
comme on fait, & on paffe les porcelaines qui
tiennent ce fable vitrifié liir cet émeri, jufqu’à ce
que le fable foit entièrement emporté. C’eft pourquoi
les petits* cercles 'qui fervent de pied aux
afliettes & aux tafles de porcelaine , ne font jamais
couvertes de vernis.
Des couleurs, de la façon de les préparer, de la
maniéré de les appliquer ' fur la - porcelaine.
Il y a plufîeurs chofes à obferver ,daiis l ’art de
peindre la porcelaine ; la compofîtion des couleurs,
les fondans qui leur donnent de la liaifon & de
l ’éclat ; le véhicule pour appliquer ces mêmes
couleurs , qui eft un compofé gras qui en lie
toutes les parties , & leur dorme affèfc de confîfi
tance pour être appliquées avec le pinceau ; enfin
le feu néçeflaire pour fondre ces mêmes couleurs
fur les .vafes de porcelaine qui en font décorés.
M. le Comte de Milly , que nous ne faifons
que copier en l’abrégeant, eft entré dans les détails
les plus exaéts S? les plus précis fur: toutes
les parties d’un art ff agréable. Après avoir parlé
de plufîeurs véhicules dont on peut fe fèrvir , pour
appliquer les couleurs à la fiirface de la porcelaine ,
il donne la préférence à l’huile eflentielle de térébenthine
mais comme cette huile éthérée efl
très-flpidé ,. M. le comte de Milly prefcrit de la
diftiiier ;au-'bain-marie , pour lui donner la con-
fîflaiiee. convenable. Par cette diftillatiort , on en retire
1 huile la plus fluide ; celle qui refie dans la |
rcucurbife s eft épaiflie 3 & efl propre à être employée
-pour fervir de mordant ; fi elle fe trouvoit
trop épàiffe on lui redonneroit de la fluidité en
y mêlant de l ’huile éthérée.
Le fondant efl compofé de borax calciné , de
nître & de verre blanc, dans la compofîtion du-
uel on s’eft afîtiré qù’il n’eft point entré de plomb,
î . de Milly dit qu’on ne peut point prefcrire la
quantité de fondant qu’il faut employer, qu’elle
dépend, de la nature des couleurs., qu’ainfî il faut
les effayer 8c. en tenir regiflre pour l ’employer
enfuite avec fuccès.
Les dofes des. matières qui entrent dàiislaçom-
pofition du fondant, . font quatre gros de poudré
de verre, dfeux gros douze grains dé borax calciné
, quatre gros 8c vingt-quatre grains de nitre'pu-
rifié.
Il y a plüfièürs maniérés dé divifer l’or pour
l’employer dans la peinture, & elles |réufîîffent toutes
également : i° . l’amalgame ; i ° . ‘ la précipitation
de l ’or diflous dans l ’eau régale , faite fans fel
ammoniac par l ’aikali fixe ; 30. la divifîon de l’or
en feuille, par le moyen de la trituration avéc. du
fucre candi. Lorfqu’on a obtenu une poudre très-
fine d’or par quelqu’une de ces trois manières, 8c
qu’on veut dorer une pièce de p o r c e la in e , on mêle 4e cet or en poudre avec un peu de borax & de
l’eau ‘ gommée, & avec un pinceau on trace les
lignes ou les figures qu’ori veut. Lorfque le tout efl
lèche , on paffe la piece au feu, qui ne doit avoir
que la force nécefïaire pour fondre'légèrement la
furface de la couverte de p o r c e la in e , & pour lors
on efeint lé feu. L ’or efl: noirâtre en fortant du
fourneau ; mais on lui rend fon éclat en frottant
les endroits dorés avec du tripoli très-finf, ou avec
de l ’émeri ; enfuite on le brunit .avec le brunif-
foir.
La couleur pourpre fe prépare avec de l’or dif-
fous dans de l’eau régale , un mélange d’étain &
d’argent diffous dans de l’acide nitreux. L ’eau régale
dont fe fervent les allemands pour difloudre
l ’or fe compofé un peu différemment que l’eau régale
ordinaire. Ils prennent parties égales d’efprit
de fe l, d’efprit de nître & de fel ammoniac, mettent
cette, compofîtion fur des cendres chaudes , jufi
qu’à ce que le fel fbit diflous, ayant foin de 11e
boucher le matras que légèrement pour éviter l ’ex-
plofîon.
On obtient du violet par le meme procédé, 8c
feulement on ajoute plus-_de diflblution d’étain &
d’argent à la diflblution d’or, & pour varier la teinte
de ces couleurs ou le ton de couleur de ces précipités
, on y mêle plus ou moins de diflblution
d'étain»
La couleur brune nommée en allemand f e r n e ,
fe fait avec une diflblution , à laquelle on mêle
une diflblution d’étain feule fans argent. L ’eau
deviendra noire ; verfez defliis de la diflblution de
fel commun, 8c vous-obtiendrez un précipité d’une
couleur brune foncée , tirant un peu fur le violet:
on variera le ton de cette couleur, en employant
de l’étain plus ou moins'pur.
On prépare un beau rouge avec le fer; pour le
fixer , il fuffit d’avoir eu foin de le calciner- avec
deux parties de fel marin.
Pour préparer la couleur noire, on emploie parties
égales .de cobalt, de cuivre fulphuré & de terre
d’ombre.
Le brun fe fait avec de la terre d’ombre, & le
verd'avec ducuivre.
O11 tire un beau bleu du cobalt. Du fin ait choifî
& broyé don.ne aufli du bleu. Du fin ait plus foncé ,
connu fous le nom de b le u d ’a z u r , & qui n’efl: que
le verd de cobalt, fournit un bleu foncé.
On fait un jaune tendre avec du blanc 4e plomb
de Venife, calciné au. creufet. On peut employer
aufli le }a,ùne de Naples,. dont voici la meilleure
compofîtion l elle efl de M. deFougeroux, de l’académie
des Sciences: cérufe, douze onces ; antimoine
diaphorétique, deux onces ; alun & fel ammoniac
, de chaque demi-once : on. mêle le tout
dans un mortier de marbre , on le calcine enfuite fur
lin teft à feu modéré , qu’on continue pendant trois
fleures, ayant foin d’entretenir la capfule rouge , 1
pendant tout le temps de la calcination. Suivant
la quantité de fel ammoniac qu’on emploie, la cou- •
leur du jaune de Naples varie.
Quant à la préparation des-couleurs, on les pile
dans un mortier d’agate, de p o r c e la in e ou de verre ,
avec un pilon de même matière, le plus promptement
poflible & à l’abri de la pouffière ; enfuite on
les broie fur une glace adoucie .& non polie -, avec
uire molette aufli de verre adouci comme la glace.
On les broie avec une petite quantité, de fondant
ou d’huile, parce que fi l ’on en mettoit trop , cette
huile, en s’évaporant,-laifleroitdes vuides entre les
molécules colorées, & le deflein féroit imparfait ;
d’ailleurs , les couleurs étant de-chaux métallique,
courroient rifque de (e revivifier par le phlogiflique
que l’huile leur fourniroit;' c’eft pourquoi il efl absolument
néçeflaire de faire sécher la peinture fur
un poele, à une chaleur allez confîdérable , avant
que de la mettre au feu.
On broie les couleurs comme celles qu’on emploie
dans la miniature, jufqu’à ce que l ’on r ie -
fente' plus d’afpérités fous la molette ni fous les
doigts, : leur fluidité doit être telle que l’on en
puifle faire aifément un trait léger 8c net avec un
pinceau..
Alors on prend de. ces couleurs ainfî préparées
pour en former ce que les- peintres en p o r c e la in e
nomment des in v e n ta ir e s ; ce font de petits morceaux
de p o r c e la in e , fur lefquels ils font des traits
de deux ou trois lignes de largeur , avec un numéro
çorrefpondant à celui de la couleur, & qu’ils
mettent enfuite fous un mouffle pôur y fondre les
couleurs , ayant foin de remarquer le te ms qu’il faut
pour vitrifier ces couleurs.
Cette précaution eft néçeflaire pour en faire un
ufage affuré, parce que toutes ces couleurs font brunes
avant que d’avoir paffe au feu, de forte que fur la
palette elles n’ont pas le ton qu’elles auront fur la
p o r c e la in e lorfqu’elles auront paffe au feu, ce qu’on
appelle parfondre.les couleurs.
Toutes les couleurs préparées fe mettent chacune
fur un morceau de verre adouci & non poli ; fous
ce verre efl un papier blanc polir mieux faire fortir
la couleur ; fur ce papier efl le numéro de la couleur
, & à côté du verre, le numéro çorrefpondant
de l ’inventaire.
L ’artifte forme avec ces -couleurs primitives des
teintes telles qu’il le juge néçeflaire -, en mettant
toujours chaque teinte fur un verre adouci. C’eft
âinfî qu’il charge fa palette , puis il peint.
Les pièces de p o r c e la in e , au fortir des mains du
peintre, font expofées à la chaleur d’une étuve tres-
chaude, pour faire .sécher les couleurs & évaporer
l’huile ; pour cela on les met fur unë plaque de tôle,
percée de plufîeurs trous ; enfuite on met ces pièces
dans la mouffle pour parfondre les couleurs & leur
donner le vernis.
Les mouffles (ont des vafes de terre à porcelaine,
qui doivent réfîfter au feu, & dont la partie fupé-
rieure efl circulaire en forme de voûte (fig. 10 pl. III.)
Elles doivent fe fermer exa&ement avec une porte
de même matière, qui eft oppofée à la partie by
où eft le canal ou .tuyau d’obfervation. .
On introduit les pièces de porcelaine peintes dans
ces mouffles, de façon qu’elles foient ifolées , &
ne touchent point aux parois de la mouffle, afin que,
lorfque ces couleurs fe fondent, elles ne s’effacent
pas par le contad. Ces mouffles font de diverfes
grandeurs pour les différentes pièces.
Lorfqu’elles font chargées, elles fe placent fur
les grilles i , b » b , dans les cafés <z, a , a , d’un
fourneau de briques, liées avec de la terre-à-four,
tel que le repréfente la fig, 11.pl. III. Ces cafés font
aufli de différentes grandeurs fuivant les mouffles
qu’on y veut loger.
Ces fours ont environ cinq à fîx pieds de hauteur.
A deux pieds de haut on pratique deux coulifles
pour chaque café dans les parois des murs de fé-
paration, pour y placer un plateau de fer ou de
tôle épaifle c, c, cç même fig, i r . dont on va expliquer
l’üfage. A deux pouces & d em io u trois
pouces au-deflus de ce plateau, on fixe dans le mur
des grilles de fer b , b , b , pour y pofer les mouffles.
Lorfqu’elles font pofées, on charge les plateaux
de fer de charbon de hêtre ou de chêne
bien choifî & bien fain, au point qu’il ne fume pas
en brûlant. On en remplit tout l ’efpace entre le plateau
& les grilles', on en entoure encore les mouffles
jufque fur le dôme, enfuite on remplit les petits in-
teriliçes -que les morceaux de charbon ont 1 ailles
entr’eux, avec de la braife de boulanger ; fî bien
que les mouffles fe trouvent enfévelies dans le charbon
: il ne doit fortir hors du charbon que le tuyau
ou canal b» fig, 10. de* iné à voir ce qui fe paffe
daiis la mouffle : on met dans ce canal des petits
morceaux de porcelaine , larges de deux lignes, fut
lefquels on a mis des couleurs les plus difficiles à
fondre, pour pouvoir juger du moment où il fera
à propos de ceffer le feu.
Toutes Ces chofes étant ainfî difpofées , on allume
le feu avec quelques charbons ardens que l’on met
autour de la mouffle , & on les laiffe s’embrâfer
d’eux - mêmes. On doit avoir la plus grande attention
à retirer les charbons qui donnent de la
fumée.
Quand tout eft embrâfé, & que la mouffle paroît
rouge, 011 retire les montres ou épreuves qui font dans
le canal d’obfervation b , fig. 10; & fi les couleurs
font bien fondues & brillantes , on arrête le feu
fur le champ, en retirant brufquement les plateaux