
La hampe ou manche de cet outil peut aulïi être
pointue & fèrvir à éclairer de petites efpaces, comme
les mufcles, la barbe, les. cheveux, &c.
L e balai efl le même outil que les graveurs nomment
le pinceau, & dont ils le fervent pour ôter
de defïus leurs planches les parties ou raclures de
vernis qu’ils enlèvent avec la pointe ou l ’échoppe.
Cet outil fert dans la peinture fur verre à enlever
de demis l’ouvrage les. pâmes sèches du lavis
qui ont été enlevées avec..la hampe du pinceau ou
la broflè pour les clairs.
Il fèrt encore à adoucir le lavis dans les charges
de demi-teintes, ou même lorfqu’on • couche une
pièce entière de la v i s à en étendre uniformément
la furface. On en a de plus longs & de plus courts.
Les plus longs fervent à ce dernier ufage , &
les plus courts à former en tappant ces points que
le graveur tire de fa pointe*
On doit avoir bien foin de fécher légèrement
le balai' ? en le frottant fur la paume de la main,
fî-tôt jqhe Ton s’en efl fervi, de peur que le lavis
venait à s’ÿ fécher, le balai ne s’endurcifle ; car
alors, en le paflant fur le lavis frais, il gâterait
l ’ouvrage en l ’écorchant.
IJ en efl de ces balais comme des pinceaux; ils
ne. doivent fèrvir que pour une couleur.
On peut en avoir de différente« gro fleurs, fùivânt
les différens ufàges qu’on veut en faire dans les
ouvrages plus ou moins fpacieux.
On appelle brojfe- a découcher tochre uïie broffe
de fànglier, telle que font celles dont on fè fert
pour nettoyer des peignes.
On en fait ufage pour broffer & enlever de defïus
le verre recuit ce qui efl refié de la terre de l’ochre
qui a fervi de véhicule à l ’argent pour faire la couleur
jaune.
Comme cette terre pourroit n’être pas entièrement
dépouillée de toutes les particules d’argent
auxquelles elle a été mêlée, on la uonferve après
qu’elle efl enlevée, pour la mêler & rebroyer avec
de nouvel argent lorfqu’on fait de nouveau jaune :
auquel cas, fi la quantité de l ’ochre déjà recuite
était un peu étendue, ôn pourrait mettre la dofè
d’ochre un peu plus forte dans la compofîtion d’un
nouveau jaune, en y.mêlant de la nouvelle.
Le peintre fur verre doit encore avoir fur fa table
quelques feuilles de papier courantes , toujours
prêtes fous fà main, pour couvrir fbn ouvrage contre
la pouflière, & même pour pofèr fur fa pièce lorf-
qü’il travaille , !de peur que l’humidité ou la féche-
refïe de la main n’effaçe ou n’éçorçhe l’ouvrage
déjà fait.
Il fe fert aufïi d’un poids de plomb pelant environ
trois livres , pour arrêter à propos la pièce de
verre fur le deflin d’après lequel il peint, & l ’empêcher
de fe déranger lorfqu’il en retire le trait. Nos
récollets avoient deux emoraffures ou pinces de bois
faites d’un même morceau, avec une chaînette à
coulifiè, plus groflè par un bout que par l’autre.
Cet outil, dont je n’ai jamais vu de modèle,
leur fèrvoient à tenir deux pièces enfèmble lorsqu’ils
retiraient le trait d’après le deflm, pour n’en
point déranger les contours,
La grande propreté qu’exige la peinture fiir verre
, fèmble encore preferire à l’artifle qui s’en occupe
, de meubler fbn attelier d’armoires, dans lesquelles
les pièces déjà finies au noir, foient foigneu-
fèment préfèrvées de la pouflière. Elle nuirait à la
propreté qui leur convient pour recevoir avec fiiccès
les différentes couleurs qu’on doit y coucher pour
terminer l’ouvrage , & les empoeler lorfqu’elles
feront sèches.
Ces armoires fèrviront encore à renfermer d’une
part les émaux en pains ou en poudres , dans des
caffètins Séparés & marqués fînvant leurs différentes
couleurs ; de l’autre les différens godets où elles' ont
été détrempées, fans jamais les laiflèr découvertes.
Il peut fe fervir à cet (effet de couvercles de carton
qui emboîtent bien juflement fès godets & fbn
plaque-fèin.
Il fera bien aufîi de tenir proprement renfermés
dans une de ces armoires fès deflins & fès cartons ,
afin que , fi par la fuite des temps il venoit à fe
cafïèr quelques pièces, il retrouvât les deflins ou
cartons qui ofit fèrvi à l’ouvrage, pour les renouv
eler dans un parfait accord.
Il pourroit y rafïèmbler & confèrver de même
quelques bons morceaux de peinture fiir verre ,
comme des têtes, des mains, des pieds, des fleurs,
des fruits , dé petits payfàges, qui fè trouvent facilement
dans un temps où l’on démolit plus de vitres
peintes qu’on n’en conferve.
Ces morceaux, s’ils font de bons maîtres, feront
pour lui d’excellens modèles qu’il ne peut trop avoir
fous les yeux pojjr en imiter la bonne manière.
Travail du peintre fur verre.
Les deflins ou cartons que le peintre vitrier doit
exécuter fur le verre étant faits, agréés,, arrêtés
par lès parties, & même arrhés fiiivant i’ufàge le
plus ancien, fbn premier travail efl de tracer fiir
ces deflins avec un crayon aflèz diftind les contours
de la coupe des pièces de verre & des plombs
qui., doivent les joindre.
Il fera des différentes parties dont ils font com-
pofés, un tout dans lequel le plomb & les verges
de fer, qui doivent maintenir les panneaux, ne
coupent.aucun des membres, en paflant au travers;
ce qui ferait infupportable, fur-tout dans les têtes?
Cette attention ne dpit pas être moins féxieufè
dans les frife«.
La diflribution dès pièces de verre qui les Com-
pofent fiir la hauteur, doit , même en les defli-
nant, être faite de manière qu’elles fè coupent
toutes uniformément à la hauteur de la place, où la
verge de fer doit pafïèr fur la façon des vitres ,
fans en déranger les accords, & fans rien altérer
de leur fblidité.
Il efl aifé de fèntir qu’une fleur, ou un fruit,
ne doit pas être coupé de forte qu’une moitié fe
trouve dans une pièce, & l’autre.moitié dans celle
qui la fuit.
Enfin, il faut que le deflin de ces frifès foit aflii-
jetti à la diflribution donnée par le calibre de vitres
blanches, pour la place des attaches de plomb qui
fbutiendront les verges de fer, fiir l ’alignement des
crochets de fer qui doivent les porter.
Cette diflribution exaélement faite félon les règles
de la vitrerie', le peintre vitrier s’occupera de la
coupe de fbn verre, prudemment choifî pour fervir
de fond à fa peinture.
Il fiiivra l’ordonnance des contours des membres
& des draperies dans les tableaux & des ornemens
des cartouches ou des fiipporfs dans les armoiries.
Il diminuera fiir la grandeur du panneau un jufie
efpace pour l’épaiffeur du coeur du plomb, qui, fans
cette attention, le rejetterait & tiendroit le panneau
trop fort pour la place qu’il deit remplir.
Les pièces ainii détaillées & coupées , il efl important
pour la plus grande propreté que l’ouvrage requiert,
ce que nous ne pouvons trop répétér ,
qu’elles foient exaélement purgées de la craffe ou
de la pouflière qu’elles auraient pu contraéler.
Les plus laies le feront, non en les paflant au
fable, car la fàleté graifîèufè des carreaux de vetre
qu’on y auroit déjà nettoyés, ou l’humidité de l ’eau
dans laquelle ôn les aurait trempés , s’attachant au
fable, le rendrait peu propre à cet ufage ; mais en
les nettoyant avec une eau de lefiive bien épurée,
dans laquelle on auroit fait détremper un peu de
blanc d’Efpagne, que l’on effiiiera avec des linges
doux & blancs de ieflive.
Si ces pièces' n’étoient couvertes que d’une légère
poufliere, on fè contentera dq l’enlever en halé-
nant defliis & la reflùyant avec des linges fèrnbla-
bies. . ■ H n | | 6
Trop d’humidité feroit couler la couleur dont on
fe fert pour former le trait, & la graifle empêcherait
qu’elle ne s’y attachât..
--- — vm v_Lt iui ie carton , c
numérotées imperceptiblement , tant fiir lui qu<
fùr le verre. Par-là. chacune trouvera plus facilement
fa place, lorfqu’après la recuiflon il s’agin
de les joindre enfèmble avec le plomt> pour er
faire des panneaux*
J S’agit-il d’armoiries, car à préfènt c’eft prefque
le feul objet de la peinture fur verre , le titré les
voudra ou plus étendues, c’efl-à-dire, d’un panneau
compofé de plufieurs pièces; ou d’une feule
pièce quarrée, ronde ou ovale, qui efl la forme
la plus ordinaire.
Le degré d’élévation auquel elles doivent être
placées , & ceci a lieu pour tout autre fujet, prescrira
au peintre fur verre la manière de peindre
qu’il doit y employer ; car nous allons lui faire
voir qu’il y a deux manières de repréfèiiter les objets
fiir le verre, après lui avoir montré l’efpèce de
confanguinéité qu’a fon art avec la gravure.
Le travail du peintre fur verre, avant l’application
des émaux colorans & leur reeuiffon au fourneau
, fe borne à une grifaille de blanc & de noir ,
c’eft-à-dire , de lumières & d’ombres, comme celui
du graveur après l ’impreflion. L ’application des
couleurs efl au premier ce que l ’enluminure efl au
fécond,
# Entre les trois manières de graver, foit au vernis
a 1 eau-forte, foit au burin, foit en manière
noire , quoique la gravure au vernis ait avec
la peinture fur verre , dans la manière d’opérer ,
quelques reffemblances qui s’écartent dans l ’effet,
ce que le graveur emporte du vernis avec la pointe
ou l ’échoppe donnant les ombres par l ’opération de
l’eau-forte, comme ce qu’il en épargne donne les
clairs ; le rapport que je dis exifler entre la gravure
& la peinture fiir verre fera parfaitement étab
l i , fi nous l’appliquons finguliérement à la manière
noire,
Des deux manières dont on peut traiter la peinture
fur verre,
La première, manière de traiter la peinture fur
verre , efl celle des peintres des deux derniers ficelés
& d’une partie du quinzième, où cet art quitta
le détail minutieux des fiècles précédens, pour fè
développer fur des pièces de verre d’une plus grande
étendue.
Elle auroit lieu encore dans les morceaux de
grande exécution , s’il s’en faifoit, ou dans ceux
qui font moins expofés à la vue. Voici donc comme
on y procède.
Le peintre fur verre pofè devant lui à plat, fiir
la pancarte qui couvre fà table, le deflin qu’il veut
peindre.
Il y applique la pièce de verre qui doit lui fèrvir
de fond , & l ’y retient avec cê poids de plomb que
nous avons mis au rang de fes .outils, qui, rond
dans fon contour, plat dans, fon aflietfe , fempêche
que la pièce ne fè dérange, lorfqu’il veut retirer
fur le verre le trait du deflin qu’il apperçoit au tra~,
vers..