution du fel d’ofeil aromatifé, que comme une
vraie limonade qui feroit faite avec le jus de citron.
Au refte, cette liqueur fecondaire, par la^faci-
lité qu’elle a à fe conferver, & par *es propriétés
qu’on lui a reconnues contre la gravelle, fera toujours
d’une très-grande utilité.
Le jus exprimé des citrons, & mêlé avec le
fucre, forme un fyrop qui, à la vérité , fe conferve
moins bien, mais donne une boiffon qui eft
la véritable limonade , fur-tout s’il n’y entre point
d’huile effentielle.
L i t s d ’ a i r ou d e v e n t .
L ’induftrie humaine fe modifie fous mille formes
; diverfes dans l’emploi des produirons de la nature ;
voici des lits plus doux , plus mollets, que les
meilleurs lits de plumes ; c’eft l ’air même que l’on
recueille pour en former ces lits fi délicats , d’un
reflort fi doux, qu’il femblé que le corps ne re-
pofe fur rien ; ces lits fi agréables joignent l’avantage
d’être plus frais dans l’été , que les lits de
plume, d’avoir un reflort qui ne s’altère jamais,
ce qui les rend fur-tout utiles pour des perfonnes
malades 8c infirmes, dont les reins ne s’y échauffe-
Z z z z z