
grand degré de légéreté , qui indique le plus grand
degre de rectification des liqueurs fpiritueufès. -
Au moyen de cette conftruCtion, on peut avoir
des pefe-liqueurs toujours comparables entr’eux &
abfèlument de. même marche, quoique faits par
•différens ouvriers & dans des temps différens ; ce
qu on n’avoit pu jufqu’à prêtent le procurer pour
connoître avec précifïon les degrés de rectification
des liqueurs fpiritueufes.
J’ai fait faire, ajoute M. Beaumé, beaucoup de
pefe-liqueurs fèmbla'bles à celui dont on vient de
donner la defcription ; ils le rapportent entreux
avec la plus grande précilîon.
Lorfqu’on les plonge dans quelque efpèce d’eau
de vie que'ce lo it, ou dans un efprit-dé vin quelconque
, ils s’enfoncent tous exactement au même
degré ; en un mot, àquelqu’épreuve qu’on les mette,
ils font tou jours d’açCord entreux.
IIs indiquent tous le même degré' étant plongés !
dans la même liqueur, quelle que loit d’ailleurs !
i ’elpèce de verre qu’on emploie pour leur construction
, & quelles que Ibient les proportions qui
fe rencontrent entre la grofleur de la boule , là
longueur, & la groffeur de la tige.
J ’ai fait, dit M. Beaumé, beaucoup d’expérien-
fe-l-iqueur, dans lefquelles j’ai employé
entr’autres deux pefe-liqueurs difproportionnés par
•leur volume qui ont néanmoins conftamment indiqué
le même nombre de degrés, étant plongés
dans la même liqueur fpiritueufè.
i-e plus grand de ces pefe-liqueurs a la boule de
vingt-fept lignes de diamètre, fèize pouces & demi
de tige, laquelle à quatre lignes de diamètre.
Le plus petit .a la boule de neuf lignes de diamètre
, la tige de deux pouces & demi de long &
de deux lignes de diamètre.
Les autres pefe-liqueurs ont les boules & les tiges
de grolTeur & de grandeur intermédiaires.
Ce pefe-liqueur eft facile à confiruire. Il n’exige
aucun calcul mathématique , aucune proportion
particulière entre la groffeur & la longueur de la
tige refpeCtivement à la groffèur de la boule : il
fuffit, en le conftruifànt, de lui donner les dimen-
lïons les plus commodes, afin qu’il ne loit pas em-
barraflant : ce qui eft un avantage bien précieux
dans un infiniment de cette efpèce.
Les deux termes qu’on emploie dans la conftruCtion
de ce pefe-liqueur, font faciles à fe procurer.
La difliibution des degrés prefcrits n’eft point
arbitraire, comme elle l’eft dans tous les pefe-liqueurs
qu’on a faits jufqu’à préfent.
J e d i v i f e , d i t M . B e a um é , l ’ e fp a e e c o n t e n u e n t
r e l e s d e u x t e r m e s , e n a u t a n t d e n om b r e d e d e -
grès qu’il y a de livres defel dans l ’eau qui me ïért
pour un de ces deux termes,
Plufîeurs phyficiens avoient propofé pour point-
fixe de leur pefe-liqueur l ’eau pure pour le premier
terme, & des poids connus pour le fécond, par le
moyen defquéls on fait enfoncer le pefe - liqueur
convenablement. On divifôit l’intervalle Compris
entire ces deux termes , en des degrés refpeCtifs aux
poids qu’on avoit employés.
M. Beaumé a fait confiruire quelques pefe-liqueurs
par cette méthode, & chaque grain, poids
de marc , formoit autant de ‘degrés. Mais il n’a point
tardé de s’appercevoir quercette méthode étoit très-
défeCtueufè, & quelle ne pouvoit jamais fournir à
la phyfique un inflrument qui fût praticable pour
le commerce.
Deux pefe-liqueurs , conflruits par cette méthode
& de volume très-peu différent, s’accordoient fi
peu que l’un donnoit quatre-vingt-quinze degrés ,
& l’autre cinquante étant plongé dans le même e f
prit de vin, ce qui n’eft pas étonnant.
Le jeu du pefe-liqueur eft de déplacer un vo-
lume de liquide égal à la partie qui plonge dans
ce même liquide; mais ce déplacement fè fait non
feulement en raifon du poids, mais encore en rai-»
fbn du volume du pefe-liqueur,
Ainfï les poids dont on le charge dans l’intérieur
pour le graduer, agiffent différemment fûivant la
qualité du pefe-liqueur, & ils produifent d’autant
moins d’effet que le volunie du pefe-liqueur eft plus
grand.
On a demandé fi, par le moyen de ce pefe-liqueur
^ on^ pouvoit connoître la quantité d’eau & de
liqueur fpiritueufe contenue dans-une quantité donnée
d’efprit de vin , comme on conribît la quantité
de fèl qui fè trouve dans cent livres d’eau falée :
cela eft impofïible j & la comparaifon n’eft point
exaCte.
Le fèl eft indépendant de l’eau ; on peut l ’avoir
à part, parce qu’il peut exifter fans eau furabon-
dante à fon effence fàline. Mais il n’en eft pas de
même de l’efprit ée vin ; l ’eau eft un de fes principes
conftituans ; on ne peut l’en priver que juf-
qu’à un certain point, au-delà duquel on le dé-
compofè, & il ceffe d’être efprit de vin, fi on le
prive d’une plus grande quantité de fon eau.
La partie'vraiment fpiritueufè de l’efprit de vin
eft le^principe phlogiftique qu’il contient ; mais ce
principe tout feul ne peut point former d’efprit de
vin : c’eft fon union ayec l’eau & un peu d’acide
qui le produit.
L ’ether peut être confîdéré comme de l’efprit
de vin prodigieufement reCtifi^: .cependant il contient
encore plus de fept huitièmes de fon poids
d’eau principe , fans laquelle il ne feroit plus de
l ’éther.
Ainfî il éft démontré qu’on ne pourra jamais ,
par le moyen d’un pefe - liqueur connoître la quantité,
de liqueur fpiritueufe contenue dans un volume
d’efprit de vin : il indiqueroit plutôt , fi cela étoit
pofïible, lai quantité de matière inflammable ou
phlogiftique que" Pefprit de vin contient.
Il réfulte de ces obfervations qu’on doit fè contenter
d’un pefe-liqueur de comparaifon qui indique
avec précifïon qu’un tel efprit de vin eft meilleur
qu’un autre, & que celui qui eft moins bon contient
tant.d’-eau de plus que celui qui eft de meilleure
qualité : c’eft-tout ce qu’on peut exiger dàin
inftrument de cette efpèce..
Afin de mieux 'faire connoître l’utilité & les
avantages de ce pefe-liqueur^ M. Beaumé a raflèmblé
en une. table, rapportée .ci-après, les principales
expériences qu’il a faites fur l’efprit de vin.
Ôn a déjà fait beaucoup d’expériences du même
genre, & fînguliérement M. de Réaumur ; mais
comme elles ont été faites avec -des pefe - liqueurs
qui ne font pas comparables^ ces expériences & les
réfiiltats deviennent inutiles pour la chymie , pour
la phyfique & pour le commerce.
M. de Réaumur lui-même étoit obligé de fè fèr-
vir d’un pefê-liqueùr qu’il avoit gradué arbitrairement
, que lui feul pouvoit connoître , & qu’il lui
étoit impofïible de refaire fans étalon.
Il confervoit ce pèfe - liqueur avec le plus
grand foin : il s’en fervoit pour reconnoître les
degrés de l’efprit de vin qu’il affbiblifïèit avec de
l ’eau, & qu’il employoit pour la conftruCtion de
fes thermomètres ; mais il étoit fî perfûadé de la
défeCtuofîté de fon pefe - liqueur, qu’il n’en a jamais
parlé.
M. de Parcieux de l’académie des fçiences, à
J’occafion de l’examen que les commiffaires de la
:faculté de médecine ont fait des eaux de la rivière
d’Yvette, a inventé , de concert avec eux , un nouvel
aréomètre ou pefe-liqueur qui ne diffère de l ’ancien
, le plus ufité, que par fes proportions.
Sa fiole, eft -beaucoup plus grande , & fà tige
beaucoup plus menue : mais de ces deux change-
mens , du rapport de ces deux parties, il réfulte
une fî grande fenfibilité dans l’inftrument ; qu’il
indique d’une manière très-marquée la différence
de pefanteur fpécifique entre deux liqueurs, lors
même qu’elle eft fî petite qu’on ne pourroit l ’ap-
percevoir à l ’aide de la balance la plus fènfîble.
Par exemple , l ’eau des puits, de Paris, qui n’ont
point de communication avec les fofiès d’aifànce,
.ne diffère à cet égard de celle de la Seine & des
"bonnes eaux potables que par un peu de matière
p là t r e ü f e q u 'e l l e t ie n t e n d i f l o lu t io i i , m a is q u i e n
f a i t l a c in q c e n t ièm e p a r t i e .
C e p e n d a n t , lo r fq u ’ o n fo u m e t c e s d e u x e a u x à
l 'é p r e u v e d e l ’ a r é om è t r e d e M. d e P a r c i e u x , o n
t r o u v e q u e c e l l e d e l a S e in e l e f o u t ie n t e n v i r o n à
f îx p o u c e s & d e m i , t a n d is q u e l ’ e a u d e p u it s l e
f a i t m o n te r ju fq u ’ à v in g t - d e u x p o u c e s & d e m i , c e
q u i f a i t u n e d if f é r e n c e d é f e i z e p o u c e s .
M . de Montigni 3 d e l ’ a c a d ém ie d e s f è i e n c e s ,
a a u ffi im a g in é d e g r a d u e r d e s a r é om è t r e s d e m a n
i è r e à p o u v o i r le s . e m p l o y e r , p o u r ju g e r d u d e g r é
p lu s p u m o in s g r a n d d e s liq u e u r s f p i r i t u e u f e s , d é t
e rm in e r lé s d r o it s q u ’ o n d o i t im p o f è r d e i ïu s , &
d é v o i l e r e n m êm e t em p s le s f r a u d e s & le s a b u s .
I l p e fà l ’u n a p r è s l ’ a u t r e d an s u n e m êm e b o u t
e i l l e d e l ’ e fp r i t d e v in l e p lu s d é f le gm é & d e f e à u
d i f t i i l é e . A y a n t c o n n u l e r a p p o r t fp é c i f iq u e d e c e s
d e u x liq u e u r s , i l e n f it n e u f d if fé r e n s m é la n g e s e n
d iv e r f è s p r o p o r t io n s , d e p u is u n e p a r t ie d ’ e a u fu r
h u i t p a r t ie s d 'e fp r i t d e v in , ju fq u ’ à h u i t p a r t i e s
d ’ e a u fur, u n e p a r t i e d ’ e fp r i t . d e , y ,in .
L e pefe-liqueur fia t p lo n g é d an s c e s d iv e r s m é l
a n g e s c o n n u s d an s le u r : r a p p o r t , & i l g r a d u a e a
ç o n f é q u e n c e fo n a r é om è t r e .
L a balance hydrostatique p e u t v e n i r e n c o r e a tf
fè c o u r s d e - l ’ a r é om è t r e . V e u t - o n c o n n o î t r e l a q u a l
i t é d e l ’ e a u d e v i e d ’u n e l iq u e u r fp i r i t u e u f è , &
l a p r o p o r t io n d e s p a r t ie s fp i r i tu e u f è s a v e c l e s p a r t
ie s a q u e u fè s , o n p r e n d u n e p e t i t e b a l a n c e a u x
d e u x e x t r ém i t é s d u flé a u d e l a q u e l le f o n t f i i fp e n -
dus d e u x c y l in d r e s d e c u i v r e p a r f a i t em e n t ' é q u i lib
r é s^ n • i -: i **• - ■
E n p lo n g e a n t u n d e c e s c o rp s d an s l ’e a u d e v i e
q u ’o n v e u t e x a m in e r , & l ’ a ü t r e d an s u n e l iq u e u r
c o m p o f é e d ’ e a u & d ’ e fp r i t d e v in q u ’o n r e n d r a p lu s
o u m o in s f o r t e , a u m o y e n d e s d o fè s c o n n u e s d e l ’u n
o u d e l ’ a u t r e , ju fq u ’ à c e q u e le s d e u x p o id s f è t r o u v
e n t e n é q u i l ib r e , o n a u r a l e d e g r é d e f o r c e d e l a
l iq u e u r q u e ' f o n é p r o u v e .
J e n e p u is m e d i fp e n f è r d e f a i r e o b f è r v e r , d i t
M. Beaumé, q u e l e s pefe-liqueurs d e m é t a l fo n t
a b ü b lum e n t d é f e c tu e u x ; i l s fo n t fu je t s à s’ u f è r , à
p e r d r e p a r c o n f c q u e n t d e l e u r p o id s & d e l e u r v ô ■
lu m e , d e u x c h o f e s d ’ où d é p e n d e n t l e u r je u & l e u r
ë x a C litu d e : c ’ e ft p a r c e t t e r a i fo n q u e c e u x d e v e r r e
m é r i t e n t l a p r é f é r e n c e à to u s é g a rd s .
N o u s n e p o u v o n s m i e u x t e rm in e r c e t a r t d e s
pefe-liqueurs q u e . p a r l e r é f î i l t a t d e s e x p é r i e n c e s
e x aC te s & p r é c i t é s q u e M . B e a u m é a f a i t e s a v e c f o n
pefe-liqueur Ae c o m p a r a i f o n . *
C ’ e f t a u jo u r d ’h u i f i n U n im e n t q u i a é t é a d o p t é
l e p lu s g é n é r a l em e n t d an s l e c o m m e r c e & p a r le s
f e rm ie r s g é n é r a u x , p o u r c o n n o î t r e le s q u a l i t é s d e s
e a u x d e v i e & d e s a u t r e s l iq u e u r s fp i r i tu e u f è s . ,
C ’ e f t d o n c a v e c t o u t e c o n f ia n c e q u e n o u s c i to n s