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à la mère , qui nourrit pour la première fois , des
douleurs affez vives : chaque fois qu’on l’applique
au teton, il faut qu’ il forme les bouts : la pompe
les forme avec facilité & fans la moindre douleur,
& elle épargne à l’enfant les efforts néceffaires pour
faire monter le lait.
3°. Lorfque l’enfant ne prend pas allez de lait,
ce fluide s’engorge dans le fein, qui devient très-
dur ; l’enfant alors fuce inutilement le bout, il
s’impatiente, & fouvent le mord, & ce n’efl: que
lorfqu’ii efl parvenu à le dégorger un peu qu’il laifle
fa nourrice tranquille. Mais comme il y a plus de
lait qu’il ne lui en faut, le refte produit fouvent un
nouvel engorgement, & bientôt de nouvelles douleurs.
Dans ce cas on ufoit de .laitières de verre ;
mais elles fatiguent la poitrine * elles ne dégorgent
pas toujours le fein, ou le dégorgent très in-
complettement, tandis que la pompe le vuide pour
le moins auffi-bien qu’un enfant très-robufte.
4°. Cette pompe remédie parfaitement à un
engorgement vulgairement appellé le poil ; & par
fon application elle opère la réfolution du lait en
flagnation. Plufîeurs accoucheurs de Paris , mandés
chez des femmes qui , depuis quelques jours,
avoient le fein engorgé, ont d’abord mis en ufage
pendant quelques heures le cataplafme de mie de
pain & de lait, & ont enfuite complètement dégorgé
le fein par le moyen de la pompe dont il efl
ici queftion.' Le dégorgement fe fait plus facilement
encore & plus complètement fi , en même-
temps, on expofe le fein à l ’a&ion du feu mis dans
un réchaud.
5°. On a pbfervé fur un grand nombre de femmes
, que lorfqu’elles fe propofent de nourrir, fi
ori applique la pompe au fein avant le troifièmë
jour d’après l’accouchement, ou même plufieurs
jours avant le terme auquel elles doivent accoucher,
alors il n’y a point de fièvre de lait.
P O M
<j°. On ne doute pas que cet infiniment ne foit
très-utile, lorfqu’à la fuite des couches le lait porte
à la tête, & caufe quelquefois l’apoplexie- laiteufe
ou autres accidens : fon ufage paroit encore indiqué,
dans la fièvre puerpérale , dont il devroit diminuer
le danger, & abréger la durée. Enfin l’expérience
nous convaincra de plus en plus de fon utilité.
Maniéré de fe fervir de la pompe a fein.
Quand on veut fe fervir de. la pompe a fe in, il
fiiffit de préfenter le bout du mamelon à l’ouverture
du bocal de verre, donner quelques coups de pif-
ton , & tout de fuite on voit le bout Ce former 8c
le lait jaillir dans le bocal. S’il arrivoit que la mamelle
fût beaucoup engorgée & très-tendue , il
faudroit y appliquer pn cataplafme émollient, 8c
une heure apres mettre la pompe.
Il arrive quelquefois que la première application
de la pompe occafionne quelque douleur aux
femmes délicates, lorfque les mamelles font fort
engorgées. Nous les exhortons à fouffrir patiemment
cette légère douleur, qu’elles ne refleuriront plus fi
elles ont l’attention de fe fervir de la pompe avant
que l ’engorgement du. fein foit auffi confidérable
que la première fois j car la pompe qui caufe la première
douleur en efl elle-même le remède.
Lorfqu’on a refié quelque temps, fans fe fervir
des pompes, il arrive que les foupapes fe roidiffent ;
on pare à cet inconvénient en introduifant dans la
pompe quelque? goûtes d’huile d’olive, & en.donnant
quelques coups de piflon avant que de s’en fervir.
Il faut encore obferver que lorfqu’on veut retirer
la pompe , il fuffit de la détacher du bocal de verre
auquel elle efl adaptée, ce qui s’opère en tournant
la vis au moyen de laquelle elle lui efl unie ; alors
elle fe dégage d’elle - même, fans tiraillement &
fans douleur.
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P O N T S .
( L’art de fonder fans bâtardeaux ni épuifemens les )
JLa defcrïption de l’art de condruire les ponts ap--
partenant à une autre divifion de cet ouvrage , nous
nous contenterons de parler ici de Part de fonder
les ponts fans avoir recours aux bâtardeaux ni aux
épuifemens.
Avant l’invention de la nouvelle méthode'dont
nous allons parler , on n’avoit point trouvé de
moyens plus fûrs pour fonder les ponts fque celui
de faire des bâtardeaux ou des épuifemens.
On appelle batardeau une enceinte qui renferme
deux, ou trois piles , & qui efl compofée de plufieurs
pieux battus dans le lit d’une rivière, '
C ’efl une efpèce de digue artificielle formée par
deux rangs de files parallèles de parplanches ou madriers
battus jointivement & debout au devant de
chaque rang de pieux arec de la terre glaife entre les
madriers & les pieux de bois tranfverfales qui fervent
à lier les pieux avec les madriers, afin d’empêcher
l’écartement par la poufiée de la glaife.
Quand les bâtardeaux font bien établis au-
deiïus du niveau des plus'hautes eaux, on y met
un nombre fuffifant de chapelets ou machines fem-
blables , pour en enlever l ’eau qui y efl renfermée.
On ne celle de faire aller cés machines nuit &
jour, iufqu’à ce que les pieux de fondation • forent
récepës au niveau le plus bas du lit de la riviere,
& coëffés d’un grillage de fortes pièces de bp is
qu’ofi couvre d’une plate-forme de madriers pour
recevoir la première affife de maçonnerie,
Lorfque la maçonnerie efl élevée au-deflus des
eaux ordinaires, en cefle le travail des machines
hydrauliques, on démolit le batardeau , on arrache
tous les pieux qui le corapofoient, & on recommence
la même opération pour la continuation des
autres piles; ce qui occafionne des dépenfes excef-
fives , indépendamment des difficultés qui s’y rencontrent
, & de l’incertitude du fuccès : au lieu
que la nouvelle méthode qu’on propofe efl moins
coûteufe , plus aifée, & d’un fuccès plus certain.
On commence par déterminer- les lignes de direction
du pont, par reconnoître la ligne capitale
joints des fériés de l’enceinte pour empêcher l’ea«
d'y entrer. Ces fériés font des efpèces de rainures
de près d’un pouce de largeur fur tous les joints de
l'intérieur du caiflon dont, nous parlerons plus bas,
d’une profondeur à-peu-près égaie à la largeur, &
terminée en triangle. On remplit cette rainure de-
moufle qu’on bat & qu’on chafle avec force a coups
de marteau avec des coins de bois, & fur laquelle
on applique un gavet ou latte de neuf-lignes de
largeur fur trois d’épaiflëur, qu’on garnit auffi ét
moufle , & qu’on cloue de deux en deux pouces ,
de manière que les clous entrent dans la rainure
alternativement à droite & à gauche. Cette façon
d’étancher efl très ancienne fur la Loire, & .elle
a toujours très-bien réuffi pour les bateaux de cettç
rivière.
du projet, & la perpendiculaire qui doit pafier
entre les piles & les pointes des avant & arrière-
becs, ou éperons de la pile du pont. Ges lignes
étant bien prifes, on a foin de bieft gamin les
Lorfque l’enceinte efl ainfi préparée, on conf-
truit un caiflon, ou efpèce de bateau plat de la
grandeur & de la forme d’une pile : fes bords font
beaucoup plus élevés que fà fuperficie, & font construits
de manière a-s’en détacher facilement lorfque
le caiflon repofe fur les pieux de fondation ; & les
mêmes bords fervent pour le caiflon dé chaque
pile-.
Avant de faire parvenir ce caiflon au point précis
on on Te veut, on met fur quelques pieux &
jappontemens provifionnels deux machines à draguer
dans le milieu de la pile, & on les fait manoeuvrer
en différens endroits.
Lorfque l’emplacement de la pile qui efl entre
les deux enceintes efl dragué le plus de niveau
qu’il efl poffible , on y bat les pieux de fondation ,
qu’on feie enfuite au moyen d’une machine que
quatre hommes font facilement mouvoir, & qui
confifle en un grand chaffis de fer qui porte une
feie horizontale, & qui efl fufpendu à un affem-
blage de charpente par quatre montans de fer de
dix-huit pieds de hauteur, à chacun defquels efl un
cric pour l ’élever & bailler à propos.
Cet aflemblage de charpente efl établi fur un des
cylindres qui roulent fur an autre grand échafaud
qui traverfe toute la largeur de la pile, & qui efl
porté fur des rouleaux pour le faire avancer & refouler
à mefure qu’on feie. les pieux : enJprte qu’i l
y a deux mouvemens principaux dans cette machine
; le mouvement latéral, qui efl celui du
feiage, & le mouvement 4e chafle & de rappel,
A a. a a z