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alambic de médiocre grandeur , & on le re&ifîe
au bain-marie.
Cela fait, on y pourra procéder à la fÿropation
de la manière fùivante.
On prend une livre de fùcre par pinte d’efjprit,
on le fait fondre dans une pinte d’eau commune,
on mêle le tout enfemble & on filtre. Notez qu’il
faut augmenter ou diminuer la dofê de fyrop, relativement
au degré deforce de l’efprit ardent.
R a t a f i a d e p ê c h e s .
On fait en Provence un ratafia de pêches, auquel
on attribue plufîeurs propriétés admirables ,
foit pour les maladies du poumon, foit pour corriger
les mauvaifes odeurs de l’haleine & de la
bouche , foit même pour les perfonnes bilieufes.
En voici la recette.
On choifit des pêches qui ne foient ni trop mûres
ni trop vertes ; mais de la meilleure efpèce ; cm
les pèle & on met une livre par pinte d’eau-de-vie.
On fait infufer aufli les pelures dans l’eau-de-vie,
mais dans un vaiffeau féparé, parce que, dit-on,
la peau de la pêche a une certaine amertume que
l’eau-de-vie ne pourroit bien corriger, fi le fyrop
de la chair s’y trou voit mêlé.
On laiffe infufer le tout au foleil, l’efpace de
vingt jours; on retire enfùite les pêches pour en
caffer les noyaux , en oter les amandes que l’on
pèle , & que l’on remet de nouveau dans la liqueur
infufer l’efpace de quatre ou cinq jours.
Les pêches étant retirées, on les mêle avec les
pelures qu’on a fait infufer à part , on laiffe infufer
de nouveau pendant cinq à fîx jours ; enfùite
on preffe le tout dans un linge.
Ce jus Ce mêle à l’eau-de-vie, & par pinte
d’eau-de-vie Ron ajoute une demi-livre de lucre.
On met enfùite ce ratafia dans des bouteilles bien
bouchées«
Pêches h reau-de-vie.
Indépendamment du procédé ordinaire & bien
connu pour faire des abricots', des pêches & autres
fruits & l’eau-de-vie : voici une manière bien plus
fîmple.
Il faut choîfir de belles pêches bien colorées,
bien mûres, & les efluyer légèrement, foit avec
une broffe molle, foit avec un linge blanc pour êter
leur duvet. On pèfè le fruit, & pour chaque livre
on prendra feulement un quarteron de lùcre. On
le clarifiexa, on le fera cuire jufqu’au grand perlé.
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Lorfqu’il fera à ce point, l’on y mettra le fruit;
& on lui fera prendre .trois ou quatre bouillons ;
pendant ce temps, l ’on aura foin de retourner le
fruit en tout fens, afin qu’il prenne le lucre partout
, après quoi l’on retire la poêle du feu ; &
l ’on arrange les pêches une à une dans un bocal.
Le fyrop étant plus de moitié réfroidî, on y I
verfê l ’eau-de-vie, à raifon de trois demi-fètiers
par livre de fruits.
Comme le fyrop pourroit être un peu épais, il
ne faudra pas ver fer l’eau-de-vie tout d’un coup,
le mélange ne pourroit fê faire qu’avec beaucoup
de difficulté. Il faudra donc verfer l’eau-de-vie I
à plufîeurs reprifes., & toujours l’écumer pour faciliter
le mélange.
Lorfque le mélange fera fait, il faudra le verfer
dans le bocal où l’on aura arrangé le fruit ; il fur-^ I
nagera d’abord ; mais à mefùre que le fyrop & I
l’eau-de-vie le pénétreront, il fê précipitera au
fond du bocal, & c’eft alors qu’il fera bon à manger.
Vin de pêche.
L ’on fait aufli avec les pêches un vin agréable *
& qui n’eft point malfaifant. L ’on prend cent livres
de pêches de vigne qui ne foient ni trop vertes
ni tachées ; on en ôte le duvet & les noyaux : on
pétrit ce fruit jufqu’à ce qu’il foit en marmelade.
On le met en fermentation dans de grands pots I
de grès, ou bien dans un baquet proprement échaudé
; on le couvre d’un linge ; on le place dans un
lieu tempéré jufqu’à ce qu’il ait bien fermenté ;
ce qui n’arrivera guère qu’au bout de quinze jours
ou trois fêmaines plus ou moins , fùivant la terni
pérature de la faifôn.
Lorfqu’on n’appercevra plus aucune marque de
fermentation fênfïble, ce qu’on reconnoîtra à une
odeur forte & vineufe, & encore mieux à la limpidité
de la liqueur qui Ce trouvera au deflous,-d’une
croûte qui fe fera formée à la fùrface, on paffera
le toiit par un linge d’un tifïù un peu lâche.
Pour lors on ajoutera deux livres d’efprît de
vin bien re&ifié & quatre livres de fùcre en poudre
plus ■ ou moins de l ’un & de l ’autre, relativement
à la force & à la faveur qu’on remarquera au vin
de pêches.
Le mélange étant fait, on le verfê dans un petit
baril ou dans de grandes cruches de grès ; o°
bouche bien le tout, on le porte à la cave, & att
bout d’un an on tire le vin en bouteilles*
Dift, de l'Ind«
P E I N T U R E ( Art de différens genres de ).
J L y a plufîeurs fortes de peinture ; favoir, à détrempe
, en émail , à huile , en miniature ,_ à la
î mofaïque , au paftel, à l’encauftique, éiudorique,
fur le verre, fur les étoffes,, fur papier; il y à
^’enluminure , le patronage, le sgraffitto , &c.
Dans toutes ces manières de peindre , lorfque c’eft
le génie qui conduit le pinceau , lorfqu’ii faut avoir
? devant foi la nature pour modèle , lorfqu’on cherche
à l’égaler par l’élégance du deflin, ou par la
I.magie des couleurs ; lorfqu’enfin l’art devient créateur
, dès-lors cet art n’appartient plus à notre recu
e il , il doit prendre fon rang parmi les ouvrages
d’imagination , qui feront traités dans d'autres divisions
de l’Ëncyclopédie.
I Notre objet fê réduit ici à rendre compte des
-procédés méchaniques de certains, genres de pein-r
tture, qui tendent à confervér, embellir & appro-
1 prier en quelque forte l’extérieur des habitations &
; .des ameublemens.
r- Nous avons déjà parlé des couleurs & des vernis
; dans le tome deuxième de ce didionnaire , en
{prenant pour guide le traité de M. Watin fùr C art
%du peintre doreur & vernijfeur : nous le confùlte-
irons & le fuivrons encore comme un maître tres-
! inffiu.it ,& très-sûr dans tout ce qui concerne les
Iprocédés de l ’art de la peinture que nous devons
: donner dans cet articlè.
Peinture d'imprejfion.
La peinture d’imprejfion confîfte à imprimer di-
verfes couches de couleurs d’une même teinte ,
•préparées à la détrempe , ou à l ’huile , ou au vernis
, fùr des ouvrages de menuifêrie , charpenterie,,
maçonnerie, ferrurerie, & autres qu’on veut confêr-
|ver ou embellir.
L ’origine de cet art paroît remonter à la plus
- haute antiquité ; les uns l’attribuent aux phrygiens,
,d’autres aux babyloniens.
Il eft probable qu’une terre colorée, infufée ,
poit à deffein, foit par liafard, dans de l’eau qui
i donnoit une teinte au liquide ; qui, à fon tour,
la communiquoit à un autre fujet, a du donner les
[. premières .idées de la peinture d’impreffion.
Les Sauvages, qui n’ont pas la plus légère idée
' de nombre d’arts qui nous font très-familiers , &
f auprès defquels il faut fe reporter lorfqu’on veut
i rationner fur l ’origine ou l’ancienneté d’une opinion,,
d^une ébiïtume , d?un art, connoiflènt la peinture
lots, leurs carquois, leurs canots. L ’ufage de ces
peuples q u i, pendant tant de fiècles, ont confêrve
l ’heureufê fîmplicité de leurs notions primitives ,
nous attefte mieux que toutes nos conjeâures , &
celles des auteurs, que la peinture d’impreflion eft
un des premiers arts découverts.
A peine un bâtiment eft-il élevé, dit M. Watin,
à peine les conftru&ions néceffaires font-elles terminées
, que l’empreffement de jouir appelle le
peintre d’impreflion , & lui confie le foin de la décoration
& des embelliffemens.
Celui qui voyoit avec tranquillité les progrès lents
de ia bâtiffe , devenu tout-à-coup impatient, fans
attendre que les murs foient fècs, que les plâtres
foient éfîùyés , ne laiffe fouvent pas à l’artiftè le
temps de difpofer fes travaux.
Il faut que celui-ci prévienne le defir ; qu’expéditif
dans fes opérations, il fùrmonte les obfta-
cles que l’humidité lui oppofe fans eefle , & qu’il
fê hâte de• rendre promptement les lieux , non-'
feulement décorés, mais encore en état d’être ha-
bités.
Tout le bâtiment devient fon attelier : d’abord
ce n’eft qu’un fîmple ouvrier, dont le premier foin
eft de peindre au-dehors, les efcaliers, les rampes
, les grilles, les croifées , les portes , les
treillages; au-dedans, de blanchir les plafonds, &
de mettre en couleur les lambris, les parquets,
&c.
Il donne à tous les fùjets la teinte choifîe, & il
. la donne uniforme ; mais il faut varier l ’embellif-
fement, flatter la vue : ici paroît l ’artifte; il remarque
les expofîtions , mefùre la hauteur & la
chute des jours , devine les effets , combine avec
eux les teintes, & répand par-tout les couleurs les
plus agréables ; enfin fe développe le décorateur :
il travaille fouvent, à la vérité, fùr les deflïns de
l ’architeéte ; mais c’eft lui qui diffribue le marbre,
le ftuc, l’or, qui defline un lointain, ménagé une
perfpeélive, fait imiter les plus grandes richefles
de la nature & de l’induftrie, qui, du fàllon au
boudoir, de la galerie au jardin, de l’oratoire à
la falle de fpeétacle, va multiplier les charmes
d’une décoration variée , qui plaira fans ceffe à
l ’oeil fans le raffafîer, & lui fera , à chaque inftant,
àdmirèr ' dç nouvelles beautés , en lui ménageant
de nouvelles fùrprifes.
Sous ces trois changeraens, que le -peintre d’ira