
Comme elles font extrêmement légères, pour
peu que le point arrête, il faut retenir la tête en
pouffant raiguille.
Enfin, il y a des têtes brifêes qui s’ouvrent en
deux , depuis le menton ju(qu’au derrière de la
tête.
Elles fervent à monter de petites & de greffes
perruques,
- Pour ces dernières, on met dans l’entre - deux
des planches faites pour cet ufàge, plus ou moins
épaiffes , fuivant l ’ampleur que l’on veut donner à
l ’ouvrage.
Il faut un métier. Il eft compofé d’une barre de
bois, qui peut avoir deux pieds ou deux pieds &
demi de long fur quatre pouces de large & deux
de haut, très-plate en - deflous, & d’un bois un
peu lourd, pour qu’elle foit plus à plomb fur lés
genoux.
Elle doit être percée aux deux bouts : on met
dans ces deux trous un bâton rond de la longueur
de quinze à feize pouces fur quatre ou quatre pouces
& demi de diamètre.
Les deux trous doivent avoir à peu près un pouce
d’ouverture, & la grofleur des bâtons doit être
proportionnée par le bas à cette ouverture, pour
■ qu’ils puiffent y entrer.
Nous dirons ailleurs à quoi fervent ces métiers.
On peut pratiquer des trous fur les tables, & y
placer les bâtons. Cela eft plus folide.
Le perruquier a befbin d’une marmite ou chaudière.
Ce vaifîèau doit; être fait en poire, plus
large par le bas que par le haut.
Cette forme empêche les cheveux de remonter
lorfqu’ils font fur les moules.
Sa grandeur ordinaire eft d’un feau & demi, &
il peut contenir deux livres ou deux livres & demie
de cheveux frifés fur des moules qui ne foient ni
rrop gros, ni trop petits.
Il lui faut aufli une étuve. Il y en a de rondes
& de quarrées.
"Ceux qui ont du terrein peuvent les faire en
maçonnerie comme les fourneaux. Celles que l’on
commande aux menuifiers font quarrées & de bois
de chêne.
L ’étuve eft une efpece de coffre de trois pieds
& demi à quatre pieds de haut , fur deux à
deux pieds & demi. On place ordinairement en
dedans une croix de fer.
Si l ’étuve a quatre pieds, il faut que la croix
foit pofée à la hauteur de trois pieds ou enviro i ,
& couverte d’une grille de gros fil de fe r , do.it
les trous foient un peu écartes.
Sous la grille, l ’on met une poêle proportionnée
à la grandeur de l ’étuve , pleine de charbons bien
couverts, & difpofés de manière qu’en fe confumant
ils ne forment point de cavité.
Les étuves rondes fe trouvent chez les boiffëliers.
Elles font du même bois qué les féaux. Au défaut
des unes & des autres, on peut fe fervir d’un
tonneau bien fec.
Les cheveux s’étagent à differens degrés, depuis
un jufqu’à vingt-quatre-tout au plus.
Pour les mefùrer, on fe fêrt d’une règle d’environ
deux pieds, divifée par pouces & par lignes. Le
premier degré peut avoir deux pouces & demi.
Depuis le premier degré jufqu’au feptième, on
peut augmenter chaque étage d’un demi-pouce.
Depuis le feptième degré jufqu’au douzième , de
i lignes.
Depuis le douzième degré jufqu’au feizième, depuis
8 jufqu’à 11 lignes.
Du feizième au dix-huitième, les étages^i^W
lignes de plus.
Depuis le dix-huitieme jufqu’au vingtième , 1 4
lignes.
Depuis le vingtième jufqu’au vingt-quatrième ÿ
18 lignes.
Enfin, pour le vingt-quatrième, étage , il faut
que les cheveux aient trois quarts d’aune dé long,
& c’eft la dernière longueur qu’on puifîe donner
aux perruques.
Voilà tous lës outils. Voyons à préfènt la manière
d’employer les cheveux.
Maniéré de travailler les cheveux.
Si l ’on fe propofè un ouvrage en cheveux gri-
faiile, il faut avoir foin de féparer les veines, de
gris fale qui pourroient fe trouver dans les coupes
dont on veut faire la tiré ; car il eft aiïèz ordinaire
que dans une coupe il y ait trois ou quatre
nuances differentes. On les examinera par la pointe,
& l’on otera ceux qui.font jaunes, ou.d’une autre
couleur.
On fait cette operation fur toutes les coupes depuis
la plus longue jufqu’à la plus courte ; on prend
une mèche de chacune,- l’on en forme un paquet
à-peu-près de la groffèur d’un pouce.
Lorfque les paquets font faits, on les noue avec
du fil de penne (ce fil eft ce qui refte attaché aux
enfiiples, lorfqu’une pièce de toile eft finie) ; on les
étête, c’eft-à-dire, que l’on ôte la bourre qui fe
trouve à la tête des cheveux.
Pour Cet effet, l’ouvrier tient le paquet du côte
de la pointe par le milieu , & i l en laiffe hçrs de
fa
ï à m a in e n v i r o n ’ l a lo n g u e u r d e t r o i s ^ o i g t s ; i l le s
p e i g n e a v e c u n p e i g n e f o r t , & d o n t le s d e n ts fo ie n t
u n p eu l a r g e s , ju fq u ’à c e q u e l a b o u r r é o u l e d u v e t
l o i t e n t iè r em e n t t o m b é ; . c e q u i a r r iv e lo r fq u e le .
p e ig n e p a f fe a i f ém é h t à t r a v e r s .
I l a fo in d ’ é g a ï i f ê r l e s c h e v e u x l e p lu s q u ’ i l lu i
e ft p o f l ib le .
P e n d a n t c e t r a v a i l , i l d o i t a v o i r l e fe r a n a t t a c h é
b ie n f e rm e fu r l a t a b l e .
L o r fq u e le s p a q u e t s fo n t é t ê t é s , i l fa u t d é g r a i f ie r
le s c h e v e u x . C e l a f è f a i t o r d in a i r em e n t a v e c d u
g ru a u .
O n e n m e t u n o ù d e u x li t r o n s fu r Un t a b l ie r d e
c u i r q u e l ’o n a fu r le s g e n o u x ; on d én.o u e l e p a q
u e t ; o n l e t ie n t à - p e u - p r è s - p a r l e m i l i e u ; o n
l ’ é t a le d u ç ô t é d e l a t ê t e , & l ’o n r é p a n d u n e p o i g
n é e d e g r u a u e n t r e le s c h e v e u x q u e l ’ o n f r o t te
e n t r e le s m a in s , c om m e u n e b l a n c h i f îè u f e f r o t t e d u
l in g e f in .
A p r e s q u ’ o n a o p é r é fu r l a t ê t e ,d e s . c h e v e u x , o n
l e r e t o u r n e , & o n e n f a i t a u t a n t a u c ô t é d e l a
p o in te .
Apres quoi on fé p a r e le gruau le plus qu’il eft
poflible en mêlant les cheveux & en les paflant'
plufieurs fois dans le feran.
P o u r le s b ie n m ê l e r o n t ie n t l e p a q u e t p a r l e
m i l ie u .
Comme dans lës paquets il fe trouve des cheveux
courts & des chevéux longs, on prend de la tête
le moins qu’on peut, afin que les cheveux courts
qui f e trouvent p a rm i les longs ne puiffent pas
f o r t i r du paquet.
O n je t t e l a tête d e s c h e v e u x d an s l e f e r a n ; o n
f e r r e l e r e f t e du p a q u e t l ib r em e n t d e l a m a in g a u c
h e , & a v e c l e p r em ie r d o i g t d e l a m a in d r o i t e on
l e s t o u rn e e n d e d a n s , & o n lé s p e i g n e a v e c l e fe r a n ;
c e q u i f e r t b e a u c o u p à fa i r e fo r t i r l e g r u a u .
A p r è s c e t r a v a i l l ’ o n r e n o u e l e s p a q u e t s q u e
l ’ o n f e r r e b i e n , & l e d é g r a i f la g e è f t f in i .
C e l a f a i t , i l fa u t t i r e r l è s p a q u e t s p a r l a t ê t e ,
l e s u n s a p r è s le s a u t r e s .
. Pour cet effet, on a deux petites cardes à c ô t e
d u f e r a n .
On étend1‘ les paquets en long fur une de ces
cardes, & l’on met la pareille fur les paquets ;
ou, au défaut d’une fécondé carde, l’on fe fert
d’une vergette fur laquelle on pôle un poids fufir
fifant, pour qu’en tirant les cheveux ils viennent
doucement, 11 faut obfèrver de les tirer bien droit,
& de- mêler les Courts & les longs le mieux que
l ’on peut...
Q u a n d to u s l e s p a q u e t s d u t r i a g e f e r o n t to u s
Arts & Métiers. Tom, VI.
bien tirés , il faut avoir deux cardes à tirer à
plat. ■ , . '
L ’on prend une de cés cardes, l ’on y place un
gros fil doublé, plié en doubles écartés de deux
doigts, le long des rangées'des dents de la carde,
en obfervant que ce fil paffe plus du côté dg Panneau
que de l’autre côté.
L ’on prend en fuite les paquets féparément les
uns des autres, & on les jette dans les cardes avec
la plus grande égalité poflible.
Pour faciliter cette manoeuvre , on met une carte
à chaque bout , fi les paquets doivent remplir toute,
la carde, & un rang de cartes fur le derrière de
la carde à l’endroit où l’on voit que les cheveux
les plus courts peuvent fortir.
On peut charger de paquets la carde jufqu’à un
pouce, au-defliis des dents.
En les plaçant il faut avoir l ’attention de les
bien ferrer, de les tenir prèfles par une Vergette,
ëu des cardes.
Les paquets longs & les paquets courts doivent
tou jours être entremêlés, de façon qu’en les tirant
il en vienne des uns & dés autres.
Quand la carde eft bien remplie, l’on prend les
bouts de fil qui fortent de la carde ; on les, paffe
fur les cheveux & dans Panneau, après quoi on
ferre le plus'que l’on peut, & l’on arrête les fils
en dehors de la carde à une pointeau à une dent..
L ’on pofèenfiiite l’autre carde fur les cheveux,
de façon que les dents répondent aux dents de la
carde de deffous , & ne débordent d’aucun côté.
On la ferre bien pour que les cheveux ne glif-
fent pas plus que l’on ne voudroit ; & à mefure
qu’on les tire, il faut ferrer de tems en tems la
carde de deffus.
Pour faire le tirage avec plus de facilité, il faut
paflèr une ficelle dans les deux trous dès deux
cardés, & l’arrêter à un clou placé à une certaine
diftançe derrière les cardes ^ afin que les cheveux
qui fè trouvent dedans ne débordent pas plus de
trois doigts en dehors de la table.,
Le premier paquet qué l’on tire ne fe tire point
aufli gros que les autres : ordinairement il eft épointé
par la tête ; & pour que le tirage foit bien fait ,
il faut que le paquet foit auffi quarré par la tête
que -par la pointe.
Ceux qui tirent bien, tirent les paquets avec
leurs doigts; mais l’on fe fert communément d’un
couteau ou de cifèaux.
Le deuxième paquet doit être plus gros, & au-
. tant qu’il le faut pour remplir quatre, cinq ou fix
moules.
A «jefiire que les plus longs cheveux fortent, les
N n