
deux aiguilles, dont l’une ne foit guère que la moitié
de l’autre..
On les éprouve féparément, en les mettant fuc-
ceflivement fur un piv.ot, en les y faifant pirouetter
quelque temps , & en s’alFurant à diverfes reprifes
•qu’elles font aimantées, & qu’elles vont chacune
chercher le nord par l’une de leurs pointes à une
certaine déviation près, qu’on fait être Environ
vingt degrés pour Paris & les environs.
Enfuite on enleve la chappe de la petite aiguille,
Ce qui laifle un vuide dans fon milieu. C’eft par ce
meme vuide qu’on enfonce la petite aiguille jufqu’à
la racine de la chappe de l ’aiguille, majeure , la quelle
chappe pour cette raifon né doit point avoir
a l’extérieur la figure conique qu’on lui donne dans
les boufloles ordinaires : mais elle doit avoir la figure
d’un petit cylindre vertical, dont la hauteur au fiir-
plus ^ ’excede point celle des chappes de bo.ufîble
Ordinaire.
On enfonce donc la petite aiguille le long de ce
petit cylindre comme un anneau au doigt, jufqu’à
ce qu’elle touche pour ainfï dire à l’aiguille majeure
, ma’s non pas totalement , car il eft bon
d’éviter le contaét immédiat des deux aiguilles ; &
pour cet effet, il faut laiiïer fubfifter entre elles une
feuille ou petite lame très-fine de cuivre battu. En-
fuite les deux aiguilles étant par ce moyen fufpen-
dues à une feule & même chappe , en les croife
imparfaitement, c’efî-à-drre, qu’on les écarte de
manière à leur faire repréfenter une croix de faint
André, ou une paire de cifeaux plus ou moins ouverts.
Quand on eft convenu avec foi-même du degré
d’écartement qu’on veut obtenir, on a foin de le
rendre a-peu-près fixe, au moyen d’un peu de cire,
ou de toute autre manière ; enforte que l’aiguille
venant à tourner fur fon pivot, l’air , les fecouffes
«u toute autre caufè étrangère, n’y dérangent rien.
Pour ce qui eft de la quantité précife de l’écar- :
tement, c’eft ce qu’il eft impoflîble de déterminer,
ni d’aflujettir à une théorie invariable, attendu
que cette quantité dépend .de la grandeur & de la
vertu relative des deux aiguilles qu’on fè propofe
d’afiocier. Ç’oft pourquoi il faut chercher pour
chaque accouplement d'aiguilles , la quantité dont
cet écartement doit être relativement à leurrégime
propre , & à leur eomplexion particulière.
Quoi qu’ilen foit-, cette recherche eft l’affaire de
quelques moments. Il ne s’agit que de pofèr fur fôn
pivot la double aiguille plus ou mains croifée, &
d’étendre ou refferrer l’écartement, jufqu’à ée qu’on
s’apperçoive que la grande aiguille, en tournant
librement, va fe diriger, droit au vrai nord : or,
c’eft ce qu’on obtient très-facilement après avoir
étudié & effayé pendant une minute ou deux le
degré d’écartement convenable»
II ne faut pas oublier qu’une des conditions effets
tielles de l’opération, ç’eft ce que les deux aiguilles
foient croifées de manière, que la pôinte nord de
la petite aiguille fe trouve être dirigée à gauche de
la pointe nord de la grande , entre le couchant
& le nord , ou entre le couchant & le fud ; car fi la
pointe nord de la petite aiguille fe trouvoit par la
nature de l’écartement, croifer l’aiguille majeure
dans les deux directions oppofées, cètte di'pofitiori
vicieufe augmenteroit la déviation aduelle de l’aimant
, bien loin d’y remédier.
Cette découverte au refte n’eft pas une pure.fpé-
culation, un fîmple projet, c’eft une invention fou-
mifè à l ’épreuve de l’expérience, & que l ’auteur a
réellement effectuée,
La petite aiguille cherche autant qu’il eft eû
elle, & pour fon ptopre comptera fè rapprocher
du nord comme toutes les autres aiguilles à une
vingtaine de degrés près. Elle eft contredite dans,
cette direction par l’aiguille majeure, qui de droit
la prévient dans ce pofte, & s’en empare. Mais
comme l’effort de la petite aiguille ne fauroit être
perdu , fa rivale fe trouve être pouffée un peu plus
loin. .
Cet effort agiflànt en raifon de la quantité de
vertu magnétique inhérente à la petite aiguille',
l’auteur en conclut que la déviation qu’on remarque
dans la bouflole ordinaire, provient d’une .maladie
aduelle de l’aimant, c’eft-à-dire , d’une défaillance
dans fa vertu directrice , & que c’eft par ce défaut de
force que l’aiguille aimantée commune, ne parvient
plus au vrai nord comme elle faifoit en i66d,;.pui£-
qu’en lui aflociant une autre aiguille, on lui rend,
; par cette combinaifon auxiliaire, les 19 & zo degrés
de force qui lui manquent de nos jours pour
atteindre à ce but.
Une telle découverte eft bien faite fans doute
pour piquer la curiofiùé de tous les amateurs des
Arts, & infiniment propre à étendre la fphère du
peu de connoifîànces acquifes fur le régime & les
propriétés de l’aimant ; connoifîànces de bunion
complette defquelles , félon quelques favants , doit
résulter une théorie des. longitudes : au moyen de
cette invention, en la fnppofantbien.conftatée , la
bouflole doit faire un pas fenfible vers fa perfection»
En effet, l ’aiguille aimantée ordinaire n’a qu’une
feule direction , laquelle eft dérangée par la
moindre Impulfîon étrangère, au lieu que la nouvelle
aiguille combinéecomme on vient devoir,
titnt au point où elle fè fixe , deux directions
qui forment angle , & auxquelles elle eft pour
ainfï dire cramponnée, ce qui doit néceffairement
la rendre moins capricieufe,. & moins fujette aux.
variations»
B r o d e r i e .
Moyen pour nettoyer les broderies.
L ’ôr & l’argent réduits en lame ou filés relèvent
nos étoffes de l’éclat le plus brillant, flattent l’oeil
agréablement & annoncent le luxe & la magnificence
; mais cet éclat eft fujet à fe ternir.
Les odeurs fortes noirchTent facilement les broderies
, principalement celles qui font faites en
argent. On les nettoie avec dé la mie de pain raflïs
qu’on fait chauffer dans un poêlon bien net ; on répand
cefte mie de pain toute chaude fur la broderie,
011 la frotte avec la paume de la main, on l’étend
dé façon qu’il y en ait par-tout fur l’ouvrage.; on
couvre le tout de plufîeurs linges. Quand tout eft
refroidi, on retourne l’étoffe , on la bat par l’envers
avec une baguette, on vergette la broderie ; puis
on colle avec de la gomme ou de l’empois bien
étalé fur l ’envers de la broderie.
On la nettoie encore avec du talc calciné & ta-
mifé très-fin, ou de l’os de feche pulvérifé.
On rend encore à l’or blanchi fa couleur pour
quelques inftans , en l’expofant à la fumée de
plume? ou de cheveux brûlés.
C a c a o (préparation du). C’eft une efpèee
d’amande qui fait la bafe du chocolat, & qui eft le
fruit d’un arbre nommé cacaoyer.
Ce fruit, qu’on diftingue entre cacao de Caraque,
à caufe de la côte de ce nom qui eft dans le Pérou
fur la mer du Sud , & le cacao des ifies ou de la
Cayenne, -qu’on fous-divife encore en gros & petit
Caraque, en gros & petit cacao des ifies, à caufe
du triage des amandes dont les marchands mettent
les plus greffes à part, étoit à peine connu aux ifies
du Vent en 1649, & ce ne fut qu’en ,16 ^ que les
Caraïbes de la Martinique en enfeignèrent l ’ufage
à M. du Parquet. La première plantation fut faite en
iddopar un juif nommé Benjamin, & ce ne fut
que vingt-cinq ans après que les habitans de la
Martinique s’adonnèrent à la culture du cacao. /
Après qu’on a préparé, par un petit labour, la
terre qu’on a deftlnée à en faire .une cacaoyce,
qu’on a choifi les amandes les plus greffes & les
mieux nourries,- on les met de deux en deux, ou
de trois en trois, le gros bout en b js , dans un
trou de trois ou quatre pouces de profondeur T en
ôtant tout auto ut les petites racines qui fe trouvent
dans la terre, & qui pourroient nuire à leur végétation.
Dès qu’elles , ont le vé , ce qui arrive ordinairement
dans dix à douze jours , on le recouvre, c’eft-
à-dire, qu’on remet de nouvelles graines où les
premières ont manqué ; & > pour détruire toutes les
raauvaifes herbes qui leur nuiroient, on les farcie
très-régulièrement, jufqu’a ce qu’étant devenues.de
grands arbufies, l ’ehtrelacement de leurs branches
& de leurs feuilles faflè affez d’ombrage pour étouffer
toutes les herbes qui pourroient venir deffous» .
"Le cacaoyer ne rapporte guère avant trois ans,
& il n’eft dans fa force qu’à cinq ; c’eft pour lors que
pendant toute l’année, & fur-tout vers les folftices,
il eft couvert de fleurs & de fruits de tout âge.
Lorfque fa coffe eft mûre, qu’elle a changé de
couleur ÿ & qu’elle n’a plus que le petit bout de
verd, on emploie tous les quinze jours ou tous les
mois, fuivant le plus ou moins d’abondance, le»
nègres qui vont avec des gaulettes fourchues d’arbre
en arbre & de rang en rang, détacher les colles
mures, en prenant bi^n gardé de ne pas toucher à
celles qui ne le font pas, & aux fleurs; on les ra-
maflè enfuite dans des paniers , & on les laifle fe—
cher en piles fur • la terre pendant trois ou quatre
jours.
Des; le matin du cinquième jour pour le plus
tard., on écaîe le cacao, e’eft-à-dire qu’on le dé-»
pouille de fes coffes, en frâppant deffus avec un
bâton. Quand tout le cacao eft écalé , on le met
en pile fur un plancher volant, couvert de, feuilles
de balifîer, & avec des planches recouvertes de
mêmes feuilles ; on l’entoure comme dans une espèce
de grenier ; on le couvre eufuite de feuilles
fur Jefquelles bn met d’autres planches, afin qu’étant
ainfï- entaffé, couvert & enveloppé de tous côtés ,
ii s’cchauftè par la fermentation ; c’eft ce qu’on appelle
le faire rejfuerr
Pour que le cacao reflue davantage, qu’il perde
de fon poids- & de fon amertume , qu’i l . 11e germe
point, & ne fente pas le verd, qu’il ait une couleur
plus foncée & d’un brun rougeâtre, on fait entrer
dans l’efpèçe de grenier où il eft renfermé , des
nègres qui, pendant cinq jours de fuite, le ren-
veriènt le ns delïus'deflous foir & matin , & qui ont
foin de le recouvrir avec les mêmes feuilles 8: les
mêmes planches après chaque opération.
On met enfuite de ce cacao reflué environ deux
pouces de hauteur fur des nattes de rofeaux attachées
à deux fablières parallèles, qui portent fur
des pieux élevés au-déifia s de terre de deux pieds
ou environ. On a l’attention pendant les deux premiers
jours de le remuer fou vent avec un rateair
de bois, de l’envelopper le foir dans les nattes, &
de le couvrir de quelques feuilles de balifîer de peur
de la pluie, ou de le renfermer dans une café.
Le cacao étant fufîàfàmment reflué, on l ’expofè
de nouveau fur des nattes en quelque terris que ce
foit ; & pour le rendre plus beau & mieux conditionné
, on le laifle les premières nuits au ferein,
â la rofée,. même à la pluie pendant un jour ois
deux, en obfervant de ne le point couvrir qu’il n’aic
été prefque tout un jour au fbleil. On connoît qu’i l
eft fufflfamment fec lorfquil craque en en ferrant