
livres le plus, neuf cens livres le moins i d’ailleurs,
vos charrues feront foulagées, en ce que les^ terres
ainfi couvertes de trefle n’ont befoin pour etre de
nouveau enfemencéès en froment que d'être renver-
fées & herfces immédiatement avant que de recevoir
la femence.
Tableau et exploitation d'une pièce de terre en froment
& eri trejie.
, 5 c. C.
a 1 b 1
iy c . 15 C.
a 2 b 2
La figure entière repréfente un terrein de la contenance
de foixante coupes ; il eft divifé en quatre
portions de quinze coupes chacune ; vous femez en,
froment les deux parties a i y a i,-en 1785 je fup-
pofe, & en même-temps, ou au printemps .fuivant
1786 , la partie a 1 feulement , en trefle ; vous recueillez
très - peu de. chofe cette même annee
1786; vous faites deux coupes en 1787 ; vous rompez
avec la charrue d’abord apres la derniere coupe
qui fe fait en août, & vous femez les deux parties
<21, i enfembie en froment.
Cette année 1787 & les fuivantes, vous agiflez
fur la partie a i , comme vous avez fait fur la partie
a 1 ; de forte que ce ne fera' qu’en 17.90 que vous
remettrez du trefle fur la partie a 1 qui en a reçu en
1786: cet intervalle eft nécelfaire pour que cette
portion puilfe être bien labourée trois fois & fumée
avant que de recevoir de nouveau de la graine
de trefle.
Vous.avez femé la partie A en 1785, vous femez
la partie B en 1786 , vous la divifez de même en
deux portions b 1 & b z de quinze, coupes chacune ;
& vous opérez fur le côté B comme vous avez fait
fur le côté A ; de forte que dès l’année 17^7 ,
vous avez chaque année une de ces parties de
quinze coupes, fur laquelle vous faites deux- coupes
de trefle, & en alternant, vous'n’ufez point la
terre.
L a méthode de répandre du gyp fur le treflé, au
printemps de l’année où vous faites les deux coupes
, eft très bonne 3 il faut feulement avoir attent
ie n d e n e l e fa i r e q u e p a r u n tem p s h um id e & a v e c
m é n a g em e n t .
Je garde ce trefle uniquement pour les vaches ,
& avec raifon ; car quatre-vingt-dix quintaux entretiendront
une vache toute l'année, fans la laiifer
fortir de l ’écurie, & elle vous donnera dix charriots
de fumier, fi vous lui tenez de la litière. La rente
de ion lait, fi on eft à portée d’une ville pour le
vendre tous.les jours , peut aller à deux cens livres
par année (c’eft ce que mes vaches me rendent l’une
dans l’autre ).
Faifons. à préfent un calcul comparatif du produit
des cinquante pofes de pré médiocre converties en
foixante coupes de femature. Je veux bien fuppofet
que ces cinquante pofes .rendent dix quintaux chacune
, ce qui feroit cènt cinquante quintaux, qui, a
quatre livres, aimée commune, donneroient deux
mille livres.
Ces foixante coupes, foit trente par annee, rendent
1 °. en grains, comme“ nous l ’avons vu deux
mille cent ^foixante livres ? en paille deux cenr
quatre-vingt-huit livres ; mais, comme nous la con-
fommerons , il ne faut pas la compter ; le trefle eft
de même hors de compte, puifque nous le faifons
manger par les vaches, qui nous rendront deux cens
livres chacune , prenant un milieu entre les fix
cens & les. trois cens quintaux de trefle que nous
avons recueilli, qui eft quatre cens cinquante quintaux,
cela nous donne cinq vaches, & par cônfé-
quent mille livres, cinquante charriots de fumier à
fix livres,. trois cens livres , total trois mille quatre
cens foixante livres ; ôtez-en les deux mille livres
que vous auroient rendus vós prés ( remarquez
même qu’ils ne vousxaurqient pas rendu un fol,
puifque vos chevaux auroient mange ce foin ) refte
un bénéfice de quatorze cens foixante livres.
Cette méthode d’alterner les trèfles , pratiquée
par plufieurs agriculteurs avec fuccès, pourroit peut-
etre nuire à fa longue aux terres, en ce que les labours
, fi nêceirairès pour leur amélioration, fe-
roient moins fréquens; mais j’y fupplée dune ïna-
nière qui fournira encore quelques profits, & procurera
aux vaches & cochons une nourriture qui les
fera profpérer, outre ce que vous prélèverez pour la
table de vos domeftiques.
L ’année qui précédera celle où vous vous propo-
ferez de femer du froment & du trefle, rompez vos
l terres d’abord après moiflon, faites un labour çroifé, •
enfumant dans les mois de février ou mars fuivans ,
& femez foit des pommes de terre, foit des racines
jaunes appellées carottes, ou tranfportez-y en juin
des choux-raves : ces plantes * qui pivotent, n’ufent
point la terre ; vous êtes obligé, pour les faire profpérer,
de les butter, fi vous avez mis des pommes
de terre ; de les farder, fi ce font des racines ou
; des choux-raves ; ces opérations que vous faites deux
j fois ( fi ce n’eft trois ) dans l’efpace de fix mois,
détru.îfent
détruifent les mauvaifes herbes, menuifent la terre,
la font jouir de toutes les différentes influences de
l’air, & quand vous en venez à l'arrachement, foit
à la main , foit à la pioche, foit ,à la charfue , vous
trayailléz votre terre de manière qu’elle,11’a plus be-
foin que de quelquès dents de hèrfe' pour être prête
à recevoir vot-re bled..
Après avoir établi les inconvéniens de la méthode
a&uelie de nourrir les chevaux, & prouvé les avan-
tages d’avoir moins de prés & plus de champs , je
vais, démontrer qu’avec la moitié moins de, foin ■
qu’on n’en donne ordinairement, de fa.paille ; de Fa- <
voine & du fon , vos chevaux. feront entretenus :
d’une manière plus économique & plus faine, vos j
écuries.-môihs couteufes à établir., plus gaies , plus |
falubr-es & plus faciles à être maintenues dans la
plus grande propreté.
L ’on connoît pat-tout le hache-paille qui nous j
vient d’Allemagne, •& la maniéré de couper la paille ;
avec cet infiniment ; je coupe, dej'même le foin de la •
longueur d’un demi-pouce environ; à chaque repas ;
je fais un mélange > pour un cheval de travail' , de ,
quatre livres de foin & de trois livres de paille, le
tout haché ; chaque ration d’avbine eft de deux livres •
mêlée avec un tiers de livre de paille hachée & demi-
livre de fon ; donnant trois fois par jour, à manger a .
Vos cheyaux ,-ils. auront .douze livres de foin.,, dix
livres de paille,, fix livres d’avoine & une livre &
demie de Ton ; total vingt-neuf livres & demie pe-
farit, équivalentes à trente-trois livres trois onces
de la livre de feize onces,'
1 II n’en faut pas davantage pour un cheval de
trait: fur-tout fi ces quatre alimèns font de bonne
qualité-, fi dans le foin il n’y a ni feuilles , ni joncs,
ni ronces, -fi la paille eft de froment qui n’ait pas
verfé, fi elle eft. blanche & menue, fi l ’avoine,eft
noire, sèche, recueillie à propos & pefante, & fi le'
fon refte un peu chargé de farine, ce qu’il eft facile
d’obtenir du boulanger, en le lui payant quelques
deniers de plus la livre. Son mélange avec l’avoine
&' la paille hachée, en les alpergeant d’eau tous
lés trois, lie ces alimeus, fait que le cheval profite
mieux de fon avoine, & lui entretient de Fem-
boiipojnt.
Ainfi avec quarante-quatre quintaux de foin , au
lieu de quatre-vingt-onze que Fon donné ordinairement
à un cheval, fi ce n’eft davantage, trente-fîx
quintaux de paille , vingt-deux quintaux d’ayoinè
& cinq à fix quintaux de fon, vous entretenez un
cheval par an. M. l ’abbé Rofier, dans fon cours
d’agriculture, paroît defirer que la méthode de hacher
le foin s’introduire i & M. Bourgelat, dans fes
élémens de l’art vétérinaire , parlant de la méthode
qu’ont les Allemands de hacher la paille , dit :
« Dans une difette confidérable de foin , nous’
» éprouvâmes avec fuccès cette méthode ; nous
Artsÿ Mécittrs, Tomt VI»
» faifions hacher une très - légère quantité de ce
»fourrage avec la paille , & nous formâmes un
» mélange'admirable pour lé boii entretien de nos
» chevaux, qui tous montrdient chaque jour beau-
» 'coup plus dé vigueur*, d’haleine 8c dé légèreté ».
11 réfulte de ce que je viens de dire que nous n a-
vons plus befotn dans nos écuries, de râtelier .ni de
crèche, ni dans nos greniers, d’abat-foin : les prer-
miers prennent deux pieds dans l’écurie, quand iis.
font droits ; ils font un réceptacle de; pouffièxe & d e,
toiles d’arraignées' ;. plufieurs chevaux en tirant le.
foin , en perdent, d’ailleurs ils .laüTent tomber fur
la tête & la crinière du'cheval-.des faletés qu’on a
peine à faire difparoître, & que Fon retrouve-toujours
, lors même qu’on, nettoieroit fon cheval plu-
fîeurs fois par jour.
Quant aux crèches, fi elles font de pierre, elles
coûtent beaucoup à établir ; fi elles font de bois ,
elles fe pou'rrilfent à ,1a longue ; elles font prefque
toujours humides, difficiles à nettoyer, 8r fourniflent-
au cheval occ^fion de tiquer : en general, toutes
deux font un oreiiler.de parefte pour les palfreniers
quiifpour abréger & n’avoir pas la peine de fortfc
toute la litière., jettent deïTous la moins confumée,
dont Une partie l’eft cependant toujours ; d’où il réfulte
que le cheval, qui ne fort pas.de fon écurie de
tout le jour, hume lànsloeflè des miafmes très-peu
falubres , & fi l’écurie eftnômbreufe& fermée, comme
en h iv e r c e la peut influer fur la fanté des chéyaux.
Outre la pouflière que les abat-foins introduifent,
ils ont encore un autre inconvénient ; c’eft qu’il arrive
quelquefois qu’un palfrenier , en pouflarit le
foin dans le râtelier avec fa fourche, attrappe la
t'êfce dii'cheval, qui, preiïé^de manger , fâifit avec-
avidité; les premières bouchées, & le bielle ; ce'qui
n’eft pas fans exemple.
Seigle, froment coupés pour fourrages verts, qui onty
la même année, donné une bonne récolte de grains
'venus a maturité.
M. le Breton, correfpondant de la fociété royale
! d’agriculture, avoit fem é au mois de Juin 1785 ,
du feigle qu’il a fauché en verd trois fois avant l’hiver
,. & dont il a obtenu enfuite de très - beaux
épis; on a rapporté dans un journal les détails de
cette expérience que M. le Breton atentee avec un
égal fuçcès fur le froment, & dqnt il a fait part à une
desféances de la fociété royale d’agriculture.
Au mois d’Odobre 178$, on a femé , dans les
jardins de M. le maréchal de Noaiiles, à Saint-Ger-
main-en-Laie, du gazon , parmi lequel fe trouvoit
une certaine quantité de grains de froment. Ce gazon
a été fauché, pour la première fois, le^ 10 Avril 1786 ; le froment étoit déjà a fiez haut, & il futcom-
pris^parn-y. les plantes fauchées, La fécondé'coupe
PP P P