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donner les tuyaux de cheminée & de poêle, &
qui feroient très-confidérables.
Nous ne favons pas faire les poêles, & encore
moins les tuyaux.
Nous employons du fer qui a de l’odeur & nous
les faifons beaucoup trop étroits.
On peut voir des tuyaux un peu mieux faits au
bureau de la guerre à Verfailles. Mais ceux de
fonte de Suède, très-larges & fans odeur, font ce
qu’il y a de plus parfait, & échauffent plus par
leur longueur, que le poêle même.
Il eft aife de reconnoître auffi .que les maîlons
telles que je les propofe, font plus faines, puif-
quelles garantiffent des vents-coulis G dangereux,
& qu’elles ne renferment qu’un air tempéré, jamais
trop chaud, qui n’a pas l’inconvénient des airs
renfermés, à raifon de fa-circulation.
Dans ces fortes de maifons, il eft bon de ne pas
avoir de rideaux de l i t , ou de ne les pas fermer,
pour ne pas fe priver de l’air doux, égal, toujours
circulant & gliflant le long des plafonds qui, pour
eet effet, doivent être bien de niveau par-tout.
Pendant la nuit un feul réverbère à la coupole
éclaireroit allez pour fe conduire.
La meilleure manière d’orner l’intérieur de ces
maifons, feroit de faire tout en plaquenboure &
moulures de plafonnage, fans y employer ni boî-.
ferie , ni lambris, dont le défaut efl de donner
des vents-coulis, & de receler les infedes, les fou-
ris, &e.
Avec un toit à~ l’italienne, la mai Ion feroit entièrement
incombullible, & on remédieroit à tous
les inconvéniens.
Maison.
r Nous avons dit que le grand art étoit de fup-
primer la communication avec l’air extérieur, &
de tirer du poêle le plus grand parti poflibie : pour
cela, il faut que la maifôn n’ait ni portes, ni cheminées.
Il eft facile de prouver cette efpèce de paradoxe.
Moyen etéviter Vair extérieur.
Pour éviter l’air extérieur , le feul moyen efl
de n’avoir qu’une entrée qui foit exactement fermée
& défendue par un grand nombre de tambours
& de portes à valet.
J’appelle p'ortes à valet, des portes qui fe ferment
d’elles-mêmes.
Il faut que toutes les portes de cette efpèce
s’ouvrent en dehors, afin que l ’air extérieur les
pouffe & les tienne fermées.
ï ’our qu’elles fe ferment d’elles-mêmes, on fait
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que la patte du gond inférieur doit être beaucoup
plus longue que celle du gond fupérieur; & 'c ’eft
cette facilité à fe fermer d’elles-mêmes, qui leur
fait donner le nom dé portes a valet.
La première porte de la rue, & même la fécondé
, doivent être en bois pour la fureté.
Toutes les autres des tambours .peuvent n’etre
que des portes légères matelaffées, fans ferrures,
qui ferment bien , quand on. a fçu les bien fuf>
pendre à valet, comme il a été dit ci-defliis.
Il faut, pour repouffer ces portes un peu au-
delà de l’angle droit, un reffort ou une corde,
pour empecher les domefliques de faire trop de
bruit en les ouvrant, & les habituer à les ramener
doucement à la main.
On met au coin de l’extrémité inférieure une
efpece de menotte de cuir pour ouvrir fans peine
avec le pied, en portant un plat de chaque main.
J’ai dit que la maifon feroit fans portes ni cheminées.
Toutes les portes, dont je viens de parler, n’appartiennent,
au nombre de cinq ou fix, qu’aux
tambours de l ’entrée.
On pourra fe paffer de toutes les autres en fermant
les chambres avec des grilles garnies de fil
fin d’archal à petites mailles , & un rideau de fept
pieds de hauteur, qui fera placé en-dedans, à
quatre pieds de diffânee de la.grille, & qu’ou aura
l’attention de ne fermer qu’au befoin.
Moyens de procurer la chaleur,
Les cheminées étant fuppprimées même dans les
pays les plus froids , ce qui efl un moyen d’épargne
confîdérable, toute la chaleur viendra du poêle
unique qui efl au centre de la maifon, & dont
le tuyau parfait échauffe tout.
Dans prefque toutes nos maifons, la partie la
plus froide, parce qu’elle a fôuv.ent communication
avec l’air extérieur, efl l’efcalier, & c’efl-là qu’a-
boutifient toutes nos. chambres ou antichambres.
Il faut convenir que c’eft une faute groffière.
Dans les maifons des pays froids, bien entendu,
c’efl tout le contraire : l’efcalier- efl la partie la
plus chaude, il efl au centre de la maifôn , de lé
poêle y efl placé ; chacun peut-, de la rampe de
fe r , fë chauffer les mains aux boules extérieures
du tuyau de bronze qui s’élève jufqu’au to-ît, échauffe
la cage de l’efcalier- dans toute fa hauteur, ÔC
par confequent toute la maifon.
Il en réfulte que..cette.partie étant la plus chaude,
& toutes les chambres de la maifôn y aboutif-
fànt plus ou moins, on n’a plus befoin .de portes,
& qu’au contraire, ce n’efl qu’en les fupprimant,
que toutes les parties de la maifon, peuvent être
échauffées.
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Les petites grilles fuffifent pour la fermeture, avec
les rideaux du dedans qui ne fervent que pour
fe cacher au befoin.
Il efl inutile de rien ajouter aux grandes portes
d’en bas, qui ne font pas deflinées à fermer des
appartemens.
On trouve à Verfailles de ces grands poêles &
tuyaux de chaleur fans .odeur.
Si l’ufage s’en établifïoit, pu les auroit à bon
compte de Suède, pat la facilité du commerce
par mer, & par les rivières & les canaux.
Dtfcriprion de la maifon.
Pour fe faire une idée du plan de Cette maifon,
qu’on imagine ï° , au fez de chauflee, que c’efl
une maifon fur rue avec une feule petite entrée
extérieure.
Toutes les portes de cette entrée ne doivent
être que de fix. pieds & demi de haut, au lieu que
toutes celles de l'intérieur feront de toute la hauteur
de l’etage.
2°. Que cette entrée eft uniquement deflinée
à fermer le paffage à l’air extérieur, & à pafler
progreflivement de cet air à celui du dedans ; 1
progrefïion qui , malgré la différence prodigieufe !
de l’un à l’autre, fend le paffage infenfible & moins ;
dangereux.
Sur la rue il y a une grande marche : la première
porte s’ouvrant comme toutes les autres en
dehors , fe ferme exactement*
Un premier tambour eft terminé par une fécondé
porte qui fe ferme également bien. Enfuitê
vient un paffage.
. De-là deux autres tambours avec trois portes à
valet, qui fe ferment toujours bien d’elles mêmes,
& procurent le paffage infenfible d’un air à l’autre.
Au moyen de ces trois portes, l ’odeur de la cui-
une ne fe fait point fentir au-dedans.
A la gauche des tambours, eft un petit office;
& à droite , à portée du grand poêle , la ferre
des boulettes & briquettes, pour l’échauffer.
. À droite, efl'-auffi la cuifme avec fon principal
détail.
On y met le bois dont la confommation eft fi
peu confîdérable dans un pays ou tout fe fait dans
ce genre, avec des fourneaux -ou ceils de boeufs.
E11 entrant dans la cage de l’efcalier j on fent
un, air égal, tempéré an degré qu’on veut, tant
pour la fraîcheur, que pour la chaloir, & qui ne
varie plus dans toute la maifon, par les précautions
que l’on prend, contre les vents-coulis, &
tout ce qui peut enrhumer.
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Cette égalité de température vient du grand poêle
placé au centre de cette maifon qui efl quarree.
O11 fait que ces poêles ne tirent que par une
petite ouverture ; & toute- la malle d’air du dedans
y fourniflant fuffifamment, l’air 11’efl pas attire par
les fenêtrescomme font nos cheminées.
Ainfî, l ’équilibre d’air s’établit en-dedans fut
un graifd efpace.
Un grand efcalier. commode, avec des marche«
de cinq pouces & demi, éclairé au premier étagé,
mène à tout, & le grand tuyau du poêle échauffé
tout.
Dans les pays froids , le befoin a inflruit & habitué
les domefliques à bien conduire un poêle ;
ils fe partagent, de nuit comme de jour, le foin
d’y entretenir un feu modéré toujours au même degré
: car une boulette ou briquette de plus ou de
moins fait une différence fenfîble.
On les met en pyramide dans une grille, &c
elles y durent très-iong-tems.
Il y a des thermomètres par-tout, & par ce moyen
on tient la chaleur égale , jour & nuit, au degré
indiqué.
La cage de l’efcalier efl échauffée également
du haut en bas.
La chaleur fe porte toujours vers- le haut : mais,
comme celle du tuyau eft moins forte à mefure
qu’il s’élève, & que le poêle agit en bas de toute
fa force, la chaleur eft égale, & fe répand dans
! toutes les chambres.
A la gauche de l ’efcalier eft une chambre à coucher
qui eft ouverte jufqu’au plafond , pour recevoir
toute la chaleur.
Les garde robes ont des rideaux de fix pieds &
demi, & leurs portes s’élèvent de même jufqu’au
plafond.
Sous l’efcalier font trois grandes ouvertures ,
par lefquellés la chaleur fe répand de trois,
côtés d’une manière fenfîble , à raifbn de la proximité
du poêle, & jamais trop; ce pocle , quoiqu’u-
nique, étant toujours échauffe avec modération &
uniformément.
La porte du milieu fous l ’efcalier conduit à la
falle à manger. A droite eft le fallon de cérémonie.
À gauche eft une chambre à coucher. Le
tout eft couvert & reçoit l'air de la température
indiquée.
De-là plus de vents-coulis, plus de chemin'es
qui attirent l’ait extérieur, où l’on fe brûlé d’un
Coté en fe gelant de l’autre, & où l ’on gagne des
rhumes & autres maladies par la vie flagnante.
On agit par-tout dans la maifon, parce qu’on eft