
tiennent fouvent de la figure de nos poires, mais
quelquefois de figure irrégulière.
Ces tubercules pouffent en telle abondance, que
fix pieds en quarré peuvent en donner trois a quatre
boifleaux. Ils ont le. goût du cul d’artichaud.
Cette plante eft originaire de l’Amérique fép- '
tentrionale , & naturelle à la Nouvelle-Angleterre.
Elle porte rarement graine en France , quoiqu’elle y fleuriffe ; mais elle fe multiplie par les racines ,
& fa culture eft la meme que celle de la pomme
de terre. On pourroit préparer Ion écorce comme
celle du chanvre.
Les beftiaux en mangent bien les feuilles ; les
Vers à foie poùrroient niêNme,s’en nourrir.
On peut faire des mèches avec la moelle des
tiges , comme on en fait avec celle des rameaux du
fiireau.
T u R N e p s.
C’eft une efpèce de navet, dont la culture eft
très-fuivie en Angleterre. Ce navet a la figure d’un
fpheroïde applati, ou du fromage de Hollande. Il
n’eft pas rare d’en voir qui ont jufqu’à vingt-deux
&■ vingt-quatre pouces de tour , & du poids de
cinq ou fix livres.
L a fociété d’agriculture de Bretagne a cultivé
de gros navets de Léon qui l’ont emporté fénfible-
ment, par le diamètre & par le volume, fur le
turneps.. Les navets de Léon ont la figure d’un
cône ou d’un pain de fiicre ; il eft aifé de concevoir
qu’à diamètre égal ceux-ci*ont beaucoup plus ’
de volume que le turneps.
L a culture des turneps eft très-peu difpendieufé ;
elle eft d’un avantage économique & d’autant plus
intéreffante, que cette plante fupplée par les feuilles
au fourage pendant l’hiver, & que le bétail ne
peut avoir de meilleure nourriture.
D ’ailleurs les domeftiques & les journaliers font
une grande eonfommation de fa racine , & c’eft
l’objet d’une épargne confidérable fur les fiibftances
ordinaires.
Un arpent de terre fémé de ces navets eft d’un
beaucoup plus grand rapport qu’eh froment. D’âil-
leurs fes racines divifént & préparent la terre à recevoir
le bled, & on recueille dans le même espace
une beaucoup plus grande quantité de froment
que dans une jachère ordinaire.
Culture des turneps , par M. de Lormoy.
Ceux qui ne font valoir leurs terres qu’en trois
fàifons , ne fauroiènt femer de la graine de turneps
qu’après là récolte des feigles & des bleds.
Immédiatement après cette récolte, ils feront
ouvrir la terre par un labour Ji la charrue, plus qu
moins profond, & fuivant que la nàd.ure du fol le
comporte. A peine le premier fillon eft—il trace ,
qu’on y donne une féconde façon à la houe ; façon
que l’on continue jufqu’à ce que« la terre foit
aufli parfaitement divifée qu’elle doit l ’etre pour
recevoir les graines de chanvre & de lin.
Sur cette féconde façon, à mefure qu’elle eft
donnée , l ’on sème la graine de turneps , mêlee
avec les neuf dixièmes de cendre, ou de fable fin
& bien fec , fans donner le temps à la terre de fe-
cher : cette graine doit être ainfî mêlée , afin que
la main du fémeur, toujours aufli remplie que s’il
fémoit du bled , ne répande pas cette graine 'beaucoup
plus épaiflé dans un endroit que dans l’autre,
& que la dépenfè , qu’il eft prefque toujours indifi-
penfàble de faire , foit pour éclaircir le plant, foit
pour le tranfporter par-tout où il en manqueroit,
foit moins confidérable.
On peut faire fîiivre le fémeur par des hommes ,
le rateau à la main, comme avec la houe ; par là ,
ils enterrent la graine à un pouce au plus de profondeur
, & donnent encore à la terre une troifième
façon. On pourroit, il eft vrai, abréger cette troifième
opération, en y employant la herfé garnie
de fortes épines, ou celle armée de petites dents
de fer très-prefTées : mais le rateaii leur eft préférable
, parce que ces herfés fé rempliflant promptement
d’herbes & de chaume, leurs effets n’ont ja-*
mais lieu que pour un inftant.
Il ne faut qu’une livre pu cinq quarterons de
cette graine pour enfémencer un arpent, à lame-
fùre des forêts royales : il en faudrait moins , s’il
étoit pofîible de la répandre à un pied de la dif-
tance qu’il doit y avoir entre chaque plante. Comme
l’on ne fàuroit efpérer d’atteindre à cette jufi-
teflé, on eft prefque toujours obligé de fàrcler les
endroits trop épais, & de regarnir ceux qui font
vuides : tout ce que l ’on en enlève pour les transplanter,
réuflit au mieux.
Lorfque les terres vont en quatre fàifons, l ’on
prépare celle qui vient de produire les mars par
un labour avant l’hiver : on y porte des engrais ,
& on les y répand au moment qu’il faut donner le
fécond labour , vers la fin de juin, ou dans le commencement
de juillet, temps propre à fémer les turneps
, pour peu que le temps paroiffe difpofé à la
pluie, ou que l’intérieur de la terre foit humide.
En opérant ainfî, dès le moi» d’avril, l’on ferait
afïuré d’avoir des turneps à la fin de juillet;
mais ils ne fé conîérveroient pas au-delà de la fin
d’août.
Le terrain qui aurait produit des turneps , n’au-
roit plus befoin d’engrais pour recevoir le bled dans
fon temps. Deux labours lui fuffiroient pour en
produire avec plus d’abondance qu’il n’aurait fait,
s’il fût refté en jachère#
Ufage des turneps pour les vaches , par M. . . .
en Poitou.
Quant aux gros navets, appellés tuïneps , auffi
tôt que les feigles font récoltes >, on laboure le
■ chaume, & on y sème le même jour cette plante,
^ en y paffant légèrement la herfe. Vous ne fautiez
[ -croire quelle abondance de nourriture ces raves
procurent dans toutes ces fermes, qui contiennent
| chacune depuis 14 jufqu’à 2? & 3^0 vaches, qui éui
I vivent pendant deux ou trois mois ; mais fi la^ fe- ■
| chereffe domine, tout manque ; fans pluies réité-
I xées , cette plante lève à peine , & devient inu-
I tile. *
Pomme de terre.'
La pomme de terre ( folanum tuberofum efculen-
1' tum) pouffe des tiges anguleufes de deux ou trois
K pieds de hauteur, des rameaux defquels fortent des
1 feuilles qui font conjuguées, lanugineufés & dé-
jp coupées.
Sa fleur eft ordinairement gris de lin & mono- 1 pétale. Ses fruits font de groffes baies charnues,
K- à peu près de là groffeur des cerifés ; elles devien-
I nent jaunes en mûriiïànt, & contiennent quantité 1 de femences. Cette plante pouffe en terré, vers
R fon pied , trente où quarante groflés racines tuber-
» culeufes, qui reffemblent en quelque façon a un
B rognon de veau, d’où .partent les tiges & les racines
■ blanches M chevelues.
Cette plante aime'les pays froids , une terre meu-
■ ble & un peu humide-.
On voit des racines de pommes de terre , dont
1 le* unes font rouges & groffes ; ce font les plus
r - communes, d’autres jaunes ou blanchâtres.
e . Cette plante, originaire delà Virginie, fut ap-~
| portée en Europe en 1585 lorfque les ahglois dé-
1 couvrirent ce pays ; en 1^90, elle fut décrite par
I Gafpard Bauhin. On prétend qu’on la cultivoit
I en Italie en 1588; à la fin du féixième fiècle ,
I elles furent connues & recherchées en Hollande.
E. En 1 6 1 6 , l ’on en férvoit comme une rareté à la
i table du rai. En 16x3, l’infortuné Walther Ra-
I leigh én tranfporta de la Virginie en Irlande, d’où 1 elles vinrent à Lancashire, enfiiite en diverfès
I provinces de l’Angleterre ; de là fucceflivement, en 1 Flandre, en Picardie, en Fran che-Comté , en Aî-
R face, en Bourgogne, en Languedoc & autres en-
I droits de la France; enfin*en Suiffe, où depuis
I, trente ans la culture s’en eft tellement accrue que
E cette manne fait* en hiver prefque toute la nourri-
£ ttire du peuple , fur-tout des enfans.
La pomme de terre peut être de la plus grande
I utilité en cas de difétte* Sautant qu’un petit coin
| de terre peut fuffire pour produire la nourriture
Jrts Çt Métiers» Tom, VL
é
d*uné famille confidérable- En effet, il eft reconnu
qu’un arpent de terre qui produirait douze quintaux
de. froment, en produirait deux cents de pommes
de terre.
Cette plante fournit aufli, tant par fés tiges que
par fés racines, une excellente nourriture à beaucoup
d’animaux domefliques , tels- que chevaux ,
vaches, cochons, chèvres, &c.
On peut encore faire manger à toutes fortes de
volaille les pommes de terre cuites.
On peut de même les faire cuire pour commencer
à y habituer les bçeufs, vaches, chevaux ,
moutons & cochons ; enfiiite ils en viennent à les
manger toutes crues.
Quant à la culture , après avoir labouré la terre,
on doit longer , à la fin de février ou au commencement
de mars, à fémer les pommes de terre#
On mét les petites tout entières à deux pieds les
unes des autres. On peut couper les groflés pom-1
mes par tranches ; car il fîiffit qu’il y ait, fur chacune
de ces tranches , un ou deux yeux, pour
qu’elles puiffent pouflér.
Cependant M. Bourgeois a obférvé que les pommes
de terre qu’on coupe par tranches & les petites
qù’on plante, ne viennent jamais aufli groffes
que lorfqu’on fait un choix des plus belles & des
plus groffes pour les planter ; d’ailleurs elles pro-
' duifént moins de pommes latérales-, & la récolte
en eft conféquemment beaucoup moins abondante#
On peut faire la fémence des pommes de terre
eu fé férvant d’une charrue qui trace les rigoles.
On attache à cette charrue une' trémie , d’où ferlent
les tronçons de pommes de terre , qui fur le
champ font recouverts par un rateau pareillemént
attaché à la charrue.
Vers le’ mois d’août, on peut faucher le feuillage
que les beftiaux mangent très-bien en verd ;
& en novembre & dans tout le cours de l’hiver „
on peut récolter les pommes de terre»
Les anglois cultivent avec foin la pomme de
terre dans toutes leurs colonies, notamment à Sainte-
Hélène , & la préfèrent à toutes les autres racines
qui y croiifent.
Les hommes s’accoutument aifement au goût de
la pomme de terre , fur-tout fi on la fait cuire
avec un, peu de lard.
On peut retirer, dit M. Duhamel, de la pomme
de terre une farine très-blanche, laquelle, mêlée
avec celle de froment, fait d’afîèz bon pain.
J’en ai mangé, dit-il, où il n’étoit entré de farine
de froment^ que ce qui avoit été. néceffaire
pour faire lever la pâte#
M. Muftel * chevalier de S. Louis , a préféntô
en 1770 à la Société royale d’Agriculture de Paris
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