
T EY L ER S STICHTING
BIBLIOTHEEK
HAARLEM
P A R F U M E U R ( Art du ).
J j E parfumeur eft à la fois Fabricant & marchand.
Il fait & vend toutes-fortes de parfums ; dé la poudre
pour les cheveux, des fâvonnettes, dé la pâte
pour les mains, des pommades , dès eaux de fen-
teur, des effences, des paftilles, des fachetsddo- :
rans, des pots-pourris , des cofmétiques, du fard ,
du rouge, des mouches, &'c. Il a auffi le droit de
vendre & de faire toutes fortes de gants & mitaines
compofés de toutes les efpèces de peaux & cuirs
qui peuvent commodément s’employer.
Les parfumeurs peuvent même vendre en détail
des peaux lavées , parfumées, blanches & autres
propres à faire des gants. |
Ils prennent la qualité de marchands, maîtres
gantiers-parfumeurs. Ils compofênt à Paris une communauté
confîdérable.
Leurs ftatuts font anciens. Ils datent du mois
d’eftobre 1190 , fous le règne, de Philippe-Au-
gufte, confirmés depuis par le roi Jean le 20 Décembre,
13^7, & encore le 27 juillet 1582 fous
Henri III. Ces ftatuts ont été renouvellés v confirmés
& augmentés par Louis XIV, au mois de mars
i!6<$6 , par lettres-patentes enrégiftrées au parlement
le 25 mai fuivant.
Selon ces ftatuts, aucun ne peut être reçu marchand
gantier-parfumeur qu’après quatre ans d’ap-
prentifîâge, qu’après avoir fèrvi les maîtres pendant
trois autres années en qualité de compagnon
& fait chef-d’oeuvre.
Les fils de maîtres font exempts de ces formalités,
leur fufiîfànt de faire une légère expérience.
La, veuve d’un maître a droit.de tenir boutique
8c de faire travailler tant qu’elle refte en viduité ;
mais il ne lui eft pas permis de faire d’apprentifs.
A la tête de la communauté il- y a quatre maîtres
& gardes-jurés prépofés pour tenir la main à
l ’exécution de fes règlement , & vaquer aux affaires
qui la concernent.
Chaque juré demeure deux ans en charge ; en-
forte que tous les ans les deux plus anciens en
doivent fortir pour faire place aux nouveaux qui
.s’.élifènt devant le procureur du roi au châtelet par
par la plus grande & faine partie de la communauté.
Quelques marchands merciers de Paris ont voulu
autrefois £e qualifier marchands merciers, maîtres
parfumeurs• mais, par arrêt du parlement du 26
novembre 155)4, il leur a été défendu de prendre
le titre de parfumeur, qui n’eft réfervé qu’aux feuls
Arts & Métiers. Tom. VI.
maîtres gantiers-parfumeurs , fuivant qu’il eft porté
par leurs ftatuts & réglemens.
Parle même arrêt du i6 novembre 155)4, il eft:
défendu aux maîtres gantiers -parfumeurs de vendre
ni de débiter féparément aucuns parfums, ni autres
choies de fenteurs que ceux qu’ils ont faits & com-
pofés.
Et par l’article x xm de leurs ftatuts, du mois
de mars 1656, ils ne péuvent ' vendre leur maï-
ehandife de ganterie que dans leur boutique ou
échoppe , & il- leur eft défendu fous peine d’amende
de la colporter ou donner à colporter par la ville
& fauxbourgs.-
Par l’édit du 11 août 17,76, les gantiers-parfumeurs
font unis aux bourfîers & ceinturiers, & leurs
droits de réception font fixés à 400 liv.
Mais , pour donner uné connoifiance fuffifânte
de l’art du parfumeur, nous devons parcourir tous
les objets de fon commerce, & nous arrêter à ceux
qui méritent quelqu’attention.
Des parfums.
On donne le nom de parfum à l ’odeur aromatique
plus ou moins fubtile & fuave , qui s’exhale
d’une fubftance quelconque.
Les parfums folides ou fées & les plus eftimés
font ceux de l’Arabie, qui font l’encens, la myrrhe
, le benjoin, le ftorax , le labdanum , le baume
blanc, le ftyrax liquide, le thymiama ou narcaphte
la graine d’ambrette, le cofius odorant.
Enfùite les parfums de l'Inde, qui font pour
l’ordinaire dès pots-pourris compofés d’écorce de
citron ,. de bois d’aloes , de bois de rofè, de girofle'
, de fantal-citrin, de macis, de mufeade, de
canelle, de vanille , d’ambre, de mufe 8c de civette.
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Les parfums d’Europe , au moins suffi agrés-
' blés, font compofés avec les fleurs d’orange, de
lavande, de jafmin , de jonquille, de thym, de
fauge, de romarin, de rofes , d’oe illet, de tubé-
reufes , de farriette , de marjolaine, d’hyflope ,
d’un çitron piqué d e , doux de girofle, de bois de
Rhodes & de cèdre, & de l’iris de Florence. On
aromatife ce mélange d’un peu d’huile effentielle
de bergamotte.
Les parfums liquides font en général les efprits
& effences des plantes très-odorantes.
Autrefois les parfums où entroient le mufe ,
l’ambre gris & la civette, étoient recherchés en
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