C ’eft une grande roue dont les . rayons s’élèvent
de la circonférence jufqu’à une efpèce de moyeu ou
billot tournant aifément fur fon pivot, & dont la
furface eft fort unie. Cette roue eft mile en mouvement
par le potier avec un bâton.
R o u l e a u ; c’eft de la terre maniée en rond, de
longueur ; ce qui la rend différente des ballons qui
font maniés en motte.
Scie j lés potiers nomment ainfî un fil-de-fer
avec lequel ils détachent leur ouvrage de deflus le
tour.
Sécher , eft l’aâion de laifTer évaporer l’eau que
la terre renferme. Il faut, pour cette opération,
éviter, le foleil & le grand air qui feroient crevafTer
l ’ouvrage , ainfî que le f e u f i on l’y mettoit encore
humide.
SifiGE j c’eft une planche un peu penchée en
devant, placée derrière la roue, fur laquelle s'af-
fîed l’ouvrier quand il veut tourner un vafe, ou
quelqu’autre ouvrage de -poterie. Cette planche a
des deux côtés deux pièces de bois qu’on nomme
des payens , qui font fendues en hoches , de dif-
tance en difiance , pour lui fervir comme de marche
pied. C ’efl fur ces hoches que l’ouvrier met fes
pieds lorfqu’il travaille, ce qui les lui tient fort
écartés l’un dé l ’autre, pour qu’il ait plus de facilité
à fe fervir du tournoir, avec lequel il donne le
mouvement- à fa roue : les payens font mis en penchant
anfli-bien que la planche.
Souder ; c’efl l’adion d’appliquer une partie au
corps d’une pièce , comme corne, pied, manche ,
&c.
T erra ou T éra ; on nomme ainfî en terme de
potier de terre, un auget de terre plein d’eau que
ces ouvriers, quand ils travaillent quelqu’ouvrage
à la roue, tiennent auprès d’eux pour y tremper de
temps en temps leurs mains, & l’inftrument qu’ils
nomment une attelle y afin que la' terre-glaiie ne
s’y puiflè attacher.
| . A
T e r r a i l l e , poterie aflez fine, jaunâtre ou grisâtre
qui fe fabrique à Efcrome- près le pont du
Saint-Efprit, petite ville de France fîtuée fur le
Rhône ; les faïenciers de Paris l’appellent terre du
Saint-Efprit.
T erre a feu > on nomme ainfî une terre de
poterie qui peut fupporter fans fe caflër l’alternative
fubite du chaud & du froid.
T errine y ouvrage de poterie qui a le bord rond,
qui eft creux , qui n’a ni pieds, ni anfes , & qui depuis
le haut jufqu’au fond , va toujours en rétré-
ciflant.
T ir ré-lire , forte de petit pot de terre rond ,
creux & couvert, qui n’a qu’une petite fente par le
haut ; on s’en fert à mettre de l’argent, dont on
veut ignorer la fomme ; & pour avoir cet argent,
on eft obligé de calfer la tire-lire.
T our. Les’potiers de terre donnent ce nom à
une des roues fur lefquelles ils tournent & forment
les ouvrages de poterie qui doivent être de figure
fphérique ; c-’eft fur ce tour que le font les petits ouvrages*;
les grands s’exécutent fur la roue.
T ournoir ; c’eft un bâton de grolfeur & de
longueur convenable , & propre à tourner la
roue en le pouffant fur les raies de fer qui la
foutiennent.
T r é z a l é j ( porcelaine & poterie) fe prend dans
le même fens,qu’en peinture. Une porcelaine &
morceau de poterie eft trézalé , lorfque la couverte
s’eft fendue & gercée. Il n’y a guère d’uftenfîles de
cuifîne en terre verniffée, qui ne fe trézalé a. la
longue, ce qui prouve que la longueur & la violence
du feu peuvent être compté parmi les caufes de cet
effet.
Vaucour; les potiers de terre nomment vaucour^
une efpèce de table ou de large planche, foutenue
fur deux piliers, placés devant la roue dont ces
ouvriers fe fervent pour tourner leurs ouvrages* de
poterie : c’efl fur le vaucour qu’on prépare & qu’on
arrange les morceaux de terre glaife.
V ernis ; efpèce d’enduit brillant que l ’on met
fur les ouvrages de poterie & fur ceux de faïence.
Le plomb fert à la verniflïire de la première, & la
potée pour verniffer l’autre.
V e r n i s s e r ; chez les potiers de terre, c’efl donner
à la poterie avec de ,1’alquifoux ou bien du
plomb fondu, une efpèce de croûte ou d’enduit
lifte ou brillant. On dit. pareillement verniffer la
faïence, ce qui lignifie fe fervir de la potee pour
lui donner l’émail.
O U D R E A C A N O N .
( A r t de fabriquer la ).
T j A poudre à canon eft une compofitîon qui Te fait
avec du falpêtre , du fouffre & du charbon mêlés
enfemble, & mife en grains qui prennent aifément
feu , & qui fe raréfient ou s’étendent'avec beaucoup
de vicfience par le moyen de leur vertu éiaftique.
C’eft à cette poudre que nous. - devons tout l ’effet
des pièces d’artillerie & de moufquetterie, de forte
que l’art militaire moderne, les fortifications , &c.
en dépendent entièrement.
L ’invention de la poudre eft attribuée par Poly-
dore Virgile, à un chymifte, qui ayant mis par ha-
fard une partie de cette compofîtion dans un mortier,
& l’ayant couvert d’une pierre, le feu y prit
& fit fauter la pierre en l’air avec beaucoup de violence.'
Thevet.dit que l ’inventeur étoit un moine de/
Fribourg, nommé Conftantin Anel^en ; mais Belle-
forefl & d’autres auteurs foutiennent , avec plus
de probabilité, que ce fut un nommé Bariholde
Schwart£, qui en allemand fîgnifie le noir : on
afflue du moins que ce fut le premier qui enfeigna
l’ufage de la poudre aux Vénitiens , en 1 3 80 , pen-
danFla guerre qu’ ils eurent avec les Génois5 qu’elle
fut employée pour la première fois contre Laurent
de Médicis , dans un lieu qui s^appelloit autrefois
fojfu C.odia, aujourd’hui Chioggia , & que toute
l’Italie s’en plaignit comme d’une contravention
manifefîe aux loix de la bonne guerre.
Mais ce1 qui fait connoitre que l’invention de la
poudre eft beaucoup plus ancienne, c’eft que Pierre
Mexia a ;t, dans fes Leçons divefes , que les maures'étant
affligés en 1343 , par-Àlphonfe X I , roi
de Caftiiie, ils tirèrent certains mortiers de fer ,
qui faifoient un bruit femb:ai>le au tonnerre , ce
qui eft corifimé par dom Pedre, évêque de Léon,
qui dans la chronique du roi Âlphonfe, qui fit la
C G j v ' . a e t t d e Tolède , rapporte que dans un combat
navai, entre le roi de Tunis & le roi maure de Séville,
il y a plus de quatre cents ans, ceux de Tunis
- voient certains tonneaux defer dont ils lançoient
'des.1 foudres.
Docange ajoute que les regiftres de la chambre
comptes, font, mention de poudre à canon dès
l ’année 143 8..
a un mot, il paroît que Roger Bacon eut con-
1 iance de la poudre plus de cent cinquante ans
a v a r n ia naiifance de Schwartz, Cet habile religieux
en fait la defeription en termes exprès dans fon
Taitt de nuLitate magis. , publié à Oxfor t, en
j z 16.
Vous pouvez, dit-il, exciter du tonnerre & des
éclairs quand vous voudrez; vous n’avez qu’a prendre
du foufre, du nître & du charbon, qui fepare-
ment ne font aucun efrèt, mais qui étant mêlé enfemble
& renfermé dans quelque choie de creux &
de bouché , font plus de bruit 6c d’éclat qu’un coup
de tonnerre.
Maniéré de faire la poudre à canon.
Il y ap lu fleurs çompofitions de la poudre a canon,
par rapport aux dofes de ces trois îngrédîens ; mais
elles reviennent à-peu-près au" même dans la plupart
des écrivains pyrotechniques. .
Le foufre & -le falpêtre ayant été purifiés & réduits
en poudre , ôn les met avec de la pouftière de
charbon dans un mortier humecté d’eau ou d’efprit-
de-vin ou de quelque chofe de femblable on pile
le tout pendant vingt-quatre heure, 6c l’on a foin
de mouiller de temps en temps la rnafTe pour l’empêcher
de prendre feu ; enfin on pafTe la poudre zu
crible, ce qui lui donne la forme de petits grains
ou globules que l’on fait fécher pour la dernière façon
; car la moindre étincelle que l’on feroit tomber
deflus d’un briquet, enflammeroit le tout fur le
champ , & cauferoit un éclat des plus violens.
Il n’eft pas difficile de rendre compte de Cet
effet, car le charbon qui fe trouve fur le grain ou
tombe’ l’étincelle , prenant du feu comme une
amorce , le fei & le nître fe fondent promptement,
le charbon s’enflamme, & dans le même inftant
tous les grains contigus fubiftent le même fort : on
fait d’abord'que le falpêtre étant igné , fe raréfie à
un degré prodigieux.
Ne wton raifonne fur cette matière en ces ternies :
le charbon & le foufre qui entrent dans la poudre
prennent feu aifément & allument le nître ; & l*e£
prit de nîre étant raréfié par ce moyen, fe tourne
en vapeur & s’échappe avec éclat, à-peu-près de la
même manière que la vapeur de l ’eau fort d’un co-
lipyle j de même le foufre étant volatile, il fe
change en vapeur & augmente l’éclat. Ajoutez que
la vapeur acide du foufre , & en particulier celle
qui fe diftiile fous une cloche, en huile de ferufre,
venant à entrer uvee violence dans le corps fixe du