
Que le ,bruit n’eft-autre chofe qu’une agitation de
l ’air dans un mouvement fubit & violent. Une peut
eefi'er ou diminuer qu’à mefure que le mouvement
fe ralentira. Sur ce principe, on voit clairement
qu’en ôtant l’a&ivitc de la poudre s pn lui ôteroit.la
force- ,de fe faire jour à- travers -les, qbftàeles qu’on
lui oppofe' dans un -canon , puifqu’en ôtaut,; çps I
obftacles, comme dans- un fufil chargé de poudre
fans boürre ni balle , il fe fait encore une détonation.
On peut étendre plus au long ce raifoniieméjit ;
mais fans s’y arrêter davantage, il fu-ffit de dire, que
c’eft l’invention des arqu.eb.ufes à vent qui ,a donne
lieu au faux, bruit répandu .par le peuple qu’il y. a
de la poudremuette, c’eft-à-dire, qui ne fait point
de bruit dans le canon.
Poudre F ulminante".
C’eft une compofition de falpêtre , de fel de
tartre & de foufre , pilés & incorporés enfemble.
• -
Vous prendre? féparément froîs parties dé fal-
pêtrë fin & bien féché,, $e_vtx parties,.de fel alkaïi ;
de tartre, & broyez bien chacun d’eux dans un ■
mortier; enfuite triturez-les ensemble., en y ajoutant
une partie ou un peu plus, de,fleur de foufre.
Continuez de broyer ces trois'matières jufqu’à ce .
qu’elles foient réduites en. poudre extrêmement
fine , & que vous ayez lieu de .croire quelles font
intimement mêlées ; c,ar 'c’eft de là , ajtnfi que de
l ’exa&itude des dofës , que dépend le füçcès-de
l ’expériènce. :
Il faut que cette préparation fe fafîe promptement,
de peur que le fel alkali du tartre n’attire l'humidité
de l’air ; & poür la même raifon , vous tiendrez
cette ' compofition enfermée dans un flacon qui ait :
un bouühon de; verre bierf ajufté à’ Péhiëri.
On met la poudre fulminante, dans, une huilier
de fe,r fur un réchaud plein dé charbons allumés>-Il
n’en faut pas mettre, plus de deux gros à la f©k &
ne pas pouffer leiféu trop vivement ; laiffer fondre
le tout lentement, afin que tout parte à la .fois.? -
Si la cuiller eft de fer forgé, & qu’elle ait au
moins, une ligne d’épaiffeur, elle en vaudra .mieux
pour cette expérience.
Ne laiflez pas non plus languir cette compofition
fur un trop petit-féù-, hile fe déeompoferoit par l’évaporation
du foufre & n’acquerroit pas le degré
de- chaleur qu’il lui faut pour fulminer. L ’expérienceréuflit
au mieux quand fa détonation fe fait
après un intervalle de temps de feptà-huît minutés.
i La poudre fulminante à- deux effets- garticjftiéæs
giftérens de, ceux-de la poudre:à.ç&ffi ; l ’un qulelfe
fait un fi grand bruit, fans être enfermée, qu’elle
perce , pour,ainfî dire, les oreilles;: l’autre quau
contraire de la poudre a canon, elle agit du haut
en bas d’une telle force, qu’elle perce une cuiller
de cuivré ; celle de ferréfifte davantage.
M. Macquer, dans fpn DiéHounai.re de Chymie,
donne ainfî l’explication de cette expérience inté-
reffante.
Loïfqu’bn 'fait chauffer très-lentemeiit cette poudre
j elle commence par fe liquéfier ; il fe fait un
foie de foufre par la combinaifon de l ’aikali avec lé
foufre. Le phlogiftique du foufre fe dégage pref-
qu’entièrement, l e ‘réduit en une vapeur qui pénétré
là màffé de“ toutes parts , fe diftribue très-
exactement entre les parties du nitre qui eft fondu ;
enfin lorfque la chalèür éft devenue allez forte pour
faire prendre feu aune 'feule des p'arties de.la pondre
parvenue à cet état, toutes les autres s’enflamment
dans le même temps „ &--çette explofion inftantanee
frappe l ’air environnant avec tant de violence &
une telle rapidité ., qu’il n’a pas .-le temps de céder
àvcette. percution & réfifte par conféquent .autant
à, la fulmination de cette, poudre, que les, parois
désarmés à feu réfifte il t à celle de la poudre a canon ;
de là vient aüflnque la poudre fulminante ne met
pas-.,ordinairement l e . aux corps :Combuftibles
qui font dans fon voifînage , c’eft qu’elle n’en a
point le temps.
La flamme légère & bleue qu’on apperçoit à^ fa
fur face quelques inftans ayant, fon explofion , n éft
autre chofe' que les vapeurs phlogiftiqüés qui ,com-
mérioent a s’enflammer.
Le bruit qu elle fait en fulminant eft d’autant
moins fort qu’on là1 fait, chauffer plus rapidement,
.& même on peut en jettér urie fcêrtainë quantité fùr
des charbons bien alluçné.s fans rien craindre., fans
même qu’il fe fafle d’explofion, parce que le nitre
ne fait- que' fufer ÿ comme quand On • l’alkalife' par
les charbons : mais.lorfqu’il eft chauffe avec beaucoup
de lenteur, iffait un firâcàs auffi confidérable
qiôun coup de canon ; il y auroit même du daqger
à fe trouver trop près' d’un grôs de cette poudre
lorfqu’il fulminevai.nfî.
P oudre ' d’or fulminant.
L ’or fulminant eft un précipité d’or de fa diffo-
lution.dans !’ea,u...régale.*. *j
Si l ’éaurégalè-a été préparée avec le fèl ammoniac
ou la précipitation 'fàitè par' un alkal’i volatil ,
ce : précipité .qui n’^-pjs ?.été lavé , -fait explpfion
avec.: un- aflêz grand. bruit , ; quand il eft échauffe
par une’flammé'vive-; d’où, il a.tiré fon nom d’or
fulminant.
"-'Si l’eau régale a été compofée fans fel ammoniac
, & la précipitation’ faite 'àvec iin alkali fixe-,
r$r ' ppéqipjtë .ne fait ipas « explofion : échâ-uffé J?ar
degrés , il changé fa couleur jaunâtre fale en pourpré'ou
violet-pourpre brillant : én augmentant- la
chaleu'r davantage, il reprend fon afpeétmétallique.
Un, fel alkali volatil, fpit dans le diflol-vant ,
foi;t .dans le: précipitant, paroît eflentiellement - ne-
ceflaire pour- la fulmination. '
JJor fulminant pèfe- environ un quart plus que
L’or qu’on a employé : trois parties d’or; en donnent
quatre de la poudre fulminante. ■ Ou rapporte ceci
fur l’autorité de Lémery, de Kun,ckel :& d’auprès,
auteurs praticiens Uiie partie de cët acerpiflèmeiit '
provient- de l ’akali volatil ; car en ajoutant a l’or
fulminant un peu d’acide vifriolique , le fel volatil
fe fublime étant faturé de l’acide.. On trouve alors
que [la poiidre xeÇfànte n’éft plus douée de fa vertu
fulminante.
Mais de la coalition de l ’alkali volatil avec, l’acide,
nitreux dans la menftrue , réfulte .un nitre
ammoniacal , un fel qui par lui-meme détonné
quand il eft échauffe.
Par quelle puiflanee , par quel méchanifme cette
qualité, de détonation eft-elle augmentée confidéra-
blement dans l ’or fulminant ? c’eft; ce qu’on ne
fait pas.
L ’explofîon de L’or fulminant eft plus violente
que celle de toute -autre,efpèce. de matière connue.
Elle fe fait à un moindre degré de chaleur que celle,
dëitoute.autre {matière explofible ;.& même il fuffit:
de. la broyer,greflièrement dans un. mortier pour exciter
fon explofion.
On voi| quélquesêexemples dans Les collections
de Breflaw & les Ephémérides naturst curioforum,
où une fort petite quantité de cette matière brifa
en pièces le mortier de marbre dans lequel on la
brdyoit & il eft : arrivé un- aécidènt' du mpme
genre, il y a quelques années, à uïï habilè chy-
mifte de> Londres.
L ’opérateur ne fauroit être trop- fur Tés gardes
quand il compofe,une"préparafidn fi! dangéreufe. '
On a éprouvé que quelques grai.ns d-’or fulminant
agi-flent- avec- autant de forcé que plùfièuïs oiiëëé- de;
poudre a canon. Mais les' aCiions • do fees dëu'-x 'matières
font de genre fi differens, qu’on ne peut comparer
leur force'.;
lie bruit que fait l’or fulminant eft extrêmement
aigu ; il bleffe l’oreille beaucoup plus que celui
d’une quantité bien plus., confidçcable de poudre a
canon; mais fâ force ne s’étendpasà une fi grande
diflance.
Il paroît en différer comme le Ion d’une corde
mufilal-e cuiirteÔ‘& tendue diffère;,de celui- d’une
corde longue :©3u moins tendue.- ;;
' Dans' qûélqû'ès' expériences faites-'dieva-nt -la fô-
eiété royale de Londres ,• & rapportées dans lepremler
Volume de l ’Hiftoiré du dodeur 'Birch, l ’or
fulminant renfermé 'dans une boüle de fer cpaiffei
& çreufe^ &.échauffée a u .fe u n ’a point paru faire
d’expîofibn du tout, tandis que la poudre a cation ,
traitée dé la meme, façoii'; a. crêvé la boule.
D'un autre côté un peu d’or fulminant, faifant
fon explofion en plein, air fur.une. afliette de métal,
a fait une impreflîon ou uri trou dans l’afliette,
effet que là,, poudre, a canon ne. peut prefque pas
i produire én quelque quantité qü’ellé fuit. .
Cet effet-remarquable de l’or fulminant fur le
• corps qui -lui fert de füppôrt, fait croire à quelques
pérfbnnes que fon aCton s’exerce! principale-^
ment ou uniqùément en en bas. Il pàroît Cèpendânt
’• qu’il agit dans .toutes lès dirediqns ;. car un poids
dont oh lé couvre reçoit line égale impreffion, ou
bien eft jette dé ‘côte.'.
Il eft parlé -dans, les.. colleâions. qu’ont vient de
: citer, d’une; grande, quantité , par exemple , de
quelques,puces, qui ayant fait explofion par la trop
| grande chaleur qu’on avoit employée pour la fçcher ,
1 a brifé les portes & cafte les fenêtres par morceaux..
'M. Hellot a -trouvé que quand omplape quelques
grains de cette poudre entre deux fouilles de papier
, ,& qu’ôii la colle'à rüfté dés deux avec dé'
l’eau dé gommé ; -il'n’y a- que Lai-feuille qui tcâi-
; choit à*, la poudre, qui foit déchké^ar l ’exploiibn
' & que f autre, eft enlevée;.& que-quand .les deùx-
; feuiles fe trouvoient en contaâ intime avec la
poudre en les preffant enfemble , elle les déchi-
if roit toutes les deux ; d’où il conclut que l’aâion de.
; l’or eft la plus grande, fur les corps,qu’il touche im-
: m'édiàteméiit:
•Cètle propriété, & 1& bruit aigu qü-’i-î occafionne,
! pourroient bien dépëhdre d’une feiile caiife ; fatyoir ,
; la,.célérité de L’exppnfÎQn.j
Les èxpériêhces prit fait Voir quë la réfîftance
j que l’air oppofe aux corps en mouvement augmente
aVee la vitefle: du dorps-dàns un rapport très-grand.
: Pieut-êtçe que lai vItefTe avec laquelle lfor fulmi-
uant fait fon-;expïbflou., eft i graride.,. que l’air lui.
réfiftè comme réfifteroit une maflé folidé,'
L ’explofion de cette préparation ne paroit faire'
aucun changement dans l’or» Quand on étend la
poudre ; extrêmement mince entre les feuilles de
papier & qu’on réchauffe lentement, la'détona-''
; tion, pomme l’obfervé M. Hellot, eft legere &
| fuccefliye, la poudre devient pourpré & le préci-
jpit.é n’appoint de vertu fulminante.
1 Quand on fait'prendre feu à-une certaine quan-
tké tout-à-ïa-fôis , dans un .grand vâiftéàu ou fous
un couvercle convenable pour confiner Les particules
violemment difperféès, l’or fe trouve fous la forme