
& en faisant bouillir à gros bouillons, fans même
le donner la peine de luter les vaiffeaux.
Que réfùlte-t-il de cette mauvaifè manoeuvre ?
C ’eft que l’efprit reâeur de ces plantes qui eft en
fort petite quantité , & peut-être le plus volatil &
le plus, fugace de'tous, le diffipe en entier; ou
que , s’il en relie un peu dans l’eau, il y eft noyé
& mafqué par l’odeur empyreumatique qu’ont tou- .
te%ces eaux lorfqu’elles font nouvellement diftil-
lées , ou par celle de croupi qu’elles preririent par
la fuite, enfbrte qu’on ne trouve réellement aucune
différence entr’elles.
Mais qu’on fùive exactement l’excellente méthode
prefcrite dans le difpenfâire de la faculté de médecine
de Paris ; qu’on enchériiïè encore fur e lle ,
en mettant toutes ces herbes récentes, hachées &
pilées, fans y ajouter d’eau , dans un alembic au
bain-marie ; qu’on diflille prefque jufqu’à la fîc-
c ité , mais à une chaleur très-douce , & en lutant
exactement ces vaifleaux : li la petite quantité d’eau
dilîillée qu’on retirera , par ce moyen , de toutes
les herbes prétendues inodores n’a effectivement aucune
odeur, aucune faveur, & qu’elle foutienne
d’ailleurs toutes les épreuves chymiques, comme
l ’eau dilîillée la plus pure, c’eft alors feulement qu’on
aura raifon de regarder ces eaux comme fans principes
& fans vertus.
Eaux fpiritueufès-aromatiques difiillêes.
Ces eaux fpiritueufès font de l’efprit de vin chargé
, par la diftillarion, du principe de l ’odeur des
fùbftances.
Ces eaux font fîmples ou compofées : on nomme
efprits celles qui font fîmples, telles que l’efprit de
thym , de romarin, de lavande , &c.
On appelle eaux compofées fpiritueuf es celles
dans lefquelles entrent plufîeurs fùbftances.
Quant au procédé pour diftiller les eaux fpiritueufès
aromatiques , le point effentiel çonfîfte à.
employer de l’efprit de vin parfaitement rectifié , &
dépouillé fur-tout d’une huile de vin , qui lui donne
une odeur & une faveur défagréable d’eau de vie.
On doit n’employer que des vaiffeaux de terre ver-
niffée ou de verre. La macération doit précéder
la diftillarion qui doit fè faire au bain-marie. On
aura recours à la rectification, comme on l ’a déjà
indiqué.
Malgré toutesles précautions, ces eaux fpiritueu-
fes font fujettes à prendre , pendant la'diftillarion,
une petite impreffion de feu qu’on peut leur oter
en moins de fîx heures, en les verfànt dans dès
bouteilles d’un diamètre moyen, & les plongeant
dans un mélange de glace pilée & de fel.
Ces eaux fpiritueufès ont l’avantage fur lés eaux
odorantes fîmples, que celles-ci ne peuvent Çe confèrver
qu’un ou deux ans tout au plus, au lieu que
les eaux fpiritueufès fe confèrvent très-long-temps.
On donne quelquefois le nom d'efprit, ou même
& efprit ardent, à ces eaux fpiritueufès.
Nous allons rapporter quelques recettes des eaux
fpiritueufès aromatiques, qui font le plus en ufage.
Efprit de lavande.
Prenez fleurs récentes de lavande. . 18 livrés#
Efprit de vin ........................... zo livres»
On met dans le bain - marie d’un alambic les
fleurs de lavande récente & mondée de fes tiges :
on verfe par-delïiis l’efprit de vin : on procède à
la diftillarion pour tirer tout l’efprit de vin qu’on
a employé.
Lorfqu’on veut que cet efprit de lavande foit
plus agréable, il faut le rectifier au bain-marie ,
& ne tirer, par cette féconde diftillarion, qu’en-
viron les cinq fixièmes de l’efprit de lavande.
C ’eft le même procédé pour l’efprit d’abfynthe1,
de fange, de myrthe, de marjolaine, d’écorces de
citrons , d’écorces d’oranges , de menthe, d’hyfo-
p e , de bafîlic, de camomille , de girofles, de
caryi, de galenga.
1 On concafle les matières sèches & exotiques y
comme la canelle, le girofle , la mufçade, le fafîa-
fras, la coriandre , le carvi, le fenouil, le galenga,
&c. On laiffe infufèr ces matières quelques
jours avant de les diftiller.
L ’efprit de romarin eft ce que l’on nomme Veau
de la reine'de Hongrie.
On fa it , par le procédé fuivant, Vefprit de lavande
du commerce.
Prenez efprit de vin .........................8 pinte?»
Huile effentielle de lavande . . . . . . . . . ÿ onces»
Eau rofe ........................................... .. i pinte»
Eau de rivière . . . i ............z pintes»
Chaux vive .'............................................. i oiicev
. On met dans un matras l’efprit de vin avec
l’huile effentielle ; on agité le mélange ; fhuile
effentielle fe diflout affez promptement : on ajoute
l’eau rofe & l ’eau de rivière, & en même-temps
la chaux qu’on a fait éteindre dans un demi-fep^
tier d’eau , & on agite le mélange : on le laifle
repofèr & éclaircir pendant vingt - quatre heures.
On filtre enfiiite la liqueur au travers d’un papier
Jofèph.
L ’objet de faire ainfî l’efprit de lavande eft de
pouvoir le donner à bon marché. Il fèroit, fans
la chaux, impoflible de pouvoir filtrer ce mélange.^
mais la chaux facilite l’union de l’huile effentielle
à l’efprit de vin foible qui réfulté par l’eau qu’on
y ajoute.
Huile effentielle de lavande.
L ’eau de lavande qui blanchît avec l’eau , &
& que les religieufes de la_ Magdeleine de Trei-
nel font en réputation de bien faire & en poffef-
lion de vendre, n’eft que de l’huile effentielle de
lavande mêlée avec de bon efprit de vin. Cette
eau de lavande eft en effet d’une odeur beaucoup '
plus agréable que l’efprit.
Pour bien imiter cette eau de lavande, dite de
Treinel, il faut prendre des fleurs de lavande avec
leurs calices; car ce n’eft que dans ces calices , î
&-ndn dans les pétales des fleurs , que réfîdent les
particules odorantes.
On fait diftiller ces fleurs au bain-marie; l’huile
effentielle s’élève avec l’eau ; on fépare cette huile
effentielle-dans laquelle réfîde l ’odeur agréable de
la plante, & on en verfe quelques gouttes dans
d’excellent efprit de vin. Cette huile fe d if
fout, & on juge à l’odeur agréable qu’elle prend,
s’il y en a fùffifàmment.
Un gros d’huile eflentielle de lavande fuffit ordinairement
pour une pinte d’efprit de vin.
Vinaigre de lavande dif ille.
On met dans une cucurbite de grès une certaine
quantité de fleurs de lavande récemment mondée
de fes queues. On verfe par-deflùs du vinaigre dif-
t illé , jufqu’à ce que les fleûrs nagent fuffifàmment.
On procède enfuite à la diftillarion pour tirer environ
les trois quarts du vinaigre çu’on a employé.
On rejette comme inutile ce qui refte après cela
dans la cucurbite.
Si l’on veut avoir un vinaigre de lavande encore
plus agréable, il faut mêler enfèmble dix pintes
de vinaigre diflille au bain-marie avec trois pintes
d’efprit de lavande fait par diftillarion. Ce
mélange eft d’abord laiteux; mais peu à peu il
s’éclaircit, & on le filtre quinze jours après.
On prépare de la même manière , tous les v inaigres
‘ des autres fùbftances végétales. On en
peut faire de compofés , en ajoutant plufîeurs aromates.
Efprit de fleurs d’oranges.
Prenez fleurs d’oranges récentes . . . . iz livres.
Efprit de vin- ................................ 6 pintes.
i On met ces deux fùbftances dans le bain-marie
d’un alambic , & on procède à,la diftillarion. Si
l’on veut que l’efprit de vin foit très-odorant, on
peut le diftiller plufîeurs fois de fuite fur de nouvelles
fleurs d’oranges.
P A R
Efprit de citrons1
Prenez huile effentielle] de citrons . V ï once,
Efprit de vin redifié ................................ 8 livres.
On mêlé ces 'deux fùbftances dans une bouteille;
l’huile effentielle de citrons fe diflout en-
t iérement. L ’efprit de citrons deviendra plus agréable,
& formera un petit dépôt blanchâtre, fi l’on
fait ufage de l ’huile de citrons aux zeftes,
Efprit de canelle.
Prenez canelle concaffee ................ i livre.
Efprit de v i n ........................................... io livres.
On concaffe la canelle affez menue pour pouvoir
paffer au travers d’un crible ; on la met dans
le bain-marie d’un alambic avec l’efprit de vin,
& on procède à la diftillarion au bain-marie pour
tirer huit livres de liqueur fpiritueufè.
Efprit de thym.
Prenez thym en fleu r s ....................... 4 livres.
Efprit de v i n ........... ............................... 4 pintes.
. On choifît le thym lorfqu’il eft en fleurs au mois
de juin ; on le monde de fès tiges. On diflille le
mélange au bain-marie, pour tirer environ trois
pintes & demie de liqueur fpiritueufè.
Efprit de rofès.
Prenez rofès pâles avec leurs calices 3 o livres.
Efprit de vin ......................... ............... 1$ pintes.
On met les rofès dans le bain-marie d’un alambic
; on les foule bien. On verfe par-deflùs l’é£*
prit d e v in , & l’on procède à la diftillarion.
Oh peut diftiller une féconde fois cet efprit de
vin fùr une pareille quantité de rofès pour le rendre
plus odorant.
Efprit ardent de rofès.
On fait l’efprit ardent de rofès par la fermentation.
Pour cela, on met cent livres de rofès
dans un tonneau avec dix ou douze livres de miel
diffous dans dix ou douze pintes d’eau. On laiffe
ce mélange en macération environ un mois ; il
entre en fermentation., & lorfqu’il eft en bouillie ,
, on le met en diftillarion au bain-marie pour en
tirer une eau de rofès, mais qui eft beaucoup plus
foible' que l’efprit de rofès.
Eau de Cologne.
Prenez efprit de vin reâifié . . . . . . . . 2.6 livres.