
P R É S ER V A T IF CO N TR E L E S IN C EN D IE S .
( Art ;
M oytns a employer dans la confiruéiion des Mai--
tons & autres Bâtiment pour les prèferver des
Incendies. E xtrait du Mémoire de M , l'Abbé
M ann.
Hartley pofe comme principe & J
fondement de fa méthode, qu’w/z plancher en flammes
eft une maifon en feu j que fi on rend tous les.
planchers incombuftiblcs 3 ou feulement non-inflam -
mables , on emvêche efficacement que la maifon ne fie
brûle y quoique les meubles & les boiferies prennent
feu. Or, pour rendre les planchers non - inflammables
, il a trouvé, après un très-grand nombre
d’expériences ,,qn’il fuffit de mettre une couche de
matière incombuftible entre le plancher & les folives
qui le foutiennçnt.
Ces expériences lui ont fait voir, qu’il eft beaucoup
mieux de mettre cette couche de matière incombuftible
au-deffous du plancher, & au-deffus des
folives, c’eft-à-dire, entre les deux, que de la mettre
au-deffous des folives avec une couche de fable
jufqu’au plancher, ce qui étoit fa première méthode.
Outre que cette couche de fable devient une
maffe trop lourde, il a trouvé, par fes expériences,
que la première méthode coupe & empêche plus
efficacement que la fécondé , la communication du
feu entreies folives & le plancher. Car, fi on place
la couche de matière incombuftible fous.les folives,
un feu par-deffous le tout, affez ardent pour char-
bonner les folives, comme il peut arriver , peut y
produire un degré de chaleur affez fort pour éclater
en flammes dans les planches polees immédiatement
au - deffus fans aucune couche incombuftible ;
entre deux.
Or, dans le cas contraire, quand la couche in-
eombuftible eft entre les deux bois, la furface des
folives fe charbonnera par un feu de deffous, & celle
des planches par un feu de de (lus, fans que ce feu
puiffe fe communiquer a Foppofa^, faute d une libre
circulation & tranfmiffion d’air à travers la couche
incombuftible, qui eft entre deux.
Après avoir examiné nombre de différentes matières
pour eompofer la couche incombuftible,
M. Harrtley s’eft décidé à donner la préférence à
dès plaques très-minces de fer battu^ & réduit en
James très-déliées de la même manière qu’on fait
le fer-blanc ordinaire. Ces plaques Ibnt minces
& fi déliées, qu’elles ne paffent guère l’epaineur
d’une feuille de bon papier à écrire. Il en faut deux
ou trois pour faire l’épaifleur du fer-blanc ordinaire.
Elles ont environ deux pieds en longueur, & un pied
& demi en largeur.
On a objeété contre ces plaques, qu’étant expo-
fées à un très-grand feu, elies pourraient fe fondre
& donner par-là pleine tranfmiffion à l’air, & communication
au feu : mais une expérience confiante
fait voir, que le fer battu & laminé en plaques de
cette forte, étant expofé long-temps au feu, fe calcine
petit à petit, mais ne fe fond jamais.
On a objeété auffi que la rouille pourra les cribler
& les confumer peu-à-peu. Pour obvier a cet inconvénient,
qui pourrait avoir lieu, fi on ne prenoit
quelque précaution, M. Hartley fait peindre a l huile
fes plaques : ce qui donne lieu de croire qu elles dureront
aufli long-temps que le plancher même.
Indépendamment de ces précautions, les expériences
de M. Hartley ont fait voir que quand il fe
trouve des trous dans les plaques ( qu’on y avoit fait
exprès pour en voir l’effet ) le feu , à la vérité, fe
communique par ces ouvertures, & brûle à travers
le bois, qui leur eft directement oppofe ; -mais qu il
ne s’étend dans le plancher guère au-dela de la
largeur de l’ouverture même par où il paffe ; &
cela, tant à caufe que tout le refte du plancher a
l’entour de cette ouverture, ayant un.côte arme,
• devient par-là non-inflammable, qu’à caufe de la
difficulté., qu’a le feu de s’étendre latéralement,
fans être fouffié par un courant d’air. On a donc lieu,
d’être tranquille fur ces deux objections-.
Une troifième objeCtion, qu’on a faite fur l’ufage
des plaques de fer, pour armer les planchers, les
efcaliers, &c. contre le feu ; c’eft qu’on prêtent}
qu’elles fomenteront une efpèce de moififfure fous
les planches, qui contribuera à les faire pourrir par
ce que les Angîois nomment Dry-rot 3 ou Pourriture
sèche, faute d’une libre circulation à l’air contre ce
côté. Mais on peut douter fi çéoi aura lieu, plus ou
même autant que dans un plancher pofe au-deffus
d’un plafond, ou fur une couche de fable à terre;
caries plaques n’entretiennent d’elles - mêmes aucune
humidité. Au refte, aucun moyen humain,
quelque parfait qu’il foit, n’eft fans imperfection &•
fans inconvénient.
î R E
Voici ce qu'obferve M. Hartley dans la Construction
de fes planchers armés. Sur les folives déjà
pofées on cloue les plaqués de fer bien & également
étendues, obfervant que les bords d’une plaque paffent
toujours par-deffus ou par-de flous les bords de
celles qui la touchent ; en forte que les mêmes clous
percent & attachent deux bords enfemble.
On couvre, toutes les folives & le fond entier de
la chambre de cette forte avec des plaques de fer,
dont tous les bords paffent les uns fur les autres, &
qui font fermement cloués, foit fur les folives, foit
contre les planches, à mefure qu’on les pofe : mais
la première de ces méthodes eft beaucoup préférable,
tant à caufe de la plus grande foiidité des folives
qui retiennent mieux les clous, 'qu’à caufe que
leurs têtes, dans ce cas, font comprimées parle
plancher, ,en forte qu’acune chaleur ne peut les en
retirer; ce qui pourrait arriver s’ils étoient mis dans
une partie du plancher expofés immédiatement à
l’adion du feu. '
Les derniers bords de toutes les plaques de fer,
qui viennent contre les murailles de la chambre,
. paffent par- deffusdes folives, qu’elles couvrent entièrement;
de façon à pouvoir être clouées , ou
autrement, fermement attachées contré les côtés &
bouts defdftes folives qui touchent les murailles de
la chambre, de la même manière qu’on cloue une
t'i.e, au une pièce de peinturé fur ïon chaffis,
auquel, toute une couverture de pia|ùes de fer ainfi
clouées-fur les folives d’une chambre, réffemble
fort exactement.
Cette, feule comparaifon fait concevoir facilement
toute la. confttuâion, dans laquelle il n’y a ni
fecret, ni difficulté, fi on a feulement l’attention
d'e couvrir toute là folivure d’une chambre auffi
exactement, & d’une manière-aufli continue, que
1 eft un chaffis par la toile qu’on va peindre.
Immédiatement fur cette furface de plaques de
fer, foit entièrement achevée , foit plutôt à me-
iftire qu’on avance , on pofe les planches , qu’on
cloue de la manière ordinaire fur les folives ; mais ,
avec cette attention particulière, qu’il faut river les
pointes des clous dans1 les folives, pour empêcher
1-aChon du feu de les en retirer en cas d’incendie.
Pour le faire complettement, les ouvriers percent
les folives avec un foret cia ils les endroits où paffent
les pointes des clous., qu’ils rivent eufuite par quelques
coups de marteau donnés fur un poinçon de
grofieur à paffer par le trou du foret.
S’il y a quelque m y {1ère dans toute cette ccnf-
truCtion , il ne confifte, comme M. Hartley m'en
affura, que dans cette précaution de river & de
rebrouffer folideinent les pointes des clous., qui
attachent les planches aux folives ; précaution ab-
fulumeiit nécefikire.
Un plancher confirait de cette forteeft ce que
M. Hartley appelle un plancher complettement armé
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contre 1e feu y & pour que-toute une maifon le fo’t
ainfi, il faut que tous fes planchers , depuis celui
qui repofe fur la terre, jufqu’à celui fur lequel font
clouées les ardoifes, où repofent les tuiles, &c.
foient ar/nés de la même manière, & avec les mêmes
précautions, ainfi que tons les efcaliers , eu égard à
la différence de leur forme.
Il faut une couche continue cômplette des plaques
de fer entre toutes les planches de l’efcalier Sg
fes folives qui les fbutiennent. Une porte eft arméê
dp manière a couper efficacement toute communication
du feii, quand on a mis des plaques de fer
entre les’ doubles panneaux , plus minces qu’à l’ordinaire,
& qu’on a cloué le tout enfemble de façon
qu’il ne fafle qu’une feiile porte à triple couche.
Comme M. Hartley n’a jufqu’à prélent aucune
fabrique à lui pour fes plaques de fer, les fàbricans
; font convenus enfemble de les lui faire payer à un
prix,modéré , ainfi qu’il m’en a alluré. Sur le pied
qu’elles fe vendent actuellement, la verge quarrée,
complettement appliquée & cloute aux folives, revient
à trois fcheliings & fix fols, monnoie d’Angleterre
; de- forte que y pieds (de u pouces )
quarrés, reviendraient à 42, lois courant de Brabant.
Dans cette fomme l’on comprend le prix des
plaques de fer livrées où l’on bâtit, celui des petits
clous pour les attacher aux folives, & celui de ïa
mam-d’oeuvre qui les pofe. M. Hartley fuppofe que
la dépenfe d’armer un plancher, s’il avoit les plaques
à un prix raifonnable, diminuerait de près
| d’un tiers; en conféquence, il fe propofe d'entrer
prendre des fabriques fans délai, pour arrêter le monopole
des autres fabricans.
Le gouvernement de la Grande - Bretagne à été
tellement convaincu de l’utilité de fon invention ,
qu’il l’a chargé d’armer félon fa méthode , les arlè-
naux les magafins royaux de Portfmonth, Piy-
mouth, &c. ce qu’il a fait exécuter l’été dernier
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Cependant il paraît à propos dé s’affûter , fi ta ne
de couches continues de plaques de fer, quoique
t ès-minces, n4 aurai eut pas la prdpriété des coit-
duCteuts éledriques , e’eft-à-dire, celle d'attirer la
foudre dans un orage.
On a dit plus haut, d’après M. Hartley, que les
portesauffi-bieirque les efcaliers & les planchers ,
peuvent être armés d’une couche de plaques de ftr
clouées contre de doubles panneaux, & qu’elles deviendront
par-’à incapables de s’enflammer, &
empêcheront efficacement le feu dans une chambre
armée, de fe communiquer au-dehors. M. Ha'tley
l’a fouvent effayé avec fûccès pendant fes expériences.
lia pol’é un fimple écran, fait de fes plaques
, contre la porte d’une chambre en plein em-
brafemert, au point même d’avoir calciné les bords
dé l’écran, fans que lé feu ait pu le travcrftr 011
trouver paffage par la porte,