
propre mouvement*, mais on y Joint encore l ’air.
C’eft à foiï accès & pour l’échaufFer qu’ eft deftï-
née la chambre fituée fous le foyer.
L e grand poêle eft terminé fupérieurement par
une autre plaque de fonte garnie de fable, pour
donner une chaleur plus douce ; & il a fon ouverture
hors de l’étuve.
Les murs des cotés font en briques ; & quand le
feu eft tombé, les différens maflifs qui le confti-
tuent donnent encore ^e la chaleur pendant long-
tems.
Poêles a la maniéré des Rujfes > des Suédois &c.
L a nécefïité eft la mère de l’induftrie ; & plus
nous multiplions nos befoins, plus l ’efprit humain
travaille pour les fatisfaire : les uns font une
fuite du luxe, les autres tiennent à notre conftitu-
tion, & au pays que nous habitons.
Heureux celui qui les réduit dans des bornes
étroites ! Les befoins auxquels on accorde plus
qu’ils ne demandent font naître les dégoûts, la
fatiété ; & tout ce que la cupidité defîre avec paf-
fîon eft un befoin.
Le grand art pour le faire fervir à notre bonheur,
eft de laiffer toujours quelque chofe à dé-
lirer.
Les befoins dont le raport eft dired à notre fan-
té , à notre confervation, font les feuls, à proprement
parler, les autres tiennent plus à l’opinion
qu’à la réalité. '
L ’induftrie 8c la cupidité viennent au fecours
de tous deux.
La première invente & cherche à diminuer
les frais , la fécondé orne, décore, embellit &
tient au luxe.
Les poêles font en Suède, en Ruflie & dans
les contrées feptentrionales d’une nécefïité indif-
penïkble ; ils fervent à conferver la chaleur.
Une cheminée a trop d’évafement, & fi on n’a
pas l’attention continuelle d’ajouter du bois , la
chaleur eft peu fenfible, parce qu’elle fuit le courant
d’air & fe diflipe avec la fumée.
Le poêle au contraire, là concentre plus longtemps
; fes parois extérieures & celles des tuyaux
étant très-minces elles communiquent plus ai-
fément la chaleur ; de forte qu’un poêle avec une
petite quantité de bois échauffe beaucoup plus un
appartement, que ne feroit le feu d’une cheminée
avec fix ou huit fois plus de bois.
Ce n’étoit point affez pour ces habitans d’un climat
rigoureux, d’avoir trouvé les moyens les plus
fimples d’entretenir dans leurs maifons une chaleur
douce, & de tromper pour ainfi dire la natur
e , il falloit encore le faire avec la plus j*fançjÿ
économie.
Les poêles des habitans du Nord, rempliffenfi
parfaitement cet objet & même ils font füfcepti-»
blés de toute efpece d’ornemens.
Plus on donne de furface à un poêle conftruit
de cette manière , plus on augmente de chaleur’,
ainfi on ne fera plus furpris de voir cette efpece
de cheminée occuper toute la hauteur d’un appartement
, fa largeur & fa profondeur, être proportionnée
à fa hauteur.
Des plateaux de tôle, de fonte, ou de terre
cuite forment le toît ou féparation de chaque ca-.
vite de la cheminée-poêle.
• Ces féparations font prolongées un peu plus loin
que les trois quarts de la cavité & font foutenues
à leur extrémité par des morceaux de fer implantés
dans les montans du poêle.
Par ce moyen la fumée trouve un libre pafïàge
& fuit le courant d’air.
Au-niveau de la réparation fupérieure du fourneau
proprement dit, on place dans le dernier conduit
de la fumée une foupape, que l’on ferme lorf-
que le bois eft brûlé & réduit en braife.
Alors toute la chaleur fe concentre dans le poêle
, & de là elle fe répand dans l’appartement :
mais comme l’air de l’athmofphère eft exceflivè-
ment froid, il diminueroit la chaleur en fe communiquant
jufques vers la foupape.
Pour obvier à cet inconvénient on place une
féconde foupape à la partie extérieure de la cheminée,
prolongée fur le toît du bâtiment ; un fil
de fer eorrefpondant d’une foupape à l’autre rend
cette opération prompte & facile.
Si on compare cette manière de conftruire le«
poêles avec celle qui eft ufitée en France* on fendra
eombien elle eft fupérieure à l’autre, Toit pour
augmenter la chaleur, foit pour diminuer les frais :
un poêle ainfi allumé dès le matin & avec petf
de bois , conferve une très-grande chaleur pendant
toute la journée.
Ces poêles n’ont point le défagrément des poêles
ordinaires , jamais qn n’eft incommode par la
fumée.
Dans les nôtres la porte du foyer 8c du cendrier
eft la même; c’eft-à-dire que c’eft la iriême
porte - dans laquelle on en a . ménagé une plus
petite^-
Ici la porte du foyer ne s’ouvre que pour pîa-J
cer le bois, & refte enfuite conftamment fermée*
Le bois fe porte fur une grille, Î1 n’eft point
enterré & étouffé par la cendre : le cendrier eft
fpacieux & fur-tout élevé -d’un à deux pieds fuivaut
te volume du poêle; deux portes font placées aux
extrémités du cendrier; le courant d’air n’eft point
horifontal & il eft confîdérable : en faut-il plus
pour chafTer la fumée avec force , & faire vivement
confumer le bois ?
Ces poêles économiques feroîent avantageulè-
ment placés dans le bas de Fefçaîier , dans les
antichambres d’une grande maifon ; & en propor- :
donnant leur volume, ils feraient d’une grande
utilité dans les appartenons des particuliers.
On objectera peut-être que la chaleur de ces poêles
eft mal faine, qu’elle diflipe trop l’humidité de
l’air.
Enfin que l’air trop privé de l’humidité, perd
fon élafticité, & par conféquent que la refpiration
devient pénible & laborieufe.
Ces objedions paroîtroient décifives fi on n’a-
voit pas l’exemple des Ruftes, des Suédois, des
Danois, des Allemands, én un mot de tous les
habitans du Nord.
Pour détruire ces faux raifonnemens il fuffit
de propofer un moyen bien fimple, peu coûteux
& fondé fur l’expérience.
Placez fur votre poêle un vafë de verre, de
faïence & c ., très-large de furface & peu profond.
Rempliffez-le d’eau, cette eau s’évaporera infenfi-
blement & rendra à l’air l’humidité que la chaleur
diflipe ; alors l’air jouira de toute fon élafti-
.cité -& vous refpirerez. librement.
. Si on place un poêle dans une orangerie & fi
on ne ménage pas le feu, les plantes fouffrent, gé-
mifTent, perdent leurs feuilles lorfque l ’air n’eft pas
renouvellé, ce qui eft difficile en hiver. Mais
placez fur ce poêle un vafe rempli d’eau , l ’évaporation
de cette eau confervera les feuilles.
Les. gens fenfuels pourroient fe procurer une
odeur douce, en fubftituant à l ’eau fimple mife en
évaporation l’eau de rofe, d’oeillet &c. Cependant
ces odeurs, quoique très-douces , peuvent à la longue
affeder le genre nerveux, occafionner des
maux de tête &c.
Il fuffit de confîdérer l’avantage de ces poêles
du côté de leur utilité & fur-tout de celui de leur
grande économie.
Poêle ae ferre•
' L ’invention des ferres nous procure aù milieu
des hyvérs les plus rigoureux, des produirions
d’une nature toujours vivante & animée. On jouit
dans le milieu de cette faifcn de fleurs & de
légumes qui ne paroîtroient qu’au printemps ; on
anticipe la jouiflance de toutes les ■ produirions de
la nature ; on pofîede dans le printemps les fruits
de l’été j & dans l’été ceux de l ’automne.
L ’air n’eft pas moins nécefïaire que la chaleur
pour animer. la végétation ; .mais l’air qui eft la
vie de tous les ctres animés, ainfi que des végétaux,
puifqu’on y découvre des trachées aériennes
; l’air pour entretenir Ta végétation a befoin
de fon élafticité. Celui qui eft renfermé dans les
ferres , la perd néceffairement au bout d’un certain
temps , en fe chargeant de toutes les particules
aqueufes qui s’exhalent des plantes par la tranfpi-
ration ; de plus il fe dépouille auffi de tous les
fels favorables à la végétation qu’il contenoit : il
eft donc abfolument néceflàire d’introduire dans
les ferres un air nouveau, chargé de tous les
principes & jouiflant de fon éiafticité.
Lorfque le froid de l’hyver eft exceflîf, il n’eft
pas moins dangereux d’introduire dans la ferre l’air
extérieur qui eft trop froid, & cependant fans le
renouvellement d’a ir, la végétation languit. Voici
un moyen d’y remédier.
On conftruit dans un coin de la ferre le poêle
qui doit l’échauffer, i l fervira à y introduire un
air nouveau 8c chaud, deux points également né-
ceflaires : ce poêle procurera d’autant plus d’air
chaud que l’air extérieur fera plus froid & difpen-
fera par là de mettre plus de bois dans le poêle
lorfque le froid devient plus vif.
Ce poêle de figure quarrée doit être à fleur
du mur de la ferre, afin de pouvoir, lorfqu’il y
a trop de chaleur, fermer une plaque ou porte
intérieure comme chez bien des étuviftes.
Au milieu du poêle on conftruit une groflë boule
qu’entoure la fumée avant de s’échapper ; cette
boule eft traverfée en équerre par un corps de
tuyaux dont un des bouts donne dans une chambre
voifîne de la ferre , & l’autre bout dans la
ferre.
Comme l ’air du poêle & celui de la boule eft
extrêmement raréfié par là chaleur, l’air extérieur
plus élaftique qui eft dans la chambre voifine
de la ferre , l’introduit dans le tuyau, s’échauffe
& forme dans la ferre , lorfqu’on le défire, un
courant d’air nouveau, maïs échauffé qui apporte
aux plantes une nouvelle v ie , Sc les fait pouffer
avec vigueur ; plus le froid eft v if , par conféquent
1 plus il eft élaftique & plus.il fe précipite avec
rapidité dans le tuyau.
Nouvelle cheminée-poêle, adaptable aux cheminées
ordinaires.
Nos cheminées , dans . leur état aduel, pré-
fentent des defauts effentiels.
Elles confomment une quantité de bois prodi-
gieufe, & le prix du. bois augmente de jour en
jour.
La chaleur qu’elles produifent n’eft jamais que
médiocre, relativement à la'-'dépenfe qu’elles oc-
cafionnent.
- Si le froid eft rigoureux, l’appartement n’eft
fupportable qu’auprès du foyer.