
préparer encore dans les proportions données, pour
fè procurer la quantité néceflkire.
Dofe pour huit toifes de parquets en couleur
dérange,
i° . Mettez, une demi-livre de graine d’Avignon,
autant de terra mérita, autant de (affranum : ( il y
en a qui ne mettent qu’un quart de Ges deux dernières
, & avec une livre de graine d’Avignon ;
d’autres qui ne mettent que du faffranum : quelle
que (oit votre combinai (on , que ces trois drogues,
ou feules, ou mélangées, vous donnent une livre
& demie de matières ).
Mettez cette livre & demie de matières dans
douze pintes d’eau, que vous ferez bouillir jufqu’à
ce qu’ elles foient réduites à huit.
^°m Quand elles bouillent, jettez-y un quarteron
d’alun; il y en a qui ne le mettent, qu’après l’ avoir
retiré du feu : cela eft égal, pourvu que l’alun s’y
difTolve en le remuant bien, & que le mélange ne
monte pas en bouillant.
3°. Paffez le tout dans un linge ou tamis de foie :
la teinture efl; tirée.
4°. Jettez dans cette teinture deux pintes d’eau,
dans lefquelles vous aurez fait fondre une livre de
colle de Flandre, remuez le tout;'fî les parquets
font vieux, & que vous ayez choifï une couleur
orange, ajoutez-y une livre d’ochre de rue ; fi
vous avez adopté une couleur citron au lieu d’ochre
de rue , fubftituez une livre d’ochre jaune : le
faffranum donne une couleur orange ; la terra mérita
& la graine d’Avignon font plus tendres en
couleur.
Quand le ton de la couleur d’un carreau ou
d’un parquet ciré déplaît, & qu’on veut ou en (ub(-
tituer une autre, ou l’enlever tout-à-fait, il faut,
pour ôter la c ire , frotter avec du (ablon & de l’o-
feille ; ce qui eft préférable à la manière de ceux
qui emploient l ’eau avec le (ablon.
L ’eau détruit les couches de couleurs fi on veut
en conlerver , & s’imbibant dans le carreau ou le
parquet, les dêfaflemble en les pénétrant d’humi-
dlt ' ; au lieu que le frottement de l’ofeilie ne fait
qu’effleurer & enlever la cire, & ménage les coït-
leurs & les carreaux ou. parquets, en forte' qu’on'
ajouter une autre teinte, fi celle qui s’y
cuve, ou déplait, ou n’a pas été bien dohnée.
ctrenpe vernie , appellêe chîpolin.
ae vernie , qu’on nomme ckipolin ,
t , le chef-d’oeuvre de la peinture
ui vient ds ce que (es couleurs ne
changent point, de ce qu’elles réfletent bien h
lumière, & s’éclairciffbnt par (on concours ; de c« I
que, plus aifées à adoucir, elles acquièrent plus I de vivacité (ans jetter de luifknt ; & de ce qu’é- I
tant toujours les mêmes, on les voit également I dans tous les jours, ce qui ne (e rencontre pas I dans les peintures à l’huile, où l’on eft aflùietti à la I
pofition des lieux & à la vibratio n de la lumière, I
où les couleurs (e terniffent & les clairs deviennent I
obfcurs.
Elle conferve la fraîcheur , parce que bouchant I
exactement les pores du bois qu’elle couvre , elle I
repoufle 1 humidité & la chaleur, qui ne peuvent I
y pénétrer, & écarte l’influence de l’air exté- I
rieur.
Son avantage eft de ne donner aucune odeur, I
de permettre la jouiflknce des lieux aufïi-tôt fon I
application , de conferver (a beauté & (a fraîcheur I
par l’application du vernis, qui la garantit dès mor-
(lires des inlèdes, & de l’humidité qui pourroit I
l’altérer.
Ce genre de peinture , qui étoit autrefois hors I
de prix lorfqu’il étoit bien fait * puifqu’on en a I
payé julqu’à 6o livres la toile , eft devenu beau-1
coup moins coûteux, parce que. les ouvriers, qu’on I
ne veut pas récompenfèr (uivant le temps prodi-1
gieux qu’il exige , (e hâtent de répondre à l’em-1
preflement de ceux qui les emploient, ne travail-1
lent qu’en rai(on de leur (alaire, & ne (e font pas I
fcrupule, en travaillant, de (acrifier nombre de I
détails , qui (ont cependant néceffkires à fà per-1
fedion.
Pour faire une belle détrempe vernie, il faut (èpt I
principales opérations ; encoller le bois , apprêter I
de blanc , adoucir & poncer, réparer, peindre ,
encoller & vernir.
Première opération.
Encoller. C’eft étendre une ou plufîeurs cou* ch es de colle fur le fujet qu’on veut peindre.
i°. Prenez trois têtes d’ail & une poignée de
feuilles d’abfinthe, que vous ferez bouillir dans
trois chopines d’eau, & réduirez à une pinte : paflez
ce jus au travers d’un linge, & mêlez-le avec une
chopine de bonne & forte colle de parchemin ;
! joignez-y une demi - poignée de (el & un denu-
fetier de vinaigre ; faites bouillir le tout (ur le |
z°. Avec une brofle courte de (anglier, encol-
■ fez votre bois avec cette liqueur bouillante, inv
bibez-en les (culptures & les parties unies, ayant
foin de bien relever la colle, de n’en l'aider dans
i aucun endroit de l’ouvrage , de crainte qu’il ne
refte d’épaiflèur. Ce premier encollage fert à fane
fortir les pores du bois, pour que les apprêts
ïmîflent mordre deflus, & forment un | corps ensemble
; ce qui empêche l ’ouvrage de s’écailler par
la faite.
| 3 e. Dans une pinte de forte colle de parchemin
, à laquelle vous joindrez un demi - fetier
[ d’eau que vous ferez chauffer ; laiffez infuler deux
poignées de blanc de Bougival l’elpace dune demi-
l heure.
j , 6. Remuez-le bien, enfuite donnez-en une (eule
[couche très-chaude & non bouillante , en tapant
[également & régulièrement, pour ne pas engorger
îles moulures & (culptures, s’il y en a ; c’eft ce
Iqu’on appelle encollage blatte, qui fert à recevoir
Iles blancs' d'apprêts,
I Taper, c’eft frapper plufieurs petits coups de la
|brofTe , pour faire entrer la couleur dans tous les
»creux de la fculpture : on tape auflî pour que la
■ couleur foit appliquée de même que fi on l ’avoit
Ipofce avec la paume de la main.
Seconde opération,
■ Apprêter de blanc , c’eft donner plufieurs couches'
ÿ e blanc à un fujet. Il faut prendre garde que les
Jpouches (uivantes foient égales, tant pour la force
de la colle que pour la quantité de blanc qu’on y
«net.
* S’il arrivoit qu’une couche où la colle ferait
ffoible, en reçût une plus forte , l’ouvrage tombe-
®:oit par écailles.
■ Eyitez auflî de la faire bouillir , parce que la
Jtrop grande chaleur l’engraifîe, & de l ’employer
»trop chaude, parce qu’elle dégarnit les blancs de
■ deflbus.
■ Il faut auflî avoir foin, dans les intervalles qu’on
Jîaifîe fécher les couches, d’abattre les bofles, de
aboucher les défauts qui peuvent s’y trouver, avec
Sun maftic de blanc & de colle, qu'on appelle gros
wblane. j ■ -
». Ayez une pierre-ponce & une peau de chien ,
«pour ôter à (ec les barbes du bois & autres parties
fqui nuiroient à l’adouciffage : c’eft ce qu’on appelle
jrcboucker & peau-de-ckienner.
« Pour apprêter de blanc, prenez de la forte colle
de parchemin, (aupoudrez-y légèrement avec la
|main, jufqu’à ce que la colle en (bit couverte d’un
.«doigt d’épaiffeur, du blanc de Boü'gival pulvérifé
tamifé , que vous y laiflerez s’infufèr pendant
•fine demi-heure , en tenant le pot , que vous au-
;|rez (om dé couvrir, un peu loin du feu, & aflèz
Ipres néanmoins pour le maintenir dans un état de
ftiedeur : demi - heure après, infufez votre blanc
»avec la brpffe, jufqu’à ce que vous n’y voyez plus
«de grumeaux , & que le tout vous paroifle bien
mêle, :.
Servez-vous de ce blanc pour en donner une couche
de moyenne chaleur , en. tapant, comme à
l’encollage ci-deflus, très-finement & egalement ;
car s’il etoit employé trop à nage^ & trop en abondance,
l’ouvrage (eroit (ujet à bouillonner, & donnerait
beaucoup de peine à adoucir.
Mettez fept, huit ou dix couches de blanc , félon
que l’ouvrage & la défe&uofité des bois de
(culpture l’exigent, donnant plus de blanc aux parties
qui doivent être adoucies ; c’eft ce qu’on appelle
apprêter de blanc,
La dernière couche de blanc^doit être plus claire
; ce qu’on fait en jettant un peu d’eau ; qu’elle
(bit appliquée légèrement, en adoucijfant, ( c ’eft
traîner légèrement la brofle fur l’ouvrage en allânt-
& venant ) ayant (bin , avec de petites brades, de
pafler dans les moulures, & de vuider .les onglets,
pour qu’il ne refte pas d’épaifleur de blanc ; ce qui
gâteroit la beauté de la menuilérie.
Troifiême opération.
A doucir et poncer. Adoucir, c’eft donner au
fujet apprêté de blanc une fürface douce & égale.
Poncer, c’eft promener une pierre ponce fur le
(ujet, pour l ’adoucir.
L ’ouvrage étant (éc, ayez de petits bâtons de
bois blanc & des pierres-ponces affilées (ur les carreaux
, dans la forme néeeflaire pour les parties
qu’on veut adoucir, en formant de plates pour le
milieu des panneaux ; des rendes & en tranchets,
pour aller dans les moulures & lés vuidér.
Prenez de l’eau très-fraîche , la chaleur étant,
contraire à ces fortes d’ouvrages , & fujette à les
faire manquer : dans l ’été , on y ajoute meme de
la glace.
Mouillez votre blanc avec une brofle qui ait
fervi à apprêter de blanc, ne mouillant par petite
partie que ce qu’ il faut adoucir chaque fois ,
dans la crainte de détremper le b?anc, ce qui gâterait
l’ouvrage ; enluite^adoucifîez & poncez avec
vos pierres & vos petits bâtons.'
Lavez avec une brofle à mefure que vous adou-
ciflez , & palfez par-deflus un linge neuf, pour
donner un beau luftre à l’ouvrage.
Quatrième Opération,
Réparer. L ’ouvrage- adouci, vous nettoierez avec
un fer toutes les moulures, & h’irez pas trop en
avant , de crainte de faire des barbes au bois.
Il eft d’ufage, quand il y à des fculptures, de
les réparer avec les mêmes fers, pour dégorger les
refends remplis de blanc ; ce qui nettoie & répare
l’ouvrage, & remet les (culptures dans leur premier*
état.