
2 8 i Ç R Ë
tout dans 1« plus petits vaiflëaux j parce qu’elles y
deviennent entièrement tranfparentes,
*11 faut pour les rendre fenfibles y mêler quelques
matières capables de les colorer ; & lorfqu’on injeéte
diftérens vaiflëaux d'une partie , même des plus
gros, on a de la peine à diflinguer les uns, a moins
que l’on ne donne différentes couleurs aux injections
, ce qui rend aulîi les préparations plus
belles*
Pour cet effet, les anatomifles fe"fervent de plu-
fieurs matières pour co’orer leurs liqueurs félon leur
intention: ces matières font, par exemple, de la
gomme gutte, du faffran , de l'ivoire brûlé , &c.
qu’on peut avoir aifément.
L ’effentiel efl d’examiner les matières qui font
propres à être mêlées avec les liqueurs deftinées à
injeéter les vaifTeaux capillaires ; car il eil rare qu’on
ait befoin d’injeéter d’autres va fléaux, excepté cei>
taines ramifications principales des artères, & quelques
veines.
Les couleurs communément employées pour ces
deux dernières fortes de vaifTeaux, font le rouge,
le verd, & quelquefois le bleu.
Les anatomifles fans-doute fe font propofés d’imiter
les couleurs naturelles des artères & des veines
de l'animal vivant, en rempliffant les unes avec'
. «ne matière rouge, & les autres avec une matière
bleue ou verte. Il ré fuite cependant d’autres avantages
de ces couleurs, telle que la vive réflexion des
rayons de lumière, & le peu de difpofition qu’elles
ont à les laifïer paffer, ou à devenir tranfparentes , ■
fans quoi les vaifTeaux les plus fins feroient encore
imperceptibles après avoir été injeétes.
Les matières animales & végétales dont on fè
fert pour colorer les in jeélions ,• telles que la cochenille,
la lacque, Porcanette, le bois de bréfîl, l ’indigo,
&e. ont en général l’inconvénient de fe gru-
meler, & de boucher ainfî quelques vailTeaux. Leurs
couleurs aufli le paffent trop tôt, lorfqu’on fait def-
féchetles parties, & elles les communiquent encore
aifément aux liqueurs dans lefquelles on ccnferve les
préparations, outre qu’elles ont les inconvéniens
d’attirer les infeétes ; ainfî, quoiqu’on rc-ufliffè affez
fouvent, eh fe fervant de ces couleurs, il faut cependant
préférer les fubftances minérales, telles que la
pierre calaminaire, le minium, ou le vermillon
pour les iujeétions rouges , & de ces matières, le
vermillon eu encore préférable aux autres, parce
qu’il donne une couleur plus vive, & qu’cn le trouve
ordinairement mieux broyé.
La couleur verte qu’on emploie généralement,
efl le vert-de-gris, & celui q.u’o.n nomme cryffallifé
vaut mieux encore, parce que fa couleur efl plus éclatante
, -qu’il ne fe grume’e jamais , & qu’i l fe difïbut
dans, les liqueurs graffes.
Pour les injeétions fines, on prend une livre.
P R E
d’huile de térébenthine claire, & on y mêle peu 3
peu une once de vermillon , ou de vert-de-gris
cryilallifé en poudre fubtiie, ou plutôt exaélement
broyé fur le porphyre’, il faut les agiter avec une
fpatule de bois , jufqu’à ce que le mélangé foit
exaét, & paffer enfuite la liqueur par un linge fin.
La féparatîon des parties les pins groffieres , fe
fait encore, mieux en ne verfant d’abord fur la
poudre que quelques onces d’efprit de térébenthine,
& agitant fortement avec une fpatule : laiffez un
peu repofer', & verfez par inclmaifon d • ns un autre
vafe bien net l’efprit de térébenthine, & le vermillon
ou le vert-dt-gris qui y efl fufpendu, & répétez
cela jufqu’à ce que l’efprit c!e térébenthine n en-
leve plus.de la poudre* & qu’il n’en refie que les
parties les plus groflîères.
L ’injeétion ordinaire fe prépare ainfî : prenez uns
livre dé fuif, cinq onces de cire blanche ou jaune,
trois onces d’huile d’olive , faites fondre ces matières
au feu de lampe ; lorfqu’elles feront fondues
, ajoutez - y deux onces de térébenthine de
Venife ; & quand elle fera mêlée, vous y ajouterez
environ deux onces de vermillon ou de vert-de-
gris préparé, que vous mêlerez peu à peu ; paffèz
alors, votre mélange par un linge propre & chauffe
pour féparer toutès les parties groflîeres ; & fi 1 on
veut pouffer cette madère plus avant dans les vaii-
feaux , on peut, avant que de s’en fervir, y ajouter
un peu d’fiuile, ou efprit de térébenthine.
Détails fur la manière de procéder aux préparations
anatomiques,
En réfumant ce qui vient d’être rapporté, voici
quelques règles générales & particulières pour
réufïir dans les préparations anatomiques.
Il faut d’abord faire choix d’un fujet conve-
; nable.-
io. Pus le fujet que l ’on 'injeéte efl jeune, plus
! aufli, toutes chofes d’ailleurs égales , rinjeétion fe
portera loin, & ainfî du contraire.
1°. Plus les fluides .de l’animal auront.été difious
& épuifés pendant Ta vie, plus aufli le fucccs de l’opération
fera grand. .
3°. Moins la partie que l’on a deffein d’injeéler
efl folide, plus les vaifTeaux fe rempliront.
4°. Plus ies parties font membraneufes & trarif-
parentes, plus rinjêétion fera fenfible.
C’eil pourquoi, lorfque- l’on injeéte quelque partie
folide d’un vieux fujet qni éil mort ayant les yaif-
feaux pleins d’un faég épais, à peine .efl-il poflible
de pouffer l’injedioh dans quelques vaifTeaux.
Les principales chofes que l’on doit.avoir en vue
lorfqu’op a deflein d’injeéter un fujet, font de dif-
foudre'Ies fluides épaiflis, de vuider les vaifTeaux,
w\W
P R E
-’de relâcher les folides, & d’empêcher (jue. la liqueur
injeétée ne fe coagule trop tôt*.
Pour remplir toutes ces fins, quelques auteurs
ptopofent d’injeéler par les artères de l’eau tiede
ou chaude, jufqu’à ce qu’elle deviènne claire par
les veines ; & les vaifTeaux par ce moyen font fi
bien vuidés de tout le fang qu’ils contenoient que
les parties en paroiffent blanches.
Ils confeillent enfuite de pouffer l ’eau en intro-
duifant de l’air avec force, & enfin de faire fortir
l ’air en preffant avec lès mains les parties où il a été
introduit*
Après une femblable préparation on peut parvenir
, il efl vrai, à faire . des injeétiops Tubtiîes ;
mais il y a ordinairement un inconvénient inévitable
qui efl dans toutes les parties où il fe trouve
«n tiffu cellulaire tant foit peu confidérable ; la
tunique cellulaire ne manque jamais d’être engorgee
d’eau qui gâte les parties qu’on a deffein de con-
feryer dans les liqueurs, ou de faire deflecher.
Il efl encore rare qu’il ne fe mêle avec rinjeétion
graffe, foit dans les grands, foit dans les petits
vaifTeaux , quelques parties aqueufes qui font pa-
roître l’injeâion interrompue; c’efl pourquoi il vaut
mieux fe paffer de cette injeétion avec l ’eau fi on
le peut, & faire macérer le fujet ou la partie que
l ’on , a deffein dinjeéter, pendant long-tems dans
de l’eau chauffée au degré qu’on y puiffe facilement
porter la main.
Par le moyen de cette eau chaude , les vaifTeaux
feront fuffifamment ramollis & relâchés , le fang
deviendra fluide & l’injeélion ne fera pas’ expofée à
fe refroidir fîtôt ; mais il faut avoir foin que l ’eau
ne foit pas trop chaude , car les vaiflëaux fe ra-
eourciroieiit & le fang fe durciroit.
On peutpendant la macération exprimer de tems
à autre , autant qu’ il efl poflible, les liqueurs de ranimai
, & les déterminer - vers le vaifTeau qu’on a
ouvert pour pouffer l’injeélion.
Le tems qu’il faut continuer la macération efl
toujours proportionné à l’âge du fujet, à la grôf-
feur, à la grandeur des parties qu’on veut injeéter,
& à la quantité de fang que l’on remarque dans les
vaiflëaux , ce qui ne peut guère s’apprendre que par
l ’expérience. Mais il faut au moins faite Ton poflible
pour que le fujet ou la partie macérée foit bien
chaude, & continuer..à prefTer en .tout fens avec
les mains jufqu’à ce qu’il n’y ait plus de fang , dans
quelque fituation qu’on mette le fujet.
Lorfque la feringue à injeéter, 1-injeétion & le
fujet font en état, il faut choiïïr un des tuyaux de
la fécondé efpèce, dont le diamètre foit propor-
E R E
tienne à celui du vaifTeau par lequel doit fe faire
rinjeétion ; car fi le tuyau efl trop gros, il efl évident
qu’on 11e pourra pas l’introduire ;. & s il efl
beaucoup plus petit que le vaifTeau , il ne^ fera pas
poflible de les attacher fi bien que les tuniques des
vaiflëaux en fe repliant ne laiffent entr’elles & le
tuyau quelque petit paflàge par lequel une partie
de l’injeélion rejaillira fur celui qui injeéle dans le
tems, de l’opération, & les vaiflëaux les plus proches
fe vuideront en partie par la perte d’une portion de,
la liqueur injeélée*
Lorfqu’on a choifî un tuyau convenable, il faut
l ’introduire dans l ’orifice du vaifTeau coupe, ou
dans une incifion qu’on y fait latéralement; & alors,
ayant pafîe un fil ciré au-deflous & le plus près du.
vaifTeau qu’il efl poflible , par le moyen d’une aiguille
ou d’une fonde flexible & armée d’un oe il, il
faut faire avec le fil le noeud du chirurgien, & le
ferrer autant que le fil le permet, ayant foin que le.
noeud porte fur la hoche ou entaillure du tuyau , autrement
le noeud gliiïeroit, & le tuyau fortiroit du,
vaifTeau dans le tems de l’opération , ce qui là
rendroit inutile.
S’il fe trouve de grands vaiflëaux coupés qui
communiquent avec ceux qu’on a deflein d’injeéter ,
ou s’il y en a d’autres qui partent du meme tronc,
& qu’on ne veuille pas y faire paffer rinjeétion, il
faut les lier tous avec foin pour ménager la liqueur,
& pour que l’opéràtioii réponde mieux à l’intention
que l’on a pour lors.
Tout cela étant fait, il faut faire chauffer au feu
de la lampe les deiix fortes d'injeétions, ayant tour
jours foin de lés remuer continuellement, de crainte
que la poudre qui leur donne la couleur ne fe précipité
au fond & ne fe brûle.
L ’efprit de térébenthine n’a pas béfoin d’etre
chauffé plus qu’il 11e convient pour qu’on y "tienne
le doigt. L ’irijeâion ordinaire doit prefque bouilir.
On aura avant tout cela enveloppé la feringue
avec plufieurs bandes de linge, qu’on mettra principalement
aux endroits, où l’opérateur doit la tenir
& qu’on affermira avec un fil*
Il faut bien échauffer la feringue en pompant à
plufieurs reprift-s de l’eau bien chaude ; il fa-ut aufli
chauffer le tryau"attaché au vaifTeau, en appliquant
deffus une éponge trempée dans de l’eau bouillante.
Tout étant prêt & la feringue bien vuidée d’eau,
l’opérateur la remplit de rinjeétion la plus fine ; &
introduifant le tuyau monté fur la feringue dans
celùi qui efl iié avec le vaifTeau, il les preffe l’im.-
Contre' l’autre , tient avec une main ce dernier
tuyau, prend la feringue de l’autre, & portant le
l pifton contre la poitrine, il le pouffe en s’avanqant
Rrrr b