
■ t” . La mine de plomb rouge, ou minium ; il
faut choifir la plus pure. Elle rend l’émail doux;
mais la couleur jaune. dont elle eft fùfceptible ,
empêche de la Faire entrer indiftin&ement dans
toutes fortes d’émaux.
t° . Le lel alkali fixe des fubflances végétales.
Î1 donne aux émaux une qualité moins • douce,
mais il n’eft pas fùfceptible de ce jaune.
5°. Le borax. Il opère la vitrification des émaux
& leur fufîon plus qu’aucune autre fùbflance. Avant
de le mêler àvec lès autres ingrédiens, il faut le
calciner & le puivérifèr. 11 ell très-utile , parce
qu’il rend les couleurs plus douces à la fufîon.
4°. Le fèl marin efl au fil très-utile pour les fou-
clans. ILeft-extrêmement fluide & peu tenace,
mais plus fujet à pétiller que les ' autres Corps
„vitreux, /
" ç°. Le nitre & l’arfenic font encore des fondans ;
mais la méthode de les employer efl plus. difficile
& plus compliquée/
Les, matières qui forment- le corps d’un émail
fondant font •: *
i° . Le fable blanc. Pulvérile , il fe mêle mieux
avec les autres ingrédiens, & rend le verre plus
parfait.
2.°. L e caillou calciné au feu jufqu’à çeque toute
fà ffibftatiçe devienne blanche. Pour lors.il faut le
retirer' du feu, le jèttër dans'l’eau froide, & l ’y
laifîèr quelque temps, pour le mettre en état d’être
pulvérifé.. Quand on ira qu’une petite quantité
d’émail à préparer, il- faut préférer les cailloux au
fable , .comme plus faciles à:réduire en poudre
impalpable.' t
3°. Le moilpn calciné fe tourne plus promptement
en vitrincàtioij' qué le caillou & le fable,.
& donné un7fondant plus doux.
Les matières qui entrent dans la eompofîtion de
l ’émail blanc, dont on fait les fonds des ouvrages
de peinture eti.émail; font :.
. i° . L ’étain calciné. Celui que les lapidaires préparent
& expqfeht ën vente ëft à meilleur compte.
Il efl connu fous le nom de putty , en François ’
ÿùté'e.
Il faut prendre garde qu’il ne foit falfifié y,
ce qui fë fait' avec la chaux où. quelque terre
blanche.
L e moyen de reccnnoître cette falfification efl
de mettre le putty- dans un creufet- avec du fuif
ou de la graiffe & de le faire fondre, en y ajoutant
toujours de *la graiffë jufqu’à ce que l-’étain
calciné ait repris fbn état métallique ; Car après que
la graille efl brûlée, la terre ou la chaux qui ai-
roit été mêlée avec l ’étain relie & fumage la fur-
face du métal.
Si la falfification en étoit faîte avec. le blanc
de plomb, il ne fèroit pas fi aifé de la découvrir,
parce qu’il fe mêle avec l ’étain à j a fufîon. Mais fi
l ’on couvre le creufet dans lequel le putty fera
fondu, avec un autre creufet, le blanc de plomb ,
s’il y en a, jettera une couleur de jaune brun adhérente
au couvercle.
Pour faire un émail blanc pur & parfait, la maniéré
efl de calciner foi-même l ’étain avec le nitre
ou fàlpêtre, ainfî qu’il fuit.
Prenez une demi-livre de fàlpêtre : faites; - le
fondre dans un creufet.
Lôrfqu’il fera fondu, jettez-ry de temps en temps
une demi-livre de limaille d’étain le plus fin, &
dans les intervalles laiffez faire fbn explofïon à la
partie d’étain que vous aurez jettée dans le creufet.
Remuez le tout avec un tuyau de pipe.
Lorfque vous aurez projeté tout votre étain, remuez
encore le tout pendant un peu de temps.
Ote-z le"creufet du feu. Trempez-le dans l ’eau froide
jufqu’â ce qué le tout foit refroidi & puifle être enlevé
du creufet, fans rien prendre de la fùbflance
dudit creufet.
Quand votre étain calciné fera bien fè c , mettez-
Ie dans une bouteille , & bôùçhez - la foigneu-
fëraent; /
S’il refloit quelque partie de fel, il- -n’ efl pas be-
fbiij de le féparer d’avec l’étain calciné ; il ne peut
lui porter aucun préjudice.
z°. L ’antimoine calciné : mais il coûte plus de
.dépenfes' & de foins pour le réduire en chaux.
' Merret, dans fês notes fur Nerri, ordonne:autant
d’antimoine que .de pitre. Mais comme cette
proportion ne calciné .pas l’antimoine jufqu’à la
blancheur, & comme il ne produit que le crocus
metallorum, qui efl d’un rouge falë tirant fur le
jaune a Tantimeine ne peut remplir notre objet.
Merrèt fê trompe encore en difà'iit que le ré-
; gule d’antimoine efl bon pour cette opération,
:puifqu’éta/it un corps métallique malléable , il- ne
peut fe-, .pulyérifer, ou, du ,moins donner une cou-
■ leur Blanche, s’il étoit réduit en poudre. ;
Quand on veut fe fervîr d’antimoine pour l’é-
imail blanc, il faut le calciner avec le nitre comme
iL fuit.' f e ®
Prenez une part fl’antimôiîié & "trois, de''fàlpêtre.
Pulvcrifëz le lotit ettfembîé/''
Jettez ce mélange, par cuillerées dans un creufet
déjà rougi au feu.
Laiffez agir Fexplofîon à chaque cuillerée , &
la matière fe repofèr pendant quelque temps.
Otez-la du feu, & pour le refle opérez comme
pour l ’étain.
La chaux d’antimoine ainfî formée fera plus fine
que la chaux d’étain, & par conféquent plus parfaite
; mais celle d’étain. -, dépenfè moins de nitre
& produit plus. de. chaux.
3^. L ’arfênic : c3efl une matière4 très - délicate
à traiter, L ’adion du feu * transforme l’ar-
fenic en un corps tranfparent. On l’emploie. aufll
comme fondant; mais il faut bien connoître fés
qualités/, & prendre beaucoup de précautions dans
l ’ufàge qu’on eh fait.
Des matières qui entrent dans la compèfitioH de S'
émaux de 'couleurs,
i° . L ’outremer fêrt pour le bleu clair d’émail.
Ceux qui ne connqiffent pas l’ufage du faffre &
du bleu d’émail, s’en .fervent encore dans d’au-
1 très cas.
Au refle, il y a peu d’occâfîoqs où lé bon faffre
mêlé avec le borax & le caillou calciné , pu le
verre de Venifè qui ôte la'trop facile folubilité du
borax, ne produifè un meilleur effet que l’oü-
tremer.
i 0. Le faffre peut donner des;,douleurs bleues ,
vertes, pourpres & noires. On le tire d’une ef1
pece de minéral nomme cobalt.
Mêlé avec des fubflances vitrefcibles, il fe par-
fond avec, elles, & devient d’un bleu pourpre ou
violet.
■) On n’en peut connoître la bonté que par l’expé-
rience aétuelle.
3°. La magnefîe ou mat%anète eft une terre qui,
fondue avec des matières vitreutes,leur de rote fale. produit une couOn
remploie, non-feulement pour le rouge ,
mais pour le noir, le „pourpre & le'brun. On ne
peut s affurer de fa bonne qualité qu’en l’éprouvant.
’ ' . '■ ■ r
4°. Le bleu d’émail efl un faffre vitrifié par le
mélangé des fels alkalis fixes avec le fable où le
caillou calciné.
On 1 emploie avec un fondant ; mais cotnme il
donne trop d'opacité au verre, le faffre lui efl
préférable. Le bleu d’émail broyé fin & mêlé avec j
un quart de fon poids de borax,,réuffit rrè$-bien
lorfquon ne veut pas un bleu, trop foncé.
On juge de fà bonté par fon brillant & par l ’é - J,
paiffeur de fâ couleur. Le meilleur efl celui quî
tire le moins fur le pourpre.
Il n’efl pas fujet à la falfification , & on le
trouve aifément chez tous les marchands de cou-
| leurs.
. 5°* L ’or produit une couleur cramoîfie ou de
! rubis, qui par une méprite fur la fîgnification du
mot latin purpureus , a loiivent été nommée couleur
qe pourpre par des auteurs anglois ou franbois.
IM ^au£ à cet effet réduire l’or en poudre précipitée,
en le faifànt diflcmdre dafls l’eau régale,
& en le précipitant par le moyen de l’étain, du
! fel alkali fixe, ou des corp's métalliques & alkalins,
de la manière qui fuit.
i Prenez huit onces de pur efprit de nitre: ajqu-
fez-y deux onces de fel ammoniac bien clair, qui
; convertira l ’efprit de nitre en eau régale.
Mettez quatre onces de cette eau régale dans
une fiole convenable.
Faites-y diffoudre une demi-once d’or purifie
■ que vous trouverez chez les raffineurs fous le nom
1 d’or de grain ou de départ.
Pour hâter la folution , tenez la fiole dans un
degré de chaleur modéré jufqu a ce que l ’or difpa-
roiffe entièrement.
Prenez pareille quantité d’eau régale dans une.
autre fiole : mettez-y de petits morceaux d’étain
fin ou de la limaille d’étain.
Ajoutez-en par dégrés tant que. l’effervefcence
dure fans^ quoi le mélangé échaufferoit la fiole’
jufqu’au point de la faire câffer.
Verféz enfuite trente ou quarante gouttes de la
folution d’or dans une chopine d’eau. Immédiatement
apres verfez fur cetté eaù quinze on vingt
gouttes de la folution d’étain.
La diffolution de l’or faite par l ’eau régale fe .
précipitera en forme de poudre au fond de cette
eàu claire.
Vous répéterez cette opération jufqu’à ce que
toute votre diffolution d’or foit employée.
Lorfque toute la poudre ..d’or a été précipitée
verfez le fluide clair, & rempliffez votre fiole avec
de l’eau de fouroe.
Quand la poudre rouge fe fera précipitée au
fond , verfez encore de l’eau, mettez enfuite une
éponge humide fur la furface du fluide qui refle
avec la poudre.
Lorfque vous -aurez extrait toute l’eau , faites fé-
;cher la poudre fur une pierre de marbre ou de por-
phyre, & prenez bien garde qu’il ne s’y mêle ni
poumere ? ni faleté,