en forte que le feu foit très-vif & que la flamme
forte par les quatre trous des angles du fourneau.
Il faut entretenir le feu le plus v if pendant trois
ou quatre heures.
De temps en temps on tire de la poêle, parle
trou qui répond à celui du fourneau, les épreuves
ou eflais, pour voir fi les couleurs font fondues
& incorporées,
Félibien & M. de Blancourt ajoutent, pour voir
f i le jaune eft fait : ce que D. Pernetti n’auroit pas
du omettre, cette couleur fe parfondant toujours la
première. /
Quand on voit que les couleurs font prefque faites,
on met du bois très-fèc , coupé par petits morceaux
, & l’on ferme enfuite la porte, qui doit ctre
fermée depuis qu’on a commencé à pouflèr le feu
fous la poêle.
Lorfqu’on voit que les barreaux qui la foutien-
nent font d’un rou.ge étincelant & de couleur de
cerife, e’eft une marque que la recuiflon s’avance.
Mais pour fà perfeéfclon, il faut un feu de dix ou
douze heures.
Si on vouloir la précipiter, en donnant dès le
commencement un feu plus âpre, on rifqueroit de
faire calTer le verre & de brûler les couleurs.
C ’eft ici une affaire qui gît plus en expériences
qu’en préceptes : voici néanmoins le traitement du
feu prefcrit.
Le fourneau étant exaftement fermé par le haut ;
avec piufîeurs carreaux de terre cuite, tels que nos
carreaux d’âtre , affemblés l ’un contre l’autre & j
lûtes avec l’argilie, en obfèrvant de pratiquer dans
le fourneau un trou du volume d’un oeuf, on y met
le feu de cette manière.
On met à l’entrée des charbons allumés qu’on
y entretient continuellement de nouveau charbon,
à mefiire que le premier fèmble difpofé à tomber
en cendres.
Le charbon le meilleur pour cette opération doit
être léger, fbnore, en gros morceaux brillans qui
fè rompent aifément. On eftime par préférence
cçlui qui eft en rondins, & qui ne refte pas chargé
d’une écorce. Le charbon'trop menu, ne laiffânt
pas allez d’air entre fes différées morceaux, s’allume
difficilement, produit de la fumée & répand
une odeur pernicieufe. Celui qui , étant trop cuit,
eft réduit comme une braife, donne peu de chaleur.
Il faut encore prendre garde-que le charbon n’ait
été mouillé : on reconnoît celui-ci en ce qu’il eft
plus lourd, qu’il s’allume avec peine, ne brûle pas
avec vivacité , & fe ‘confirme fans produire la chaleur
qu’on en attendoit.
On continue ce feu de charbon pendant deux
heures au moins, toujours à l’entrée dû fourneauj
pour accoutumer peu à peu le verre à fentir la chaleur,
& empêcher qu’il ne fe cafte par une trop
prompte &'trop vive atteinte du feu.
On l’introduit enfuite un peu plus avant dans
le fourneau & par degrés, en Important également
fur chaque côté des parois.
Alors on bouche l ’entrée du foyer, ce qui empêche
le fourneau de tirer trop d’air, & le charbon
de fe confirmer trop vite. On le laifle ainfî
pendant une bonne heure au moins.
On range enfiiite tout le charbon allumé de chaque
côté de la poêle à égale diftanee jufques vers
le fond du fourneau.
On fe fert à cet effet du rabiot, infiniment fem-
blable a celui que les boulangers nomment râble,
& - dont ils fe fervent à remuer les tifons & à manier
la braife dans le four.
Cet infiniment emmanché dans le bois, confîfte
en une branche de fer de trois à quatre lignes en
quarre, un peu recourbée vers l’extrémité oppofée
au manche.
Après trois heures & plus de ce feu de charbon.,
le peintre fur verre introduit dans Ton fourneau
deux bâtons de cotteret d’égale grofleur, de bois
de hêtre déjà fec , & qu’il a fait fécher fous le
foyer ou fur la calotte du fourneau.
Il les porte avec le rabiot fur les braifes reliantes
du charbon , l’un d’un coté , l’autre de l’autre , où
ils ne tardent pas à s’enflammer.
On préféré le bois de hêtre au bois de chêne.,
parce qu’il eft moins fujet à pétiller & à fumer.
On choifît ordinairement les plus gros bâtons
pour le commencement, parce qu’ils ne donnent
pas d’abord une flamme fi v iv e , & qu’ils produi-
fent, en tombant en braife , une chaleur plus douce
& de plus de durée.
.Si ces deux bâtons tombent en braife prefque
dans le même moment à chaque côté d'u fourneau,
e’eft un ligne que la chaleur eft égale par-tout.
Alors il faut veiller pendant fîx.heures au moins
à entretenir fcrupuleufèment ce feu de cotter,ets ,
de façon qu’auffi-tôt qu’un bâton tombe en braife,
on en fubftitue un autre en fa place.
La flamme non interrompue circulera continuellement
autour de la poêle, en lui donnant ce qu’on
appelle un feu de réverbere. *
Si la braife vers la fin s’ amafloit en trop grande
quantité dans le fourneau, ce qui pourroit fuffbquer
l’adivité du feu, ainfî qu’on le reconnoît lorfque
la flamme .celle de jouer par les quatre-coins du
fourneau, & chaufferoit trop le fond de la poêle ;
on retire de cette braife peu à peu & par intervalles,
on la ramenant fur le devant du foyer avec
le rabiot, d’où on la fait tomber dans un réchaud
ou un autre vaifleau propre à la recevoir & à la
répandre enfuite fur la calotte du fourneau.
Après fîx heures de ce feu de bois, foigneufe-
ment & artiftement conduit, on commence à déboucher
le pairage des eflais fiir le devant du fourneau.
Pendant qu’on le débouche, il faut avoir foin
d’introduire^ dans le foyer du, fourneau les pincettes
dont on doit fè fervir pour retirer les eflais de la
poêle, afin de donner à ces pincettes un degré de
chaleur convenable à celle dont les eflais font atteints,
& que , faifis par le froid de l’inftruinent
qui Terviroit à les tirer, ils ne fe caftent pas par
l ’extrémité qui déborde la poêle, ce qui empêche-
roit de les retirer.
On retire ordinairement trois eflais à la fois, un
du bas-, un du milieu,& un du haut, pour être
également sur de l’atteinte du feu, que la poêle
auroit reçue par-tout avec le même concert.
On les laifle refroidir petit à petit, en les posant
de rang fur le devant du four.
Si les émaux commencent à s’attacher, fi le
jaune fe fa it, on augmente l ’aâivité du feu , en
introduifànt dans le fourneau de petits bâtons ou .
éclats de eotterets bien fées que l’on aura réfèrvés
pour la fin. Une demi-heure après on tire de nouveaux
eflais.
Si les émaux, quoique plus adhérens au verre,
ne paroiffoient pas encore clairs , fondus & liftes;
fi le jaune pâroît encore foible par comparai Ion au
premier eftai qui en a été fait au feu domeftique ,
vous continuerez encore ce feu d’atteinte une demi-
heure ou un peu plus , félon l’indication des trois
derniers eflais que vous retirerez de la poêle.
Au refte, on peut fuivre les indications des étincelles
qui fortent dès barreaux , & de leur couleur
de. cérife.
Les émaux font cenfés fuffifamment recuits ,
lorfqu’après le refroidiffement des eflais , vous ap-
percevrez , fur le revers de,l ’en droit où ils ont été
couches, qu ils,commencent a fe divifer par petites
lames , fans cependant fe féparer. ‘
,, ^ ’eft ce que les peintres fur verre appellent dès
émaux calcinés.1
Il faut alors ceflèr le feu , boucher exaâement
toutes les îffues du fourneau , par léfquelles l’air
pourroit s introduire, & laifier le tout fe refroidir
ainfî de- foi-meme avec la plus grande patience.
Ce refroidiffement, fuivant les faifons, dure qua-
rantemuit ou fçixante heures.
Lorfque la calotte du fourneau, ainfî que fès
P.^vr° ls s lent froids, .vous levez la calotte pièce par
pièce j & fi la poêle n’a plus confervé de chaleur,
vous en retirerez vos pièces lit par l i t , comme
vous les y avez introduites, en confèrvant foigneu-
fëment la poudre de chaux ou de plâtre, qui vous
aura fervi a les ftratifier , pour la garder & la faire
reflervir , après l’avoir tamifée, aux recuiffons fui-
vantes.
Toutes les pièces étant retirées de la poêle, vous
découcherez de jaune toutes celles qui en avoientété
couvertes.
C ’eft alors que vous reconnoitrez le bon ou mauvais
fuccès de votre recuiflon, dont un trop prompt
& trop impatient empreflement à dépoêler peut,
enun inftant, vous faire perdre tout le fruit, en fai-
fànt cafler tout l’ouvrage.
Le traitement du feu pour la recuiflon que nous
venons d’enfèigner, eft, à la vérité, plus fatiguant
que le précédent, à caufè de l’attitude toujours
baiffée, dans laquelle ,1e peintre fur verre doit fè
tenir pendant fîx ou fèpt heures au moins , pour
s’aflurer du moment auquel fes bâtons tombent en
braife, & y en fubftituer de nouveaux; mais combien
de perfonnes préféreroient cette fatigue-à la
vapeur nuifîble d’un feu de charbon qu’il faut fou-
tenir pendant huit ou neuf heures dans le premier
traitement.
Voici le traitement du feu des recollets, peintres
fur, verre.
La différence eft grande entre l ’un & l’autre traitement,
C’eft au fiirplus à i'artiâe à comparer en-
tr’eux les différens procédés que nous lui donnons,
& à fuivre de préférence celui que l’expérience
lui indiquera comme le .plus sûr.
Leur, manufçrit pour le. traitement du feu re-
I commande le temps de la nuit, comme le plus
calme.
. * En commençant à chauffer le fourneau vers les
dix heures du. fôir, la recuiflon peut durer jufi-
ques vers les. dix heures, du matin .du jour fiii-
. vant.
C’eft de l ’étendue, du. fourneau , de la qualité
des couleurs qui font à recuire , & du plus ou:
moins de dureté connue du verre qu’on y a employé
, qu’ils font dépendre le plus ou le moins de
durée, y ayant du verre qui ne demande à la re-
; cuiffon que neuf ou dix heures de feu, d’autres juf-
qu’à douze ou treize.
Ils preferivent trois heures- de feu de charbon,
déjà allumé, avant qu’on l ’introduife dans le fourneau.
Il faut le ranger également le long des murs
' côte du fourneau, en y fubftituant de nouveau charbon
, à merare1- 'que le premier fe -confume, parce qu%
la flamme fe porte toujours affêz ' vers le milieu.
Après un feu de trois heures de. charbon., ils