
i p 8 P E I
; Si après avoir vuidé dans là taffe la fubflance de
carnation, vous apperceviez encore de la-couleur
vive dans le verre où elle s’étoit faite, reverfez bien
doucement dans ce verre un peu de la fubflance de
carnation, puis la remuez légèrement, en tournant,
pour faire detremper ce qui (croit relié de couleur
vive & qui fe fèroit rafiïs.
. Lorfque. vous vous.appercevrez qu’il fera détrempé
, vous cefferez de remuer , & vous le verferez
fur la bonne carnation.
Vous vuiderez enfuite le fond du verre pour .ie
faire fécher tel qu’il ell ; c’efl ce, qu’on appelle
fondrilies de carnation.
■ Suppofe que- vous manquaffiez de foleil pour
fecher votre carnation, vous pourrez la faire fécher
au feu liir une tuile pofée fur un réchaud de cendres
rouges , en mettant votre petit verre par-defîus,
tenant la meme conduite que nous avons en-
fèignée plus haut.
Vous pouvez auffi faire la carnation en Hiver.
Préparez-la d’abord , comme nous avons dit; ensuite
mettez le verre, dans lequel vous aurez détrempe
votre compofîtion, dans un poêle ou dans
une armoire pratiquée dans la cheminée , en y
entretenant une chaleur douce avec un feu de cendres
rouges , dans un réchaud que vous y introduirez
, ou en faifànt bon feu dans la cheminée,
autant de jours & dè nuits que vous l ’eulïiez laiffé
expofée au foleil.
Au fiirplus procédez , pour l’épurer & la faire
fécher, comme il efl dit plus haut.
La carnation ainfi faite fe décharge davantage',
& n’efl pas fi haute- en couleur que celle qui fè
fait aù foleil.
Mais le vrai temps pour faire la carnation au
foleil doit être celui • des^grandes chaleurs, c’efl-
à-.dire, les mois de juin, juillet & aqûiç.
Si vous aviez détrempé de là carnation plus qu’ il
tien faut pour remplir votre verre, vous en ver-
ferez dans deux; mais elle efl meilleure lorfqu’elle
fè fait dans un feul.
t Si cependant la grande quantité d’ouvrages &
1 occafîon de la faifon vous déterminoîënt à; en faire
deux verres, pefez les drogues pour chaque verre,
broyez-les les unes après les autres , & procédez
au< furplus pour chaque verre comme pour un
fèul.
L ’effet de chacun de ces verres au foleil fera
plus certain que fi vous faifîez le tout dans un
verre trop, grand.
_Cètte carnation , où il n’ërtre point ‘de ferret
d Efpagne très - difficile à trouver dans les- provinces
éloignées de la capitale, efl auffi bellèqu’un
P E I
velours de couleur rouge, & tient très-bien fur le
verre à la recuiffon.
Autre,
Recette aufïi bonne qui tient encore mieux,
quoiqu’il n’y entre pas tant de drogues.
Prenez une once de fànguine , deux onces de
rocaille, & le quart d’une once de gomme fondue
à part.
Au -fiirplus procédez comme dans la précédante.
Cette carnation ne couvre pas tant ; c’efl pourquoi
on la couche des deux cotés de la pièce ,
plus epaifle du coté de l ’ouvrage , & plus claire fur
le revers.
Notez que la carnation , dans laquelle on fait
entrer la.paille de fer, ne doit fè coucher que du,
cote du travail , d’autant qulelle a plus de corps
que celle où il n’y en entre point.
Autre,
Prenez une once de litharge d’o r, une once 4e
rocaille, une once de gomme mifè à part, une
demi-once de ferret d’Efpagne, & une demi-once
de paille de fer : mêlez le tout comme ci-devant,
excepté toujours la gomme , & pefez fur ie total
autant de fànguine fans la' mêler d abord : enfuite
pilez & préparez le tout , comme dans le premier
procédé.
Gette carnation-tient encore mieux que les deux
précédentes. v
Vous pouvez au refie eflayer les trois, & vous
en tenir a celle que vous jugerez la meilleure.
Autre,
Prenez une once de pailles de fe r , une once de
mine de plomb , une once d’étain de glace , & une
demi-once d’antimoine.
Pilez toutes ces drogues avec deux onces de
rocaille & une once de ferret d’Efpagne : mêlez
bien le tout, & pefez fur le total deux onces de
fànguine & une demi-once de gomme.
Procédez au fiirplus comme dans la première
recette.
Autre,
-. Prenez une once de fànguine, le quart d’une
once de .rocaille , autant dé ferret d’Efpagne que
de rocaille; mettez toutes ces parties féparément,
1 puis prenez la huitième partie de votre fànguine.
Pefez fur cette 'huitième''partie autant de bi£
lïiûtn bu etàxn de gfece ; mêlez enfuite le tout;
P E I P E I
pilez & broyéz ; ajoutez vers la fin , en broyant,
une fèizième partie de gomme détrempée, & Péchez
comme dans la première recette.
Autre,
Prenez une once de rocaille, une once de H-
tharge , une demi-once d’étain de glace , &. le
quart d’une once de gomme que vous mettrez à
part.
Mêlez le tout en le pilant, hormis la gomme.
Pefez autant de fànguine que le tout.
Pilez fàns la meler d’abord avec vctre première
compofîtion que vous broyerez féparément , en y
ajoutant la fànguine lorfque tout fera broyé à-peu-
près à la moitié , puis la gomme fur la fin en
broyant; procédez au furplus comme dans.la pre- ■
mière recette.
Enfin, félon la dernière recette de nos religieux
artifles, prenez une once de pailles d e .fe r , une
once de lithargë, une once de gomme mifè à part,
une once d’étain de glace , une once de ferret '
d’Efpagne, & trois onces de rocaille,
Pefez & mêlez autant 4e fànguine que le tout;
au furplus comme à la première recette*
Couleur de chair, .
Il'efl une compofîtion propre à faire les teintes,
pour les carnations ou couleurs de chair, égafer
ment prefcrite par MM. Félibien j de Blancourt, &c.
Prenez une partie de harderic ou ferret d’E f pagne,'
naturel ou compofé, & une égale partie de
rocaille.
Broyez bien cès deux matières ènfemble , après
les avoir .pilées & pafiees au tamis de foie , les détrempant'avec
l ’eau gommée pendant l’élpace de
trois ou quatre heures , tant que cette compofîtion
foit en bonne confiftance , comme le noir , pour
pouvoir être employée fur le verre.
Couleur de cheveux, de troncs d'arbre ^ &c,
■ A la compofîtion dernière qui émane de la
couleur rouge, les auteurs fufdits en ajoutent une
propre ..à peindre fur verrè des (cheveux, des troncs
d’arbres, des'briques & autres tons roufsâtres.
Prenez une once de harderic-ou ferret d’E f
pagne, une once de fcories ou écailles de fe r , &
deux onces de rocaille : au furplus ; procédez comme
dans la précédente compofîtion.
- Celle-ci-vous donnera un rouge jaunâtre, dont
Vous ferez ufage.fuivant le befoin.
i p p
Grifàille roujfe & blanche des frères Maurice &
Antoine.
Nos artifles religieux, qui paroiflënt avoir travaillé
beaucoup en grifàille, rouffe ou blanche,
preferivent la manière de préparer ces couleurs ,
dqéune-onmoiunsa tnio’anv.ons point trouvées ailleurs fous, çette
Pour la grifàille roujfe : prenez une once de
pailles de cuivre rouge, & une once & demie de
pailles de fer, faites-en quatre parts égales : pefe^
autant de rocaille & de rouillure de fer que le
poids d’une de ces quatre parties , c’efl-à-dire,
autant de l’une que de l’autre.
Pilez, taniifèz & broyez fur la platine dè cuivre
rouge avec ia molette d’acier.
Le refie comme à la couleur noire.
Ou prenez une once de'pailles de cuivre rouge ,
une once & demie de pailles dè fc-r ; mêlez le
tout , & le partagez en quatre parties.
Prenez autant de roc.aille qu’une de ces quatre
parties, en réfervant les trois autres pour le befoin;
pilez & broyez comme à la couleur noire.
-four t-a grifàille blanche : prenez de l'eau.: gom-
mée du godet à-la couleur blanche, ou même à
la couleur bleue, 8c la couchez derrière le travail,
d’une manière fort déliée & fort mince.
Couleurs mixtes,
# On a pu remarquer -dans lé cours de ce chapitre
& ;du précédent, que le mélange ou affem-
blage de différentes couleurs maîtreflès , ou principales
, formoit des couleurs mixtes.
4 Or, comme il efl aifé do fè procurer p^r-là les
differens tons de couleur dont on peut avoir befoin
, j’omets les recettes enfeîgnées par Kunckel
pour avoir des couleurs brunes, ou des couleurs de
fer de toutes fortes de nuances : recette plus convenables
d ailleurs a un fond opaque comme la
fvaeyrarne.ce ; qu’a un fond tranfparentr comme, le
Ce que j’appellerai dans les recettes fuivante«
eau.de blanc y de bleu , de verd, de violet &> de
pourpre, , fe fait en détrempant à la pointe du
pinceau, avec de l’eau gommée, une partie du plus
épais de chacun de ces émaux çolorans qui, par
fà pefànteur, fè précipite ordinairement au fond
du godet ; ce trempis formant une nuance plus
claire que celle de la couleur dans fà première
préparation.
On’ Obtient une couleur brune , en détrempant
dans un godet dè grès neuf & bien net , de la
couleur noire avec de l’eau de blanc , plus ou
moins, à proportion de la teinte qu’on défîre» '