
? A TC
fe mettre du ïôuge, s’atrachet Ie$ fourçUs, Ce les
peindre ou s’en former d’artificiels. Nous voyons»
suffi que les. groenlandoifes fe bariolent le vifage
de blanc & de jaune ; & que les zemblienneS, pour,
fe donner des grâces , fe font des raies bleues au'
front & au menton» Les mingreliennes, fur le
retour, fo peignent tout le vifage , les fourcils ,
le front, le nez & les joues. Les japonoifos de Jédo
fe colorent de bleu les fourcils & les lèvres. - Les
in (blaires de Sombréo , au nord de Nicobar , fo
plâtrent le vifage de verd & de jaune. Quelques
femmes • du royaume de Décan fo font découper
la chair en fleurs, & teignent les fleurs de diver-
fos couleurs , avec des jus de racines de leur pays.
Les arabes, outre ce que j’en ai dit ci-defius ,
font dans l’ufage de s’appliquer une couleur bleue
aux bras, aux. lèvres & aux parties les plus apparentes
du cprps ; ils mettent hommes & femmes
cette couleur par petits points , & la font pénétrer
dans la chair avec une aiguille faite exprès : la
marque en eft inaltérable*
Les turquefiès africaines s’injeCtent de la tuties
préparée dans les yeux, pour les rendre plus noirs ,
& fè teignent les cheveux, les mains & les pieds
en couleur jaune & rouge. Les femmes maures foi-
vent la mode des turqueffes ; mais elles ne teignent
que les fourcils & les paupières avec de la poudre (
de mine de plomb.
Les filles qui demeurent for les frontières de
Tunis, fe barbouillent de couleur bleue le menton
& les lèvres; quelques-unes impriment une petite
fleur, dans quelqu’autre partie du vifage, avec de
la fumée de noix de galle & du fafran. >
Les femmes du royaume de Tripoli font cofi-
fifler les agrémens dans des piqûres for la face,
qu’elles poîntillent de vermillon ; elles peignent
leurs cheveux de même.
L a plupart des filles nègres du Sénégal , avant
que de fe marier , fè font broder là peau de différentes
figures d’animaux & de fleurs de toutes
couleurs. Les négreflès de Serra - Liona fe colo-
rènt le tour des yeux de blanc , de jaune & de
rouge.
Les floridiennes de l’Amérique feptentrionale fe
peignent le .cprps , le vifage , les bras & les jambes
de toutes fortes de couleurs ineffaçables ,
parce qu’elles ont été imprimées dans les. chairs par
le moyen de plufieurs piqûres. Enfin les femmes
fauvages caraïbes fè barbouillent toute la face de
çocou*
Si nous revenons en Europe, nous trouverons que
le blanc & le rouge ont fait fortune en France.
Nous en avons l’obligation aux italiens qui payèrent
à la cour de Catherine de Médici$ : mais ce
jfe ft que fur la fin du fièçle paffé que l ’ufage du
P M l
rouge -efl devehu général parmi lés femmes de cafaft
dition.
Callimaque , dans l ’hymne intitulée les bains de
Pallas , a parlé d’un fard bien plus (impie. Les
deux déeflès V.énus & P,atlas Ce difputoient le prix
& la gloire de la beauté : Vénus fut long-temps S
fa toilette ; elle né céiïk point de cohfolter fort
miroir, retoucha plus d’une fois à fès cheveux >
régla la vivacité; de fbn 'teint ; au - lieu que Minerve
ne fè mira ni . dans le métal', ni dans la
glace des -eaux, & ne trouva point d’autre fècretr
pour fè donner du rôüge, que de courir un' long
efpace de chemin, à l ’exemple des filles de Lacédémone
qui avoient accoutumé de s’exercer a la!
courte for le bord de l’Eurptas. Si le foecès alors'
juftïfia les précautions dé Vénus,; ne fut-ce pas là
faute du juge , plutôt que celle de la nature î
Quoi qu’il en fo it, je ne penfo point qu’oif
puiflè réparer par la force de l’art les injures'du
temps, ni rétablir for les rides du vifage la beauté
qui s’eft évanouie. Je fens bien la juftefle des réflexions
de Rica dans fà lettre à Usbek :; ■ « Les
» femmes qui fe fentent finir d’avance par la perte
» de leurs agrémens , voudraient reculer vers la
» jeûnefie ; eh- comment ne chercheroient-elles pas»
» à tromper les autres! elles font tous leurs efforts
» pour fe tromper elles-mêmes, & pour fe déro-
» ber la plus affligeante de toutes les idées ». Mais
j Comme le dit La Fontaine :
Les fards ne peuvent faire 3
Que Von échappe au tems cet infigne larron $
Les ruines d’une maifon
Se peuvent réparer > que n’efi cet avantage
Pour les ruines du vifage ?
Cependant, loin que les fards produifont cet effet,
j’ofe afforer au jcontraire qu’ils gâtent la peau ,
qu’ils la rident, qu’ils altèrent & ruinent la couh
leur naturelle du vifage : j’ajoute qu’il y a peu de
fards flans le genre' du blatïc, qui né foit dangereux.
Auffi les femmes, qui fè fervent de l ’huile»
de talc comme d’un fard excellent, s’abufent beau-
1 coup ; celles qui emploient la cérufo, le blanc de
plomb ou le blanc d’Efpagne , n’entendent pas
mieux leurs intérêts ; celles qui fè fervent de préparations
de foblimé, font encore p lu sfle tort à
leur fànté : enfin l’ufàge Continuel du rouge, for-
' tout de ce vermillon terrible qui jaunit .tout ce;
qui l’environne, n’eft pas fans inconvénient pou»
la peau.
Afranius répétoit fouvent , & avec raifon , a
ce fojet : « des grâces (impies & naturelles , le
» rouge de la pudeur, l ’enjouement & la com-
; » plaifànce, voilà le fard le plus féduifànt de la
» jeuneflè ; pour la vieilleffe, il n’eft point de
J » fard qui puiflè l’embellir, que l’efprit & les coq» 1 » noiflàûGfi-s»
p A K
Obfervétions fur le fard.
L a plupart des fards font compofés de minéraux
plus ou moins malfaifans, mais toujours corrofifs,
8c de funeftes effets font inféparables de leur ufage.
Mais puifqu’il n’eft pas poffible de ramener fur ce
point les femmes au fentinfent de leur interet pro- ■
pre^ voici les moyens de fè préforver des fuites '
fâcheufos de tous ces poifons topiques.
Les femmes, foivant les confeils d’un habile
médecin, ne laifièront leur fard que le moins de
temps qu’elles pourront, & elles fè laveront en-
fuite avec de l’eau de r iz , d’orge perlé, de lentille
, de veau , de ly s, de la it, d’amandes douces |
ou amères, &c.
Pour ce qui eft des on&ueux ou huileux, elles
feront faire des pommades avec le baume de la
Mecque, l’huile d’amandes douces, récentes , le
baumè blanc , le beurre de mai, le cacao, le
blanc de baleiné, l ’huile des quatre femencés. froides
, celle de ben , &c.
Mais tous ces cofmétiques ne doivent pas être
employés indifféremment. Il eft des dames dont la
peau ne peut fouffrir lés ondueux, d’autres au contraire
s’en accommodent. Geci dépend de leur com-
plexion & de la difpofîtion des fibres de leur peau,
qui font dans les unes plus lâches, plus foibles ,
& dont le tifîu dans les autres eft plus fèc & plus
ferré.
Blanc ou fard non nuifible.
- Voici le procédé d’un fard économique, que
l ’on aiïiire être trèS-innocent.
Il faut prendre un morceau de talc, connu fous
le nom impropre d e craie de Briançon, Choififlèz-
Je d’une couleur gris de perle.
Râpez légèrement cette pierre avec une peau de
chien de mer. Après cela, paffez-la à un tamis-de
foie très-fin ; & mettez infufèr cette poudre dans
une pinte de bon vinaigre diftiiié , pendant quinze
jours , ayant foin d’agiter la bouteille ou le pot
plufieurs fois par jour , à l’exception du dernier
jour qu’il ne faut pas troubler cette poudre.
Otez le vinaigre par inclinaifon, & faites en-
lorte que le blanc refte flans la bouteille , dans
laquelle Vous vérforez de l’eau bien Claire & filmée..
Jettèz le tout dans une terrine propre , & agitez
bien l’eau avec.une fpatule de. bois ; laiffez raflèoir
la poudre au fond de la terrine. O te z -en l’pau
doucement, & lavez «cette poudre fix ou fopt fois ,
.pbfèrvant de vous forvir toujours d’eau filtrée.
Quand la poudre fera auffi blanche & auffi douce
qu’on le fouhaitera , on la fera fécher dans un en-
SBïtt où elle ne foit point expofée^à la pouffière ;
P A R 5 1
on la repaflèra au tamis de foie. Elle ifen fora que
plus b^lie. ;
On pourra la laîfler en poudre , ®u bien on la
mouillera pour lamettre en tablettes ou en petites
pierres , comme font lés parfumeurs.
Une pinte de vinaigre'foffit pour diflotidre ufte
livre de talc.
On emploie ce blanc de la même façon que le
carmin , en humeâant également fbn doigt ou un
papier de pommade, & .on met defliis la valeur
d’un grain où demi-grain de ce blanc.
Il ne fè détache pas, quand même l’on fue*
roit.
Si la pommade avec laquelle on l ’applique eft
bien faite, ce blanc ne fait aucun tort au vifage
& encore moins ,à la fanté , puifqu’il n’y entre
point de foblimé , de blanc de plomb , d’étain
de glace, & autres compofitions malfaifàntes.
Les mêmes fobftances qui entrent dans le procédé
ci-defîiis du blanc, peuvent également fervit
à faire le rouge.
Huile de talc.'
Les anciens chymiftes ont beaucoup vanté une
liqueur cofmétique , qu’ils nommoient huile de talcs
Ils lui attribuoient des qualités merveilleufès &
incroyables pour blanchir le teint & pour confèr-
,ver aux femmes la fraîcheur de la jeuneflè dans
l’âge le plus avancé : mais ce focret, s’il a jamais
èxifté , eft perdu. On conje&ure feulement que la
pierre que l ’on appelle talc , étoit le principal ingrédient
de fà compofition.
M. Jufti, chymifte allemand, a cherché à faire
revivre un fècret fi inté reliant pour le beau foxe.
Pour cet effet, il prit une partie de talc de Venifè ,
& deux parties de borax calciifé ; après avoir parfaitement
pulvérifé & mêlé ces deux matières, il
les. mit dans un creufet qu’il plaça dans un fourneau
à vent, il donna pendant une heure un feu très-
violent; au bout de ce temps, il trouva que ce
mélange s’étoit changé en un verre d’un jaune veo»
dâtre; il réduifit ce verré en poûdrè, puis il le
mêla avec deux parties de fol de tartre , & fit-re-
fondre le tout de nouveau dans un creufet ; par
cette féconde fufion , il obtint une maflè qu’il mit
à la cave for un plateau de verre incliné, au-def*
fous duquel étoit une foucoupe : en peu de temps
la maflè fè convertit en une liqueur.où le talc fe
trouvoit totalement diflèus.
On voit que , par ce procédé, bn obtient une
liqueur de la nature de celle qui eft connue fous
le nom d'huile de tartre par défaillance , qui n’efi
autre chofo que l’alkali fixe que l ’humidité a mis
en liqueur.
Il eft très-douteux que le talc entre pour quelque