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qu’ils ne puiiïeflt fe récoaguler qu'à la Volonté de
l’artifte. ; i
On emploie pour les vernis des gommes , des
refines & des bitumés.
Sôus ces trois claffes font rangés tous les folides
qui fervent à leurs compofitions.
Mais tous lès objets compris dans ces trois clanes,
n’y font pas également propres ; & meme pour faire
le bon vernis, on ne le fert jamais de gommes, mais
feulement de refînes & de bitumes..
. Ces trois claffes tiennent enfemble ; car il y a des gommes pures, des gommes refînes^ des refînes
pures & bitumineufes, enfin des bitumes.
Si la matière dont on veut fe fervîr, fe diffout
en entier dans l’eau, c’eft une gomme proprement
dite, évidemment impropre pour la compofîtion du
vernis, qui ne fe fait qu’avec des folides, fur lef- quels l’eau ne doit point avoir d’aétion. ■
Si elle fe diffout en entier dans Tefprit de vin ,
c’eft une réfîne : fi partie fe diffout dans l’eau, &
' l’autre dans l’efprit dé vin, c’eft une gomme réfine,
ou matière compofée des deux.
Il y a des réfines & des bitumes qui ne fe fondent
point dans l’efprit de vin , mais dans 1 huile ;
enfin il y en a qui font indiffolubles dans l’efprit de
Vin & dans l’huile.
Arrêtons-nous aux fiibftances propres aux vernis',
& à établir leurs propriétés.
Des gommes,
La gomme eft un lue végétal concret, qui fe
diffout facilement dans l’eau ; qui n’eft nullement
inflammable, mais qui pétille & fait du bruit dans
le feu.
On l’a mieux défini, un mucilage épaiffi, çom-
pofé d'une petite portion d’acide unie avec la terre
& l’eau.
Telles font les gommes qui coulënt des bifurcations
de plufîeurs de nos arbres;'tels que le’pru-
ier, le cerifîer, l’abricotier, l’olivier ; la gomme
de l’accaeia-vera , dite gomme arabique , & les
gommes acajou , alouphî , monbain & adra-
gan , &c.
Lés gommes réfines ■ font des fiibftances qui par-
licipent à la fois aux propriétés de la gomme, &
à celles de la réfîne, c’efl-à-dire, dont partie eft
diffoluble dans l’efprit de vin, & partie dans l’eau:
relies font les gommes gutte ammoniaque , l’affa-
fétida, le bdellium, Teuphoirbe, le galbanum, la
myrrhe ,1’oppoponax’, lafàgapenum, la farcocole,
la cancame, l*£ caragne. .
Toutes ces matières étant des gommes, &, d’après
M, Geoîroi, les gqmmes ayant des parties aqueufes
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& falines, elles ne peuvent jamais faire ïa madère
d’un bon vernis.
Des réfines..
La réfine eft effentiellement une fiibftancé inflammable,
qui ne fe diffout pas dans l’eau ,• mais dans
Tefprit de vin & dans les huiles.
On en diftingue de deux efpèces ; l’une qui eft
liquide, & en même,temps gluante, tenace, oléa-
gineufè, tels que les baumes naturels : l’autre .eft
sèche , ordinairement friable , & s’amollit par la
chaleur : tels font le benjoin, le camphre, le fto-
rax , l’oliban, le fandaraque, le maftic, le fandra-
gon, le labdanum, &c.
Il y a plufîeurs autres réfînès que l’on a rangées
dans la claffe des gommes j qui néanmoins doivent
appartenir à celle-ci.
Telles font les gommes élémi, laque, de gayac.,
animée, olampi, tacamahaque & chibou.
Ces matières ne font pas toutes également bonnes
pour le vernis. On ne fe fert jamais du ftorax , de
l ’oliban, du labdanum, de la caragne, des gommes
de cèdre,- de gayâc, olampi, tacamahaque , animée
& chibou.
Les autres ont la préférence pour notre art, &
cependant il eft encore un choix a faire : en les
indiquant, on établira, feulement quelles font leurs
propriétés relatives aux vernis, & quel en doit etre
le choix & l’ufàge.
La réfine élèriii jaunâtre, ou d’un blanc qui tire
un peu fur le verd , eft une réfîne pure qui -découlé
d’une efpèce d’olivier fauvage, qu’on nous apporte
du Mexique, en pains de deux ou trois livres, &
enveloppés dans des feuilles de canne d’Inde -on
doit la choifir sèche en dehors , molaffe en dedans,
de couleur blanche, tirant fur le verd.
Elle fond dans Tefprit de v in , on s’en fert pour
les vernis clairs , elle le s . rend plus lians , plus
propres à fouffrir le poli , & leur donne du
corps.:
On falfîfie quelquefois cette réfîne avec du ga-
lipot & de la réfîne appellée pîtea.
La refine gutte eft un fuc concret réfîno gommeux,
compaét, fe c , d’une couleur de fafran jaunâtre
, provenant d’un arbre appelle carcapulli. ■.
Elle donne aux vernis du corps, du brillant, 8c
une couleur jaune citron ;- elle fert communément
pour faire du vernis à l’or, s’emploie & fe fond
dans Tefprit de viri. Il faut, quand on la caffe,
qu’elle foit lifte, unie, & qu’elle ne foit pas fpoii-
gieufe, pour qu’elle puifte fèrvir.
Le benjoin eft une réfîne dont il y_ a deux fortes,'
l’une en larmes & l’autre en mafîe j la première eft
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préférable; mais comme elle eft.rare& p a r Confé-
ffljent fort chère., on n’en, fait point ufage ; on lui
fubftitue . la dernière. .
■’ On pourrôit fe -fervir de- l’une .8c de. l’autre^ au
vernis; mais le benjoin lui donne un ton roufsâtre
& de rôdeur.
“Le camphre eft une réfiçe légère, blanche & fort
Volatile; d’autres difent ürie huile eftentielle con- •
crête , qui né fert dans le vernis à .Tefprit de vin
que pour le rendre liant & -l’empêcher de gerfèr ; ■
mais il faut en mettre peu.
L e fandaraque eft une réfîne qu’on nous apporte-
en larmes claires,. luifantes, diaphanes, nettes , de
couleur blanche tirant fur le citrin ; elle découle
des incifîons qu’on fait au genévrier.
i 'Toutes les efpèces' de cet arbre ne donnent pas
ë.ne réfine’ également belle : - celle qu’on emploie-
pour le vernis , vient des. grands genévriers qui s’élèvent
en Italie., en Efpagne & en Afrique : elle*
s’emploie dans les vernis à Tefprit de vin & dans
les, Vernis gras ; elle eft la bafe de. tous les. vernis
£ Tefprit de vin , excepté néanmoins de ceux qui
fe font :à là gomme-laque : elle ne peut fupporter
Teàu de’ v ië , ' ne fè fond point’ dans l ’eftence que
très-difficilement dans l’huile , \ mais feulement à
feu nud ou dans Tefprit .de vins ;.
Le maftic eft une réfîne pure qui découle en
été fansincifîori ou par'incifîondu tronc des groftes
branches du lentifque ; on .nousl’apporte .en grains.
ou en larmes, groffes à peu près comme-des -grains
d’orge, de couleur blanche tirant fur le citrin, lui-
fântes , plus tranfparentës que "lé fandaraque.
On le diftingue dans les boutiques en mâle &.
femelle; le mâle eh larmes eft le meilleur, il
's’emploie dans tous les vernis; fa propriété eft de
•les rendre lians, moins focs : - en effet ils Souffrent
mieux le poli , lorfqu’on y a incorporé du
maftic;
Le maftic eft beaucoup plus cher que le fandaraque
; on mêle fouvent de ce dernier avec l’autre :
‘on peut les reconnoitre , en ce que le maftic fond
dans TefTence, & le fandaraque n’y fond pas.
.. Si vous mettez çlu maftic fur la langue, il l’empâte
; s’il grumele, c’eft du fandaraque.
On eft fouyent étonné de voir une opération
réüffir , & manquer ' énfuite, parce qu’on n’a pas
:fait fpn choix, ou qu’on n’a pas fu diftinguer fe»
ingrédiens.
Le fangdragon, eft une réfîne sèche, friable ,
d’unexoUleur rouge comme du .fang, tirée par in-
cifion d’un arbre appellé draço- arbor, .
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Il y ett a de quatre efpèces. Lé meilleur eft celui
qui eft,pur , naturel 8c en maffe , tel qu’il dé-i
coule de l ’arbre.'
I On. y apperçoit des parties terreufes, des pailles
;& des matières hétérogènes.
Celui qu’on vend en aveline eft fondu & conv*
pofé,, & • s’apprête ordinairement à Marfeille,
Le fangdragen n’eft bon que,pour donner de là,
; teinture & un beau coloris : il s’emploie dans les
verhis à l’or.à Tefprit de vin , à l’huile & à Tef-
fence , & fond également dans ces trois menftrues.
L a .laque ou la gomme-laque eft une efpèce de
réfîne. dure, d’un rouge brun, qu’on prétend. ve-;
1 nir d’un dépôt que font certaines fourmis volantes
sfur les branches d’arbres , en y formant des
ruches.
Elle vient en Europe de trois façons; evl branches
, telle que les fourmis la dépotent fur les arbres
, c’eft la meilleure; plate, dont on fe fert plus,
communément pour le Vernis , a- ete feparee des.
. bâtons V-fondue y.paffée & jèttée fur un marbre^ où
elle fe-refroidit en larmes ou’»laques; & engrains y
qui refte après qu’on, en a fépare la partie ^ colo-,
rante pour faire la teinture, qui fe reconnoît par
! une couleur plus pâle & plus tranfparentej
La laque eft très-excellente pour vernir les fonds
noirs ou bruns : elle donne de la dureté & du cor'
loris au vernis ; mais fi on e y employoit une trop
grande quantité , portant avec elle une couleur
rouge s elle lui communiqueroit i : couleur, qui
voileroit 8c terniroit les teintes fur lefquelles on
l’appliqueroit.
Elle s’emploie plus communément dans Tefprit
de vin que dans l’huile.
La térébenthine eft un fluide vifqueux , gluant,
réfîneux , clair & tranfparent, qu’on tire par in-
cifîon , & qui découle naturellement du melèfe ÿ
du térébinthe-, du pin, fâpin, &c.' & improprement
de tous les arbres conifères.
• On en vend de quatre efpèces ; fàvoir, celle d©
Chio , .de Venife , de Suiffe & de Bordeaux.
La première fert pour les médicamens : celles
i- de Venife & de Chio.-font meilleures pour les vernis
; mais comme elles font fort chères, on fe,fert
plus communément de celles des Pyrénées, ou dès
landes-de Bordeaux.
, La.-térébenthine eft compôfée de deux parties,
qui toutes deux fervent à la compofîtion du vernis:
nous avons vu ce'qu’étoit fa fubilance fpiritueufe,
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