
7io P R O
Couleur noire.
p R o
Manière d'en tirer la teinture.
Prenez du noir, mettez-le dans un pot neuf,
ajoutez-y un peu de fel amoniac ; faites bouillir dans
cette compofîtion le bois que vous voudrez colorer,
jufqu’à ce qu’il foit devenu affez noir ; frottez-le en-
fuite avec de la cire.
Vous obferverez que, quand vous voudrez colorer
, foit du bois, foit de la corne , il faudra les
laifler tremper pendant une demi-journée dans de
l’eau d’alun , & les faire fécher enfuite.
Maniéré de donner a la corne & a L*ivoire la
couleur de /’ écaille.
Prenez une once d’eau-forte, une demi-dragme
d’argent pur que vous ferez difïbudre dans l ’eau-
forte : commencez par répandre de la cire fondue
fur la corne & l’ivoire ; palfez-y enfuité la fol-u-
tion, laiflez-la fécher d’elle-même ; la corne fe a
d’un brun foncé aux endroits où il n’y aura point
eu de cire.
Maniéré de colorer la corne ou bois en verd.
Prenez deux parties de vert-de-gris, un tiers de
fel ammoniac; mêlez bien ces deux matières, ver-
fez par-deflus de fort vinaigre; mettez-y du bois,
de la corne ou de l’os ; bouchez bien le vafe, & le
lailfez en repos jufqu’à ce que la matière foit luffi-
famment colorée.
' Ma tière dé polir le bois, & de le rendre luijant.
Les ébénifies & les tabletiers frottent leurs bois
quand ils font travaillés avec de la cire de bougie,
qu’ils étendent en frottant fortement avec des morceaux
de bois debout,"taillés de la grandeur & de la
figure qu’il faut pour fuivre le bois dans toutes les
parties de fa furface, & fur-tout dans les angles, &
pour enlever tout le fuperflu de la cire, & n’en
îatflfer s pour ainfî dire, que dans les pores. Ou
bien, quand les furfaces font grandes, ils étendent
la cire avec un faifceau de paille de feigle,
ou de joncs bien ferrés d’un bout à l’autré avec
une ficelle, comme le tabac, & coupé fort près
du lien.
Quand ils ont en-levé toute la cire que le polif-
foir peut emporter, ils finiflent par frotter vigou-
reufement leur ouvrage avec quelques morceaux
d’étoffe, ou d’un gros bas de laine qui donne le
Jliftre.
Vous pourrez fuivre cette pratique pour tous les
bois durs qui font parés par quelques couleurs naturelles
que la cire exalte & fait valoir mais pour
ceux qui font deftinés à être peint#, gardez-vous
bien de les cirer.
Demandez .chez les droguifles le bois de brefîl de
Fernambouc, il eft ordinairement haché en copeaux
; voyez s’il eft d’un rouge bien v if, & fî
étant mâché , il laifle dans la bouche un goût
douceâtre.
Vous tirerez la teinture de ce bois en le laif-
fant bouillir dans une fuffifante quantité d’eau
commune, & en y ajoptant un peu d’alun de
roche.
Vous tirerez de même la teinture du bois d’inde
( qui fe nomme aufli bois de campêche ) : choi-
fîffez le plus haut en Couleur ; mais fî vous y mettez
de l ’alun, elle reftera rouge ; au lieu que s'il n’y en
a point, elle deviendra d'abord jaunâtre, & enfuite
fort noire.
Bois d e p l a c a g e . Les pays étrangers, par la
nature du fol, la différence des climats, nous donnent
des bois les plus variés dans leurs couleurs.. En
combinant avec art leurs nuances, on fait des ouvrages
de placage des plus agréables. Avec un peu
d’induftrie, on pourroit parvenir à les imiter , en
colorant les bois que la nature a donnés à notre
climat.
Pour imiter le bois d’ébene noir, on peut prendre
du pommier , du poirier , du cormier , du cornouiller
, ou d’autres bois dont les veines foient
peu fenfîbles, dégrofïir les pièces à-peu-près telles
qu’on doit les employer, les faire bouillir pendant
trois ou quatre heures dans de bonne encre où l’on
aura ajouté de l ’efprit-de-vin & de la gomme.
Le bois fe trouvera pénétré dans fan intérieur à
quelques lignes de profondeur, d’une belle couleur
noire, ayant le vernis & le poli du bois d’ébene noir
naturel.
On imitera le bois rouge de brefîl avec le frêne
ou l’acacia bouilli dans une teinture de bois de brefîl,
à laquelle on ajoute de la gommé & de l ’efprit-de-
vin. Si on y ajoute de la fciure de chêne ou une in-
fufîon de noix de galle ou de couperafe, on obtiendra
un bois violet.
L ’acacia bouilli avec du brou de noix, une légère
înfufion de couperofe, de l’efprit-de-vin & de
la gomme, prendra une couleur verte.
On peut, d’après ces idées, faire des recherches
pour obtenir, à l’aide des fubftances qu’on emploie
en teinture, des bois de toutes fortes de couleurs &
de nuances.
La gomme pénètre les pores du bois , en favorife
le poli, & lui donne une couleur brillante. On doit
obferver de faire fécher ces bois à l’ombre, & de les
charger de peur qu’ils ne fe déjettent.
La contexture des fibres du bois, leurs différentes
P R O 7 I 5
qualités, apporteront des variétés agréables dans
leur préparation.
Comme des veines & des noeuds ÿ qui forment
differentes ondes, font plus rares dans nos bois que
dans ceux des Indes, on fciera le bois obliquement,
n’employanr que de petits rondins de cinq ou fîx
lignes d’épaifleur.
On peut donner aux divers bois de menuiferie
une couleur de bois d’épine. On applique fur la
boiferie une couche d’eau-forte affoiblie : cette
eau agiflant fur le bois, lui donne une teinte de cou- j
leur. On applique enfuite Une couche avec une dif-
lolution de gomme arabique dans l’eau, & on frotte j
le bois avec de la cire, qui lui donne un luifant fem-
blable à celui du vernis.
v Bois n é p h r é t i q u e . Pour tirer la teinture de ce-
bois, vous le réduirez en petits copeaux: vpus le
mettrez avec une fuffifante qnatité d’eau bien claire
dans une petite cucurbite de verre que vous place-
rezdur un feu de fable fort doux ; & vous laifferez
le tout en digeftion pendant vingt - quatre heures.
Après cela, vous décanterez la liqueur pour l’avoir
claire , & vous la mettrez dans des. fioles de verre
blanc ou de cryftal, afin que vous puiffiez regarder
la liqueur ; tantôt par tranfparence, tantôt par une
lumière réfléchie.
Adreffez-vous pour avoir des copeaux de ce bois,'
à un marchand bien afforti & de bonne foi' ; car,
comme on fait peu d’ufage de ce bois , tons les'dro-
guitles n’en ont point, & y fubftituent quelquefois
l ’aubier du gayac. Le véritable bois néphrétique eft
fort pelant , d’un jaune pâle, d’un goût âcre &
amer ; & s’il eft faux, fa teinture ne produira pas
l’ effet fîngulier que le phyficien y cherche.
Bois d o r é . L ’homme éclairé , & qui a des -
connoifîanees, parvient bien plus facilemont au but
de fes recherches, que l ’ouvrier qui travaille mécha-
niquement. Plufieurs ouvriers avoient tenté de retirer
l’or de deiïiis les vieux bois': mais ils avoient
trouvé que les dépenfes excédoient le profit. En
conféquence on bruloit tous ces bois , qui, cependant,
ne laiiïoient pas que de contenir de l ’or. M. de
Montarny, correfpondant de l’académie des fciences,
a découvert un procédé très-fîmple pour le retirer
avec profit.
Il ne s’agît que de faire tremper ces bois dans de 1
l ’eau bouillante : cette eau, en diffolvantla colle,
détache les feuilles d’or, & le tout tombe dans
l ’eau : on retire ces bois ainfî dépouillés : on fait
évaporer l’eau jufqu’à fîccîté, afin que le mélange
d’or & de colle qu’on a détaché relie au fond du
vaifTeau. On prend cette matière, on la met dans
un mortier ; on la pile, & l ’on met cette poudre
fous une moufle , efpèce de petit vaifTeau fait en
voûte, que l’on met dans un fourneau : le feu brûle '
la colle , évapore toutes les parties huileufes» On
p r o
I triture enfuite la poudre qui refte dans la moufle
avec du mercure, qui s’unit & s’amalgame avec
I l’or. Rien de plus aifé que de- féparer enfuite le
mercure de l’or , comme on va l’indiquer plus
bas.
. Un ouvrier peut, par ce procédé fi m pie, fuivanc
l’examen qu’en a fait M. de Montamy , retirer pour
plus de vingt fois, d’or en une heure -de vieux bois
dorés; les frais, comme l’on voit, ne font pas con-
fidérables.
Pour féparer l ’or ainfî amalgamé au mercure, il
ne s’agit que d’expofer cet amalgame au feu dans un
creufet. Le mercure étant volatil fe fubiime, & l’or
refte feul dans le creufet.
Si l’on ne veut point perdre le mercure, il faut
faire l ’opération de manière à recueillir les vapeurs
du mercure, qui, étant rafîèmblées , fe trouvent
être du véritable mercure coulant , tel que celui
qu’on a employé, & dont la nature, par cette fubli-
mation, n’a point du tout été altérée.
Bois i n c o m b u s t i b l e . Les bois brûlent & s’enflamment
, parce que les huiles qu’ils contiennent
prennent feu, & que les particules d’air qui entroient
dans leur compofîtion, venant aufli a fe dilater
, animent le feu ; le bois s’en décompofe
d’autant plus vite. Mais il eft un moyen de le préparer
, & de l ’empêcher deqprendre feu, ce qui peut
être de la plus grande utilité'pour le bois des parquets
auxquels la moindre étincelle met facilement
le feu à caufe de leur grande fêchereffe.
On pourroit donner aufli en quelque foTte cette
trempe aux outils de bois des Boulangers, tels que
pelles, fourgons, en attendant que cette découverte
mieux employée puiffe procurer l’incombufc
tibiiité à nos bois de charpente.
Un fait arrivé dans une mine d’alun, a donné-
lieu de préparer le bois pour le rendre incombufti-
ble. On jetta au feu les douves d’un vieux tonneau
qui avoit fervi à mettre de l’alun, & qui, en
étant toutes pénétrées , ne purent parvenir à brûler,
!& ne fe confumèrent que par la violence du feu fans
jetter la moindre flamme.
Pour rendre le bois de parquet incombuftible, il
ne s’agit donc que de le faire bouillir dans de l’eau
qui contienne des fels incombuftibles, tels que du
fel marin , du vitriol, de l’alun mêlés enfemble :
les particules falines s’introduifant dans les pores du
bois , recouvrent les particules huileufes , & communiquent
au bois la venu de fe conferver contre
l ’aâion des flammes.
Bois in c o r r u p t i b l e . Les bois réfîneux , tels
que le cedre , font prefque incorruptibles. On peut
préparer les bois ordinaires., de manière à leur procure!
les mêmes qualités, à augmenter beaucoup